54Ω : Dystendre

2 minutes de lecture

Je marche seule sur les sentiers de campagne sous un ciel creux de tout nuage, plein de bonne volonté en somme, l'uniforme volupté.

.

Peut-être bien que je ne les aimais pas, mais par la fenêtre les nuages jouent les aéronefs et tout ce qui m'importe se concentre en un rayon de soleil passant furtivement la verrière pour atterrir en comète sur la gare d'octobre à quatre heures. La campagne en accéléré, les champs fusent, Iris laisse la trace de ses ailes aux abords d'une forêt et d'un double reflet nait un château dans le ciel qui aurait perdu ses racines.

.

Mes ami-es à mon image ne manquent pas de tendresse. Mais ça n'étonne personne que je me plante la myrte en travers de la gorge, que tous les pétales recouvrent toutes les muqueuses, que d'une ode à la mort on fête l'amour, corps enlacés. Mes ami-es à mon image vivent dans le passé et brident le 33 tour présentement moineau chanteur. Ça n'étonne personne que j'écoute en boucle les collisions de lunettes, le grésillement des amoureux-euses dans le combiné, que je revienne sur le quais y brûler mes entrailles. Je vais bien en ce moment, seulement, je rêve ; et mes ami-es se troublent d'écharpes à problèmes, ne manquent pas de se dystendre et de me passer la bague au pouce. Là, sur un champ de miel et d'étages cotons, j'aperçois un million de soleils ivres sous nos pieds nus danser.

.

Chacun s'y laisse planer. Je ne crie pas au loup, je transe, je flâne en chaton aux grosses billes batraciennes, jusqu'à ce que chacun s'y laisse aller. On se souvient, ça captait le téléphone, un crissement lourd et cartonné qu'on attribuait aux antennes surréalistes et à tous les fils qui sortaient de leur caoutchouc en gruyère, un écho croustillant comme de la pâte à brioche. Je t'entendais quand même, en plissant les oreilles, on captait ta voix mauve fleurie, meublée de toutes les eaux d'écluses fermentées, l'ivresse qui en découle et les descentes, surtout les descentes. Je t'attendais, pieds nus sur un banc de soleils protéiformes, et tu étais déjà mauvais comme la peste, mais à cette époque on célébrait les gens de glaise. Nos capitales courbaient l'échine, nous invitaient à la détruire. On s'y plaisait alors je ne crierai pas au loup, je nous honorerai plutôt ainsi : à mes ami-es mi-rages, santé ! Et qu'aucun de nous ne se lasse un jour de planer.

.

Collée à la semelle de ma chaussure, la croûte granuleuse d'un sol instable se fait sentir. Et mes ami-es des combines adulescentes me manquent, comme cet écho croustillant de pâte à brioche.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Laroutourn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0