21Ω : sable de barbarie
En revenant du sous-bois, tu compteras les grains de sable entre tes orteils. Les nuages sirotent les pics et les Vénus sous le vent du globe apportent la sueur des plages éternelles venues de ma tête.
Elle dit gobe tes chardons, petite couleur friable. La fleur dans la dentelle des pins, la caillasse en collier, j’ai faim de soi. Elle dit gobe-le, fais-en une saveur que seule ta langue saura déchiffrer. Mais m’en allant pêcher Prométhée sous vos yeux, en aval du cerne gonflé de chaleur estivale, j’estime l’attente, les casseroles qui se traînent et qui ne nous amènent pas à la bonne saison. Déposées les chemises, tout près des serpes, l’on voit d’ores et déjà ses muscles gigoter d’une chute sereine sous le jaune de ma paume.
Il frissonne comme le vide, à vif de soleil plaqué douloureusement sur sa nuque, et il y aura dégâts au papier ponce sur la pulpe du doigt, mais on ne le sait pas si l’on ne se souvient même pas de chacun des matins qui grignotent le scalp. J’ai cru à l’horizon apercevoir la terre féconde, toute bleue d’un demi-siècle qui s’épuise de lui-même, et le soleil l’éclairer de tout ses atours.
T’éloignant du feu, dansant, tu penseras à me décrire ce corps grisé aux griffes du temps et des ronces de carbone, les orteils entaillés de sable barbare.
pour E.
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