7Ω : le vent se lève
1/ Appartement de transit
J’ai mal à la tête. Le matin quand le soleil perce le volet et me menace //il faut tenter l’ivre, l’amener à croire que j’existe, un peu de bien un peu de…// j’ai mal. La tuile en bras de fer à ma fenêtre crie des phrases sans feu ni sève, qui explosent, chemin du moi miné. Je ne mâche pas d’œufs, je marche dessus, écrase leur matière féconde. Le jour me cerne, bancal, même Icare atteint le zénith. On ouvre alors la porte de ton monde, en inspire le prêt-à-porter et avril dégringole d’une larme. Les gens n’aiment pas pleurer mais ce sont des choses qui se font tout de même, comme mourir en hiver et revenir plus tard, complètement calciné, avec en paumes l’ébauche d’une trêve.
Plume Le Chat rôde sur les pavés de morose, il chasse le moineau et dépose aux orteils de ma fenêtre un cadavre qui eut coutume de voler et qui, maintenant, sait tout à fait se taire. Une gargouille pleurant son vin par les persiennes du cou n’est pas loquace et la mort est un vieux rire sinusoïdal.
2/ de nuit est une grande
J’ai mal à la tête. Le soir n’est que querelle entre les neurones et la sérotonine se prend pour un pied de biche en gélatine. Quand la lune gigote, pendue à la voûte comme le lampion d’un diable alterne, et me menace //il faut tenter de vivre, s’éprouver à croire que j’existe, un peu de bien un peu de…// j’ai mal. Quelle tuile. En bas, l’enfer sous ma fenêtre tend deux longs bras décharnés qui m’attirent grandement. Grondement. Grondement car le monde est sourd et déteste m’entendre parler, baiser et rire, ronfler, gratter la page de plein de « gueuler », jouer la conne, jouir et penser. J’ai quelques idées pourtant, de quoi décaper les murs fongiformes des casernes impitoyables où l’on abaisse l’humain jusqu’aux profondeurs glauques des débris-cycles.
3/ gueule vorace, béance de muqueuse
La nuit, je ne dors plus. Je rêve. Du crépuscule à l’hiver du sommeil, je vogue et ne me raccroche jamais au calme. La splendeur du matin où l’on ressent sans se triturer le câblage me fait comme l’ombre d’un souvenir que je ne retrouverai jamais. Aujourd’hui, il y a tout le flou de la fleur de l’orage dans le regard de mon plafond. Profonde incertitude, je ne lui tends plus la main. J’attends dans le vide de ma piaule que mon lit devienne une aube plus grande et qu’il me gobe et qu’il m’absorbe. Qu’on me digère mal, qu’on me vomisse, que je sois à l’image de mes mots et que le monde sourd me conçoive comme une chair disséquée dans un repli de mur muet murmurant à qui mieux-mieux qu’on a mal et que c’est une menace.
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