Nuit des désirs

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La voiture d'Anastasia s'enfonçait de plus en plus dans cette sombre forêt, que le crépuscule naissant rendait peu accueillante et hostile. Accoudait contre la vitre, Maëlle dormait à moitié, le son d'un vieux CD de KISS en fond sonore.
Maëlle ne savait pas vraiment ou son amie l'emmenait. Quelques jours auparavant, elle lui avait annoncé qu'elle l'emmenait à une fête un peu spéciale, qui la détendrait et ''lui ferait une expérience d'un genre qu'elle n'oubliera pas'' et, au vu de la montagne de stress que son travail lui procurait, elle avait accepté.
Mais elle n'avait aucune idée de l'endroit où elles allaient, Anastasia ayant gardé cette information secrète.
Bientôt, les contours d'un manoir se dessina à l'horizon. Maëlle demanda si c'était la leur destination et l'autre lui répondit par l'affirmative.
Le manoir était de taille plus que convenable, sans pour autant atteindre les proportions d'un château. La pierre blanche de ses murs donnait au bâtiment une impression ''d'être malade'' et la végétation abondante aux alentours indiquait que le lieu n'était pas souvent rafraîchi.
Anastasia se gara à côté d'autre véhicule. Les deux filles sortirent et prirent la direction de la porte d'entrée. Là, un majordome les accueillit. Le vieil homme salua Anastasia comme si elle était une comtesse et lui demanda qui était sa charmante compagne.
''-Oh, elle s'appelle Maëlle. Elle est un peu sur les nerfs, donc je l'ai invité.
- Monsieur est-il au courant qu'il y a une nouvelle cette année ?
- Bien entendu, j ai averti Monsieur.
- Bien, certain ici se méfient des nouveaux, ils les trouvent parfois un peu trop... Bavard.
- Ne vous inquiétez pas Bernard, Maëlle est digne de confiance.
- Fort bien.''
Les deux filles entrèrent dans un long corridor richement décoré en teintures et tableau du XVIIIe. Maëlle se pencha vers son amie.
''- Vu la tronche de votre conversation, j’ avais l'impression que tu m'avais amené dans une secte.''
Anastasia rigola avant de déclarer :
''- Oh rassure toi, c'est bien pire que ça.''
Une trentaine de personnes attendait dans le salon, verre à la main. Maëlle colla son amie, intimidait par cette foule. Sa comparse remarqua que tout le monde n'était pas encore arrivé. Chouette se dit Maëlle, il va y avoir encore plus de gens, c'est super, je vais bien stresser. Mais son amie la rassura, lui disant que si elle désirait rester dans l'ombre, personne ne ferait attention à elle.
Une demi- heure plus tard, Maëlle, coupe de champagne à la main, déambulait parmi la foule, devenue plus compact. Anastasia parlait avec un homme assis sur un canapé. La nouvelle se demanda quel genre de soirée cela pouvait bien être. Les gens n'étaient pas déguisés, pas de point commun apparent, que ce soit l'âge, la couleur de peau ou la classe sociale (certain étant beaucoup moins ''chic'' que d'autre) et aucun sujet de conversations qu'elle avait grappillé ne lui donnaient plus d'indices.
Soudain, les lumières s'éteignirent. Un ''Ah'' de satisfaction parcourut l'assemblée. Tous se tournèrent vers une petite estrade située dans le coin gauche de la pièce. Là, un homme d'une cinquantaine d'année, la moustache drue et les cheveux bouclés apparut dans le halo de lumière éclairant l'estrade. ''Monsieur'' se dit Maëlle. L'homme prit la parole de sa voix grave et empreinte d'une gaieté mal contenue.
''- Chers amis. Bonsoir. Cette nuit, comme chaque année depuis dix ans, est la vôtre. Les hostilités sont ouvertes. Bonne décadence à tous.''
Un ''hourra'' général accompagna la mort de sa phrase. Les gens commencèrent alors à se disperser, allant dans chaque recoin de la maison.
Maëlle chercha son ami du regard et la trouva... Bouche contre bouche avec un trentenaire portant une chemise rose des plus mauvais goûts. Maëlle se précipita vers elle.
''- Qu'est-ce que tu fous ?!
- Oh Maëlle, lâche- moi, ça commence à devenir amusant.
- Qu'est -ce que tu fous ? Tu as un fiancé je te rappelle.
- Pas cette nuit ma belle, cette nuit, je n'ai personne, je suis à tout le monde.
- Putain... C'est quoi ça !
Un homme à la calvitie bien prononcé arriva devant elle en tenant en laisse... Un autre homme, cagoulé, vêtu de cuir des pieds à la tête et à quatre pattes.
''- Voulez-vous caresser Bijou mademoiselle ?'' Demanda le maître.
L'homme chien aboya et commença à se frotter aux jambes de Maëlle. Cette dernière se retourna vers son amie, qui était repartie dans sa séance de roulage de galoche intensive.
''-Putain ! Ana ! C'est quoi ? Une putain de boite échangiste ? Tu m'as amené dans une putain de boite échangiste ou SM !? Eh, écoute quand je te p...
- Ce n'est pas une boite échangiste mademoiselle."
Maëlle sursauta. Le maître des lieux et son imposante moustache s'était glissé derrière elle. Il lui tendit un verre qui semblait contenir du vin.
''-Vous en voulez ?
- Non... Merci. Monsieur, qu'est-ce que c'est que...
- Ana ne vous a pas expliqué mademoiselle... Maëlle si je me rappelle bien?
- C'est ça et non je ne sais pas ce qu'est cet endroit.
- Cet endroit, c'est mon manoir, aménageait pour l'occasion et cette nuit...''
Il s'approcha d'elle comme pour lui murmurer un secret, sauf que sa voix garda le même volume sonore.
''-Cette nuit est la Nuit des Désirs.''
Une détonation retentit. Maëlle sursauta. Un coup de feu ?
Le comte continua ses explications.
''- Vous voyez Maëlle, cette nuit est la nuit où vous pouvez faire ce que vous désirez. Si vous voulez boire, buvez. Si vous voulez prendre des drogues, prenez- les. Si vous voulez réaliser un fantasme sexuel, faites donc...''
Il sourit.
''-... Et si vous voulez tuer, eh bien, tuez.
Il rit, puis tourna les talons.
''- Maëlle, faites ce que bon vous semble jusqu’à ce que l'aube arrive. Après, vous repartirez à votre vie normale. Mais en attendant, tant qu'il fait nuit, faîtes- vous plaisir. Oh et faites attention aux verres que l'on vous propose, certain (il but la coupe qu'il avait proposé à Maëlle plus tôt) contiennent des substances assez étranges, voir même psychotrope. Bonne soirée Mademoiselle.''
Et il s'en alla, laissant la jeune fille déboussolée. Elle regarda Ana. Celle -ci était presque nue sur son prince d'un soir. Dégoûtée par cette vision, elle sortit du salon. ''Bijou'' la suivit en grognant.
''-Casse-toi bordel !'' Vociféra-t-elle sur la pauvre bête qui partit en glapissant.
Dans le couloir, des cris attirèrent son attention. Elle alla dans la cuisine et constata qu'une troupe s'était accumulée autour de deux hommes qui se battaient avec toute la violence dont ils étaient capables. Une sorte de ''Fight Club'' improvisé. Maëlle quitta la cuisine. Elle monta à l'étage.
Où était- elle tombée ? C'était quoi cet endroit ? Le droit de tout faire jusqu’à l'aube y compris... Prendre des vies. C'était du délire. Le coup de feu de tout à l'heure. Quelqu'un était mort ?!
Un grincement l'a fit sursauter. Elle se retourna lentement.
Un homme la fixait par l’entrebâillement de la porte.
Un couteau ensanglanté dans la main visible.
Maëlle resta pétrifiée, alors que le visiblement assassin s'approcha, d'un pas lent. Maëlle sentit que son cerveau lui hurlait de prendre la fuite, mais ses jambes venaient de se désolidariser. Elle regarda l'assassin approcher, un sourire carnassier sur le visage.
Des pas se firent alors entendre dans le dos de la jeune fille. Un autre ?
Incapable de bouger, la jeune fille commença à prier n'importe quelle divinité que quelqu'un lui vienne en aide.
La voix de la personne dans son dos se fit alors entendre.
''- Eh bien jeune homme ? Qu'a dit Monsieur le comte ? Pas sur les invités voyons.''
L'homme au couteau s’arrêta et regarda la personne dans son dos que Maëlle ne voyait pas. Il répondit, toujours le sourire aux lèvres, tel un démon.
''- Oui, mais que veux- tu ? Elle est si belle, j'aimerai bien l'entendre crier. Pas toi ?''
Un pistolet apparut dans l'angle de vision de la jeune fille au bord de l'évanouissement, tenue par l'inconnu.
''-Et toi, comment tu cris ?''
Le sourire de l'homme au couteau disparut. Il grogna. La voix de l'inconnu à l'arme à feu repris.
''- Il y a des personnes spécialement sélectionnées et préparées pour satisfaire nos pulsions meurtrière cette nuit mon cher Vivien. Le comte à été clair. Si nous tuons un invité, on risque de ne jamais pouvoir revenir. C'est dommage, tu vas devoir commencer à tuer dans la vie de tous les jours si le manoir ne t'es plus ouvert une fois par an pour assouvir tes pulsions.''
L'homme au couteau (Vivien) retrouva son sourire.
''- Tu sais, un jour je vais craquer et tuer des gens dans la rue, comme ça. Mais tu as raison, ne nous mettons pas le Comte à dos. Bonne nuit Vince.''
Il tourna le dos et repartit dans la chambre dont il était sorti.
''- Et bonne nuit Mademoiselle.''
La porte se referma.

Maëlle, la pression redescendue, tomba à genoux. La main, sans revolver, de son sauveur apparut devant elle pour l'aider à se relever. Mais elle ne la prit pas. Non, car cette main appartenait, elle le savait maintenant, à un meurtrier, de la même espèce que celui au couteau. Elle se releva tant bien que mal est dévisagea son tueur de protecteur.
Un homme grand, une barbe fine, un look élégant. Des cheveux mis long noués en queue de cheval. Et l'arme qui dépassait de sa ceinture... Et son sourire malfaisant sur la figure.
''-ça va mademoiselle ?''
Maëlle ne lui répondit pas. Elle tourna les talons et avança dans le couloir. La voix de l'homme résonna derrière elle.
''-Il a raison, on a vraiment envie de vous entendre crier.''
Maëlle fut prise d'un vertige. Elle s'accrocha à la poignée de porte la plus proche. La porte s'ouvrit. Apercevant un lit, elle se laissa violemment choir dessus.
''- Eh ! J avais demandé à être tranquille.''
Maëlle releva la tête. Une quadragénaire rondouillarde était assise devant un ordinateur à l'autre bout du lit. Elle rageait.
''- Bon sang, c'est pas possible, pas possible d'avoir une heure tranquille dans ce putain de manoir. Il est assez vaste pourtant.''
Maëlle se mit alors à pleurer. La femme, perdant son air réprobateur, s'approcha d'elle et lui demanda ce qui n'allait pas. Maëlle lui dit alors tout ce qu'elle avait sur le coeur. Qu'elle était dans une maison de fous, avec des psychopathes.
La dame la réconforta. Elle s'appelait Thérèse. Elle lui dit que tous les participants de cette soirée n'étaient pas forcément des tueurs assoiffés de meurtre. Elle par exemple, était une collectionneuse.
''- Une collectionneuse ?'' Murmura Maëlle qui avait fini de pleurer
''- C'est ça. Je collectionne les morceaux de corps humain. Tu te doutes que ce n'est pas une collection très réglementaire alors, une fois par an, je profite de la bonne connexion et de leur accès facile au deep web pour compléter ma collection. Moins de chance de se faire pincer et en plus Monsieur le Comte me donne même des adresses. Ca fait dix ans que je fais ce petit manège, j'économise toute l'année exprès pour cette nuit. Bon je viens aussi, car le vin est vraiment extra.
Essaye de te détendre. Je me doute que c'est un peu... Surprenant la première fois, mais tu vas voir, tu vas trouver un truc qui te fera revenir l'an prochain.''
Maëlle en doutait. D'ailleurs, elle allait sûrement partir de suite.
''- Oh ça va être compliqué. Les portes sont fermées jusqu’à l'aube, impossible de sortir. Et puis, comment te débrouillerais tu dans cette forêt, de nuit ? Non, au pire, mets -toi dans un coin et attends le lever du soleil. Mais c'est dommage quand même de ne pas profiter.''
Maëlle, calmée, la remercia et prit congé de la bonne dame.
Elle sortit dans le couloir, les sens aux aguets. Des gémissements de plaisir, des rires, des cris de douleur ou de terreur. L'environnement sonore était très varié.
Elle redescendit au salon ou avait eu lieu le speech du comte et se servit un verre. Pas mauvais. Le vin était, effectivement, très bon. Un orchestre de musiciens jazz avait pris place sur l'estrade et jouait des rythmes entraînants. Le maître et son "chien" arrivèrent alors vers elle.
''-Bijou vous a fait peur tout à l'heure mademoiselle ?
- Non ça va... Cet homme patiente toute l'année en attendant la nuit où il sera traité comme un clébard ?
- Oui, Bijou est un banquier. Sa vie est assez... Conventionnelle. Il n'a pas souvent l'occasion de donner libre cours à ses désirs. Mais cette nuit lui donne la possibilité.
- Je vois.''
Maëlle finit son verre de vin, fit une caresse sur la tête de Bijou puis s'avança vers l'orchestre qui jouait malgré le faible nombre de personnes présentent. Ana avait disparu... Maëlle n'était pas sur de vouloir savoir ce qu'elle faisait.
Un homme se présenta alors devant elle, une longue roulée à la main.
''- T'en veux M'dame?
- Euh non c'est bon.
- Allez! Goutte, c'est pas de la beux de PD"
Il rit tout seul à sa phrase.
'' J ai le droit de le dire, je suis homosexuel. T'es sûr que tu n'en veux pas ? C'est un royal de chez royal"
Maëlle regarda le joint. Depuis combien d'années n'avait-elle pas touché à la drogue. Une éternité en fait. Pas depuis ces lointaines soirées de lycéenne, avec ses amis aujourd'hui perdus de vu. Elle n'y pensait plus maintenant, avec le boulot. Le boulot...
Oh et puis merde, une fois ne la tuera pas. Pas envie de penser au travail maintenant.
"- Ok, je vais tirer un peu dessus.
- Ah ça c'est bien M'dame. C'est le bon raisonnement à suivre, parole de PD."
La première taf, Maëlle s'étouffa littéralement, sous les rires de l'homme. Elle tira encore cinq ou six tafs avant de rendre le royal à son propriétaire. Les effets se montrèrent un peu plus tard, alors que Maëlle était accoudée à la table, une coupe de champagne en main, en train de parler avec un grand noir qui avait participé au "Fight club" est gagné. Un sentiment de bien -être détendit la jeune fille, qui se retrouva sur un petit nuage. Elle quitta son interlocuteur et alla danser prêt de l'estrade ou les jazzmen avaient changé de registre pour attaquer un rock à l'ancienne.
Une main se posa sur l'épaule de la jeune fille.
Le type au revolver.
''- Un rock, c'est mieux dansé à deux non ?"
Maëlle l'ignora. Sûrement que Vince (sûrement le diminutif de Vincent) était fatigué de trucider des gens et qu'il venait se détendre un peu en bas. Et bien il se détendra tout seul.
Mais il insista et finit même par lui glisser à l'oreille :
"-Si tu acceptes, je te montrerai un truc extra après. Promis que ce n'est pas un truc morbide. Ou sexuel."
La curiosité de Maëlle était piquée au vif. Un truc ''extra''... Sobre, elle aurait refusé tout de suite, mais dans son état, elle finit par accepter la proposition de danse de l'assassin.
Il se lancèrent ainsi dans un rock effréné. Les musiciens, voyant qu'ils avaient du public, redoublèrent d'efforts pour donner satisfaction aux danseurs.
Ce Vincent était très bon. Il faisait tourner la jeune fille, l'obligea à donner tout ce qu'elle avait dans son répertoire. Maëlle se rendit compte qu'elle s'amusait.
Soudain, il la lâcha sans le faire exprès et l'envoya valdinguer contre une table. Des morceaux de verre cassés écorchèrent la danseuse qui se retrouva à terre. Le fautif, surpris par son erreur, finit par allait l'aider à se relever. Mais il se stoppa quand il vit la blessure sur son bras et le liquide écarlate qui en sortait. Maëlle se rendit compte que son cavalier était dans une sorte de transe. Il bégaya :
"- Est-ce que... Est-ce que je peux...''
Il avait du mal à articuler.
"-... Lécher la plaie ?"
Surprise par cette demande, Maëlle ne répondit rien. Et il prit ce silence pour un oui et posa sa langue sur la blessure. Elle eut un mouvement de recul, mais se rendit compte d'un coup que cette situation était... excitante. Elle sentait des frissons lui parcourir la nuque à chaque coup de langue et même la douleur de la blessure devenait agréable. Elle sentit une sorte de "chaleur" l'envahir. La tension autour des deux devint sexuelle. Elle aurait voulu rester une éternité comme ça.
Plusieurs minutes passèrent ainsi, elle debout, le bras tendu. Lui, à genoux, à boire le sang de la plaie.
Quand il se releva, il avait un visage de petit garçon ravit du cadeau que l'on venait de lui faire. Il susurra un ''Merci" qui était des plus sincères.
Elle lui rappela alors sa promesse. Le truc "extra". Il mit quelques secondes à se souvenir, puis dans un grand geste théâtral, l'invita à la suivre à l'étage.
La tête alourdis par l'alcool, la drogue et le plaisir physique, elle lui emboîta le pas. Dans le couloir se tenait maintenant le "fight club" qui avait débordé des cuisines. En passant à côté, Maëlle aperçut un homme au sol, inanimé. Un type l'attrapa alors par le bras. Il était plus que ivre, on frôlait le coma à ce niveau.
"Eh poupée, tu me suces ?"
Elle envoya balader physiquement le poivrot qui atterrit sur un bonhomme plutôt baraqué plus loin. Celui-ci, en colère au vu de l'état du projectile reçu, avança vers Maëlle et commença à l'insulter. Celle-ci lui répondit par un grand coup à l'entrejambe. L'homme tomba à genoux, mais tenta quand même de saisir le bras de la fille. Elle lui asséna alors, par une sorte de réflexe, un coup de genou au visage. Le type ne s'en releva pas. Maëlle n'avait pas ménagé ses forces.
La petite foule l'avait entouré lors de l'altercation et tout le monde réclamaient maintenant Maëlle sur le ring. En face, une punkette fortement tatouée et percée l'attendait. Un type commença à brailler que c'était la confrontation pour élire "THE woman".
Si en temps normal, Maëlle aurait tout fais pour s'éclipser discrètement et éviter la confrontation, ce coup- ci, enivré par l'ambiance, elle releva le défi.
Elle se retrouva au centre du cercle, en face de son adversaire à crête. Ce fut celle -ci qui commença les hostilités en donnant une violente droite au visage de la nouvelle. Maëlle tomba au sol, le goût du sang commença à envahir sa bouche. Mais loin de l'effrayer, cela décupla son envie d'en découdre. Elle se releva, transposa l'image de son patron sur la fille puis partie dans la mêlée avec une férocité qu'elle ne se connaissait pas. Son adversaire fut totalement surprise. Il fallait dire qu'avec sa petite robe et son maquillage bien fait, Maëlle ne transpirait pas l'amour de la bataille. C'est pourtant une furie qui fonça sur la punk. Enchaînant les coups de poings et de pieds, parant les assauts de l'adversaire et rendant les coups avec deux fois plus de violence quand elle s'en prenait un, Maëlle finit par complètement assommer l'autre fille.
Haletante, saignant de la bouche et couverte de bleus et de coquard, elle regarda autour d'elle, voir qu'elles étaient les réactions du public. Celle- ci ne se firent pas attendre et un déluge de cris accompagna la victoire de la nouvelle. Un type se mit à genoux devant elle, l’auréolant du titre : THE woman.
Se souvenant pourquoi, à la base, elle était dans le couloir, elle chercha Vincent du regard. Celui -ci était dans la foule et l'applaudissais, un étrange regard braquait sur elle. Un regard qui cherchait à la dévorer.
Elle le rejoignit et lui lança:
"-Bon, tu me le montres ton truc?"
Son regard brillait toujours quand il lui répondit.
"-Comment tu t'appelles la nouvelle au faite?
- Maëlle.
-Maëlle..."
Il se pencha vers elle et lui murmura à l'oreille:
"-J’ ai vraiment envie de t'entendre crier maintenant Maëlle."
Puis il se recula et désigna l'étage.
"-Viens. Je vais te montrer."

Quand on rentrait dans la chambre de Vince, le premier truc qui frappait, c'était le cadavre menotté au radiateur. Maëlle bugua un moment dessus.
"-N'y prête pas attention." Lui dit le faiseur de meurtre.
"-Difficile, mais je vais essayer... Qui c'était?
- Une fille de l'Est certainement. Sans famille, sans papier, facile à faire disparaître. C'est souvent comme ça. Mais il arrive qu'il y ai des types qui viennent exprès pour ce faire zigouiller. J'en ai eu un comme ça y a deux ans."
Il s'approcha de la table où il y avait une mallette. Il l'a désigna et dit :
"-ça, c'est un petit trésor. Que je vais te montrer bien sûr."
Il faillit ouvrir la mallette mais s'arrêta au dernier moment, puis se tourna vers elle.
"-Supplie moi.
- Quoi ?
- Supplie moi de te montrer ce qu'il y a à l’intérieur."
Elle lui colla une droite dans les dents. Il s'écrasa contre un mur et se releva en la dévisageant.
"-Non." Lâcha- t-elle simplement.
Il rit, d'un rire entièrement fait de joie.
"- C'est vrai, j'aurai dû me douter que tu me frapperais. Ah là là, tu es vraiment THE woman ce soir, rien à voir avec la petite chose tremblante que j’ai sauvé dans le couloir tout à l'heure."
C'était vrai, Maëlle s'en rendit compte. Elle s'était laissée happé par la nuit des désirs. Elle avait bu, fumé, pratiqué le vampirisme et tabassé deux personnes. Et elle se sentait heureuse d'avoir fait tout ça. Cette nuit était magnifique. Cette nuit était une parenthèse dans sa vie. Une oasis de violence et de n'importe quoi. Elle se sentait bien.
Mais un truc l'a turlupiné encore ; le contenu de cette foutue mallette.
Elle le somma de l'ouvrir.
Ce qu'il fit.
Maëlle n'en crut alors pas ses yeux.
Des diamants.
Des diamants disséminés sur une sorte de toile, donnant une forme astrale au tout.
Vincent se pencha sur les pierres précieuses.
"- C'est la constellation d'Orion qui est représentée.
- Somptueux..."
Une foule de question taraudait Maëlle. Pourquoi avait - il une telle chose en sa possession ? Pourquoi ici ? Pourquoi lui montrait il ? Pourquoi même cette œuvre ? Mais au diable les questions. La demoiselle laissa le scintillement des pierres s'imprégner dans sa rétine.
le meurtrier s'approcha par-dessus l'épaule de la jeune femme.
''- Beau hein ? Un cadeau d'un client pour services rendu.''
La jeune femme passa un doigt sur une pierre. Le contact était froid, mais tellement surréaliste qu'elle en trembla.
Un bruit métallique attira son attention. En tournant les yeux, elle se rendit compte qu'elle avait un pistolet braqué sur la tempe. Vincent souffla à son oreille.
''- J’ai vraiment envie de t'entendre crier maintenant. Pourrais-tu crier pour moi ?"
Maëlle ne répondit rien. Elle garda son regard concentré sur les diamants. Un sourire barda pourtant sa bouche. L'autre lui demanda pourquoi elle souriait.
"- Parce que cette situation est complètement folle. Cet endroit est fou. Moi-même, peut être que je deviens folle. Et pourtant je me sens bien dans cette folie. C'est incroyable comme sortir hors du monde est apaisant. C'est incroyable comme la folie est salvatrice."
Le tueur rit. Il baissa son arme puis la rangea.
"-C'est vrai, cet endroit est fou. Nous sommes tous fous. Nous sommes tous au fin fond de notre humanité. (Il se pencha à son oreille) Veux-tu que je te montre comment aller plus loin dans cette folie ?"
Elle acquiesça. Il lui dit d'attendre, qu'il allait chercher un truc. Maëlle l'attendit en contemplant l’oeuvre d'art sous ses yeux.
Quand il revint, tenant dans sa main droite une jeune fille aux mains liées.
Il accrocha la fille sous la fenêtre avec des menottes. Puis il tendit son flingue à Maëlle.
"-Tire."
Elle le regarda, pas très sur d'avoir compris. Maëlle regarda la jeune fille qui pleurait dans son coin.
"-Je ne peux pas faire ça.
- Si tu le peux.
- Cette fille ne m'a rien fait.
- Et ?
- Je ne peux pas tuer une innocente. Je ne peux pas tuer tout court.
- Si tu le peux."
L'arme dans la main droite, elle continuait de fixer la future victime.
"- Je ne peux pas...
- Mais si ! C'est le summum de la folie ! Le meurtre pour le plaisir ! Le meurtre par envie ! La prise d'une vie gratuitement. Le maximum de la démence. Fais- le."
Maëlle leva alors l'arme... Vers Vince.
"- Et si je te tuais toi plutôt ?"
L'homme sourit.
"-Fais ce que tu veux... C'est la nuit des désirs après tout."
Maëlle le considéra un long moment. Un assassin, c'est ce qu'il était. Se serait sauvé des vies que de prendre la sienne. Mais cela fera d'elle une meurtrière également...
Elle posa l'arme sur la table.
"- Navré, c'est trop aliénant pour moi."
Elle se dirigea vers la porte.
"-Merci pour le rock et merci pour ce truc extra. Salut."
Elle sortit de la chambre. Dans l'escalier, elle entendit un coup de feu et un cri. Elle ferma les yeux, se sentant coupable au fond d'elle.

Elle retourna dans le salon et bu. Elle but tous les verres qui lui tombaient sous la main et ceux qu'on lui proposait. Oubliant les conseils du comte, elle dut boire dans un verre gorgé d'une étrange substance. Elle dansa alors, hors d'elle-même, le reste de la nuit.
Un homme vint danser avec elle. Elle s’endormit vers 6H00 dans ses bras, sur un canapé
Anastasia vint la réveiller un peu plus tard pour le départ.


Un an plus tard

Romane tirait nerveusement sur sa cigarette. Maëlle lui fit remarquer qu'elle ne profitait sûrement pas de sa clope en la fumant à cette vitesse.
"-Excuse, je suis... Stressée. La semaine prochaine, je dois retourner au tribunal pour demander la garde du petit et avec cet enfoiré de patron qui me met la pression... Je crois que je vais craquer."
Maëlle lui sourit et lui dit qu'elle avait besoin de vacances. L'autre répondit que oui, certainement, mais que c'était impossible. Maëlle reprit.
"- Samedi, avec Ana, on va à une soirée un peu spéciale. Tu n'as qu'à venir, ça te détendrait j'en suis sûr.
- Une soirée spéciale ? C'est quoi le plan ? Une soirée échangiste ?"
Maëlle sourit.
"-Non, c'est bien pire que ça."

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