Chapitre 5

5 minutes de lecture

Le fou aussi voit et entend ce qu'il croit voir et entendre ; L'hallucination est une folie momentanée : on en garde la mémoire lorsqu'elle a disparue. -Alexandre Dumas

Elle nous fait zigzaguer entre les arbres pendant encore une dizaine de minutes. Une des rares choses qui me rassurent, c'est que la grand-mère de Tyler avait tort. La forêt n'est pas habitée par de vieilles sorcières, j'aperçois au loin d'autre morts, aussi brillants que Vickie, ils semblent totalement normaux. Elle s'arrête si brusquement que je la percute, trop occupé à regardé autour de moi. Je la rattrape avant qu'elle ne tombe en avant en m'excusant. Elle me fait signe que ce n'est rien :

"On est arrivé."

J'observe le bâtiment imposant devant lequel nous sommes. Il ressemble particulièrement à la Maison-Blanche de Washington D.C., en un peu plus petit, dans le style néoclassique des année mille-sept-cent-cinquante. Avec ses piliers dignes des grecs et sa blancheur immaculée, il ne manque plus que le petit drapeau américain.

J'ai des dizaines de questions à poser comme par exemple : Qu'est-ce qui va m'arriver ? Est-ce que les animaux d'ici sont morts aussi ? Est-ce qu'absolument tous les morts sont ici, dans cette forêt ? Et c'est qui le vanvitrus ? Je n'ai pas le temps de lui poser la moindre question parce qu'elle m'entraîne sous le porche. Je remarque au passage que les piliers aussi sont gravés de noms doré, j'aperçois même l'ancien maire de la ville, décédé d'un arrêt cardiaque. Victoria me jette un regard que je trouve bien trop inquiet à mon goût, elle attrape le heurtoir et frappe trois rapides coups contre la porte. Est-ce qu'elle aussi ce demande se qu'il va bien pouvoir m'arriver une fois que j'aurai rencontré ce vanvitrus ? Je crois que je préférerais rester ici sans avoir à le faire, je chercherais Tyler et le supplierais de me garder caché avec lui dans sa maisonnette jusqu'à ce que je meure à mon tour. Malheureusement, je crois qu'il est trop tard pour ça...

La porte s'ouvre dans un léger grincement, dévoilant un femme blonde vêtue d'une longue robe vert pâle que je reconnais immédiatement. Mme Bells en chair et en os. Ses yeux s'écarquillent d'abord puis ses traits se détendent :

"Oh, Gabriel, j'ai eu une de ces peurs ! Un instant, j'ai cru que tu étais mort !"

J'observe ses sourcils se froncer :

"Une seconde, le voilà le problème, tu n'es pas mort ! Voyons qu'est-ce que tu fais là ? Oh mon dieu, le vanvitrus va être furieux ! Entrez, entrez... il n'y a rien d'autre à faire dans tous les cas."

Je ne saurais donc pas qui est ce vanvitrus dont elles parlent toutes les deux avant de l'avoir rencontré mais mon petit doigt me dit que je ne vais pas passer un moment très sympathique. Franchement, c'est si grave que je sois ici ? Cela change t-il réellement quelque chose à leur vie ou à leur mort ? Peut-être qu'il parle plutôt de vie après la mort ? J'en sais rien. Nous suivons docilement Lili qui s'adresse à moi :

"Comment est-ce que tu as fais pour te retrouver ici, tu es drôlement bien habillé d'ailleurs.

- Honnêtement, je n'en ai aucune idée, je me suis fait poursuivre par un truc bleu, qui doit certainement nous attendre dehors et me voilà.

- Te voilà, oui... Tyler et toi êtes toujours ensemble ? Vous étiez adorables, je me souviens.

-Hum, oui on peut dire ça."

Je n'ai pas le temps de continuer pour ajouter qu'elle ne devrait pas tarder à croiser son fils ici puisque nous arrivons devant une haute porte noir, certainement en bois d'ébène. Lili toque et entrouvre la porte, j'entends sa voix chuchoter :

"Nous avons un léger problème de vivant monsieur..."

Elle ne reçoit aucune réponse, ou alors je ne l'entends pas, pourtant, elle s'efface pour nous laisser entrer dans ce qui doit être un bureau même s'il fait la taille de mon appartement. La porte se referme doucement dans notre dos, j'observe Victoria s'incliner face à la cheminée, elle me lance un regard et je l'imite même si je ne vois pas pourquoi nous faisons ça. C'est complètement absurde, il n'y a personne. Est-ce que c'est la pièce le vanvitrus ? Ou alors dois-je craindre les cendres encore chaudes ?

"Victoria Beauregard et...le vivant."

Je sursaute au son de cette voix plus grave que toutes celles que j'ai déjà entendus, d'où est-ce qu'elle sort ? C'est vraiment le bureau qui me parle ? Il a prononcé le mot "vivant" avec un tel dégoût que j'en ai des frissons, puisque c'est moi, le vivant.

"Aurais-je la prétention de demander pourquoi n'a t'il pas encore été envoyé au gouffre comme ses prédécesseurs ?"

C'est quoi ça encore, le gouffre ? Victoria répond d'une petite voix :

"Je n'en ai pas le pouvoir Monsieur et la passeuse n'était pas dans les parages."

J'abandonne l'idée de comprendre tous leurs mots, à l'instant où elle prononce "passeuse". Je n'ai aucune idée de qui il s'agit et je ne me pose pas la question pour une fois. Soudain, une silhouette se dessine juste devant l'âtre de la cheminée, un homme à la peau sombre et démesurément grand nous fait maintenant face. Comment ? Décidément, je crois que je ne suis pas au bout de mes surprises ici...

Le vanvitrus se pince l'arrête du nez de la même manière que mon père lorsqu'il se retient de nous passer un savon. Il soupire et lance :

"Je n'ai pas d'autre choix que d'organiser une assemblée maintenant qu'il est ici. Victoria, tu as à te faire racheter, tu iras chercher un guetteur afin qu'il donne le signal et au passage appelle Lili."

Elle acquiesce et s'incline avant de repartir. Ok, super, elle me laisse vraiment seul avec le mastodonte là ? Il tourne ses yeux presque noirs vers moi et déclare avec un rictus qui me fait froid dans le dos :

"Quant à toi, n'imagine même pas pouvoir sortir d'ici et te balader à ta guise."

Je m'en doutais... La porte se rouvre dans mon dos, laissant apparaître Lili :

"Bien, emmène le dans une des chambres grises." Elle acquiesce et me prend par la main, nous laissons le vanvitrus dans son bureau et j'avoue que j'en suis soulagé.

"Qu'est-ce que c'est une chambre grise ?

- Une sorte de cellule, tu n'y resteras pas longtemps ne t'en fais pas et puis je peux rester un peu."

Une cellule ? J'ai l'impression d'être un dangereux criminel en cavale. Elle m'entraîne dans les dédales du bâtiments, nous tournons d'abord à droite, puis à gauche, encore à gauche une autre fois à droite, si bien que je serais très certainement incapable de retrouver la sortie si je le voulais. Elle s'arrête devant une porte grise, de taille normale celle-ci, ornée d'une petite grille à hauteur de visage. Elle enfonce une grosse clé rouillé dans la serrure et tourne trois fois avant d'ouvrir en grand pour me faire rentrer. J'obéis sans discuter, la fraîcheur qui règne dans la pièce n'est pas la meilleure des compagnes mais je m'en contenterai, je ne crois pas avoir le choix en fait.

La "chambre" ne contient qu'un lit qui menace de s'écrouler sous mon poids alors que je m'y assois doucement. La mère de Tyler referme derrière elle et se laisse tomber sur l'unique chaise qui semble très inconfortable.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Alexlecornflakes ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0