Chapitre 2

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Isadora courait dans les rues.

Devant elle, un voile rouge et noir venait de tomber.

Elle avait tué.

Sans cesse, elle revoyait la dague mordre la chair du cou du Brutus. Le sang couler. Sa grimace de douleur... Et le revoyait tomber sur le tapis rose pastel du roi...

Et elle n'éprouvait aucun remords.

C'était cela qui l'agaçait le plus.

Elle était dégoûtée par son geste, mais elle ne le regrettait pas. Pas le moins du monde, au contraire... elle avait l'impression d'avoir bien agit. Certes, ce n'était pas très propres, mais l'idée de tuer ne la répugnait plus, maintenant qu'elle l'avait déjà fait.

Il lui semblait être plus forte, plus courageuse. Elle se sentait libre... mais coupable. Coupable d'avoir du sang sur les mains...

Sortant de sa bulle, elle se concentra sur les noms des rues. la carte des souterrains de la capitale allait lui servir !

Rue de l'affrontement.

Elle s'enfonça dans la ruelle et s'approcha d'une dalle poussiéreuse sur laquelle on pouvait voir, gravé dans la pierre : Chance.

Puisant toutes la force qui lui restait, elle glissa ses doigts sous la pierre et la souleva avant de se glisser dans le souterrain.

Le lieu n'avait visiblement pas été utilisé depuis longtemps. Le couloir était froid et humide et il y régnait l'odeur âcre des égouts...

一 Bon, ce n'était peut-être pas le meilleur choix... grinça la brunette en se bouchant le nez.

Elle commença à avancer en tâtonnant dans le noir, agrippée au mur, ce qui ne l'empêchait pas de tomber parfois, s'écroulant dans des substances dont elle préférait ignorer la provenance.

Le temps lui paraissait long et elle sentait la crasse s'accumuler sur elle...

L'odeur, la fatigue et la peur finirent par l'obliger à s'arrêter. Doucement, la jeune fille se laissa glisser contre le mur et, se recroquevillant sur elle même, elle ferma les yeux en murmurant, comme un mantra rassurant :

一 Je suis une Élue, je suis forte, je suis courageuse, je suis...

Elle s'arrêta brusquement, à l'écoute... un bruit de pas... Elle en était certaine !

Brusquement, quelque chose lui frôla la jambe. Quelque chose d'effroyable, de poilu et de visqueux... la jeune Élue étouffa un cri d'horreur.

一 Qu'est- ce que c'était ? hurla-t-elle dans le noir.

一 Mon rat de compagnie, répondit une voix caverneuse.

La jeune fille s'écarta le plus possible de l'endroit où semblait provenir la voix inconnue. Un craquement lui indiqua que l'on allumait une torche... Pourtant, si la lumière s'alluma bien, aucune silhouette n'était visible.

一 Que... ?

一 Lève les yeux, gamine.

Obéissant, elle eu la surprise de se trouver face à un vieillard édenté suspendu à une bouche d'égout. L'homme se laissa souplement tomber et remonta du bout de ses doigts sales aux ongles longs et noirs, la mâchoire de l'enfant qui s'était ouverte sous la surprise.

一 Qu'est ce tu fais là ?

一 Rien, j'ai tué quelqu'un et je me cache, répondit-elle, tout naturellement, alors que sa respiration se calmait un peu.

Il lui avait fait peur ce vieux fou ! Et que faisait-il dans les galeries des égouts de la capitale ?

一 Vraiment ? T'es pas un peu jeune pour en parler comme ça ? Pour tuer, j'dis pas... Mais d'habitude, vous les gamins vous êtes terrifiées par l'idée de tuer...

一 Pas moi !

Je n’ai pas peur, je suis dégoûtée, corrigea-t-elle mentalement, sans pour autant formuler sa pensée à voix haute.

Le vieillard sourit et l'attrapa par le bras.

一 Viens, j'vais t'montrer ma planque. Y a pleins de gens comme nous, tu verras.

Le trajet se fit en silence, la jeune fille étant trop occupée à mémoriser le chemin emprunté... Puis ils arrivèrent devant une grande porte de métal. L'homme frappa de manière irrégulière. Certainement un code, en déduit Isadora.

La porte s'ouvrit sur un homme, dans la trentaine, avec une immense, hideuse cicatrice sur le visage qui lui traverse l'œil droit pour passer sur ses lèvres jusqu'à la base du cou... et elle n'avait pas l'air d'avoir été nettoyée depuis un certain temps.

一 Tu ramène d'la compagnie, Alpha ?

一 On peut dire ça, Oméga... On peut dire ça...

一 Entrez.

C'était une pièce ronde, sale, sentant le tabac, l'urine, les excréments et d'autres fluides peu ragoûtants. Des matelas étaient disposés tout autour de la pièce, devant chacun se trouvait un coffre dans lequel on devinait vêtements et armes.

一 Alors, gamine, qui c'est qu't'as tué ? interrogea le dénommé Alpha.

Immédiatement, toutes les têtes se tournèrent vers elle, attentives.

一 L'Empereur du Nord.

Il était inutile de mentir, certains d'entre eux avaient certainement fait pire...

一 Ah, vraiment ?

La pièce entière éclata de rire.

一 Oui. répliqua-t-elle avec dédain.

一 Prouve-le. la provoqua celui qui avait été nommé Oméga.

一 Facile, répliqua la seule fille présente, demain, ils annonceront son assassinat... Et les fiançailles rompues du roi, avec un peu de chance. Vous verrez bien si j'ai raison.

A cet instant, un bruit assourdissant retentit au-dessus d'eux.

一 Visiblement, c'est maintenant, ton "demain", railla un truand.

Deux d'entre eux grimpèrent sur des échelles de bois et soulevèrent des petites trappes :

一 Annonce Royale ! L'Empereur du Nord a été assassiné chez le roi par sa fiancée, Isadora ! En conséquence, le mariage de sa Majesté et de la Présidente est suspendu !

一 Donc, tu t'appelles Isadora ?

Elle hocha doucement la tête.

一 Alors, dis-moi, Isadora... Pourquoi ?

La jeune fille eu un léger ricanement qui surprit tous les occupants de la petite pièce :

一 Je le déteste. C'est un monstre sans nom. Il mérite la mort...

一 Et le mobile exact ?

一 Il a tenté de me tuer une bonne dizaine de fois, j'ai été chassée de mon pays à cause de lui, j'ai dû survivre seul à huit ans... ALORS QUE JE N'AVAIS RIEN FAIT !

Elle reprit son souffle avant d'ajouter, plus calmement :

一 Il complotait contre votre roi. C'est pour ça que je l'ai tué. Mes raisons personnelles ne sont qu'un poids de plus dans la balance. Elle ne les laissa pas la questionner et s'assit contre un mur avant de fermer les yeux en murmurant un "merci de l'accueil" un peu endormis.

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