39Ω : le chant des marmottes
J’ai connu le goût des cerises explosant contre les lèvres, le silence champêtre percé des cloches en tout genre, les vaches à tournesol, les églises à point, saignantes, les portes poétesses qui carillonnent l’étranger de ces contrées en bordure du vide, les coups de spatule dans la poêle en osier et le grincement de la fonte du fauteuil lorsqu’il s’asseyait dedans. J’explore encore cette époque où confondre ciel et mer est accueilli d’un baiser de bourdon se délectant grossièrement des gras chardons, et le voici qui m’offre le miel à même la langue pendue, et me voilà donc, vêtue de poèmes, craignant ta parole qui ne crayonne sous tes cheveux que l’à vif de morose,
le bâton en mazout, les pages cinglantes, me voilà craignant que les mâts de navires féconds d’épopée s’effondrent sur ton chemin et que tu n’en gardes qu’un râle agacé d’être passé par là, chant de mines à l’assaut de ta tranquillité, un soupir exaspéré qu’Achille, cette vaillante dame, fornique avec le rêve loin de tes fenêtres…
À l’aube, alors, je t’emmènerai sur l’aile de l’aigle en papier friable cueillir le vol de l’abeille qui ondoie dans le dernier rayon récalcitrant, et mourir, enfin, sera ta dernière peur, et poursuivre l’esquif fin d’un empire-mirage voguant au large des maraudes de sourire, enfin, sera le premier joyau de ton œil en fleurs.
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