Chapitre 4

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Quand Madame Spencer arriva, je l’accueillis dans la salle du trône et la fit monter dans le bureau de Véra.


— Bienvenue, Madame, commença ma fiancée.

— Merci de m’avoir engagée, Votre Majesté.


Pendant vingt minutes, elle lui expliqua qu’elle était son rôle d’assistante, à commencer par préparer le recrutement de deux demoiselles de chambre. Dès que son contrat fût signé, Véra me demanda de lui faire visiter le palais.


— Est-ce qu’on peut se tutoyer ? commençais-je.

— Bien sûr. Je m’appelle Rosalie.

— Enchantée. Tu verras, elle n’est pas aussi froide et impressionnante qu’elle ne le fait croire.

— Tu la connais bien du coup ?

— Plutôt oui. Je travaille pour elle depuis plusieurs mois maintenant.


Quand on arriva en cuisine, Lianna m’aperçut et se réfugia sous la table, un cookie dans les mains. Je regardais Sandra et elle rigola en même temps que moi. Je récupérais la petite dans mes bras et la présente à Rosalie.


— P’tit chat, je te présente Rosalie. Elle va travailler avec Véra. Tu peux lui demander tout ce que tu veux ?

— Cookies ?

— Sauf les cookies, rigolais-je.

— Si j’ai bien compris, vous avez adopté Lianna ? questionna Rosalie.

— Lianna est en réalité la pupille de l’Impératrice. Je ne suis que la nourrice, mentis-je. Mais c’est une histoire trop compliquée pour être évoquée dès le premier jour.

— Il n’y a pas de soucis.

— Ça ne fait pas longtemps qu’elle est là, mais si elle venait à savoir où se trouve le bureau de Madame, sans moi, tu pourrais me prévenir ?

— Bien sûr.

— Sandra, que je te présente aussi, veille sur elle quand elle descend ici.

— Elle a tous de suite repéré les cuisines, rigola Sandra.


Lianna dans les bras, on remonta dans l’antichambre, la dernière escale. Lianna courut dans sa chambre et j’invitais Rosalie à s’asseoir sur le canapé.


— Ta fille à quel âge déjà ?

— Tout juste quatre mois.

— Tu as quelqu’un pour la garder ?

— C’est au tour de mon mari d’être en congé paternité.

— Si jamais il devait avoir un problème pour la faire garder, tu peux l’amener. Je m’en occuperais.

— Tu sais t’y faire avec les bébés ?

— Oui.

— C’est gentil de proposer.

— V… madame veut que je m’occupe seulement de la petite maintenant. C’est pour ça qu’elle veut engager deux demoiselles de chambre. Moins j’en fais, plus elle est contente.

— C’est… étrange, rigola-t-elle.

— Tu le remarqueras vite alors je peux te le dire. Nous avons plus une relation de meilleures amies que de patron employé ou d’impératrice-dame de chambre. Elle me pousse dans mes retranchements, j’en fais de même.

— On moins, vous vivez dans une bonne ambiance.


À chaque fois que je parlais d’elle, Véra arrivait. Cette fois-ci ne faisait pas exception. La porte s’ouvrit, la laissant entrer.


— Quelle méchanceté sur moi est-tu encore en train d’inventé ? joua-t-elle.

— Que vous êtes… laissez-moi réfléchir… non j’ai rien.

— Tu ne fais pas d’effort.

— Désolée.

— Tu as pu faire le tour du palais ? questionna-t-elle ensuite Rosalie.

— Oui. Élia m’as tout fait visiter.


On discuta de tous et de rien toute la matinée. On fut interrompis par Lianna qui arriva en pleurant.


— Bobo Lia !

— Où ça, p’tit chat ?

— Perdu !


Elle se mit alors à rire à s’installa sur mes jambes. Cette petite comédienne avait trouvé la bonne technique pour attirer mon attention.


— Ateau ! s’exclama-t-elle gaiment.

— On va bientôt manger, Lianna, intervint Véra.

— Non ! Veux ateau !

— Oula, tu es fatiguée toi, ajoutais-je en la couchant légèrement sur moi. On mange et au dodo.

— Non pas dodo. Peur moi.

— Tu as peur de quoi ?

— Feu.


Il suffisait d’un mot pour que je comprenne tout. Le feu, celui qui l’avait privé de ses parents. Elle se réfugia un peu dans mes bras et je posais sa tête contre ma poitrine. Véra se leva et récupéra son doudou dans sa chambre.


— Erci.


Rosalie nous questionna et Véra expliqua ce qui était arrivé aux parents de Lianna. Dans mes bras, la petite réussit à s’apaiser jusqu’au déjeuner. Pour l’endormir, alors que Rosalie et Véra étaient retournées dans le bureau, je récupérais un plaid et m’allongeais avec elle sur le canapé.


— Lia ?

— Je vais rester avec toi, d’accord ? Comme ça, si le feu revient, je l’éteindrais. D’accord ?

— Accord.


Allongée contre moi, elle ferma les yeux et je lui chantais la berceuse de ma sœur. Après dix minutes, elle réussit enfin à s’endormir. Ne voulant la réveiller, je la déplacer doucement pour l’allongeait sur le canapé. Je récupérais ensuite mon téléphone ainsi que mes écouteurs et retournais m’asseoir à côté. Ne pouvant aller m’entrainer, je regardais diverses chorégraphies. Deux heures plus tard, alors que Lianna dormait toujours, Véra entra dans l’antichambre et s’assise en face de moi.


— Qu’est-ce qu’il se passe ? chuchotais-je.

— Ma mère a entendu parler de Lianna. Elle arrive dans une heure pour la rencontrer.

— Elle sait quoi ?

— Seulement qu’elle est ma pupille.

— Elle va réagir comment en voyant que Lianna est plus proche de moi que de toi ?

— Je m’en occuperais à ce moment-là.

— Très bien. Lianna sera prête. Merci de m’avoir prévenue.


Comme nous étions seules, elle m’embrassa avant de retourner à ses occupations. Je laissais Lianna dormir pendant encore une demi-heure avant de la réveiller doucement pour la changer. Encore endormis, je lui mis l’une de ses plus belles tenues et la coiffait. La petite n’avait pas encore de tenue très appropriée à sa nouvelle vie au palais. J’allais devoir faire avec. Pile à l’heure, Véra entra dans l’antichambre, accompagnée de sa mère.


— Bonjour, Votre Altesse, commençais-je avec une révérence.

— C’est elle ?


En m’ignorant, elle s’avança vers Lianna qui était assise sur le canapé. Avant qu’elle n’arrive, je lui avais tout expliqué. Même si elle était apeurée, Lianna ne bougea pas.


— Oui, répondit Véra en m’adressant un rapide regard. Lianna, je te présente ma maman.

— Pourquoi elle ?


Lianna regardait Elise droit dans les yeux, sans jamais prononcer le moindre mot. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine puis regarda Véra.


— Et bien… commença ma fiancée.

— Cette petite ne parle pas beaucoup.

— Je crois que tu lui fais peur, maman. Soupira-t-elle. Elle n’est pas encore très à l’aise ici.

— Comment tu t’appelles ? Tu as quel âge ?

— Maman !


Intimidée, Lianna tourna la tête vers moi et Élise en fit de même. Je me devais d’intervenir avant que ça ne dégénère. Je souris à Lianna et celle-ci vint immédiatement se réfugier dans mes bras. Je la soulevais et m’approchais d’Elise.


— Si vous permettez, Votre Altesse, je vous présente Lianna. Elle a deux ans. Ses parents sont décédés lors de l’incendie de leur maison. L’orphelinat de mon village natal la recueillit.

— Vous êtes… la dame de chambre de ma fille, n’est-ce pas ?

— C’est exact, Votre Altesse.

— Si elle était à votre village natal, que fait-elle aujourd’hui ici ?

— Quand Sa Majesté est venue me rendre visite lors de mes vacances, nous avons toutes les deux rencontrer Lianna.

— Elle me faisait de la peine maman. Et… je l’aime bien.

— Tu pourrais l’élever comme ton héritière ? Je ne suis pas comme le Conseil, chérie, je ne te force pas à te marier, mais…

— Ne t’inquiète pas maman, j’ai tout prévu. J’élèverais Lianna comme ma fille, mais mes enfants, issus de mon mariage, auront la priorité sur la couronne.

— Tes enfants biologique, chérie. Tes enfants biologiques auront la priorité sur la couronne.

— C’est ça, je n’avais plus le mot en tête.

— Tu dois avoir du travail. J’aimerais discuter avec ta dame de chambre, si ça ne vous dérange pas.

— C’est à elle de décider, me sourit Véra.

— Je suis à vous, Votre Altesse.


Elle m’adressa un clin d’œil avant d’appeler Lianna pour qu’elle la rejoigne. J’invitais Elise à m’accompagner dans les jardins du palais. On marchait plusieurs minutes, en silence, avant qu’elle ne prenne enfin la parole, sans me regarder.


— Quand êtes-vous devenue la dame de chambre de ma fille ? Quand avez-vous pris la place de Margot ?

— J’ai pris sa place quand elle a essayé de me tuer, cinglais-je. Peu de temps avant le mariage du Prince Marcus, repris-je plus calmement.

— Pourquoi ?

— Vous saviez qu’elle était contre les couples comme celui de vos parents ?

— Non, soupira-t-elle.

— Elle… hésitais-je. Un jour, elle m’as surprise en train d’embrasser une femme. Comme la loi contre ses couples était encore d’actualité, elle en profitera pour m’éliminer de la vie de votre fille et elle m’a fait condamnée à mort. C’est Sa Majesté qui m’a sauvé de justesse.

— Je suppose que c’est grâce à vous que cette loi a été abrogée ?

— C’est ce que j’ai compris, oui.

— Cette femme… c’était Véra, n’est-ce pas ? Ce que vous avez dit au mariage de mon neveu… je vous ai vues vous embrasser, toutes les deux.

— Est-ce que… ça vous pose problème ? Sachez que votre fille tait notre relation à tout le monde. Même aux autres employés du palais.

Elle réfléchit quelques instants, tout en continuant de marcher, avant de reprendre.

— Non. Je n’ai pas le droit de vous juger alors que j’ai deux mères. Elena était Impératrice aussi, quant à Océane… j’ai vu le regarde que ma fille vous porte. Je n’avais pas vu ce sourire depuis longtemps.

— En réalité, Véra a choisi d’accueillir Lianna parce qu’elle s’est attachée à moi. Quand Véra est venue me rendre visite, nous nous connaissions déjà.

— Elle l’a fait par amour alors ?

— On peut voir ça comme ça.

— J’entends souvent parler de vous chez moi. Ma mère a enfin trouvé une occupation et il semblerait que ça tourne autour de vous.

— Vous a-t-elle dit ce qu’elle faisait ?

— Non. Elle craint que je ne m’inquiète trop pour elle. SI j’ai abdiqué, c’était pour m’occuper de ma mère.

— Si je puis me permettre. Véra m’a parlé du jour où elle est montée sur le trône et de la rancœur qu’elle a envers vous depuis toutes ses années.

— Ma fille à de la rancœur envers moi ? Je ne savais pas. Ai-je fait quelque chose qui l’ai blessée ?

— La façon dont vous avez abdiqué, oui. Le Prince Ilyan ne voulant pas du trône, elle n’a pas eu le choix de le prendre. Vous lui avez en quelque sorte forcé la main.

— Elle ne m’en a jamais parlé, souffla-t-elle.

— Vous devriez peut-être discuter toutes les deux. Elle vous en veut, mais je ne sais que trop bien à quel point les lien familiaux sont trop précieux et que la vie est trop courte. Si je peux, ne serait-ce qu’un minimum, faire en sorte qu’elle se confie à nouveau à vous, où même à son frère, j’en serais comblée.

— Vous avez déjà perdu quelqu’un ?

— Malheureusement oui. Je serais capable de tout pour qu’elle me revienne un jour, chuchotais-je en retenant mes larmes.

— Vous m’en voyez navrée.

— Élia !


Dans mon dos, une voix d’homme hurla mon nom. Avec Elise, on se retourna en même temps et on aperçut Marcus et sa famille arriver.


— Vous pouvez m’excuser un instant ?

— Faites.


Sans faire attention aux apparences, je courus jusqu’à Marcus et sautais dans ses bras. Il me fit tourner d’un tour couplet avant de me reposer à terre et de déposer un baisé sur mon front. Je saluais ensuite Isa et ses deux filles. Derrière, j’entendais Elise approcher.


— Qu’est-ce que tu fais là ? le questionnais-je.

— Je te retourne la question, princesse. Tu es rentrée quand ?

— Il y a trois jours. Et Véra m’a demandée en mariage, lui chuchotais-je pour qu’Elise n’entende pas.

— Mais non ! Elle a vraiment fait ça ? Tu as vraiment accepté ?

— Hé ouais, jouais-je.

— Mais qui êtes-vous ? Qu’avez-vous fait de la Élia que je connais ?

— Crétin vas.

— Moi aussi je t’aime. Oh bonjour tata.

— Bonjour Marcus. Je vois que tu connais bien cette demoiselle.

— En même temps, elle était la témoin d’Isa.

— C’est vrai.

— Et si vous restiez tous dîner ce soir ? Vous aussi, Votre Altesse.

— Qu’est-ce qu’en pense ma cousine ?

— Aucune idée. Vous lui ferez la surprise.

— Ah bah voilà ! Là je retrouve la princesse que je connais.

— Mais tu as fini oui ?

— De t’embêter ? Jamais, ma pauvre. Tu devras me supporter jusqu’à la fin de ta vie maintenant.

— N’importe quoi, soupirais-je. Entrez donc à l’intérieur.


Accompagnée de tout le monde, je remontais dans l’antichambre et les invitais à s’installer sur le canapé avant de retrouver ma fiancée dans son bureau, toujours en compagnie de Rosalie.

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