26Ω : Princesse
Princesse porte la chemise, ainsi soit-elle d’égrainer les boutons sur le tissu et la cravate par dessus le blues de soie.
La première fois, j’attendais simplement qu’elle prenne la parole parce que je ne cerne pas très bien les jolis visages s’ils ne font que sourire et l’équivoque d’une danseuse de cœurbaret me plait sans toutefois m’étonner. Si tu n’es que fou rire mais que la fenêtre du soir t’offre la double peine, il faut se pencher, passer le bras par les manches du pantalon, avoir la main de fer dans la chaussette de velours, collectionner les grains verts sur la lèvre et t’inviter à nous passer la réplique goulue, gourmande, jamais lassée.
Depuis, quand iels te tricottent une ébauche de question, je tends l’oreille pour capter une onde légère, presque un éclat de soleil sous la frange de jais ; capturer la perle qui descend le cil avant qu’elle ne s’évapore, presque l’isthme de Corinthe à mi-chemin entre corail et bouchée de ciel. Des choses fascinantes s’y content. Aux portes des antiques citées, les murs blancs aux accents d’été troués de tes fleurs de peaux s’amusent à gagner le rivage qui les fait naître, on n’aura pas sorti cette sirène d’un coquillage, elle aura plutôt gravi seule la bouteille du récif qui envoie le message sans se douter qu’il atteindra bon port.
Lorsqu’ensuite, autour du kiosque, la farandole rafle la belle - aussi blonde qu’un ballon piqueté de cigales - je pense qu’elle porte la chemise comme l’on se vêt d’humeurs sautillantes, que sa paire d’ailes fumées garde jalousement secrète sa saveur de cèdre solitaire sous les moussons du lien et que dans son pas réside la fuite mais que l’envol lui siet bien mieux qu’à d’autres. Princesse essaime le bouton d’ogre sur le fichu de mes jazzeux, qu’on la laisse faire, j’aime sa fête.
Annotations
Versions