Chapitre 21

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'Cause it's too cold,For you here and now,So let me hold,Both your hands in the holes of my sweater - The Neightbourhood

Tyler's pdv

 J'observe son beau visage endormi, échoué dans le creux de mon épaule, ses cheveux viennent chatouiller ma peau à chaque petite brise. Je respire les effluves de son parfum aux notes fruitées. Il n'a pas mis longtemps à tomber dans les bras Morphée. J'aimerais l'imiter, mais depuis un certain temps, je ne dors qu'une nuit sur deux. L'insomnie me poursuit jusque dans la mort. C'est étrange de se dire qu'on est mort d'ailleurs, cela ne paraît pas réel. Je n'aurais jamais pu imaginer que trépasser ressemblerait à cela. J'ai pensé de nombreuses fois à la mort, j'y ai longtemps réfléchi et ce n'était pas vraiment dans mes projets à la base.

 Cela paraît complètement contradictoire à dire mais je n'ai pas fait exprès de m'ôter la vie. Je me scarifiais avant, mais ça non plus, ce n'était pas volontaire. C'était comme si mon cerveau se mettait en pause, surchargé à cause de toutes mes pensées sombres, de ce qui m'arrivait, de mes émotions trop violentes ; alors j'agissais, sans en être vraiment conscient, lorsque je reprenais le contrôle de mon esprit, j'avais mal, à l'extérieur comme à l'intérieur. Je me maudissais de ne pas savoir garder mon calme, de ne pas agir, de ne rien dire, de me tuer moi-même, à petit feu. Ce soir là, la journée avait été particulièrement longue et douloureuse, mes blessures me faisaient souffrir, James avait récidivé une fois encore, j'avais dû sourire tout le reste du temps devant Gabriel et Morgane, devant Papa et ma grand-mère. J'étais fatigué, mentalement et physiquement alors mon esprit s'est enfui le temps de quelques instant, seulement quelques instants, mais ce fut fatal, ce fut la fois de trop. Depuis, je suis mitigé, je ne regrette qu'à moitié, parce que James n'est plus là mais Gabriel et ma famille non-plus. Je suis sensé aller mieux maintenant que le problème principal n'a plus accès à ma personne, seulement, ce n'est pas le cas. Son corps hante mes nuits, ses paroles, ses menaces sont comme encrées en moi.

Je soupire en me tournant complètement face à celui que je considère comme la prunelle de mes yeux, rapprochant son corps du mien afin de déposer ma tête au dessus de la sienne. Dans le noir, je cherche sa main chaude afin d'y enlacer la mienne, froide. Depuis que je suis parmi les âmes, chaque partie de mon anatomie est gelée en permanence, à part quand il me touche, ses doigts réchauffent les miens, la chaleur de sa peau ravive la mienne.

Il remue dans son sommeil, se collant encore un peu plus à moi. J'aimerais savoir ce qu'il se passe dans sa tête parfois, savoir ce qu'il pense, ce qu'il ressent. J'aimerais pouvoir tout lui dire, tout lui avouer, dans les détails, même ceux qui me font le plus mal... Mais comment expliquer à son petit ami qu'on s'est fait violer bien plus souvent qu'il ne le pense ? Je crois que je ne lui en parlerai plus jamais. Je ne lui dirai rien de plus sur James et je ne lui parlerai pas de ma mère et de mon deuil impossible, rien. Si je dois me censurer pour le protéger encore un peu, je le ferai, parce que ce que j'ai vu dans ses yeux, je ne veux pas l'observer à nouveau. La culpabilité ne doit surtout pas l'envahir parce que sans lui, je serais parti bien avant, et de mon plein grès. Je préférerai encore qu'il m'en veuille à moi, qu'il me rejette plutôt qu'il pense qu'il a quelque chose à voir avec cette histoire. Puis, dans un sens, c'est de ma faute si tout cela m'est arrivé, n'est ce pas ? C'est forcément moi qui était le problème, pourquoi sinon, de tous les autres, c'est moi que le karma a puni ?

Ses mains se crispent autour de mon sweat alors qu'il rêve certainement. Ou peut-être que la déesse a refait surface dans son esprit. Je n'aime pas cette idée et je suis presque sûr que lui non plus. Je pourrais l'observer, le garder contre moi jusqu'à la fin de ma vie, enfin jusqu'à ce que je n'y arrive plus puisque je suis déjà mort. Ses yeux verts dans lesquels j'aime me plonger, la peau tendre de son cou que j'aime mordiller pour l'embêter, ses jolies taches brunes sur ses joues qui me rendent fou malgré ce qu'il en pense... Il va me manquer. Je n'imaginais pas la mort comme ça, qui aurait cru que je finirais dans une petite forêt de bouleau avec mon nom gravé sur l'un d'eux, dans une maisonnette avec ma mère, mon grand père et une pièce, qui me suivra partout, où que j'ailles, à attendre l'amour de ma vie... Du moins, c'est ce qui m'attend une fois que nous en auront fini avec cette aventure, une fois que Gabriel sera reparti... Je ne suis pas pressé finalement, je suis bien ici, avec lui, Harcogne et Victoria mais malgré cela, je n'ai pas hâte de le revoir après. Je veux qu'il retrouve une vie normale, qu'il sourit à ses proches, qu'il rit, peut-être même qu'il aime quelqu'un d'autre. Je veux qu'il vive, même s'il doit le faire sans moi, même si je ne peux pas être à ses côtés.

 Je ne sais pas depuis combien de temps je l'observe ainsi, perdu dans mes pensées, lorsque ses yeux papillonnent et croisent presque aussitôt les miens. Il va me croire fou à le regarder de cette façon alors qu'il était assoupi. Il me chuchote d'une petite voix endormie :

"Tu ne dors pas ?

- Moi non, mais toi si apparemment.

- Elle était encore dans ma tête c'est perturbant. Je n'aime pas l'idée qu'elle puisse avoir accès à mon esprit comme cela... Elle m'a même dit qu'elle m'attendait. Elle a beau être un déesse douce comme une fleur, ça me file des frissons, c'est désagréable."

J'ai donc visé juste, la personnification de l'amour des dieux a encore frappé ! Je sais que cela l'inquiète et moi aussi mais il ne craint rien avec Në Dashuri, dans un certain sens, je me dis que cela lui permet de veiller sur lui. Je lui souris et dépose mes lèvres sur son front. Je ne le mérite pas, je le sais, je ne mérite ni sa douceur, ni ses sourires et encore moins son amour. Mais je ne laisse rien paraître pour autant. Sourire de façade et câlins, recette du mensonge complétée.

"Qu'est ce qui ne va pas ? Tu es bizarre."

Note à moi même : revoir la recette. Peut-être qu'il me connait un peu trop bien maintenant.

"Rien, je réfléchis.

- Tiens, c'est nouveau. Un nouvelle capacité ? Je ne savais pas que tu en étais capable.

- Va te faire !"

Je rigole, sa remarque n'a rien de méchant je le sais. Il me taquine pour me changer les idées et ça me fait chaud au cœur, qui bat encore malgré tout. Mon palpitant s'agite encore dans l'au-delà, encore plus lorsque Gabi est à mes côtés, pourtant je suis sûr et certain d'être mort, ma respiration a changé, je pourrais arrêter ça ne me ferais strictement rien, je penses que par habitude, je n'arrêterai jamais, et puis peut-être aussi parce que ça rendrait les choses trop réel...

"Moi aussi je t'aime ! "

Je souris, bien sûr que je l'aime, plus que tout. Seulement je n'ai pas le temps de lui assurer en retour qu'il se cale contre moi et s'endort en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je passerai certainement la nuit a écouter le bruit de sa respiration, lente et posée, à sentir les battements de son cœur contre le mien et a observer la lumière de la lune se refléter dans ses boucles brunes mais qu'importe, j'aime être là, avec lui, alors ça n'a pas d'importance.

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