Chapitre 4

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一 Sire ?

Sa respiration se précipita. Il allait la punir. Il allait l'enfermer. Elle allait mourir...

一 Calme-toi, bon sang ! la secoua le monarque.

Doucement, elle tenta de reprendre un rythme respiratoire normal, malgré la panique. Il était calme, et ne semblait pas du tout furieux contre elle.

一 Vous... Vous n'êtes pas fâché ? Vous n’aller pas m’arrêter ?

Shu souriait, amusé.

一 Non, je suis même très heureux. Je pense que tu mérites une récompense pour service rendu à la couronne.

Les yeux écarquillés de surprise, elle balbutia, sous le choc :

一 Que... ? Mais, je... J'ai... Mais... Mais... Enfin... Non !

一 Non ? s'écrièrent-ils tous en cœur.

一 Je... Non. Je ne peux pas accepter.

一 Pourquoi ?

一 C'est comme ça... Je... C'est trop !

Mais le monarque ne l'écoutait pas... Ou ne voulait pas l'écouter, la petite n'en savait rien. Il avait sorti une petite médaille de son pourpoint et, prenant la main de celle qui lui avait sauvé la vie dans la sienne, il y déposa le petit disque d'or sur la paume.

一 Je ne vous demande pas de le garder bien en vue sur votre habit, mais de l'accepter. J'ai une dette éternelle envers vous, désormais.

Le brusque passage au vouvoiement perturba la fillette plus qu’elle ne l’aurait voulu.

一 Je... Merci, mais... balbutia-t-elle, en refermant tout de même les doigts sur le petit objet précieux.

Le roi posa sa main gantée sur les lèvres de l'enfant.

一 Je ne veux rien savoir !

Puis il partit en sautillant non sans avoir salué tous les membres de la "société secrète".

一 Où est Flamme, demanda soudain Alpha. Isadora se redressa, l'oreille attentive.

Pourquoi cette personne ne portait-elle pas un nom de lettre ?

一 Son père le retient chez lui, répliqua un autre du nom de Thêta.

一 Qui est Flamme ?

一 Un de nos meilleurs éléments. Il rêve de devenir soldat au service du roi ou tout simplement utile à la société de manière plus active que simple menuisier comme son père. Ce dernier se débrouille toujours pour le garder près de lui... Parfois on se demande s'il n'est pas au courant des activités secrètes de son fils.

一 Pourquoi n'a-t-il pas un nom comme les vôtres ?

一 Parce qu'il a un talent secret.. Et comme c'est un secret, je n'en parlerais pas !

Isadora était déçue. elle avait le sentiment que ce "Flamme" était un Élu...

Elle était persuadée qu'il était quelqu'un de puissant.

Flamme... Quel serait donc son Don ? Cela avait certainement un rapport avec le feu.

Les rouages de son cerveau s'étaient mis en marche. Elle repassa en mémoire les derniers instants avant sa perte de connaissance... Tout était flou, confus...

Elle fronça les sourcils, tentant de se rappeler de ce qu'il s'était passé... Elle s'était évanouie et juste avant... Un regard vert.

Vert.

Élu.

C'était trop simple... Mais pourtant, aucun doute n'était possible.

Le vert était la couleur des Dieux.

Et des élus.

Ils le lui avaient dit.

Personne n'avait les yeux verts.

Sauf eux.

Il lui fallait désormais le trouver.

Sans s'en rendre compte, elle s'était précipitée vers la porte de fer. Tirant de toutes ses forces, elle parvint à entrouvrir le battant - qui devait peser à lui tout seul deux tonnes - et se glissa à l'extérieur de la pièce, s'enfuyant en criant à ceux qui l'avaient accueilli :

一 Merci !

Elle courait le plus vite possible, galvanisée par l'espoir, pataugeant dans les égouts nauséabonds, sans s'en formaliser.

Elle avait une piste.

Et elle était bien déterminée à la suivre.

La lumière filtrée par les bouches d'égouts lui éclairaient faiblement le chemin. Mais elle avait une bonne mémoire.

Le peu de lumière lui suffisait à retrouver le chemin emprunté la veille avec Alpha et son rat de compagnie.

Plus elle courait, plus elle avait l'impression d'avoir des ailles, de pouvoir tout réussir.

Elle continua jusqu'à trouver l'échelle qui la mènerait à la lumière éclatante du jour.

Elle gravit rapidement les échelons rouillés avant de soulever péniblement la trappe menant au monde extérieur.

Elle allait enfin pouvoir respirer de l'air frais.

Elle se promena d'abord dans les rues bondées sans se soucier du regard dégoûté des passants. Elle était certainement affreuse, mais elle n'en avait rien à faire. La beauté était bien le cadet de ses soucis.

Seul Flamme comptait.

Mais il fallait le trouver...

Fils de menuisier ? C'était bien maigre comme piste, la capitale étant immense. Il voulait devenir soldat ? Beaucoup en rêvaient...

Alors sa seule solution était d'écouter les rumeurs.

Ecouter aux portes n'était pas son fort... Déjà enfant, elle se faisait surprendre, alors...

一 C'est complètement impossible, marmonna-t-elle pour elle-même.

Elle commença alors par mémoriser chaque dédale de la ville.

Si apprendre les cartes par cœur l'avait bien aidée, visiter le terrain la renseignait beaucoup. Elle mémorisa chaque nom de rue, chaque maison, chaque auberge... Elle observa ainsi les lieux les plus fréquentés et ceux vides de vie.

Elle observa aussi les soldats, vêtus de rouge.

Ils n'étaient guère discrets et Isadora se demanda pourquoi ils ne s'habillaient pas en civile pour se fondre dans la masse, mais décida de garder ses commentaires pour elle. Ce n'était pas le moment de se faire remarquer.

Le reste de la journée se passa ainsi, en flânant, mine de rie, dans les rues de la capitale.Capitale qui se révéla être un véritable labyrinthe...

Rapidement, elle comprit qu'il allait falloir être ingénieuse pour éviter les cul-de-sac et les coupes-gorge...

Mais son inexpérience se fit vite ressentir, aussi, elle évita, par prudence, toutes les ruelles sombres.

A la nuit tombée, fatiguée et affamée, elle dépensa le reste de l'argent que MaÏ lui avait donné pour manger du pain et un pomme.

Ce n'était pas grand chose, mais elle avait appris à oublier son enfance d'enfant aisée, pour une fille de marchand, et à se contenter de peu. Mais maintenant que sa bourse était vide, il lui faudrait ou se trouver un travail ou mendier dans une ville qui n’était pas la sienne…

Rapidement, elle découvrit autre chose : Les nuits étaient étouffantes !

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