La frontière Sud

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Après dix jours de voyage, ils arrivèrent en vue de Molslo.


Aure reprenait lentement goût à la vie. Elle s’était progressivement convaincue qu’elle devait retrouver Malthor pour venger sa famille. Elle ne savait pas encore comment et n’avait pas osé aborder le sujet avec Enguerran qu’elle sentait toujours aussi déterminé. Mais cela lui donnait un objectif qui l’aidait à aller de l’avant.


Molslo était la capitale du Sud, riche et grouillante d’animation. Un carrefour pour les commerçants et voyageurs provenant des quatre coins du monde.


Aure observait toute cette agitation avec les yeux grands ouverts. Elle avait juste accompagné une fois son père à Brennes lorsqu’elle était enfant mais n’avait pas d’autre expérience de la ville.

Brennes lui avait laissé un souvenir lugubre : des rues sales, la poussière qui volait et venait se fixer sur son visage, des odeurs de viande macérée et les cris incessants des marchands. Elle était restée collée à son père, effrayée par tous ces inconnus qui la frôlaient en permanence.

A l’inverse, Molslo la fascinait. Les odeurs d’épice et de doux parfums envahissaient ses narines. Ce qui augmentait son appétit pour les différents produits locaux exposés.

Seule la grande effervescence qui régnait lui rappelait Brennes.


Partout, des mercenaires affluaient pour prendre part aux combats. Enguerran en interpella un :


— Où se trouve le champ de bataille ?

— Continuez vers le Sud à la sortie de Molslo, le campement de Balthar est à trois lieux.


Le Prince Balthar régnait sur toute la région du Sud et devait en assurer la défense à proximité des frontières. Les fertiles terres du Sud lui apportaient la richesse pour payer les meilleurs mercenaires lorsqu’il souhaitait préserver son armée régulière.

La petite troupe continua donc à traverser la ville lentement. Aure n’en perdait pas une miette et était impressionnée par la taille des échoppes et les belles parures des bourgeois locaux.


— Enguerran, que sont ces Jötunn qu’ils s’apprêtent tous à combattre ?

— Ce sont des géants d’un autre temps. Quand ils ont faim, ils remontent de leurs arides terres du Sud pour manger tout ce qu’ils trouvent, y compris les humains.

— Sont-ils difficiles à combattre ? s’étrangla Aure terrorisée à la perspective de les approcher.

— Je n’en ai jamais croisé. Il se dit qu’ils font trois fois la taille d’un homme et ont une force colossale. Mais il paraît qu’ils sont très lents.


Après avoir quitté la ville, le campement apparaissait progressivement au bout du chemin. Une file ininterrompue de tentes et d’hommes qui grenouillaient.


Contrairement au campement militaire que lui avait décrit son père, celui-ci n’était que désordre. Les chapiteaux étaient tous de taille et de couleur différentes. Il fallait être très attentif pour déceler les armoiries de Balthar sur quelques-unes d’entre elles. L’essentiel de cette armée était composé de mercenaires. Il était compliqué de se repérer dans cette jungle désorganisée.


— Comment retrouver Malthor ? s’inquiéta Aure.

— S’il est si grand que cela, tout le monde a dû le repérer, songea Enguerran.


— Malthor ! Il est avec sa petite tribu à côté de la grande tente qui fait office de taverne, répondit un mercenaire en montrant avec son bras aux cinq cavaliers où elle se trouvait. Vous ne pouvez pas le louper, on l’entend brailler à des kilomètres. Il sent que la bataille est proche.


Et effectivement, lorsqu’ils se rapprochèrent, ils perçurent nettement des voix très sonores qui provenaient d’une table sur laquelle quatre hommes ripaillaient dont un qui les dépassait de trois têtes. Les odeurs de nourriture se mêlaient à celles des quelques chevaux qui étaient attachés à côté.


Aure s’approcha de la tablée :


— Bonjour Malthor.


Malthor tourna la tête avec une cuisse de poulets dans la bouche pendant que ses compagnons y allaient de leur sifflets et commentaires en découvrant la plastique d’Aure.


— Qui le demande ? répondit-il la bouche pleine.

— Tu ne me reconnais pas, je suis Aure, fille du marquis de Dual.


Malthor s’étrangla.


— Ah non, ça je ne t’aurais pas reconnu ! Tu as bien grandi ! Qu’est-ce que tu fais ici, si loin de chez toi ? 

— Nous pourrions peut-être en parler dans un endroit plus calme ? suggéra Aure.


Malthor se tourna vers ses compagnons et les désigna avec son bras.


— Je n’ai rien à cacher à mes frères d’armes. Mais c’est vrai que je manque à tous mes devoirs, poursuivit-il d’un ton ironique. Madame, Messieurs, je vous présente la comtesse Aure, fille du marquis de Dual. Assieds-toi avec ta suite Milady, nous allons vous faire apporter à boire et à manger !


Le ton sarcastique de Malthor avait le don de l’énerver. Mais ce n’est pas ce qui l’avait le plus interpellée…

Avait-elle bien entendu ? « Madame » ? Elle scrutait la table. Ce guerrier, assis au milieu, avec des traits plus fins et des yeux bleus scintillants serait donc une guerrière ?


Ne voulant pas laisser transparaître sa surprise, elle répliqua aux propos de Malthor avec une pointe d’agacement :


— Et je vous présente Enguerran, chevalier de mon père.

— Et bien Aure et Enguerran, vous avez devant vous ce qui se fait de mieux comme combattants sur ces terres…

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