Chapitre I - Une rencontre inespérée.

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- Oh mon Dieu mais c'est horrible ! Il est mort !

Ces quelques mots m'avaient décroché de mon sommeil. J'ouvrais les yeux lentement tout en me redressant et commençais à les plisser lorsque les rayons du Soleil traversèrent mes rétines.

- Ah ! Grognais-je de ma bouche pâteuse tel un pochetron fier d'avoir avalé sa dernière pinte.

- Oh mon Dieu ! Il est vivant ! Poursuivait cette atroce voix de bonne femme.

- Putain ! Qu'est-ce qu'il y a encore ?! Questionnais-je d'un air agacé tout en me mettant difficilement en position assise.

Je retenais mon dos de ma main droite et penchais ma tête de façon à utiliser le corps de la bonne femme comme pare-soleil. Elle restait là, immobile comme si elle regardait un robot qui allait péter d'une minute à l'autre. C'est alors que l'on restait comme deux couillons à se fixait du regard en attendant de savoir qui allait bouger en premier.

Je balayais des yeux l'endroit où je me trouvais et constatais, notamment grâce à l'odeur de merde qui emplissait mes narines et au sac poubelle que tenait la femme, que je me trouvais près des bennes à ordures.

- Oh putain... Soupirais-je en me frottant la tête à l'aide de ma main droite.

Je venais de comprendre que j'avais dormi toute la nuit dans cette ruelle qui servait à entreposer les déchets des habitants des deux immeubles qui nous entouraient. Je me levais alors en manquant de me péter la gueule après avoir glisser sur l'un des cartons qui m'avait laissé m'abandonner dans les bras de Morphée.

- Bordel de cul ! Lâchais-je tout en essayant de reprendre mon équilibre. Putain, la honte... Pensais-je en regardant l'énergumène qui ne me lâchait pas du regard. Putain... Mais qu'est-ce qu'elle me veut, bordel ! Vas-y, jette ton plastique, là, qu'on en finisse ! Pensais-je.

Ma pensée fut vite oubliée lorsque je m'étais souvenu de ce qu'il s'était passé la veille.

- Le cahier ! Me rappelais-je. Où est-il, ce foutu cahier ?! M'alarmais-je tout en farfouillant le sol du regard.

Je m'abaissais et soulevais les cartons à la recherche de mon bien, toujours en présence de ma spectatrice comme si je lui présentais un spectacle d'art moderne qu'elle essayait de déchiffrer. Je continuais de le chercher tout en soupirant quand soudain un gros ras venait de sortir de dessous un carton pour continuait sa route tout en rasant le mur de l'immeuble.

- Bouhouhou ! Tressaillais-je en soulevant mes mains et une jambe au passage tel une gonzesse qui venait de voir une araignée.

Cela avait fait sourire la cinglée. Mais ma fixette sur elle fut de courte durée car j'apercevais enfin mon sésame. Je le prenais au creux de mes mains après l'avoir caressé comme pour enlever de la poussière invisible. Je tournais les talons et me dirigeais vers le trottoir illuminé de mille feux par les rayons du Soleil tel un mort rejoignant la lumière. Lorsque j'étais à la hauteur de l'incomprise, je la dévisageais de bas en haut, lui faisant comprendre qu'elle était ridicule tout en continuant de marcher.

                                                                         *

J'avais trouvé une bonne place pour me reposer. J'étais là, dos au muret d'un pavillon, les jambes formant un "P" sur les dalles du trottoir comme s'il m'appartenait et que j'étais le maître de ces lieux.

- En même temps, je vis dehors. C'est un peu mon chez moi. Non ? Pensais-je.

Je tenais fermement le cahier tel un gosse serrant sa peluche à l'en étrangler. Mes yeux se fermaient petit à petit sous la douce chaleur du Soleil.

- Hé ! Mais vous ne pouvez pas faire attention ? M'accusait un passant qui venait de trébucher sur mon pied.

Cela m'avait réveillé d'un coup. Le temps que je venais de comprendre ce qu'il venait de se passer, le vieil homme était déjà bien loin et continuait de me fixait dans l'attente d'une réponse. Je levais les yeux au ciel pour reprendre rapidement mon sommeil. Je n'avais pas envie de lui faire ce plaisir.

- Putain. Tu as vraiment de la chance que je sois fatigué, épuisé, je ne mentirai plus jamais. Commençais-je à chantonner intérieurement.

Ma pensée venait de me faire sourire bêtement. Je pensais aux personnes qui devaient être effrayées de me voir les yeux fermés avec un grand sourire aux lèvres telles un pantin maléfique qui préparait un mauvais coup.

Soudain, mes bras commençaient à s'écarter et se soulever comme s'ils étaient poussés par le cahier en lévitation. Je sentais que ce dernier se dégageait de ma prise. C'est alors que je saisissais la main de la personne qui était en train de me le prendre comme si j'avais deviné qu'il s'agissait de l'acte de quelqu'un et non d'une quelconque magie.

- Ah ! Laissait échapper la personne.

Le cri strident de cette dernière me fit ouvrir les yeux instantanément.

- Pardonnez-moi ! Mille excuses ! Disait-elle paniquée.

J'apercevais alors la coupable. Je ne la perdais pas du regard mais sa voix douce et envoûtante me fit relâcher la pression de ma main sur son poignet. Elle profita de l'occasion pour dégager sa main de mon emprise et commençait à masser son avant-bras.

- Je suis désolée ! Je pensais qu'il s'agissait d'un recueil de poèmes. Poursuivait-elle.

Je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle me disait ou plutôt je commençais à faire abstraction de sa voix. J'étais focalisé sur sa beauté.

- Ce visage... Ces yeux... Cette bouche... Analysais-je intérieurement en me pinçant la lèvre inférieure.

Elle continuait de parler mais mon regard balayait ses courbures dans les moindres détails.

- Putain qu'elle est belle ! Pensais-je. Oh... Laissais-je échapper involontairement. Je venais de remarquer qu'elle n'avait pas de poitrine. Ce constat venait d'effacer en une fraction de seconde le sourire que j'avais sur la face. Je dois vraiment avoir la poisse, ce n'est pas possible. Concluais-je au creux de mes dents.

- Vous m'entendez ?

Sa question autant que son absence de poitrine avait retenue toute mon attention.

- Je peux savoir pour quelle raison tu étais en train de me voler ? La questionnais-je en fronçant les sourcils.

- Oh non, non, non ! Disait-elle en secouant ses mains laissant apparaître ses longs doigts fins tels ceux d'une pianiste, devant ma tronche. Je ne vous volais pas ! Je pensais que vous viviez dehors et que vous vous promeniez avec votre recueil de poèmes pour que l'on puisse les lire et vous en remercier en vous offrant une pièce. Ajoutait-elle.

Je laissais échapper un malheureux soupir mais je n'eus le temps de m'expliquer qu'elle continuait sa plaidoirie.

- Cette fille est un vrai moulin à parole. Pensais-je tout en la regardant et en essayant de deviner à quel moment elle allait s'arrêter.

Je n'eus pas le temps d'attendre longtemps.

- Dis donc, vous m'avez l'air bien jeune pour vivre dans la rue. Affirmait-elle comme si elle venait à peine de le découvrir.

- C'est exact. Donc, tu peux me tutoyer. Rétorquais-je en attendant une nouvelle réponse de sa part pour voir si elle allait suivre mon conseil.

- Puis... Tu as l'air d'avoir le même âge que moi. Ajoutait-elle.

- Elle apprend vite la gamine ! Me félicitais-je intérieurement comme si j'avais été un enseignant qui venait d'apprendre une théorie de malade en deux secondes à l'une de ses élèves.

Je me relevais tel un charmeur de ces dames en brandissant mon torse devant son visage. A ce moment-là, je me rendais compte que sa tête était à la hauteur de mes tétons, soulignés par mon maillot ayant retenu la puanteur des cartons mouillés. Elle la relevait alors rapidement, gênée et toute rougissante, comme si elle avait fait abstraction de l'odeur nauséabonde, ce qui la rendait davantage mignonne. Je lui faisais de l'effet, c'était indéniable. Quoiqu'il en soit, je me présentais à elle et je lui expliquais que j'avais été jeté à la rue par ce qui me servait, récemment, de "meilleur ami". Elle compatissait à ma douleur et se proposait de m'héberger.

- Quoi ?! Tout de suite ?! M'étonnais-je en écarquillant les yeux.

- Beh oui ! Disait-elle en esquissant un sourire comme celui de ce genre de nana qui venait de trouver un petit chiot dans la rue et qui venait de lui annoncer qu'elle allait l'adopter. Ne t'inquiète pas. Je vis seule dans un studio. Ajoutait-elle.

- Elle vit seule dans un studio, elle invite un gars qu'elle ne connait pas, un mec qui vit dehors après s'être fait jeter par son pote, un bon à rien qui ne travaille pas et qui pue la merde après avoir dormi près des poubelles. Et c'est moi qui devrais m'inquiéter ? Pensais-je.

- Alors ? Finissait-elle par conclure avec ses yeux de merlan frit.

J'acceptais son invitation mais je trouvais cela trop beau à mon goût.

- Hm. Il y aura cependant quelques conditions... Me lançait-elle en me tenant le bras droit.

- J'aurai dû m'en douter. C'était trop beau pour être vrai. Pensais-je en faisant la gueule.

Ce qu'elle ne manquait pas de remarquer. Mais cela ne l'empêchait pas de poursuivre.

- La première est que je n'ai qu'un lit alors, tu dormiras sur le sol. Mais, je te mettrai une couette qui fera office de matelas. Disait-elle en me montrant son index qui connotait la première règle.

- Hin-hin. Acquiesçais-je.

- La seconde est que tu devras m'aider pour les tâches ménagères. Je ne te demanderai pas de me payer un loyer car je connais ta situation mais tu devras au moins m'aider à faire cela. Poursuivait-elle en me montrant deux doigts cette fois-ci.

- Oh non... Pas les tâches ménagères par pitié. Soupirais-je intérieurement.

- La troisième est que tu devras te réinscrire à l'école. On commencera par cela, d'ailleurs. Je ferai le nécessaire pour t'inscrire dans la même Fac. que moi. Ajoutait-elle toute enchantée.

Ma mine se dégradait au fur et à mesure de son règlement mais je me devais de l'accepter. C'était soit cela, soit je continuais à dormir dehors et qui sait où cela m'emmènerait. Elle me regardait alors dans l'attente d'une confirmation de ma part.

- D'accord. Acceptais-je.

Cela la faisait sourire. J'avais l'impression que j'avais gagné un toit sous lequel dormir et elle, un compagnon de route avec qui faire mumuse. On se dirigeait à présent vers son studio.

- Dans quoi je me suis embarqué. Pensais-je.

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