Chapitre 7

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Peu de temps après, les domestiques de retour, Marcus lança l’une des musiques de la clé USB de ma sœur, toujours branché. Je posais Lianna et Véra me tendit sa main, m’invitant à danser. Souriante, je l’attrapais et on commença à danser. Finalement, même si on se disputait, on finissait toujours par se réconcilier. C’était que je j’aimais chez elle. Elle savait reconnaitre ses torts et n’était pas rancunière. Tout au long de la musique, je gardais mes mains dans son dos et ma tête posée sur sa poitrine. Sur la piste de danse, tous les couples finirent par nous rejoindre. Marcus-Isa, Benjamin-Luna, Elena-une femme encore inconnue qui devait être Mia, Elise-Ethan, Stephania-son mari, Emma-son mari ainsi qu’un couple que je ne connaissais pas. Il n’y avait que Lizéa qui n’était pas venu danser. Elle était la seule encore célibataire et cela semblait très bien lui convenir. Quand la musique se termina, Véra m’embrassa délicatement sur le front et Elena s’approcha.


— Élia, on pourrait discuter toutes les deux ?

— Bien sûr.


Elle attrapa ma main et m’attira sur l’un des balcons. Une fois que je fus dehors, elle ferma la porte derrière moi.


— Je vous écoute.

— J’ai des nouvelles de ta sœur et de ton neveu. Ils vont bien et sont chez le Duc Langorien, comme elle te l’a dit dans sa lettre.

— Vraiment ? Merci mille fois.

— Si tu veux la retrouver, c’est maintenant. Le Duc est chez lui toute la journée. Je te laisse le choix de venir avec moi ou de rester ici.

— Maintenant ? Mais c’est votre fête d’anniversaire et…

— Le Duc Langorien est rarement chez lui ses derniers temps. C’est aujourd’hui ou jamais. Tu es avec moi où tu veux l’attendre ?

— Je suis avec vous.

— Alors on part de suite.


Elle ouvrit la porte-fenêtre avec vigueur, attirant tous les regards. Elise s’inquiéta aussi et s’approcha de sa mère.


— Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu ne fais pas…

— Non, chérie. J’ai une sœur Aubelin à sauver. Véra ?

— Je l’accueillerais ici, mamie. Tu as besoin de soldats ?

— Les miens suffiront. Élia, ne fait pas attendre.


Avec le plus grand sourire possible, je suivis Elena dans une voiture au couleur de l’Empire. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine et mes mains devenaient de plus en plus moites. Pour me rassurer, Elena glissa sa main sur la mienne, étant assise à côté de moi. Nous étions accompagnées de douze soldats armés et nous avions une demi-heure de voiture. Le domaine du Duc Langorien se trouvait de l’autre côté de la Capitale.


— Quoi qu’il arrive, tu me laisses faire, d’accord ? Sinon je te renvoie attendre dans la voiture.

— C’est promis, Votre Altesse.


L’attente était insupportable. J’allais enfin retrouver ma sœur. Quand on arriva à l’immense demeure du Duc, mon cœur n’avait jamais battu aussi fort.


— Essaie de te faire discrète pour le moment.


On descendit de la voiture et un homme d’un certain âge nous accueillit. Il avait reconnu les couleurs flottant sur les drapeaux de la voiture.


— Votre Altesse, déglutit-il. Bienvenue chez moi. Je n’ai pas été prévenue de votre visite.

— En effet. Ce n’est pas une visite de courtoisie, Duc Langorien. Rassemblez-moi tous vos domestiques sans exception. Et je le saurais si vous m’en cachez.

— Je crains de ne pas comprendre, enchaîna-t-il nerveux.

— Ne me faites pas attendre.

— Tous de suite, Votre Altesse. Bénédicte, conduisez Son Altesse dans la salle de réception avec des rafraîchissent.

— Bien Monsieur.


Adoptant le rôle d’Altesse et de cheffe de famille, je déglutis à mon tour. Elena était adorable avec moi, comme une grand-mère. Mais si on faisait partie de ses ennemies, comme le Duc en ce moment même, elle devenait terrifiante. Contrairement à moi, elle était en pleine possession de ses moyens et sûrs d’elle. Une femme d’une cinquantaine d’années baissa les yeux quand elle croisa le regard glacial d’Elena. En silence, elle suivit les ordres du Duc Langorien. Elle nous accompagna jusqu’à la salle de réception, où les domestiques commençaient à se réunir, apeuré. Caché au fond de la pièce, derrière Elena, je n’apercevais pour le moment pas ma sœur. Mais elle devait être là. Il y avait juste trop de monde que pour que je puisse la voir. Au bout d’une vingtaine d’une minute, le Duc Langorien revint.


— Ils sont tous là, Votre Altesse. Puis-je...

— Bougez de mon chemin.


Ignorant totalement le Duc, elle s’avança des domestiques et étudia toute les femmes une par une. Elle renvoya à leur occupation celles qui n’étaient pas ma sœur. Quand elle sembla reconnaitre sa cible, elle s’arrêta. Elle tourna discrètement la tête vers moi et se décala pour que je puisse voir la femme devant elle. C’était bien ma sœur. Mon cœur loupa un battement, mes yeux s’illuminèrent et un immense sourire sur déploya sur mes lèvres. Elle était en vie, devant moi, en chair et en os.


— Êtes-vous Ilena Aubelin ? chuchota Elena d’une voix apaisante.

— Oui, Votre Altesse, répondit-elle en tremblant.

— Allez récupérer votre fils et vos affaires.


Quand Ilena s’éloigna, le Duc voulu s’interposer mais se ravisa en croisa le regard autoritaire d’Elena.


— Puis-je au moins avoir une explication ?

— Vous retenez prisonnières une femme et son fils. Une femme qui a été enlevée à sa famille et je suis venu la récupérer. J’espère pour vous qu’aucun autre de vos domestiques n’est dans cette situation ou c’est votre titre et tous vos biens que vous perdrez.


Comprenant qu’il ne pouvait rien faire contre l’ancienne Impératrice, il baissa la tête et s’éloigna. Dès qu’Elena l’autorisa, je m’approchais, heureuse. Quand Ilena revint en compagnie d’un petit garçon, les soldats récupérèrent les valises, son regard dévia sur moi et elle s’immobilisa.


— Nous partons. Les retrouvailles, se sera dans la voiture.


Sans un mot, réprimant chacune notre joie, on s’installa dans la voiture. Une fois assise, je serrais ma sœur dans mes bras et mes larmes coulèrent dans son cou.


— Tu m’as tellement manquée, soupirais-je.

— Toi aussi tu m’as manquée, p’tit moineau.

— Ravie de voir que vous n’avez rien, Mademoiselle Aubelin.

— Merci de m’avoir sauvé, Votre Altesse. Mais comment…

— Jordan a reçu ta lettre, Lena. Ton fils est encore plus beau en vrai qu’en photo.

— N’est-ce pas ? Il ressemble beaucoup à Glen.


J’avais tellement de choses à dire à ma sœur, mais je ne savais pas quoi commencer. Et puis Elena était là et il avait certaines choses qu’elle ne savait pas. Comme l’histoire avec Margot et ce qui m’avait poussé à partir. Elle ne savait pas que j’avais eu la corde au cou pour avoir embrassé Véra la première fois. Durant le trajet, Anton dormait sur les genoux de ma mère et celle-ci jouait avec ses cheveux. Mon cœur, jusque là brisé par sa disparition, venait de se ressouder, une bonne fois pour toutes. N’ayant pas pris mon téléphone avec moi, je ne pouvais prévenir Jordan qu’Iléna était enfin avec moi. Mais ça ne saurait tarder.


— Votre Altesse, puis-je savoir pourquoi c’est vous qui êtes venu à mon secours ?

— Votre sœur me l’a demandé.

— Je ne comprends pas.

— Vous comprendrez bien assez vite, Mademoiselle.


Elena restait énigmatique. Elle avait compris que je voulais moi-même en parler à ma sœur. Ne voulant réveiller Anton, je ne parlais que très peu durant le trajet. Quand on arriva au palais, Iléna porta son fils dans ses bras et s’immobilisa en découvrant la beauté du palais.


— C’est magnifique, commenta-t-elle.

— Et encore, tu n’as rien vu.

— Qu’est-ce qu’on fait là d’ailleurs ?

— Suivez-nous, vous le saurez très vite, enchaîna Elena.


J’attrapais la main de ma sœur et l’invitais à entrer. Elena se rendit directement dans la salle de bal mais je fis d’abord monter ma sœur dans l’antichambre et lui proposais de coucher Anton dans le lit de Lianna.


— Pourquoi sommes-nous dans les quartiers de l’Impératrice ? Qu’est-ce que tu me caches Élia ?

— Je travaille pour l’Impératrice. Je suis sa Dame de chambre et nous sommes dans la chambre de sa pupille, Lianna. Enfin, Lianne est ma fille.

— Pardon ? Tu as une fille ? Enfin, Élia, tu n’es même pas majeur !

— Maman a signé les papiers d’émancipation pour que j’adopte Lianna.

— Hein ? Mais pourquoi ? Toute seule ?

— Non pas toute seule. Mais chaque chose en son temps. Je te laisse te changer, je t’attends dans l’antichambre.


Avant qu’elle n’enchaîne à nouveau, je sortis de la chambre de Lianna et partie récupérer mon diadème de représentante impériale. Dix minutes plus tard, ma sœur sortie de la chambre vêtue d’un beau chemisier et d’un jean.


— Prête à en apprendre plus sur ma vie ici ? la questionnais-je.

— Evidement. Je veux savoir ce que tu me caches. Ce que tu as fait quand je n’étais pas là. Et ça, c’est quoi ?

— Je suis la représentante impériale officielle et voici mon diadème. Si tu es prête, suis-moi.


Je posais mon diadème sur ma tête et ouvrit la porte à ma sœur. Elle redressa les épaules et avança à son tour. Sourirante, heureuse, et enfin totalement sereine, je serrais la main de ma sœur dans la mienne et l’accompagnais jusqu’à la salle de bal. On s’arrêta devant les portes, où la musique était toujours présente.


— Prête ? la questionnais-je.

— Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais oui, prête.

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