Chapitre 18
And all the kids cried out : "Please stop, you're scarin' me"; I can't help this awful energy -Halsey
Nous avons repris notre route après une longue discussion. Depuis quelques heures déjà, nos sac de nouveau remplis de vivres ballottent contre nos dos. Un simple sortilège de Leyenda fait que nos bagages ne pèsent presque rien. Après le déjeuner, nous nous sommes appliqués à remercier la magicienne de nombreuses fois, d'après ce que Harcogne nous a dit, elle nous a été d'une grande aide. Elle a montré à Tyler comment bien se servir de son pouvoir, il s'est entraîné sur de petites coupures et même sur ces blessures minimes, c'est impressionnant. En se concentrant, il fait passer une petit fil doré qui recouvre l'éraflure et lorsqu'il disparaît, la peau est lisse, sans même une cicatrice. Quant à Victoria, la magicienne lui a donné quelques conseils et Vickie s'est exercée, de ce que j'ai compris, elle est capable de déplacé des objets par la pensée, pour l'instant, que des petits, mais c'est déjà bien utile. De mon côté, je suis resté avec la passeuse et elle m'a raconté tout ce qu'elle savait sur le monde des morts : j'ai appris qu'il y avait d'autres villages semblables à celui de la forêt un peu partout et chacun avec un vanvitrus à sa tête et un passeur ou une passeuse. Elle m'a donné d'autres détails concernant l'histoire des Dieux inférieurs et des né-ames, me faisant part de la hiérarchie présente : En premier, il y a Tyr, le Dieu Suprême, puis arrivent les dieux inférieurs et la déesse Në Dashuri, en troisième, nous avons toutes les né-ames, c'est à dire, les différents passeurs, les magiciens/magiciennes. Parmi cette dernière catégorie, il y a également des "semi-dieux", ils représentent une population, par exemple, il y a un semi-dieu des animaux, un autre pour les monstres du Gouffre...
Ce monde est bien compliqué, enfin, dans un certain sens, il l'est moins que celui des vivants mais le fait que des nombreuses légendes plus ou moins importantes existent un peu partout compliquent les choses. Maintenant que je sais ce qu'abrite le Gouffre et ce que l'on devient quand on y entre, ce lieu me fait froid dans le dos. Comment peut-il exister ? Je me demande si le caractère de Höle est en accord avec ce qu'il "gère". Je n'espère pas. Je repense aux paroles de la magicienne, elle m'a fait juré de n'essayer de me servir de ma capacité qu'en dernier recours, bien sûr, j'ai promis, dans tous les cas, je suis bien incapable de m'y essayer, je ne sais pas comment cela marche et je n'ai aucune envie de mettre quelqu'un en danger.
*****
J'observe le soleil se coucher derrière les maisonnettes semblables à celles de la forêt, nous avons rejoint ce petit village il y a à peine une demi-heure et d'après Harcogne, nous allons y passer la nuit. Ce petit hameau possède une sorte de temple en son centre, c'est l'équivalent de la mini maison blanche de la forêt. Une jeune femme qui tient le rôle du Vanvitrus ici, elle est bien moins effrayante que celui de la forêt, heureusement. Elle me rappelle quelqu'un mais je ne saurais dire qui, ses yeux noisettes et son carré de cheveux roux me sont familiers sans que je sache pourquoi. La passeuse s'entretient à ce moment même avec elle, nous sommes rentrés dans une petite pièce chaleureuse et j'ai pu m'asseoir tout près de la cheminée. J'observe le visage de la vanvitrus et celui d'Harcogne, j'ai décroché de la conversation en me rendant compte que je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'elles disaient. Est-ce une autre langue ? Elles roulent les "r" à la façon espagnol ou alors italienne mais je suis sûr qu'il ne s'agit pas d'aucun de ces deux idiomes.
Lorsque Harcogne revient vers nous, elle dit :
"Emilie nous a trouvé une petite cabane, une famille a accepté de nous la laisser le temps d'une nuit. Allons-y."
Une famille ? Dans le monde des morts, j'ai du mal a me l'imaginer mais où vont-ils dormir ?
"Ils passerons la nuit dans une autre, des amis les hébergeront."
Je ne vais jamais me faire au fait qu'elle puisse lire dans mes pensées...
La passeuse nous attribue à chacun une pièce, je passerai donc la nuit dans une petite chambre d'ado digne d'un film américain. Il y a des posters de musique, je reconnais notamment Pink Floyd, Queen et Aerosmith, et de films tels que Apocalypse Now ou Pulp Fiction. J'entends Tyler rigoler doucement dans mon dos, c'est typiquement le même style de chambre que celle que j'avais à 14 ans.
Nous profitons de la nourriture présente dans les placards comme nous a conseillé de la faire la vanvitrus, enfin Emilie selon le prénom que lui a donné Harcogne mais nous n'abusons pas. Je n'attends même pas Tyler qui discute de tout et de rien sur le canapé avec Victoria pour aller m'allonger. La passeuse est déjà couchée alors je ne louperai rien d'important. Pourtant une fois dans ce lit, je suis incapable de fermer l’œil malgré la fatigue qui m'écrase. Je réfléchis, comme à mon habitude : Qu'est-ce que nous devons faire exactement ? Par où commencer ? Jusqu'où aller ? Et après, Victoria, Tyler, Harcogne, Në dashuri, Aljann, Höle, tous resteront là, dans le monde des morts mais... moi ? Je devrai rentrer et ne surtout parler à personne du monde des morts et de ce qu'il s'est passé ? Je devrai vivre sans Tyler ? Et sans Vickie, ni la passeuse, elles qui sont devenus si importantes en si peu de temps ? Est-ce vraiment possible ? Je ne sais pas, je repousse ces pensées qui me polluent l'esprit et interromps mon questionnement en sentant Tyler se glisser sous les draps à mes côtés. J'étais tellement plongé dans mes songes que je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir.
"Excuse moi je ne voulais pas te réveiller.
- Je ne dormais pas ne t'inquiète pas. Je réfléchissais juste un peu..."
Ses mains froides attrapent doucement mes hanches et m'attirent à lui alors qu'il chuchote :
"Il est trop tard pour réfléchir..."
Je ne réponds pas, me blottissant simplement dans ses bras avec un petit sourire. Il dépose un baiser dans les cheveux et je me concentre sur le rythme de sa respiration lente. Bon sang, qu'est-ce que je ne donnerais pas pour l'avoir toute ma vie à mes côtés. La tête posée contre son torse nu, je m'endors en écoutant les battement réguliers de son coeur. Il faut croire que son palpitant bat encore, même après la mort.
*****
Je rouvre les yeux. Je ne suis plus dans les bras de Tyler. Où suis-je ? Ici ou là-bas ? Vivant ou mort ? Je ne sais pas. Je suis plongé dans le noir le plus complet possible, je ne distingue pas une once de lumière, mes yeux n'aperçoivent même pas mes mains ou les mouvements de mon corps. Puis doucement, une douce lumière violette m'entoure. Est-ce moi qui brille ainsi ? Je crois...
"Tu arrives enfin..."
Je frémis, c'est étrange... Je sens encore les bras de mon copain autour de moi mais il n'est plus là. Et cette voix à qui est-elle ? Je me retourne doucement. Une jeune femme d'une impressionante vénusté se tient devant moi, ses longs cheveux semblent d'or et sa peau à la couleur de la neige, ses yeux eux, contrastent avec la douceur de son visage, ils sont d'un rouge incandescent et me fixent. Bizarrement, je n'ai pas peur.
"Qui êtes vous ?
-Je suis né de l'amour des dieux inférieurs. Les tiens me nomment Në dashuri."
Sa voix est claire et douce, tout en elle inspire le respect. Në dashuri... Serais-je donc là où elle est cachée ? Seulement, il n'y a rien ici, que le noir et, l'immensité, comme si nous étions dans l'espace. C'est pourtant impossible, il y a encore quelques minutes, je m'endormais dans les bras de Tyler, le sourire aux lèvres...
"Ton corps n'est pas vraiment là, seul ton esprit a fait le voyage. Je n'ai pas beaucoup de temps pour te dire ce que je sais. Alors écoute et reste silencieux. Tyr est un être malveillant, nous lui avons longuement fait confiance et voilà où nous en sommes. Tu ne sais pas te servir convenablement de cette capacité qui t'a été offerte, alors tu ne peux pas venir me chercher et je ne te suis de presque aucune utilité. Il faut que tu concentres ta recherche sur Aljann, il a toujours été le préféré alors Tyr lui offre plus de liberté. Il faut que tu parviennes à le trouver, il est certainement loin de Höle, et que tu libères le dieu de la paix, lui seul pourra faire sortir son amour du gouffre, lui seul est assez puissant. Maintenant va, libère nos dieux. "
Et elle ? Comment la déesse sera t-elle libérée ? Les dieux amoureux auront ils le pouvoir de la retrouver et de la ramener ?
"Qu'adviendra t'il de-"

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