Quand la magie s'en mêle

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Le lendemain, les neuf cavaliers prirent la route de Ravin, la seule ville qui permettait de traverser la chaîne de montagnes le long de la frontière vers l’Est pour rejoindre Thugdul depuis Molslo.


Après plusieurs jours de chevauchée, ils virent les sommets se dessiner à l’horizon. Alors qu’ils s’approchaient de Ravin, quelques chevaux et carioles apparurent au bord de la route.


Des voyageurs qui passaient également par le col s’étaient installés là pour la nuit. Ils décidèrent d’y faire une halte.

A peine s’étaient-ils approchés de l’attroupement qu’un étrange personnage à la longue barbe blanche s’écria :


— Malthor, ce sont les dieux qui t’envoient !

— Mandrax, depuis le temps, quelle surprise ! Mesdames, Messieurs, laissez-moi vous présenter le plus grand magicien de l’Est, nous avons quelques aventures à notre actif ! s’écria Malthor en donnant l’accolade à Mandrax.


Le mage salua également Raguard qu’il connaissait depuis longtemps.


Ils allumèrent un grand feu et sortirent les victuailles pour fêter leurs retrouvailles. Après quelques souvenirs de batailles, Mandrax prit soudain un air grave :


— Malthor, les ténèbres envahissent l’Est. Des esprits malfaisants ont enlevé la princesse Antalya et l’ont emportée sous terre. Tous ceux qui ont tenté de la ramener sont morts. Le prince Kabian m’a envoyé te chercher.


Le prince Kabian régnait sur toute la région de l’Est. C’était une terre de montagnes, difficile à cultiver mais facile à défendre. De ce fait, peu d’ennemis provenaient de cette frontière. Antalya était son unique fille et la prunelle de ses yeux.


— Mandrax, je te présente Aure, la fille du défunt marquis de Dual. Sa famille, ses terres et son château ont été anéantis par des wendigos en noir venant de l’Ouest. Elle a tout perdu. Nous faisons route vers Thugdul pour la venger.


Aure ne put retenir un sanglot. Mandrax tourna la tête vers elle, le regard plein de compassion.


— La rumeur que j’ai entendue était donc vrai : des cavaliers en noir venus de l’Ouest détruisant tout sur leur passage. Aidez le prince Kabian à retrouver sa fille et nous vous aiderons !


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La princesse Antalya s’était faite enlever à côté du lieu-dit « les tombes des anciens » alors qu’elle revenait de la fête annuelle de Thugdul. Le groupe de dix arriva sur place après quelques jours de voyage.


Le prince Kabian avait fait ériger plusieurs grandes tentes sur le plateau à proximité du passage sous la montagne. Il reçut les voyageurs dans la sienne comme s’ils étaient son dernier espoir :


— C’est donc toi le Malthor dont Mandrax m’a tant parlé et qui ne connaît pas la peur ?

— C’est moi, Prince, que s’est-il passé ? répondit Malthor en le saluant.

— Comme nous défendons avec succès toutes les frontières terrestres, le mal venant de l’Est a envoyé des esprits enlever ma fille. Nous n’avons rien pu faire pour les en empêcher. Mandrax, avec sa magie, a tout de même pu les bloquer pour qu’ils ne puissent repartir à l’Est et ils se sont donc réfugiés sous terre.


Aure les écoutait avec beaucoup d’attention. Elle avait vu une représentation des esprits au couvent. Elle avait la chair de poule rien que d’y penser.


Malthor semblait beaucoup moins ému par la situation :


— Et pourquoi vos hommes, que je sais valeureux et nombreux, ne vous l’ont-ils pas ramenée ? s’étonna-t-il.

— L’accès aux tombes des anciens est un labyrinthe étroit et sombre qui s’enfonce sous terre. Les hommes ne peuvent être qu’à un de front et le mal rode partout en ces lieux. Ils se sont tous faits surprendre et massacrer. Et ma fille est enfermée dans cet enfer depuis un mois maintenant ! s’emporta Kabian.

— Désolé de poser cette question Prince, mais qui vous dit qu’elle est encore en vie ? demanda Malthor l’air sceptique.

— Ces esprits ne veulent pas la tuer, répondit fermement Mandrax.


Aure imaginait la pauvre Antalya, qu’elle ne connaissait pas, seule avec ces esprits dans les tréfonds de la montagne. L’obscurité, le froid, les bêtes grouillantes, … Elle aurait été terrorisée à sa place.


Pour éviter d’autres questions embarrassantes de Malthor, le magicien enchaîna :


— Cinq ou six hommes rapides, sans peur et sans pitié, seront bien plus efficaces que des centaines se marchant les uns sur les autres dans ces petits corridors. Et je vous guiderai à travers les ténèbres pour trouver notre chemin.

— Soit, mais qu’ai-je à y gagner cher Prince ? reprit Malthor.

— Que veux-tu Malthor ? s’agaça Kabian.

— Je vous présente la demoiselle de Dual, Aure, accompagnée de son chevalier Enguerran. Ils viennent de la frontière Ouest et leurs terres et leurs proches se sont faits dévaster par des wendigos en noir. Payez-nous de quoi enrôler mille mercenaires pour les combattre.

— Mille mercenaires ! Ils me manqueront si le mal attaque à l’Est, rétorqua le Prince.

— Mais vous avez vos montagnes et nous sommes la dernière chance de récupérer votre fille.

— Tu profites de la situation Malthor mais tu as ma parole, se résigna le Prince.


Aure arborait un large sourire. Enguerran ne savait pas si c’était l’importance de la récompense ou la perspective qu’Antalya soit bientôt sauvée.


Ils sortirent de la tente du Prince et Mandrax s’adressa à eux :


— Nous partirons demain à l’aube. Malthor, je pense que Raguard sera très utile également. Il est rapide comme l’éclair avec ses sabres pour découper ce qui se présentera devant nous. Je te laisse décider pour tes autres compagnons que je ne connais pas.

— J’en suis également. Je vois aussi bien dans le noir qu’en plein jour et pourrai éliminer les ennemis à distance ! s’écria Skögul.


Aure était fascinée par cette femme valkyrie qui était aussi courageuse que les hommes.


— Et vous aurez besoin de moi pour pousser ou pulvériser les obstacles devant nous ! s’emporta Kronin.

— Très bien, je pense que vous nous serez très utiles. J’ai encore une dernière requête fit le mage avec un air énigmatique.

— Que pouvons-nous faire de plus ? marmonna Malthor.

— Personne ne sait ce que nous allons avoir à affronter là-dessous. Mais ce qui m’inquiète le plus, ce sont les esprits qui ont enlevé la princesse. Ma magie n’a pas pu les anéantir, juste les bloquer. Je ne sais pas si nous avons un moyen de les détruire. Ce que je sais cependant, c’est qu’ils sont programmés pour enlever et séquestrer des jeunes femmes vierges. Si Aure vient avec nous, ils n’oseront pas la blesser et elle pourra nous servir de bouclier si besoin, tenta Mandrax embarrassé.


Aure ouvrit des grands yeux. Elle, servir d’appât ? Elle se mit à respirer de façon saccadée en s’imaginant dans ces bas-fonds.


— Oubliez cela tout de suite ! s’emporta Enguerran.

— Mandrax, pourquoi lui faire prendre un tel risque ? s’insurgea Malthor.

— Ces esprits lubriques adorent abuser de leurs victimes. C’est pour cette raison que je suis malheureusement certain qu’Antalya est encore en vie. La vue d’une belle innocente comme Aure va fortement les troubler et ils vont tout faire pour la préserver.


Malthor et Enguerran n’eurent pas le temps de répondre. Après avoir jeté un œil en direction de Skögul, Aure s’interposa :


— Oui, je veux en être, c’est à moi de faire ce qu’il faut pour venger ma famille, répondit-elle en soutenant le regard de Mandrax, inconsciente des dangers qui l’attendaient.

— Milady, vous ne vous rendez pas compte de ce que vous dîtes ! Aucun de nous ne saura vous protéger si ces esprits vous enlèvent ! contesta le chevalier.

— Enguerran, je comprends ta réaction mais c’est à elle de décider maintenant, c’est la dernière de sa lignée, tempéra Malthor avec un étonnant respect dans la voix.


Une longue minute de silence s’écoula.


— Je confirme, je serai présente avec vous, s’entêta Aure.

— Dans ce cas, je serai à vos côtés Mademoiselle, se résigna Enguerran.

— Et bien, nous irons donc tous les sept, conclut Mandrax. Espérons que cela nous porte chance !

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