Chapitre 2 : Début du partenariat

27 minutes de lecture

2

Début du partenariat

Il était onze heures trente. J'arrivai juste à temps au rendez-vous, comme l'avait prédit Stix (bien que j'avais refusé de le croire). J'avais dû marcher vingt minutes pour descendre au seul arrêt de bus à proximité de chez moi, desservi uniquement par la ligne 10. De là, j'étais descendue à l'arrêt « Angoulême Hôtel de Ville ». Nous avions rendez-vous devant « Le Briaud », un bar-restaurant faisant également office de tabac-presse, situé à Brie. Je me dirigeai en direction de celui-ci. Stix, accroché à mon dos, était caché sous mon vêtement. Il s'était si bien dissimulé que personne, pas même moi, ne pouvait remarquer qu’un arbre (c'était toujours étrange de se l'avouer) était camouflé derrière ma robe.

Mon cœur battait à la chamade, car je ne savais absolument pas à qui j’allais avoir affaire. J'avais passé la nuit à imaginer à quoi pourrait ressembler mon partenaire et à élaborer différents scénarios (tous brisés dès qu'il ouvrit la bouche). C'est d'un pas non assuré que je m'approchai du bar-restaurant. Seules une moto et une voiture y étaient garées. Nous étions mardi, et la ville était donc presque déserte. C'est pourquoi je me dirigeai instinctivement vers la première silhouette que j’aperçus.

J'avais terriblement mal au ventre tant j'étais stressée par cette rencontre. J'avançais donc lentement vers le garçon assis devant le bar. Il fixait son portable, sans pour autant y montrer une once d'intérêt. Sa silhouette musclée me sauta immédiatement aux yeux. Il portait en effet une simple chemise blanche qui moulait parfaitement ses épaules et son torse. Je ne pus m'empêcher de rire intérieurement en réalisant que c’était la première chose que j'avais remarquée chez lui.

Il portait également un short beige, accompagné de chaussures montantes Nike, d’un blanc éclatant. En m'approchant davantage, je ne remarquai presque aucun poil sur ses jambes, ou peut-être étaient-ils trop clairs pour être visibles de là où je me trouvais.

Lorsque je fus à quelques mètres de lui, il leva la tête de son téléphone. Nos regards se croisèrent. Il m’était impossible de décrire précisément ce que je ressentis à cet instant, mais tout mon corps fut brusquement enflammé. La sensation n'était pas pour autant désagréable, au contraire, je me sentis enveloppée d'une atmosphère à la fois paisible et enivrante. Cet instant, qui ne dura que quelques secondes, me parut une éternité. C’était comme si j’avais été transportée dans un autre monde, un monde dans lequel il m’avait emmenée malgré moi (je ne saurais dire si c’était une bonne ou une mauvaise chose). Tous les livres que j'avais lus sur les topos du coup de foudre au premier regard m’avaient toujours paru erronés et mensongers pourtant, ils devinrent subitement si vrais. Pendant ce court instant, je remis toute ma philosophie de vie en question. Finalement, peut-être que l'amour véritable existait. Voilà la pensée qui m’effleura après ce premier contact visuel avec mon partenaire.

« C'est lui. Avance.»

Stix ne tarda pas à me sortir de mes pensées. L'une de ses branches, plantée dans mon dos, nous permettait de communiquer par télépathie. Je piquai un fard lorsque je me rappelai de ce qu’il m'avait dit la veille au sujet de cette faculté : il avait accès à toutes mes pensées.

« OH MON DIEU ! PITIÉ , STIX, NE LUI DIT RIEN », répondis-je immédiatement en hurlant mentalement.

« Promis, mais avance bon sang ! »

Je ne pus m'empêcher d'exploser de rire. La situation était bien trop drôle, tant elle était inhabituelle. Ce genre de choses n’arrivait vraiment qu’à moi !

Après ce court instant d’euphorie, je continuai de m'approcher du garçon tout en ricanant silencieusement, ne pouvant m’y empêcher. Néanmoins je préférais détourner mon regard vers le sol. Je savais bien qu'il s'agissait d'une tentative nulle (et surtout vaine), mais je n’avais pas envie de rester de nouveau plantée là, comme un piquet, à le fixer. Lorsque je m'assis à sa table sans un mot, je décidai de lever mon regard.

Il affichait un sourire narquois et me fixait de ses yeux bleus. Il avait les cheveux blond clair (quoique bruns) avec de légères mèches rousses sous le soleil. Ils n’étaient pas coiffés, mais cela lui allait étrangement à merveille. Il avait la peau rose beige, légèrement plus foncée que la mienne (en même temps, j'étais blanche comme un linge). J'observai l'ensemble de son visage, de ses cheveux jusqu'à son menton en passant par ses oreilles, ses sourcils, son nez, ses joues, ses lèvres et sa mâchoire. Tout semblait être aligné pour réaliser le plus joli visage que j'avais jamais vu. J'observais le moindre de ses traits, m'arrêtant sur chacun d'eux, prenant le temps de les mémoriser. Je me devais d’être capable de reconnaître mon partenaire, car j'avais le don d'oublier le visage des gens (c'était surtout une excuse que je me trouvais sur le moment afin de justifier ma longue observation). Ce fut seulement après avoir fini d'explorer tout le reste que je m'aventurai de nouveau dans ses yeux. Ils étaient bleu-océan, d'un bleu où la noyade me guettait.

— Bonjour, la folle.

Dès qu'il parla, mes yeux plongèrent en direction de ses lèvres. Elles étaient légèrement plissées afin de former un sourire espiègle et surtout un sourire extrêmement séduisant. Ce n'était que quelques secondes après que je compris ce qu'il venait de dire.

— Hein ? bredouillai-je, déboussolée et ahurie.

— C'est bien toi qui viens d'aboyer de rire, il y a quelques instants, n'est-ce pas ? prononça-t-il lentement et avec soin, comme pour m'accuser.

De nouveau, mes joues s'empourprèrent. Il venait de marquer un point et ma réaction n'avait été que des plus stupides. Il mit sa main droite sous son menton et m'observa de ses yeux mutins. Il avait attendu que j’aie entièrement fini de l’observer pour m’interpeller. Maintenant, j’étais rouge de honte. Qui sait l’expression que j’avais eue pendant que je l’admirais ! Peut-être que mon regard avait dévoilé toute ma surprise en découvrant un si joli visage. J’étais dorénavant partagée entre admiration, surprise et colère.

— Ouais et alors ? répondis-je au quart de tout.

Il m’arrivait d’avoir le sang chaud, et avec tout ce stress, je m’énervai rapidement. Il n'était pas question de me laisser marcher dessus dès le premier jour, surtout après cette courte humiliation.

— Absolument rien. Sinon, c'est quoi ton nom, ma belle ?

— Je m’appelle Anémone et… s’il te plaît, ne dis pas « ma belle », c'est rabaissant...

— Moi, c'est Konrad. Et cela veut dire que tu es belle, au cas où tu ne le saurais pas, persifla-t-il.

Je ne pouvais être plus rouge à cet instant précis. Son sourire sadique m'indiquait qu'il jouait avec moi. Je voulus riposter, mais ne trouvais rien à redire. Je me mordis la langue de rage. Pourquoi fallait-il que les beaux mecs se crussent au-dessus de tout et de tout le monde ? Il tendit le bras pour prendre ses clés posées sur la table. Je remarquai alors qu'il avait des pansements sur la main, ainsi que quelques bleus sur ses bras. Il prit son trousseau, se leva et continua :

— Bien ! Anémone, on va chez moi, ce sera plus facile pour discuter librement. Au fait, où est Stix ? Il devait être là, selon ses dires.

— Sous ma robe.

Je me rendis vite compte que ma réponse était un peu mince lorsque je vis son regard plonger en direction de ma poitrine. Je m'empressai de rectifier le tir :

— Dans mon dos.

— J'ai eu peur pendant quelques instants, avoua-t-il en ricanant.

— Idiot, bourgeonnai-je à voix basse.

Malheureusement, il m'entendit, car il me dévisagea d'un œil mauvais. Je souris fièrement, le défiant du regard, puis me levai à mon tour. Il était vraiment plus grand que moi, il fallait dire que je n’atteignais même pas le mètre soixante ! J'avais l'habitude d'être plus petite que les autres, mais sa taille ajoutée à sa musculature le rendait vraiment imposant. Dos à moi, mes yeux se laissèrent irrésistiblement guider par leur envie et continuèrent d’admirer sa carrure. Mon Dieu, quel fessier ! Je sentis ma chaleur corporelle augmenter, c’était la première fois de ma vie que je passais autant de temps à regarder un homme. Tout son corps était durement travaillé, je ne saurais dire combien de temps il avait dû passer à la salle de sport pour obtenir un tel résultat. Mais le tout était divin ! Il avait dosé son travail, car même si sa musculature était fortement dessinée, il n’était pas non plus aussi large que certains hommes. Mais il était fort, très fort. Au fond de moi, je ressentis que s’il venait à frapper, il serait capable de briser un crâne. Cet homme était totalement différent de tous les autres que j’avais pu rencontrer. Il dégageait quelque chose de puissant et charismatique, mais aussi de très mystérieux. Comme s’il avait des choses à cacher, malgré sa personnalité joueuse et avenante.

Il avança vers la seule moto présente sur le parking. Deux casques y étaient posés. Il me passa l'un d'eux.

— Tu as le droit de conduire une moto ? demandai-je, subjuguée, sans le regarder, m’interdisant de plonger à nouveau dans un émerveillement incontrôlable.

— C'est une moto légère, tu peux en conduire à partir de seize ans, mais il te faut l'autorisation d'un tuteur et également passer le permis, déclara-t-il en montant sur sa moto d'une manière si habile que cela témoignait qu'il en avait l'habitude.

J'étais à côté de lui, casque à la main, ne sachant absolument pas comment le mettre. Je n'étais jamais montée sur un engin de la sorte et mon ventre se noua aussitôt. Il comprit rapidement la situation et m'invita à m'approcher de lui, je m'exécutais, soucieuse. Il m'enfila le casque, et frappa dessus une fois installé.

— Eh !

— Arrête de râler et monte, m'ordonna-t-il.

Il tapota avec sa main derrière lui afin de m'inciter à monter. Je pris une grande inspiration et m'assis. Je manquais de tomber de l'autre côté et je me rattrapai donc vivement à lui. Je crus alors entendre un léger rire. Il prit mes mains et les enroula autour de sa taille.

— N'hésite pas à serrer davantage. J'adore ça.

Là-dessus, il démarra. Dans son dos, je cachais un sourire. Faire peur aux filles était donc l'un de ses passe-temps ! Je ne saurai dire pourquoi, mais quelque chose avait changé en moi. En cet instant, je me sentais parcourue d’un bonheur farouche.

Dans un premier temps, je ne me sentais pas en sécurité sur cette moto. J'avais l'impression qu'à tout moment on pouvait tomber sur le côté, principalement dans les virages où il s’amusait à les prendre le plus possible de côté. Au fil du temps, je m’y habituais doucement et commençais à profiter de la balade avec ce mannequin surréaliste.

J'avais menti à ma mère en disant que je rejoignais une amie à Angoulême. J'avais élaboré un bon mensonge (Stix m'avait aidée), disant que je prendrais le bus jusqu'à la Madeleine, puis que je rejoindrais cette « amie » au Champ de Mars. Et voilà que je me retrouvais sur une moto, attachée à un mec comme si ma vie en dépendait (elle en dépendait). Rapidement, nous dépassâmes le panneau de Brie et Konrad s'empressa d'accélérer.

**Konrad**

J'appuyai sur la poignée d'accélérateur. Aussitôt, je sentis la prise d'Anémone se refermer brusquement.

— Doucement, tu me fais la méthode d'Heimlich ou quoi là ? criai-je cherchant à l'énerver.

— Tu te fous de moi ? Je croyais que t'aimais ça, me répondit-elle.

Je ricanais, ça n'avait pas marché. En réalité, ce n'était que la deuxième fille à monter sur ma moto, bien que mon apparence pouvait laisser penser que j’enchaînais les nanas. Je trouvais Anémone courageuse d'être montée aussi vite, surtout pour une fille dans son genre.

J'accélérai d'un coup, l'obligeant à se coller encore plus à moi. Je pensais l'énerver, mais au contraire, elle explosa de nouveau de rire. Eh bien ! Elle avait le rire facile, ce n'était pas une mauvaise chose.

Je lui fis plusieurs fois le coup d'accélérer subitement et à chaque fois, elle riait. Toutefois vers la fin du trajet, elle semblait déjà s'y être habituée. Elle me tenait moins fermement et admirait le paysage, chose qu'elle n'arrivait pas à faire au début. On entra dans la ville de Jauldes, je la traversai et tournai à droite, à la dernière maison juste avant de quitter l’agglomération. Je me garai à côté du garage et attendis qu'elle descendît pour descendre à mon tour. Elle enleva rapidement le casque, à défaut de savoir le mettre, elle savait l'enlever. Pendant qu'elle admirait la façade de ma maison, j'en profitai pour continuer de l'examiner.

Ses cheveux longs, raides et blonds volaient aléatoirement au gré de leurs envies. Sa peau était blanche, quelques tâches de couleur venaient, cependant, la décorer. Elle était petite, extrêmement petite, un mètre cinquante tout au plus (je souris). À côté de mon mètre quatre-vingts, elle devait se sentir impressionnée. Ses jambes, assez fines, étaient découvertes. Elle avait mis des petites baskets blanches pour s'accorder avec sa robe de la même couleur. Ses bras menus enroulaient fermement mon casque, bloqué contre sa poitrine. Une poitrine assez forte pour une fille aussi menue. J'étais au courant que la poitrine était essentiellement de la graisse, mais beaucoup de filles s'en vantaient. Une chose était sûre, j'enviais mon casque (je souris de nouveau).

Ses épaules étaient elles aussi nues, à mon plus grand plaisir. Elle avait un petit cou, facile à agripper (au cas où elle deviendrait dangereuse, évidemment). Quant à son visage, elle était mignonne, pas plus que moi, mais mignonne. Je ne vis aucune trace de maquillage et savoir qu'elle était entièrement naturelle me rassura d'une certaine manière. Je n'étais pas friand des pots de peinture.

Ses joues étaient légèrement rondes, lui donnant un air enfantin. Ses lèvres (première chose que j'avais vue au bar) étaient fines et gercées, sûrement parce qu'elle était une fille sensible au stress. Ce sont ses mains qui vinrent me confirmer cette idée. En effet, la peau autour de ses doigts était, elle aussi, dévorée par l’angoisse. Ses ongles étaient de tailles variées, non limés, signe qu'elle ne se préoccupait pas de son apparence. Pourtant, sur quelques ongles, il restait des traces de vernis, ce qui montrait qu'elle savait s'accorder quelques fantaisies. Pour revenir à son visage, ses sourcils étaient fins presque imperceptibles, surmontés d'un front légèrement rougi par quelques boutons discrets. L'hélix de ses oreilles était plat et associé à sa petite taille, elle ressemblait à un elfe (mon sourire s'élargit). Son nez était un peu rond, renforçant cette image enfantine. Enfin, ses yeux étaient bleus, voire gris selon la luminosité. Ses yeux... m'observaient.

J'arrêtai subitement mon introspection, comprenant qu'à mon tour je venais d'être pris sur le fait. Je pensais qu'elle allait me réprimander (bien que du haut de son mètre cinquante, elle n'était pas plus impressionnante qu'un écureuil enragé), je me préparai donc mentalement à subir son reproche. Elle sourit, ouvrit les bras et prononça :

— KADABOOM !

Je l'observai quelques instants, elle me fixait, sourire angélique aux lèvres, regard innocent.

— Hein ? bafouillai-je.

Elle se mit à éclater de rire et se cacha la bouche de sa main. Je ris à mon tour, comprenant qu'elle venait de me retourner ma tactique. Je n’aurais jamais pensé qu’elle puisse se venger. Qui plus est, aussi rapidement ! Elle avait fait comme moi et avait attendu la fin de ma contemplation.

— Alors c'est comme ça ? Tu avais l'occasion de dire n'importe quoi et la seule chose qui t'est venue à l'esprit, c'est « Kadaboom » ? observai-je, amusé.

— Oui, je voulais me venger et c'est le seul truc qui m'est venu en tête, déclara-t-elle entre ses rires.

Elle s'arrêta soudainement, et me regarda d'un œil noir.

— Par contre, ne me regarde plus jamais comme ça, c'est creepy.

Elle semblait sérieuse sur le moment ; pourtant, elle pouffa de nouveau de rire, fière d'elle. Je soufflai, m'occuper d'elle n'allait pas être de tout repos.

— Bon allez, petite folle, je te fais visiter.

— Chaud ! Tu m'appelles déjà « petite folle » alors qu'on se connaît à peine ! Tu n'es pas prêt pour la suite, toi, déclara-t-elle d'un ton plutôt provocateur. Enfin bon, c'est toujours mieux que « ma belle ».

— Tu es petite, tu es folle, tu es belle, les deux te vont bien. Mais si tu préfères « petite folle », ça me va, persiflai-je.

— Je ne suis pas petite, c'est toi qui es grand, répondit-elle en ronchonnant.

J'éclatai de rire à mon tour. C'était rare, très rare. Cependant, sa réaction était tellement imprévisible que je ne pus me retenir. Je lui jetai en regard égayé et l'invitai à rentrer.

— Je rentre chez un parfait inconnu qui a des pansements et des bleus suspects. Que pourrait-il bien m'arriver ? fit-elle d'un ton enfantin et joueur.

Je fermai la porte derrière nous, tout en échappant un sourire devant sa remarque. Il ne fallait surtout pas que l'on nous dérange pendant les explications de l’arbre. Je lui fis signe de déposer ses chaussures à côté de la porte et je fis de même. D'un mouvement rapide, elle plaça ses cheveux sur son épaule et me désigna son dos.

— Ouvre ma robe.

— Dis donc, je trouve que cela va un peu trop vite entre nous, proclamai-je d'une voix sarcastique.

Elle me jeta un regard joueur par-dessus son épaule, rigola, avant de riposter avec le même ton :

— Aha ! Tu es drôle ! Allez grouille.

— Madame est pressée à ce que je vois...

— Rho, mais tu es fatiguant.

— Tiens, tu dis déjà que je suis fatiguant alors qu'on se connaît à peine ? la provoquai-je à mon tour.

— Faut croire qu'on s'est vite adapté.

Je tirai sur la fermeture éclair de sa robe. Pendant un instant je la sentis se raidir, ce qui me fit sourire. L'arbre sauta de son dos et s'empressa de monter sur mon épaule. Je refermai sa robe et elle se dépêcha de s'éloigner de moi.

— Salut l'arbre.

— Konrad, mon nom est Stix, me rectifia-t-il. Fais visiter Anémone pendant que je vous prépare à manger.

— Très bien, fais comme chez toi, l'arbre.

J'appuyais volontairement sur le dernier mot afin de l'agacer.

Comme hier, il m'ignora, ne prenant en aucun cas mes attaques au sérieux. Il sauta de mon épaule et disparut dans le cellier. Il connaissait bien la maison, l'arbre.

Je fis donc visiter ma demeure à Anémone pendant que la branche s'entêtait à préparer notre repas. La première porte à droite menait au garage, la deuxième au cellier où l’arbre cherchait je ne sais quoi, quant à la troisième, elle conduisait à un bureau (celui de mon père). À gauche se trouvaient des toilettes. Une fois le minuscule couloir traversé, nous débouchâmes dans la grande pièce : la salle à manger, mais également la cuisine. En face se trouvait une baie vitrée qui s’ouvrait sur le jardin, où l’on pouvait voir la piscine ainsi que les différents fauteuils pour bronzer. Avant la baie vitrée, sur le mur de droite, une autre porte menait à une chambre et à une salle de bain.

— La chambre des parents, dis-je en ouvrant la porte.

Elle jeta un bref coup d'œil et me répondit :

— Ils sont où d'ailleurs ?

— En voyage, éludai-je. Puis, je refermai la porte et l'amenai à visiter le reste de la maison.

La cuisine se trouvait à gauche de la salle à manger. Sur le même côté se trouvait une porte coulissante qui amenait au salon. C’était l’une de mes pièces préférées, car c’était une pièce très familiale. Il y avait un très grand canapé blanc ainsi que plusieurs fauteuils dans le même genre. Au total, une dizaine de personnes pouvait facilement s’installer confortablement. La grande télé prenait énormément de place, tellement qu’on pouvait penser qu’il s’agissait d’un écran de cinéma. Il y avait également une cheminée et une table basse. Sur cette dernière, nous avions l’habitude de prendre l’apéro, mes parents et moi, tandis que nous regardions des films. Lorsqu'on sortit de la pièce, l’arbre était déjà dans la cuisine et allumait le gaz. On le vit ouvrir une boîte de haricots verts et nous rigolâmes en silence. Il nous jeta un regard noir et je poussai donc Anémone dans la dernière partie de la maison. Juste à côté de la cuisine, il y avait un long couloir qui débouchait sur plusieurs pièces. Tout d'abord, à droite, se trouvait la salle de jeu. Elle y rassemblait télé, PS3, PS4, PS5 ainsi que des dizaines d'autres consoles toutes organisées sur une étagère et rangées selon leur date de sortie.

— Mais tu es riche ! s'exclama-t-elle, les yeux sortant de ses orbites et la bouche grande ouverte.

— Mes parents. Disons qu'on a les moyens, rectifiai-je, gêné.

— Si je sors et que je vois un hélicoptère, je pète un câble, me dit-elle en rigolant d'un air plutôt désespéré. On ne vient pas du même monde !

J'étais habitué à ce genre de réaction. Bien que j’aimais exposer ma richesse à qui veut l’entendre, je désirais d’abord que les personnes m’admirent en premier lieu, pour mon physique, mon intelligence et mes innombrables qualités. Ainsi, j’eus envie d'arrêter la visite sur-le-champ, mais Anémone se rattrapa rapidement. Elle s'assit sur le canapé et prit la boîte de jeu. Elle les passa en revue, puis m'en montra un. Il s'agissait de Rocket League.

— J'étais en train d'y jouer quand Stix s'est ramené. Si on a le temps, on se fait une game ? Que je puisse te montrer mes talents et t'éclater. Non je déconne, je n'arrive même pas à toucher la balle, avoua-t-elle en riant.

Avec elle, les paroles pouvaient filer à toute allure. Elle aimait parler et les mots se pressaient pour sortir de ses lèvres. Heureusement que j’avais les capacités cognitives pour la suivre, je ne pouvais que supposer que beaucoup de ses amis devaient être perdus par cet enchaînement d’idées.

— Les filles et les jeux... dis-je sur un ton affligé.

Aussitôt, elle s'énerva.

— Ça ne va pas de dire ça ! Certaines filles sont douées, c'est sexiste !

— Du calme ! Je rigolais ! J'ai hâte de voir tes talents, répondis-je narquois.

— Tu as intérêt de rire, me conseilla-t-elle, le regard suspicieux.

— Des menaces ? J'aime ça.

J'utilisais volontairement un ton coquin dans le but de la déstabiliser, mais elle leva juste les yeux au ciel. Ensuite, nous continuâmes la visite. À gauche, il y avait deux autres salles, dont ma chambre que je refusais d'ouvrir (elle n'était pas rangée). À mon plus grand bonheur, elle le comprit à mon regard et rigola de nouveau.

— T'inquiète, c'est la même chose dans ma chambre.

Elle était sincère, et je souris, ravi qu'elle ne m'obligeât pas à lui dévoiler le bazar ; je ne voulais surtout pas donner une mauvaise impression. La deuxième salle était une salle de sport, équipée d’un tapis de course, d’haltères, d’un vélo d'appartement, d’un rameur, etc. J’y passais presque toutes mes journées. Le sport me permettait de me libérer et de me défouler (mais c’était surtout parce que j’aimais voir les gens observer ma musculature avec admiration). Elle regarda la pièce rapidement comme s'il s'agissait d'une salle de torture, puis elle la pointa du doigt et déclara d’un ton dégoûté :

— Tu ne me verras jamais dans cette pièce.

J'explosai de rire et attrapai son bras gauche en le remuant dans tous les sens.

— Je l'avais remarqué rien qu'à tes petits bras ! pouffai-je.

Elle rigola et ferma la porte rapidement.

— Pièce suivante ! cria-t-elle.

Juste à côté de la salle de sport se trouvaient la salle de bain et des toilettes. Elle n'y jeta même pas un regard.

Nous tournâmes donc à droite, il y avait deux autres pièces. L'une était une chambre d'ami, tandis que l'autre était une immense bibliothèque. Il y avait un coin BD, manga et livres de tous genres. Elle pénétra dans la salle, éberluée. Elle s'assit sur l'un des poufs au centre de la pièce prévus à cet effet. Je m'assis à côté d'elle.

— Alors, qu'est-ce que tu en penses ?

— Ta maison est incroyable ! Tu ne dois pas t'ennuyer ! décréta-t-elle.

— C'est ce que tout le monde pense, mais en réalité, j'ai déjà tout fait ici. Je m'ennuie à mourir, répondis-je maussadement.

Son regard transperça le mien, je vis dans ses yeux bleu-gris qu’elle me comprenait.

— Mais maintenant que je suis là, avec Stix, on va s'éclater. Tu n'auras pas le temps de t'ennuyer ! Crois-moi ! lança-t-elle ravie. Je vais commencer par exploser ta voiture sur Rocket League et après, j'aviserai selon mes envies.

— J'ai hâte de voir ça, répondis-je, me laissant prendre au jeu, convaincu que j’étais bien meilleur qu’elle à n’importe quel jeu vidéo.

— On rejoint Stix ? Ce n'est pas que je m'ennuie, mais là, j'ai vraiment faim.

Comme pour approuver, son ventre se mit à grogner au même moment. Elle rigola de nouveau et se précipita dans la cuisine. Je restais quelques instants sans bouger. Est-ce qu’elle arrêtait de rire de temps en temps ? Elle me faisait penser à ces fous dans les films qui passaient leur temps à ricaner et à sourire même quand la situation ne s'y prêtait pas. Je m'amusais à penser qu'elle était l'une d'eux.

Je m'élançai, enfin, à sa poursuite.

**Anémone**

Je me dépêchai de rejoindre Stix dans la cuisine, penaude après que Konrad ait entendu mon ventre crier famine. Sur le comptoir, deux assiettes étaient posées ; je pris celle de droite en m'asseyant sur un haut tabouret. Konrad, sur mes talons, s'assit à son tour quelques secondes après. Il me regarda, et se frappa le front.

— Quel mauvais hôte je fais ! Je ne t'ai même pas débarrassé de ton sac.

Il se leva et tendit les mains. Je pris mon téléphone qui se trouvait à l'intérieur de mon bagage et le lui tendis. Il s'agissait d'un sac à main noir. Il le prit et se dirigea vers l'entrée où je supposais qu'il y déposait mon sac. Il revint, sourire aux lèvres.

— Quoi ? demandai-je. Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

— Dis-moi, pourquoi tu cachais la face intéressante du sac ? Tu n'assumes pas tes goûts ? me questionna-t-il à son tour, tout en s'asseyant de nouveau à sa place.

— Non, je n'ai juste pas fait attention, mentis-je.

Il ne semblait pas me croire, mais tant pis, je n'avais aucune envie de creuser le sujet. Il posa de nouveau sa main sous son menton et me regarda. Mes yeux étaient bloqués dans les siens. Je me sentais sourire et je voulus arrêter, seulement, c'était impossible.

— Hisoka, hein ? demanda-t-il enfin. Tu aimes les psychopathes ?

— Oui, enfin, seulement lui. Je le trouve incroyable, déclarai-je en continuant de rougir sous l'effet de son regard pénétrant.

Je me demandais s’il faisait exprès de me regarder si intensément. Très certainement….

— Moi aussi. Sache que je comprends ta passion pour lui.

Je souris de plus belle, contente qu'il me comprenne. Rares étaient les personnes qui ne critiquaient pas Hisoka. D’ordinaire, dès que je le mentionnais, je recevais tout un tas d'insultes et de commentaires désagréables. Il s’agissait d’un personnage de manga assez complexe qui avait pour habitude de faire tout ce qui lui plaisait sans se soucier du bien et du mal. Alors évidemment, beaucoup de personnes ne l’aimaient pas. J’étais encore plus heureuse d’apprendre que Konrad l’appréciait aussi. Cela nous faisait un point commun.

D’ailleurs les yeux du garçon ne me quittaient pas, et j'étais incapable de dévier le regard ou même de bouger une partie de mon corps. Tentait-il de lire en moi ? Ou souhaitait-il juste me déstabiliser ?

— Hum hum.

Stix nous ramena rapidement à nos moutons, et je souris embarrassée. Je décidai de ne plus regarder Konrad jusqu'à la fin du repas, cela valait mieux. Je devais me concentrer sur les explications de Stix et sur mon déjeuner (mon estomac venait de nouveau de réclamer à manger). J'observai mon assiette, il y avait des haricots verts, du maïs, des betteraves ainsi qu'une cuisse de poulet. Stix avait-il eu le temps de faire tout ça pendant qu'on visitait ? En tout cas, je m'empressai de commencer à manger avant que mon ventre ne refasse des siennes.

— Je vais commencer par vous expliquer la situation, annonça Stix.

Konrad et moi étions extrêmement attentifs aux moindres mots de celui-ci. Je crois bien que c'était la première fois que j'écoutais quelqu'un avec tant d'attention. Aucun de nous n'osa d'ailleurs interrompre sa longue tirade, nous mangions en silence.

— Tous les arbres, de tous les univers se sont concertés pour te donner à toi, Anémone, le plus puissant pouvoir qui puisse exister. Quand je dis, le plus puissant, c'est que je n’exagère pas. Tu pourrais détruire des dizaines d'univers en seulement quelques secondes. C'est un pouvoir qui demande de grandes responsabilités et j'espère que vous ne prendrez pas les choses trop à la légère… Il s'agit du pouvoir des quatre éléments. Je sais, vous avez sûrement vu Avatar ou des tas d'autres films à ce sujet, mais sachez que ce pouvoir est bien différent en plusieurs points. Il permet par exemple de voyager dans les différents univers. Les mangas, les BD, les livres, les films, les séries et bien d'autres encore sont en réalité d'autres univers, dans lesquels tu pourras aller et venir comme bon te semble. Ce pouvoir n'a qu'une seule et unique faiblesse, outre le fait qu'il soit difficile à prendre en main, tu ne peux utiliser qu'un seul élément à la fois. Si tu lances, disons qu'on appelle ça un sort, si tu lances un sort d'eau et que tu changes ensuite d'élément, le sort d'eau s'annulera. Enfin bon, je t'expliquerai chaque pouvoir en détail au fur et à mesure qu'on les travaillera. Je vous préviens, apprendre à maîtriser ne serait-ce qu'un élément peut demander plusieurs mois d'entraînement. J'espère que vous êtes prêts mentalement, surtout toi, Anémone. Quoi qu'il en soit, un pouvoir aussi fort attire toujours de mauvaises personnes qui souhaitent s'en emparer. Si nous sommes obligés de te transférer ce don, c'est parce qu'un dangereux ennemi a trouvé le moyen de voyager entre les Univers. Il est actuellement à ta recherche et il souhaite s'emparer de ce pouvoir (je frissonnai de peur). En étant avec elle, Konrad, tu t'exposes tout autant qu'elle au danger. Je suis désolé de demander cela à des enfants, à des adolescents pour être exact. Seulement, c'est regrettable, mais nous n'avons pas d'autres choix. Ce pouvoir nécessite de grandes capacités morales ainsi que de nombreux autres paramètres que je n'énumérais pas pour des raisons professionnelles. Seule toi, Anémone était la plus disposée à le recevoir (j'avais du mal à comprendre comment je pouvais être celle qu'il leur fallait). Avez-vous des questions ? N'hésitez surtout pas, termina-t-il, enfin.

Un silence régna, chacun de nous était perdu dans ses pensées. Je posai ma fourchette, incapable de continuer à manger. Peut-être avais-je accepté trop vite cette mission ? Pouvais-je vraiment gérer tout ça ? Avais-je le niveau ?

— Excuse-moi, l'arbre (Stix leva les yeux), à quoi je sers réellement de mon côté ? demanda Konrad. Si ce pouvoir est si puissant, elle n'aura pas besoin de mon aide.

— Détrompe-toi, Konrad, tu es important. Je ne pourrais pas veiller sur elle en permanence, car personne ne doit être au courant de mon existence, mis à part vous. Si Anémone perdait le contrôle d'elle-même en public, je ne pourrais pas agir. J'utilise énormément d'énergie pour être sous cette forme, c'est pourquoi si un jour je me trouvais à court d'énergie, seul toi pourrait l’aider. Ton flegme et tes capacités intellectuelles ainsi que physiques lui seront très utiles. Si elle avait dû endurer cette mission toute seule, je n'imagine même pas comment ça se serait passé. Une telle responsabilité a besoin de se partager, c'est pourquoi vous devez pouvoir compter l'un sur l'autre en toutes circonstances.

Konrad ne me quitta pas des yeux pendant que Stix lui répondait. Je tentai de me concentrer sur mon repas et me forçai à manger, ignorant son regard braqué sur moi du mieux que je le pouvais. Bien qu’il me procurait des centaines de sensations fortes agréables.

— Ta réponse me convient, de toute façon, ce n'est pas comme si j'avais mieux à faire, déclara-t-il sourire aux lèvres tout en ouvrant son yaourt.

J'étais soulagée de savoir que je n'étais pas seule à devoir endurer cette mission, même si en grande partie, j'en avais toutes les responsabilités. Je savais où habitait Konrad et je pouvais toujours venir le voir, en cas de problème. Seule difficulté, le bus n'allait pas jusqu'à Jauldes, je devrais donc utiliser un vélo. Cependant, la distance restait importante et je n'étais définitivement pas une grande sportive. J'en aurais pour plus de vingt minutes, c'était sûr. J'effaçais rapidement l'image de moi sur un vélo pour me concentrer sur le moment actuel. Je n'allais pas laisser Konrad poser toutes les questions.

— Stix, comment je sais quel pouvoir j'utilise ?

— Mince, tu m'as devancé, admit Konrad, sourire enjôleur aux lèvres.

— Excellente question. Ce seront tes yeux qui te trahiront. Tes yeux normaux sont bleu-gris, or dès que tu auras reçu le pouvoir, sache que tu perdras à jamais cette couleur. Ils deviendront rouges pour le pouvoir du feu, vert clair pour la terre, gris pour l'air et enfin bleu ciel pour l'eau. Tu devras apprendre à alterner ces éléments sans te fatiguer, mais nous verrons cela bien plus tard. Je t'ai fait des lentilles de contact que tu devras porter en permanence. Ne t'en fais pas, je les ai moi-même faites, il n'y a donc aucun risque pour tes yeux. Je vais d’ailleurs te les fournir maintenant, ça sera fait.

Le ventre de Stix s'ouvrit, et à l'intérieur se trouvait une boîte rouge, on aurait dit les boîtes pour les bagues de mariage. Il l'attrapa et dès qu'elle sortit de son corps, les branches rebouchèrent le trou. Il me la tendit et je l'ouvris lentement, hésitante. À l'intérieur, se trouvait bien une paire de lentilles, le plus inquiétant était que la couleur correspondait parfaitement à celle de mes yeux. Konrad s'approcha et dut se faire la même réflexion.

— Si ça ne te met pas les jetons, ça. C'est extrêmement terrifiant.

— Merci de ton soutien, soufflai-je, désespérée.

Je posai la boîte sur mon portable. L'appétit me revenant peu à peu, je terminai mon assiette ainsi que mon dessert sous les yeux malicieux de Konrad. Je ne cherchais même pas à savoir ce à quoi il pensait. Il semblait tout aussi dérangé que moi mentalement. Après avoir fini de manger, je regardai l'heure sur mon téléphone. Il était presque treize heures. Je devais faire attention à l'horaire. Ma mère pensait que j'étais en ville, alors je devais gérer le temps de marche, celui de bus, et encore celui de la marche pour faire croire que j’étais rentrée chez moi avant mes parents. Je lui avais promis de rentrer pour le goûter. Entre autres, je devais lui envoyer un message vers quatorze heures trente pour lui annoncer que je commençais à partir. Elle était d'ailleurs en train de me bombarder de messages, car je ne lui avais pas donné de nouvelles depuis que j'étais arrivée au rendez-vous. Je lui envoyai donc un message assez court afin de la calmer : « tout va bien, on mange en ville. On a fait les boutiques, je n'ai rien trouvé ». Ce à quoi elle m'a répondu « dommage, faîtes attention ».

— Anémone, es-tu prête à recevoir ton pouvoir ? me questionna Stix d’un ton tellement sérieux qu’il me fit frissonner.

— Est-ce que cela va me faire mal ?

— J'espère bien, répondit Konrad.

Je lui jetai un regard noir et il me tira la langue. Je décidai donc de riposter par un joli doigt d'honneur qu'il n'apprécia pas. Sa main vint s'abattre sur l'arrière de mon crâne. Certes, le coup n'était pas violent, mais je n'aimais pas son comportement.

— Eh ! Qui est-ce qui t'a permis de me frapper, rétorquai-je, énervée.

— Je n'aime pas les gestes vulgaires venant des jolies filles comme toi, cela fait tache. Ne t'avise pas de dire des gros mots ou même de recommencer ces gestes futiles, me morigéna-t-il.

— Je fais ce que je veux. Mon comportement ne te regarde pas, protestai-je.

— Vu que je suis ton garde du corps et ta baby-sitter, je pense que si, j'ai le droit.

— Non, râlai-je, ne trouvant rien d'autre à dire.

— Alors, non, ça ne fait pas mal, me répondit Stix ignorant notre embrouille temporaire.

Konrad et moi explosâmes de rire. Stix ne semblait pas comprendre pourquoi nous rigolions, en tout cas, l'atmosphère s'était apaisée. C'était une bonne chose, je ne souhaitais pas me disputer avec mon partenaire dès le premier jour. Je me levai et suivi Stix qui était parti dans la salle de jeu. Je proposai mon aide à Konrad pour débarrasser la table, mais il refusa calmement ma proposition.

Stix me fit signe de m'allonger sur le canapé. Je m'installai difficilement, bien trop anxieuse. Konrad arriva presque aussitôt.

— Je vais t'endormir et te transférer le pouvoir. J'y vais, annonça Stix.

Je retirai vivement mon bras gauche. Je sentais mon cœur battre à tout rompre et ma tête commençait légèrement à vriller.

— Tu es sûr que ça ne fait pas mal ? demandai-je, non rassurée.

— Oh la petite peureuse, rigola Konrad, un sourire sadique de retour sur son visage démoniaque. Démoniaquement beau surtout.

Son sourire raviva une chaleur dans mon bas-ventre et je fus de nouveau transférée dans la même atmosphère paisible qu'à notre rencontre. Je fermai les yeux et me laissai absorber par cette chaleur envoûtante autour de mon corps. Je le sentais, Konrad n'était qu'à quelques pas de moi.

La branche de Stix toucha mon bras et juste avant de m'endormir, je sentis une autre chaleur, à mon oreille, cette fois-ci. Une chaleur agréable, intense, qui amplifia tous mes sens et me fit brûler de l'intérieur.

— Bonne nuit, petite folle…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Awenda117 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0