Chapitre 17

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Tandis que j’habillais Lianna et la coiffais pour sa rentrée, je paniquais plus qu’elle. Jusque-là, elle avait toujours été avec quelqu’un qu’elle connaissait. Je craignais qu’elle réagisse de la même façon qu’à la mort de ses parents et qu’elle se renferme à nouveau sur elle, sans que je ne puisse rien y faire.


— Tu es prête, mon lapin ?

— Oui ! École, moi ! s’exclama-t-elle contente.

— Alors c’est parti.


Lianna était contente, j’avais peur. Son sac sur mon épaule, sa main dans la mienne, on marcha jusqu’à la voiture qui nous emmena à l’école maternelle. De tout le trajet, elle ne cessait de me demander quand on arrivait. Pourtant, une fois devant l’école, je retrouvais la petite fille que je connaissais. Nerveuse, Lianna glissa à nouveau sa main dans la mienne tandis qu’on approchait de la directrice qui nous attendait.


— Bonjour madame Aubelin. Bienvenue.

— Bonjour Madame, merci.

— Si vous voulez bien me suivre dans mon bureau.


Intimidée, Lianna voulut se réfugier dans mes bras. Comprenant totalement, je la soulevais et suivis la directrice. Elle m’invita à m’asseoir et j’installais ma fille sur mes genoux. Ma plus grande crainte était de transmettre ma phobie scolaire à ma fille. Je n’avais jamais été à l’aise à l’école et je craignais que ma peur déteigne sur elle.


— J’ai bien étudié le dossier de Lianna. Vous venez de l’adopter, c’est ça ?

— C’est exact. Et comme vous avez dû voir, l’Impératrice est la deuxième représentante légale.

— En effet, j’ai d’ailleurs eu l’occasion de discuter avec elle.

— Elle m’en a informé. Je vous demanderais de m’appeler en priorité en cas de besoin. Je ne voudrais pas la déranger inutilement.

— Je comprends. Avez-vous des questions ?

— Oui. Lianna est ma première fille. Je découvre seulement ce que signifie être mère et je dois déjà la mettre à l’école.

— Tous les parents passent par là. Vous avez peur, vous vous inquiétez pour elle et c’est tout à fait normal.

— Depuis la mort de ses parents, Lianna vit avec moi. Je suis la seule qu’elle a acceptée à l’orphelinat. Et même avant, ses parents l’ont beaucoup surprotégé en raison de ses problèmes de santé.

— Son allergie aux piqures d’abeilles et son problème cardiaque.

— En effet.

— J’ai lu le certificat de contre-indication au sport. Tout sport lui est-il interdit ?

— Normalement oui. Mais je passe ma vie à danser et elle m’imite. Si elle veut faire comme ses camarades, ne l’en empêchez pas, mais faites tous de même attention.

— J’en prends note. Souhaitez-vous passer la matinée dans la classe de Lianna ? Vous aurez un aperçu de ce que propose l’institutrice et je pense que ça aidera Lianna à s’y sentir à l’aise.

— Si ça ne vous dérange pas.

— Lianna, qu’est-ce que tu en penses ? Tu veux que ta maman reste avec toi ce matin ?

— Lia et moi ?

— Lianna ne m’appelle pas maman, commentais-je.

— Je m’attendais aussi à ce que son langage soit plus développé.

— Elle apprend vite.

— Il n’y a pas de soucis. Chaque enfant a le droit d’apprendre à son rythme. Bien, si vous êtes toutes les deux prêtes, je vais vous conduire à la salle de classe.


Je fis descendre Lianna et me levais. Main dans la main, on suivit la directrice qui nous présenta à l’institutrice. Lianna hésita un moment avant d’accepter de suivre l’institutrice qui la prit son aile. Ma fille était silencieuse, attentive, mais discrète. L’institutrice essayait de l’intégrer à la classe, aux exercices, mais je compris vite que ça allait être compliqué. Quand Lianna se réfugia dans mes bras, alors que tous les enfants se regroupaient sur le tapis de lecture, le la pris dans mes bras et les rejoignis, l’installant entre mes jambes. Les autres enfants vinrent alors s’installer à côté de moi et Lianna se montra jalouse.


— Vous semblez savoir vous y faire avec les enfants, remarqua l’institutrice.

— J’ai commencé à travailler dans un orphelinat dès mes treize ans.

— Et vous avez quel âge ?

— Dix-sept ans.

— Je comprends mieux.


Je passais la matinée avec ma fille. Quand il fut l’heure de manger, la maitresse expliqua ce qu’il y avait à la cantine et Lianna m’abandonna. Il y avait du gratin de pâtes et champignon, le plat préféré de ma fille. Quand je la vis accepter que deux filles s’assoient à la même table qu’elle, je sus que c’était le moment pour moi de partir.

Une fois de retour au palais, je m’enfermais un instant dans la chambre pour reprendre mes esprits. Laisser Lianna à l’école avait été plus compliqué que je ne l’avais cru. Pour moi plutôt que pour elle. Dans mon dos, j’entendis la porte s’ouvrir et séchais rapidement les quelques larmes qui avaient coulé. Des bras entourèrent alors ma taille.


— Comment ça s’est passé ? ma questionna Véra.

— Plutôt bien. Je crois qu’elle a commencé à se faire des amies.

— C’est super ça. Ça va lui faire du bien.


Dans ses bras, je me retournais et posais ma tête contre sa poitrine.


— Qu’est-ce qui ne va pas, mon amour ?

— Je ne savais pas que ce serait si dur de la laisser.

— Tu l’aimes, c’est normal que tu t’inquiètes pour elle. C’est ça d’être mère.

— Je sais, mais…

— Appel ma grand-mère si tu as besoin. Ou même ta mère.

— Non, ça ira. Je dois former les filles.

— Prends quelques minutes pour toi, si tu as besoin.


Elle m’embrassa avant de sortir. Je me changeais puis retrouvais Sélina et Liva dans l’antichambre.


— Bonjour Mademoiselle Élia, commencèrent-elle.

— Bonjour les filles. Sélina, comme tu es déjà très bien qualifié, je compte sur toi. Je vais passer plus de temps avec Liva, pour la former, qu’avec toi.

— Il n’y a pas de soucis.

— Tu peux t’occuper de la salle de bain. C’est surtout du réapprovisionnement des produits et le changement de la lingerie alors ça devrait aller vite, tu pourras enchaîner sur la chambre ensuite.

— Compris.

— Liva, on va s’occuper de la chambre de Lianna toutes les deux. Là, y’a du boulot.

— Comment on s’organise ?

— En musique !


J’ouvris toutes les portes et fenêtres pour aérer puis allumais la chaîne hi-fi de l’antichambre. Je vis Sélina réprimer un sourire avant de commencer ses taches. Dans la chambre de ma fille, on commença par faire un tour des lieux.


— Il y a beaucoup de jouets et peu de rangement, remarqua Liva.

— Que conseilles-tu ?

— Je verrais bien une boite à jouer près de la fenêtre et un autre meuble ici.

— Bonne idée. Je te laisserais en parler à Madame.

— V… vraiment ?

— Je serais là, ne t’inquiète pas. Pour l’instant, on va faire autrement. Tu sais où se trouve la réserve ?

— Si je me souviens bien, oui.

— Parfait. Tu vas prendre… disons 3 cartons, on va éviter les allers-retours.


En attendant le retour de Liva, je retirais toute la lingerie du lit de ma fille. J’en profiter pour mettre tous ses vêtements sales au même endroit. Elle avait la fâcheuse envie de vouloir s’habiller seule et de planquer ce qui ne lui plaisait pas sous le lit.


— Mademoiselle Élia ?

— Oui Sélina ?

— J’ai fini la salle de bain. Il n’y avait en effet pas grand-chose à faire. Je vais commencer la chambre. Est-ce qu’il ya des choses auquel je ne dois pas toucher ?

— Les tables de nuit.

— Merci.


C’était dans ma table de nuit que j’avais rangé ma bague de fiançailles, mon diadème de représentante impériale et toutes les photos de Véra et moi. Et je savais que dans la table de nuit de Véra, il y avait des documents confidentiels. Je n’avais moi-même pas l’autorisation de l’ouvrir. Quand Liva revint, on rangea les jouets dans les cartons, on refit le lit au propre. Je lui montrais ensuite comment faire le ménage, dans une pièce où il fallait faire particulièrement attention aux nids d’abeilles. Quand ont eu fini, j’emmenais Liva faire un tour dans la salle de bain puis la chambre puis lui expliquer, rapidement, ce que j’attendais.

Vers treize heures trente, on passa tous à table. Pour une fois, je pus manger sans me préoccuper d’une cuillère tombée par terre.


— Que savez-vous des fêtes de fin d’années, Mesdemoiselle ? nous questionna Véra à la fin.

— C’est l’occasion de se réunir en famille ou entre ami, répondit Liva.

— C’est le moment où on offre des cadeaux à tout le monde, enchaîna Sélina.

— Et toi Élia ?

— Avec ma sœur, on s’entrainait pendant des semaines pour un offrir un spectacle à ma mère et à Jordan. C’était notre cadeau à toute les deux et ma mère nous préparait un super repas.

— Cette année, j’ai envie de créer une nouvelle tradition. Dites-moi honnêtement ce que vous en pensez. J’imagine un bal avec les employés du palais et leur famille. J’imagine un immense sapin au milieu de la salle de bal où il y aurait une montagne de cadeaux, tous mélanger. Ceux des familles, comme les miens.

— Ce serait génial, commenta Liva.

— Parfait. Élia, tu as trois semaines pour organiser ça.

— Trois semaines ? Mais…

— Je sais que tu en es capable mon ange. Rosalie t’aiderait pour toute la partie administrative, commande, et autre.

— Bon d’accord, j’accepte le défi.


Je profitais de l’après-midi pour travailler sur ce bal avec les filles. Sur une feuille de brouillons, on commençait pour noter toutes les idées. Que ce soit sur la décoration, l’ambiance, les animations, voir le repas. J’avais déjà eu moins de temps pour organiser un bal. Mais cette fois-ci, c’était différent. Ce n’était pas un bal ordinaire. C’était le bal des fêtes de fin d’année. Dans quelques mois, ça ferait bientôt un an que je travaillais pour Véra.

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