Les tombes des anciens

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Niveau -9


Le magicien n’arrivait toujours pas à allumer sa torche, le sort d’Antémax était encore actif.

Skögul n’était plus là pour les guider. Aure entendait à sa respiration qu’Enguerran était épuisé. Et pour la première fois depuis le début de leurs descente, Mandrax restait silencieux.


Etait-ce parce que sa magie était inutile ? Parce qu’il ne savait plus le plan de ce niveau ? Parce ce qu’il n’osait pas avouer qu’il ne savait pas comment les guider ?


Repensant à la valkyrie, essayant de masquer sa peur de l’obscurité, elle prit les commandes pour qu’ils ne s’éternisent pas :


— Enguerran, avance en premier. Ton armure devrait te protéger. Je te suis et Mandrax fermera la marche. Je m’accroche à ta ceinture et Mandrax tiendra mon épaule pour que nous restions ensemble.


Les deux hommes obtempérèrent en silence.


Ils avancèrent pas à pas guettant le moindre bruit. Enguerran brandissait son épée devant lui et tapotait dans les murs dans les différentes directions pour trouver le chemin.

Aure avait l’impression d’entendre la terre bouger autour d’eux. Sa main libre tapotait régulièrement la paroi poisseuse et chaude pour lui donner un repère. Elle ne put réprimer un rictus de dégoût.

Ils cheminèrent sur une longue ligne droite avant qu’enfin l’épée heurte quelque chose. Une forte odeur de pourriture régnait autour d’eux. A gauche une paroi également.


— Nous devons prendre à droite !


Aure se demandait combien de temps ce calvaire allait encore durer mais elle ne voulait pas laisser transparaître le moindre signe de faiblesse auprès de ses deux compagnons rescapés.

Soudain, un air glacé leur balaya le visage.


— L’accès au niveau du dessous est proche ! s’enthousiasma Mandrax.


Ils s’avancèrent lentement. Le chevalier sentit soudain des mains fermes sortant du mur de gauche l’agripper. Il fut plaqué contre la paroi avant d’avoir pu saisir son épée. Le magicien eut juste le temps de s’interposer entre la paroi et Aure pour la protéger.


— Cours, lui cria-t-il en lui tendant une petite fiole. Elle te permettra de voir dans le noir si l’Antémax n’est plus actif.


Aure se mit instinctivement à trottiner devant elle sans réfléchir. Elle ne voyait rien. Elle sentait le mouvement des doigts qui essayaient de la saisir alors que les effluves de putréfaction lui donnaient envie de vomir. Mandrax était maintenant complétement paralysé par toutes ces mains qui le retenaient et Enguerran tentait de se dégager en vain :


— Attendez-nous au niveau du dessous Milady, nous arrivons !


Aure sentit le sol se dérober sous ses pieds et tomba dans l’escalier.


Niveau -10


Elle chuta lourdement et resta allongée sur le sol boueux en larmes. Toutes les émotions qu’elle avait pu retenir ces dernières minutes secouaient maintenant son corps. Qu’allait-elle faire seule dans le noir au milieu de ces créatures ?

La fiole qu’elle tenait encore dans la main s’alluma toute seule.


— L’Antémax n’est plus actif à ce niveau, pensa-t-elle.


Cela lui redonna un peu de courage.


Elle ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle. La magie de Mandrax pourrait à nouveau agir quand il la rejoindrait mais celle des esprits également !

Elle n’avait apparemment rien de cassé. Le temps que ses yeux se réhabituent à la lumière, elle se redressa et continua à donner des petits coups de dague en sanglotant autour d’elle. Au cas où on voudrait encore l’attraper.

Quelques minutes s’écoulèrent dans le calme et les battements de son cœur ralentirent enfin.

Elle fut alors saisie par le spectacle devant elle : le couloir s’élargissait rapidement en une cavité souterraine dont elle ne pouvait deviner les contours. Elle fit quelques pas à l’intérieur et découvrit des tombes à perte de vue dans toutes les directions. Un cimetière à des dizaines de mètres sous terre ! Il faisait frais. Elle se mit à grelotter.


— Les tombes des anciens certainement, se dit-elle.


Elle perçut alors une voix très faible qui gémissait et qui semblait venir d’une crypte à quelques dizaines de mètres devant.

Son cerveau lui disait de ne pas bouger, d’attendre qu’Enguerran et Mandrax arrivent, mais son cœur la poussait ostensiblement vers ce signal.

Elle hésita un moment, promenant la fiole autour d’elle. Il ne semblait pas y avoir âme qui vive.


Elle s’avança alors prudemment entre les tombes, guettant le moindre bruit ou mouvement, la dague dans une main et la fiole dans l’autre. Mais seul le gémissement était perceptible.

L’odeur de putréfaction avait disparu. Elle ne distiguait pas le plafond de la cavité tellement il était haut. Elle aurait pu se croire dans n’importe quel cimetière par une nuit sans lune.

Mais qu’irait-elle faire dans un cimetière par une nuit sans lune ? Cette pensée la glaça et elle s’arrêta un instant.

Le silence n’était troublé que par cette plainte intermittente.


Elle approcha de la porte de la crypte. Elle semblait ouverte. La lumière de la fiole ne révéla aucune présence à l’entrée. Elle se risqua et la voix se fit plus forte. La salle était suffisamment grande pour qu’elle ne puisse distinguer d’où elle provenait. Elle s’avança donc lentement, la fiole devant les yeux, tremblante et haletante.

Elle vit alors une ombre sur le mur d’en face.


— Y’a quelqu’un ? Qui êtes-vous, murmura-t-elle.


Des plaintes sourdes lui répondirent en écho.

Elle tentait de maitriser sa respiration mais son cœur cognait si fort dans sa poitrine. L’ombre semblait s’agiter légèrement mais sans s’approcher.

Elle initia un demi-tour pour repartir attendre le chevalier et le magicien au pied de l’escalier mais son instinct la fit hésiter.


Finalement, elle se rapprocha prudemment du mur. Sous la lumière vacillante de la fiole, elle devina une jeune fille brune qui devait avoir à peu près son âge. Elle fit un pas de plus vers elle pour mieux la distinguer. Un bandeau noir lui recouvrait sa bouche d’où sortaient les gémissements. Ses bras étaient grand ouverts, les poignets menottés à des chaînes fixées fermement au mur. Des pinces posées sur les délicats tétons de ses seins généreux étaient reliées à ces mêmes sangles. Elle essayait de bouger son bassin enserré dans une ceinture de chasteté qui lui recouvrait le sexe alors que ses chevilles étaient bloquées et enchaînées également à la paroi.


Aure comprit immédiatement qu’il s’agissait d’Antalya. Elle resta figée de la découvrir dans cette position de torture.


Elle n’eut pas le temps de réagir qu’un esprit surgit sur sa gauche.


Il ressemblait à un petit diablotin rouge flottant dans les airs avec sa queue fourchue et son air lubrique.


Elle voulut frapper avec sa dague mais fut immédiatement hypnotisée par son regard noir et sentit ses forces progressivement l’abandonner.

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