Chapitre 26

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Je ne suis pas assez méchant pour mentir, ni assez bon pour croire aux mensonges. - Friedrich Nietzsche

Alors... Në Dashuri serait à l'origine de tout cela... Je déteste cette idée, d'autant plus qu'elle a accès à chacune de nos paroles et de nos actes à travers moi. Je suis presque tenté de fermer les yeux et de me boucher les oreilles simplement pour qu'elle ne puisse rien savoir. Je frissonne, la brise de la nuit parvient à se faufiler entre les pierres et j'ai laissé ma veste dans la bibliothèque. Je me love un peu plus contre Tyler même si, niveau chaleur, il ne m'est pas une grande aide, lui aussi est gelé, comme toujours. Le monde des morts déteste donc l'innocent et adule l'antagoniste. La déesse aux fleurs bleues est maline en plus d'être puissante... Voilà, qui n'aide pas.

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant, c'est quoi le plan ?"

Victoria pose la question que nous nous posons tous et Harcogne me lance un regard partagé. Elle ne sait pas si elle doit parler devant moi ou non. Puisque si elle expose ses idées devant ma personne, elle les dévoile aussi devant Në Dashuri... Finalement, c'est Tyr qui prend la parole :

"Que la jeune déesse ait accès à ton esprit ou non, elle sait tout. Les nymphes sont sous ses ordres désormais et elle ne faute jamais, enfin presque. J'imagine que votre premier objectif doit être de sortir d'ici sains et saufs."

C'est vrai, c'est certainement l'objectif le plus sensé. Pourtant, la passeuse secoue la tête :

"Il s'agit du second, je crois que nous sommes tous d'accord pour considérer que le premier est de vous libérer. N'est-ce pas ?"

Je hoche la tête, bien sûr. Pourquoi le laisserions nous ? D'autant plus que sans lui, je doute que nous parvenions à grand chose. Le Dieu suprême sourit doucement en levant ses mains à hauteur de visage, montrant les chaînes qui y pendent, le reliant aux murs de sa cellule. C'est une sacrée entrave... Peut-être que Harcogne a un pouvoir dont elle ne nous a pas parlé ? C'est une hypothèse complètement illogique, d'autant plus avec l'enchantement de la déesse, mais c'est bien la seule que je trouve. Il y a forcement un moyen. Qu'est-ce qui n'est pas possible dans le monde des morts ? Pas grand chose. Victoria reprend d'une petite voix :

"Et sommes-nous sûrs qu'il s'agisse de la vérité ? Je veux dire, ce n'est pas pour vous manquer de respect au contraire, je vous estime beaucoup mais nous n'avons aucune preuve..."

 Dans un sens, elle n'a pas tord. Mais...

"Je ne vois pas vraiment pourquoi, si ce n'était pas la vérité, il se serait donné autant de mal pour s'enchaîner ainsi et mettre tout cela en scène..."

 Elle hausse les épaules, je comprends ses doutes, seulement, il est bien plus probable que le Dieu Suprême dise la vérité plutôt que Në Dashuri. Depuis que nous avons commencé à parler avec lui, elle n'a refait aucune autre apparition dans mon esprit. J'espère que c'est bon signe... En face de moi, la passeuse est plongée dans ses pensées, elle cherche sûrement un moyen de s'en sortir. Moi aussi, mais je ne vois pas lequel... Elle relève brusquement la tête, je vois presque une ampoule clignoter dans ses yeux comme dans les dessins animé. Elle prend la parole, s'adressant d'abord à Tyr :

"Y a t-il un endroit non loin, dans lequel nous serions en sécurité et nous pourrions nous reposer le temps d'un ou deux jours ?

- Je doute que la sécurité soit optimale quelque part dans ce monde mais il y a bien une petite cabane non loin, dont aucune personne dangereuse pour vous ne connait l'existence."

 Une cabane ? Pour se reposer ? Je ne pense pas que quelqu'un soit fatigué si ?

"Tyler, l'enchantement de Në Dashuri a affaibli Tyr, il n'a pas la possibilité d'utiliser ses pouvoirs. Toi, tu peux faire usage de ta capacité, je pense qu'il est possible que tu lui rendes sa vitalité simplement le temps qu'il brise ses chaînes. Je ne t'oblige à rien, bien sûr tu peux refuser nous trouverons autre chose, seulement, je ne sais pas quoi..."

 Voilà donc l'utilité de la cabane... A mes côtés Tyler hausse les épaules et acquiesce. N'est-ce pas dangereux ? Je n'en sais rien et j'avoue que lorsqu'il s'approche de Dieu suprême, je ne suis pas serein... Tyr ne dit rien, il affiche une mine surprise qu'il efface presque aussitôt lorsque de fins filaments semblables à des fils d'or s'échappent du bouts des doigts de mon petit ami. Ils entourent les poignets du Dieu et ça ne dure que le temps de quelques secondes silencieuses. Alors que les fils diparaissent Tyler vacille en arrière. En un éclair je suis debut et l'attrape par les hanches pour le stabiliser. Bien que plus grand que moi, il se laisse faire et courbe le dos afin de déposer son front contre mon épaule. J'entends plus que je ne les vois, les chaînes se briser.

"Impressionant, voilà une capacité bien rare est d'une étonnante puissance..."

 Dans un mouvement plein de grâce, le dieu des dieux pousse la porte qui, rongé par la rouille, cède sans qu'il ait besoin de forcer. Il arrive devant nous, nous surplombant de toute sa hauteur. Lentement, il s'incline face à Tyler, dans mon dos donc, et dit :

"Je te remercie, de nombreuses personnes auraient refusé..."

 J'entends Tyler chuchoter un "c'est rien" contre moi sans même relever la tête. Il tient encore sur ses pieds mais je doute qu'il puisse marcher sans risquer de se fouler une cheville ou autre. La passeuse doit s'en rendre compte en même temps que moi car elle propose en reprenant sa forme de panthère, qu'elle avait abandonnée dans la bibliothèque :

"Dépose le sur mon dos, je le porterai, il faudra juste faire attention à ce qu'il ne glisse pas."

 J'obéis docilement et, étonnement, mon amant se laisse faire. Je crois qu'il s'endort presque immédiatement...

*****

 Nous avons fait le chemin inverse, repartant dans le couloir sombre et étroit, retrouvant la lumière artificielle de la bibliothèque. La porte était ouverte, comme si quelqu'un était repassé pour l'ouvrir. Nous sommes sorti avec le plus de discrétion possible, passant par le chemin que nous indiquait Tyr. Finalement, revoilà la bise fraiche du matin, la rosée brille au soleil faisant scintiller l'herbe verte. Nous suivons le dieu depuis environ cinq minutes lorsque je l'apperçois. Une petite cabane en bois clair, envahie pas le lierre qui lui donne un charme de conte de fée. Elle est jolie, intîme, comme la maison d'un vieux couple amoureux à la retraite ou alors la cachette de deux enfants.

"Aljann et Höle venaient se cacher ici autrefois lorsqu'ils voulaient être "tranquilles"."

 Les guillemets me font rougir, nous n'avions pas forcément besoin de cette information. Cette maisonnette était donc le lieu de rencontre des deux amoureux; Je trouve cela beau, diablement poétique...

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