Chapitre 22

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Lorsque j'ouvre les yeux, je remarque que c'est inutile : un bandeau m'empêche de voir quoi que ce soit. Je gigote, mais je suis ligoté. Je me mords la lèvre.

Merde.

Où est-ce que je suis ?

- Il est réveillé ! s'exclame une voix de fille.

- Parfait, répond un garçon. Appelons Armand.

J'entends leurs pas s'éloigner. Un mal de tête affreux brouille tous mes sens. J'entends le silence peser sur la pièce. Pas de vent, pas de vagues, pas de pluie. J'entends mon cœur tambouriner contre ma poitrine, comme s'il souhaitait s'échapper. Moi aussi, je veux m'échapper. Je ne sais pas qui sont ces gens. Sont-ils là parce que je me suis enfui ? Pour me punir ?

Je tente de me libérer, à nouveau, en me tordant dans tous les sens, mais rien ne bouge : ils m'ont solidement ficelé.

Des pas se rapprochent, résonnent. Ils reviennent. Avec l'écho, j'ai du mal à estimer leur nombre. Trois ? Quatre ? Cinq ?

- Alors, c'est lui ? demande une voix grave.

- Affirmatif ! répond la voix de fille de tout à l'heure. On lui retire son bandeau ?

- Vous pouvez, confirme la voix grave.

On vient derrière moi et dénoue ce qui me cache la vue. Enfin, la lumière revient. Devant moi se tient un jeune homme d'environ 18 ans. Il est vêtu d'une chemise blanche et d'un costume noir. Ses cheveux, ondulés, sont assortis à son costume, ses yeux oscillent entre le vert et le gris et sa peau contraste par sa pâleur étonnante. Son élégance et ses traits aristocratiques me frappent. Dès que son regard rencontre le mien, je sais qu'il s'agit de l'homme le plus fier que j'ai jamais rencontré de ma vie.

Il est accompagné d'une fille et d'un garçon de mon âge, tous deux bruns aux cheveux bouclés. Un frère et une sœur, sans doute.

- Comment t'appelles-tu ? interroge le garçon aux cheveux noirs.

- Hérion, réponds-je. Et vous ?

Il me jette un regarde méprisant. Je voulais juste être poli, mais il faut croire que kidnapper des gens force l'antipathie.

- Quel âge as-tu ? questionne t-il à nouveau sans prendre la peine de me répondre.

- 14 ans.

- D'où viens-tu ?

- De la Base.

- Laquelle ?

- Heu, la Base, répété-je avec hésitation, il n'y en a qu'une, non ?

Son regard se fait encore plus supérieur, relativement exaspéré.

- Les mots gravés sur ton uniforme, à la Base ?

- Grand Canyon.

La fille laisse échapper un sifflement admiratif.

- Ta zone, continue le garçon en costume.

- 23 501.

- Le nom du bateau que tu as emprunté ?

- Il avait un nom ?

Le garçon se détourne, puis dit, s'adressant à ses deux partenaires :

- Il est débile, j'en ai marre. J'arrête.

La fille soupire, puis prend le relai :

- Quand tu es monté sur le bateau, il y a avait un nom qui était inscrit sur la coque, sur les drapeaux, tu ne l'as pas vu ?

- Non, assumé-je.

- Tes plus proches amis dans ta zone ?

- Sloane et Liago.

- Ton numéro de groupe sur cette île ?

- 210.

- Bon, fait-elle en se tournant vers son frère, je crois que c'est bon. Armand ?

Le garçon en costume acquiesce.

- Tu dois avoir plein de questions, fait la fille. Nous t'écoutons et allons y répondre.

Tous trois ont les yeux rivés sur moi, attendant que je les interroge.

- Heu... Où suis-je ?

Je pense que c'est tout de même une des choses les plus importantes à savoir, avant de faire pleinement confiance à ces inconnus (qui, rappelons-le, m'ont assommé, emmené ici, ligoté et bâillonné).

- Dans une base - secrète, mais est-ce vraiment nécessaire de le préciser ? - située sous le sol de la plage où tu as posé le pied en descendant du bateau, répond l'adolescente, chose effectivement très rassurante.

- Qui êtes-vous ?

- Voici Armand, fait-elle en désignant le garçon aux cheveux noirs. C'est notre chef à tous - donc aussi le tien à partir de maintenant. Appelle-moi Anaia, et voici Lyl, mon frère. Quant à nos rôles, on en parlera plus tard.

- Vos rôles ? répétai-je.

- Chacun a un rôle dans la société, explique Armand. La nôtre est basée sur le principe des 6 rôles. Il y a les Paysans, qui passent leurs journées dans les champs et permettent au reste de la population de se nourrir.

Ceci explique cela : la nourriture que j'ingère depuis ma naissance a donc été amenée par des paysans qui sont employés à cultiver des céréales et des légumes toute leur vie.

- Les Ouvriers sont ceux qui construisent les murs, reprend le garçon en costume, les maisons, les vêtements, les camions... Un peu tout. C'est le rôle qui compte le plus de personnes. Il y a ensuite les Poussiéreux, qui s'occupent du ménage, faire la cuisine, recoudre, laver...

Je me souviens des mots du directeur de la base : "Nous manquons de personnel". Étaient-ce des Poussiéreux, qui nous faisaient à manger (bien qu'elle soit répugnante) et s'occupaient du ménage ? Peut-être avaient-ils reçu comme consignes de rendre l'endroit invivable.

- La quatrième classe est composée des Patrouilles, poursuit-il. Eux, ils sont sous les ordres directs de l'État. Leur rôle consiste à tuer tous ceux qui s'opposent au régime et à faire en sorte que ce dernier survive coûte que coûte.

Alors, ce devaient être eux, à la Base, qui on tiré sur le garçon le jour de mon arrivée. C'est eux qui se baladaient avec des armes et faisaient régner l'ordre et la discipline.

Ça devait aussi être l'un d'eux avec qui Tieden a eu quelques problèmes. Celui qui nous a conseillé de ne pas trop faire les fiers, ou on pouvait y laisser la vie. Et nous qui avions pris ça à la légère ! Si nous avions su qu'il s'agissait d'un métier à part entière...

- Puis, la classe qui prend les décisions, ce sont sont les Aristocrates, là d'où je viens. Nous sommes très peu nombreux, et je pense pouvoir affirmer que tu n'en rencontreras jamais d'autres sans te rendre à la Ville, qui les regroupe tous.

Il fait partie des Aristocrates ? Peu étonnant : j'aurais presque pu le deviner.

- Puis, pour finir, il y a ta classe. Celle des Soldats, qu'on surnomme les crash tests.

Pardon ?

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