52Ω : la peau de la cuillère .1

Une minute de lecture

Chaque larme de pluie des gouttières crades sonne en pas d’homme, un soupir contre ma nuque. Passé minuit, la ville sommeille, seulement dérangée par le claquement de bottines sur le pavé, et l’air grésille comme les vieux sémaphores.

J’ai plus les mots, la grisaille me les a mangés, et mon reflet sur le dos de la cuillère à café craint de disparaître. La saison des mirages s’efface pour celles des moisissures. On fera des confettis à partir des champignons qui s’incrustent sur ma rétine déjà maculée de mousse. Que le meilleur gagne.

La gare brûle, ses rails déboulonnés lâchent des étincelles qui viennent embraser la nuit parme perlée de novas, sel sur table. Leurs bouches rapaces suggèrent des amours passionnelles. Je passe, je m’arrête pas. Au volant d’une libellule, on voudrait pas crever le nez en l’air.

Moi aussi je détourne mes vieilles tavernes, cul sur le parquet frileux trop propre et Polina danse sur les ombres chinoises de ses cimetières, un lutin prend en avance sur Noël au point d’attendre cœur en fête du badinage de toute fin de rentrée, la pupille sombre de madame au goulot s’amuse des gorgées de travers et sa sorcière dans un flacon de rose charme les draps qui les oppressent…

Je m’évade.

La chouette passe bas, la voiture lévite. Alors, je me dis que j’offre peut-être des fleurs trop tôt et qu’ensuite elles m’échappent.

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