Arrivée à Thugdul
Ils atteignirent Thugdul après de longs jours de marche. La fête du Printemps était en train de se terminer.
La fête du Printemps était un petit rebond de la grande fête annuelle qui avait eu lieu quelques semaines auparavant.
Les stands et échoppes s’alignaient encore le long de la route principale. Et les cris des marchands et forains haranguaient la foule.
— Le meilleur poisson du Nord, qui veut mon poisson !
— Les plus belles femmes de l’Ouest pour une pièce seulement !
— Trois pièces à qui réussira à vaincre mon champion venu de l’Est !
Entendant cela, Malthor se retourna vers le stand en forme de petite arène de combat et commença à s’en approcher. En voyant la stature de Malthor, le « champion de l’Est » se mit à détaler immédiatement.
Le forain dût improviser :
— Nous… Nous faisons une pause… Une petite pause et reprendrons notre activité dans une heure !
Aure semblait insensible à toute cette agitation même si c’était la première fois qu’elle assistait à une telle fête :
— Qui pourrait nous dire où sont ces wendigos ?
— Je connais une auberge dans laquelle les clients ont la langue bien déliée après quelques verres, lui répondit Malthor, déçu de ne pas avoir pu affronter le « champion ».
— Profitons-en pour y séjourner quelques jours, le temps d’établir un plan et de recruter des mercenaires, ajouta Enguerran.
Ils mirent pied à terre devant l’auberge. Enguerran et Malthor allèrent négocier des chambres pour quelques jours tandis que Raguard et Kronin surveillaient le coffre à l’extérieur.
Dans la salle remplie, quelques guerriers énivrés louchaient ostensiblement sur les formes d’Aure, restée à l’entrée de l’auberge avec Skögul.
Un d’entre eux, plus courageux ou éméché que les autres, se leva, fit mine de sortir et en profita pour peloter généreusement les fesses de la demoiselle.
Aure n’eut pas le temps de sortir sa dague que Skögul lui avait déjà planté un de ses couteaux au travers de la main.
Il partit de l’auberge en gémissant alors que tous les autres plongeaient leurs yeux dans leur verre.
La valkyrie et l’héritière échangèrent un regard attendu tandis que leurs deux compagnons détournaient la tête du comptoir pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé.
Ils purent finalement tous s’installer dans la plus grande chambre de l’auberge et mirent leur coffre de pièces en sécurité avant de s’attabler ensuite au rez-de-chaussée.
Leur présence ne passait vraiment pas inaperçue, même dans l’agitation de la fête.
Après quelques verres et un bon repas, un homme s’approcha de leur table :
— Hey Malthor de l’Ouest, tu ne me reconnais pas ?
— Si, ta tête me dit quelque chose, guerrier, où nous sommes nous croisés ?
— Lors de la bataille des gobelins dans le Nord, il y a deux ans, nous avons combattu côte à côte.
— Oui ! Harfest du Nord, c’est bien cela ? Viens donc t’attabler avec nous.
— C’est bien moi oui, qu’est-ce qui vous amène tous ici alors que la fête se termine ?
Malthor tourna la tête pour faire signe à l’aubergiste de ramener à boire pour leur nouvel invité avant de lui répondre :
— Harfest, je ne vais pas y aller par quatre chemins car nous avons combattu ensemble et je te fais confiance. As-tu entendu parler de wendigos tout de noir vêtus qui massacrent et pillent des villages ?
— Oui, j’ai entendu cette histoire.
— La rumeur prétend qu’ils campent pas loin d’ici, sais-tu quelque chose à ce sujet ?
— Non et je préfère éviter de me mêler de ce genre d’affaires. Mails il paraît que la diseuse de bonne aventure de la foire sait tout sur tout pour quelques pièces.
L’aubergiste arrivé entre-temps les interrompit en leur servant à boire :
— Je suis désolé de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais j’ai entendu ce guerrier vous appeler Malthor ?
— C’est bien moi, pourquoi ? rétorqua Malthor surpris en tournant la tête vers lui.
— Il y a deux jours, un cavalier venu de l’Ouest est venu ici car il vous cherchait.
— Il me cherchait moi ? Pour quelle raison ?
Aure fronça les sourcils tandis que les compagnons affichaient une mine inquiète.
— Il ne l’a pas dit. Il a juste ajouté qu’il resterait encore quelques jours en ville si jamais je vous apercevais. C’est pour cela que je vous en parle.
— Tu as bien fait aubergiste, où puis-je le trouver ?
— Il n’a pas voulu loger ici car nous étions soi-disant trop chers ! J’imagine donc qu’il est dans cette espèce d’auberge au rabais à la sortie de la ville, répondit-il en levant les yeux au ciel.
Aure voulut aller voir la diseuse de bonne aventure et Enguerran tint à l’accompagner tandis que Malthor partit à la rencontre de ce cavalier de l’Ouest. Ne voulant pas s’imposer, Raguard, Kronin et Skögul choisirent de profiter des plaisirs de la foire.
Aure et Enguerran regardaient la voyante retourner ses cartes en égorgeant un corbeau et en poussant de grands cris :
— Je vois un grand avenir pour vous princesse !
— Je ne suis pas une princesse, juste la fille d’un défunt marquis qui veut savoir où se trouvent les wendigos en noir, lui répondit Aure qui avait évité de peu les éclaboussures de sang du volatile.
— Je vous vois perdre votre innocence et triompher du mal lors de la même lune !
Aure était troublée. La promesse faite à Malthor lui revint en mémoire. Enguerran le vit immédiatement et prit le relais :
— Tout cela est très intéressant mais dîtes-nous plutôt où sont ces hommes en noir ou vous ne serez pas payée !
— A dix lieues au nord-est de la ville, à l’abri des regards. Mais attention, ils sont très dangereux et leur campement est bien protégé. Les entrailles du corbeau m'indiquent aussi qu'ils seraient sur le départ.
Malthor attendait dans l’auberge à la sortie de la ville que le Cavalier de l’Ouest revienne. Le maître des lieux lui avait assuré qu’il revenait dîner chaque soir sur place.
— Monsieur, Malthor vous attend à cette table.
— Ah Malthor, enfin, cela fait des jours que je vous cherche !
— Et bien me voilà, que se passe-t-il donc ?
— Je viens du château de Sasse, votre père est mort.
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