14Ω : étude (portraits) de femmes 

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1/ Bitter queen

Je passe ma tête par la fenêtre et l’or dégouline des trombes de cœurs mouillés. La pièce suinte des vapeurs de vodka, de cris de soi sans accent, lucioles luisantes d’excès. Elle dit je donne pas je prends, tout doux sur l’ivresse de mon corps quand la peau frissonne, le con contre la langue est à vomir, mon con sur sa langue à rugir de bon sens. Culte du désir en toutes ses formes phalliques, on l’emporte probablement pas en porte du ciel et les boucles sautillent et les murs en résonnent. J’affirme qu’elle s’écoute dans ses maux. J’affirme qu’elle goûte peu la mort de l’autre, n’y voit qu’un énième tatouage qu’on dessinerait bien un lundi si le temps venait jouir à ses oreilles.

2/ Madame

Je passe ma tête par la fenêtre, Madame trône sur son cuir de joueuse aguerrie, en main les cartes de cœur qui piquent un peu au niveau des coins. Souris donc, pour voir ? Cette gerçure sur la lèvre sera-t-elle encore là demain ? Ça swingue sur le sol sale, larme en oscillo-vacante, papier mâché par transparence la pulsation psychédélique des LED mauves, la voilà défrichant les nuages devant la lune des autres. Elle s’échappe comme ça, c’est pas subtile le boogie-woogie quand on a le pied piégé dans les soucis. Tresser l’instant quand il éternue et l’embrasser si fort qu’il en saigne et qu’on doive le suturer plus tard.

Madame dégueule sa polaire en plein été, il fait sans doute froid sur son oreiller.

3/ Le bleu de la flamme

Je passe ma tête par la fenêtre, la fraîcheur des moussons m’expire son haleine de petrichor fumé. Qu’a-t-on gagné à les découvrir d’une question qui exhibe la sueur des matins, la valse du brouillard ? Se connaître, s’apprendre qu’ici le monde est drôle mais furieux de grandiose, branlant à tous les étages, et que le pont craque plus encore que l’os sous l’orteil. Que toute soie est autre.

Quatre cordes dansant sous la pulpe et sa voix se veut velours de boudoir, elle a jeté du bleu sur ses cheveux, des confettis d’océan éclairés par les guetteuses ectoplasmiques du bonsoir. Les phanères bigleuses caressent sa mâchoire comme si elle était taillée à même la tige de l’acacia ; une petite Corneille, sa curiosité et puis s’en va.

Elle m’a dicté la sentence de l’amour sur sa peau de bohème. J’ai dit oui parce que j’aime la chair pensante, mais n’en retiens que la tache de rhum qu’elle abandonne sur la lèvre, une bavure toute pleine de cernes et de peintures sous l’averse. Délicatesse qui mène aux bouches-bouteilles, cul-de-sac ésotérique où on lit l’avenir en espérant noyer l’hiver. J’admire ses cartes en main comme des queues de cerises : certains ont brûlé un jour violent de soleil pour moins que ça mais peut-être son ton porte-t-il vraiment haut, très loin du texte, au-delà des danses de chemises et du fil épris des poignets.

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