Où est le mal ?

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Pour ne pas perdre de temps, Malthor, Raguard et Kronin avaient décidé d’aller en repérage au nord-est de la ville pour trouver le campement des wendigos tandis que Skögul et Enguerran gardaient Aure et le coffre de pièces à l’auberge.


Malthor chevauchait en silence. Il ne s’était toujours pas remis de la mort de son père.


Bien sûr, il le savait mourant.


Oui, ils ne se parlaient plus depuis des années.


Mais, quand même, il était affecté bien plus qu’il ne l’aurait voulu.


Ils arrivaient progressivement dans une contrée désertée qui tranchait avec l’agitation de la ville pas si lointaine pourtant. Les contreforts des montagnes formaient des petits cirques.

Ils perçurent un brouhaha lointain et décidèrent de continuer à pied. Pas âme qui vive à interroger, pas un arbre sur lequel grimper. Le bruit venait d’une cavité devant eux qui ressemblait à une carrière. Avec le peu de végétation, ils durent s’approcher tout doucement en rampant dans les broussailles pour ne pas être vus.


Pendant ce temps, Skögul et Aure en avaient assez de faire les cents pas à l’auberge et elles décidèrent d’aller faire un tour à la foire.

Enguerran essaya de les en dissuader mais finit par céder, rassuré par la présence de la valkyrie pour protéger Aure.

Aure marchait en soulevant le bas de sa robe pour qu’elle ne traîne pas dans la boue. Sa main se crispait sur le tissu en entendant les chuchotements des hommes à son passage.

Elle regrettait la tenue de combat qu’elle avait dans le labyrinthe qui masquait sa féminité et était beaucoup confortable.


Elles débouchèrent dans une des rues principales de Thugdul.


Les étals débordaient de tissus, cuir tanné, mailles étincelantes et armes forgées.

Les cris des marchands se mêlaient aux hennissements des chevaux.

Aure portait sa robe en velours bleu qui rehaussait son teint pâle et sa chevelure dorée. Alors que Skögul ne quittait pas sa cotte de mailles usée qu’elle avait en partie dissimulée sous une cape de voyages.

Elles s’arrêtèrent devant un forgeron qui exposait des brassards en acier gravé et des gantelets articulés.


— Ce plastron est dans doute trop lourd pour moi, soupira Aure en soulevant une pièce d’armure dont l’aspect étincelant avait attiré le regard.

— Il te faut quelque chose de souple mais résistant, répondit Skögul en examinant une tunique de cuir renforcé.


Le forgeron leur fit un signe du bras en les regardant à peine :


— Si vous cherchez des équipements pour vous, allez plutôt voir la vieille à l’angle.


Skögul lui lança un regard noir et tira Aure par le bras. Plus loin, elles aperçurent effectivement une couturière très âgée juste avant le croisement. Les vêtements qu’elle présentait semblaient bien plus adaptés pour Aure : jambières ajustées, corsets de cuir souples ou capuches doublées de laine.


A l’extérieur de la ville, à quelques mètres du rebord de la carrière, Raguard, qui avait la meilleure vision des trois, leur chuchota :


— Regardez devant, sur le plateau de l’autre côté.

— Je ne vois que des formes noires et un peu de fumée, c’est leur campement ? interrogea Malthor.

— Oui, des tentes, des foyers qui fument encore, mais plus aucune agitation et ni wendigos ni chevaux, j’ai l’impression qu’ils sont partis.


Malthor tapa du poing sur le sol. Son père décédé sans qu’il ait pu lui dire au revoir et maintenant ces hommes en noir qu’il pourchasse depuis des semaines et qui ne sont plus là.


Ils rampèrent jusqu’au bord de la carrière et une odeur de pourriture leur donna la nausée. Ils furent saisis par ce qu’ils virent : un amas compact d’orcs ! Serrés les uns contre les autres, qui attendaient là, prisonniers de la montagne. Ils s’étendaient sur des dizaines de mètres et remplissaient toute la cavité. Ils gesticulaient en criant et en brandissant leurs armes. Raguard tenta une explication :


— C’est comme si les wendigos en noir les avaient utilisés comme chiens de garde pour protéger leur campement et avaient oublié de les libérer à leur départ ?


Malthor poussa un cri, s’empara des deux sabres sur le dos de Raguard et plongea dans la fosse. Il se mit à traverser la carrière en écrasant les orcs, les deux sabres qui s’enfonçaient dans leurs crânes à son passage lui servant de bâtons de marche.

Il progressait à grande vitesse et cela donnait l’impression irréelle qu’il flottait au-dessus des monstres, transperçant leurs têtes avec les lames dans des giclées de sang avant qu’ils n’aient le temps de réagir. Certains orcs regardaient la scène apeurés, ne sachant que faire, tandis que d’autres, hargneux, lançaient leur épée ou leur hache en direction du colosse.

Arrivé miraculeusement indemne de l’autre côté de la carrière, Malthor ne put que constater amèrement que le campement était vide et qu’ils arrivaient trop tard. Il arracha une des bêtes de la fosse pour la jeter à côté de lui sur le plateau et l’interroger brutalement :


— Où sont-ils partis ? Parle, ou je mets le feu à la fosse et à tous tes compagnons !


L’orc était défiguré par une cicatrice qui lui barrait le visage. Ses yeux jaunes écarquillés fuyant le regard de son bourreau. Une goutte de sueur coulait lentement de ses oreilles pointues pour se mêler à la crasse et au sang séché. Il entrouvrit ses crocs proéminents dans une grimace pour aspirer l’air de façon saccadé puis finit par articuler péniblement quelques mots


— Ouest… partis vers Ouest.

— Pourquoi maintenant ? hurla Malthor qui avait posé ses larges mains sur son cou et commençait à serrer.

— Comte de Sasse… Mort ! Marquis de Dual… Mort ! Plus qu’un… Et Ouest à nous.

— Quoi, comment ça plus qu’un ? De qui parles-tu ?

— Wendigos pas dit… sais pas…, répondit l’orc en tremblotant.


De rage, Malthor le rejeta dans la carrière et transperça son crâne en premier pour faire le chemin du retour.

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