L'oiseau-paille chérit encore la narcisse qui l'empoisonne à petit feu. On me demande si je sais ce que signifie l'amour. Gaza brûle. Washington coule. Mon vélo déraille et l'on m'attend à quais, entre le lit et le marchepied, le présent est en déroute et le bureau, saccagé.

Il est huit heures, l'odeur du pain grillé passe sous la porte pour effleurer mes narines et j'entends les pigeons en chaleur glousser derrière le volet. Les cachets me donnent l'impression que mon corps s'enfonce dans le matelas et qu'il n'en sortira plus jamais. Les mots qui dégringolent, le banc des accusés, mon train-train quotidien de vacancière où sa peau ne naît pas sur la mienne quand l'aurore défie le ciel d'arborer moins qu'une grandiose parure, des choses et d'autres dont je me serais passée. Que fais-je sur ce bord d'autoroute ? Je quête la mort à défaut de trouver les atours du cœur qui me conviennent. Et dans le ciel, toujours ce gris si pâle et la demi-lune hésitante, un trou borgne dans une voûte en plastique – quand reviendra Ulysse, je me demande. Je me demande quand nous rejoindra Ulysse-aux-pieds-de-verre, celui-là même qui brisait la terre qu'il foulait de sa sandale, celui-là même qui racontait comme une liste de faits ces histoires de tapis de cheveux qui, sous sa main, luisaient de chaleur.

Hermès, folle est ta langue qui caresse son prénom quand le soir surgit ; ta jolie narcisse est partie, elle ne reviendra pas. Le passé, ce pays fugitif et barge de becs en maraude, garde précieusement sa pitance et ta charogne la remplit grassement. Hermès, folle est ta poitrine d'encore bercer son prénom au plus près de ton cœur.