27Ω : la serre 

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Plus tard, en plein mois de juillet, un soir où l’atmosphère n’est plus si moite que quelques heures auparavant, je me tiens plein pied comme les immeubles de pierres, devant un volet aux persiennes tachées de vieillesse. Toute peau s’use. Strasbourg abandonne les bâtiments aux étoiles et la nuit les jette à l’abîme des regards impassés des glycines chauves. Si l’on lève l’œil un peu plus en hauteur, deux cafés jaunes cubiques illuminent la rue sur trois mètres carrés, minuit passé. Comme quoi, vivre n’est qu’une question de grandeur, de grandiose, de saveur.

Une épée au beau milieu de la pièce pleine de poussières. Il est tard et j’ai sommeil de moi, les épaules fraîches d’algues russes qui se balancent de l’Ill aux pas. Fleur blanche - une myrte plutôt, soyons honnête. Mon mythe à mi-chemin entre deux fêtes, ces peurs oscillent et je ne leur trouve pas de funambule pour les magnifier. M’Adonies, de Byblos à ici, que nous ne poussons pas à gémir la soif d’un bois de merveilles, que fait-on de ces princesses aux papilles mal dessinées qui distillent sur la langue leur si tendre sueur ?

Les shorts au bord du canal dessinent la berge et s’enfuient presque aussitôt. Je file mieux à vélo le bout des nuages, surtout s’ils quémandent. Et j’occulte si je le veux les instants qui me déplaisent. Retrouvons-moi à fumer un air vicié dans ma chambre passée au filtre rouge et blanc des loupiotes de mon vélo. Un lit psychédélique se dessine là, le dos gracieux, huilé, la myrte en travers de la gorge. Je repense alors à cette reine qui embrasse les femmes pour satisfaire les hommes qui la regardent, verre en main. Choisis-moi, on les appelle comme ça. Un manque de subtilité certain qui me répugne, deux secondes de rire puis le malaise, l’encre coule effectivement le long de son dos mais je ne suis pas certaine qu’elle en saisisse réellement le sens. La suie l’avale, c’en est une autre. Les loupiotes clignent des yeux, mes mains également. Je soignerai le vide plus tard, j’en ferai comme toujours quelque chose qui m’appartient et qui fait éternuer le papier.

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