8Ω : Chaton explicite
Enchantée monsieur, désolée de vous déranger avec votre bouquet de peine, j’arrive là comme un hasard, enfonce les portes vitrées sans prononcer le bon mot et pose un cil sur l’oreiller - j’ai pensé que ça pouvait être beau, ce mouton de ciel dans la mièvrerie, que c’était peut-être le genre de choses que vous aimeriez, les doigts souillés et la confiture de langues et la plume débile débobinant la carabine des cœurs grenadine prenez prenez - mais voyez mon petit corps à la traîne de jute bien rêche sur la fesse, je savais pas qu’il y avait déjà deux mains sur le carreau alors excusez-moi monsieur de ne pas avoir l’habitude du loquet, coquet bout de fier sur le bois feutré, j’ai ignoré la griffe sur la porte, certes, le trombone coincé dans l’arcade meurtrière et le rouge à lèvres sur les gonds, j’ai pas voulu voir, on appelle ça « se précipiter » qui précède souvent un au-revoir, cette seconde où l’on poinçonne à l’orée de l’était ; voilà : enchantée monsieur, vous étiez seul ce soir, je voulais juste goûter mais vos canines ont croqué tout le cyan de la belle et je ne peux plus colorier sans mes haillons de bacchantes, ne sais pas faire feu de toute la soie de l’ivresse sur mon oreille roussie par le lendemain de vos caresses.
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