19Ω : Pensine
Sa fougue me renvoie l’image jaunie de la mienne, une sorte de fragment dans la pensine qui ne flotte plus tout à fait. Des fois, je me persuade qu’on m’a comme éteinte et que le monde turbulent, c’est plutôt l’autre. Ma coquille défaite de sa rage, tout semble différent à présent, un peu plus doux, un peu moins flamboyant. Un nuage moelleux de ciel d’été, l’herbe sage, petite folie dansante des hauteurs, trois fois rien.
Sans crier gare, voilà qu’on prend des airs de poupée, les yeux globuleux révulsés par le moindre brouillard. Je ne distingue même plus mes fils, les avais brodés seule pourtant. Et que ça s’agite, et que les fresques sur la devanture attisent le mauvais geste du doigt. Qu’on s’emballe donc pour que mon cœur rugisse ! Ça n’a rien de sournois. Les mains doivent claquer contre la chair pour que le mot rougisse. Farder les joues de la poupée, que ses yeux mangent son corps et le monde.
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