Réponse à " La page blanche "

de Image de profil de EbiEbi

Avec le soutien de  Zionn T., Nerea Eïtas, Hopy 
Apprécié par 5 lecteurs
Image de couverture de Réponse à " La page blanche "

Elle s’appelle Ebi. Ou en tout cas, c’est le nom qu’elle utilise quand elle écrit. Elle a 26 ans, un coca frais à la main, et un carnet ouvert devant elle. Une page blanche qui la regarde comme si elle lui devait quelque chose. Comme si elle était attendue au tournant.

Ebi écrit depuis toujours. Dans les marges de ses cahiers, sur des coins de feuilles, au dos de vieilles enveloppes. Des mots jetés comme ça, sans suite, juste parce qu’ils devaient sortir. Mais depuis bientôt un an, elle s’y est mise sérieusement. Tous les jours. Elle noircit des pages de thrillers, de dialogues tendus, de plans ficelés dans sa tête bien avant que le stylo ne touche le papier. Elle déroule les intrigues avec méthode, elle laisse ses personnages respirer. 

Mais ce soir, elle veut écrire quelque chose de vrai. Quelque chose qui lui ressemble. Et c’est à ce moment que tout coince.


Ce n’est pas qu’elle ne sait pas quoi dire. C’est qu’elle ne sait pas comment le dire. Elle a trop de mots, trop de sensations. Tout remonte en désordre. Une colère enfouie. Un chagrin ancien. Une peur confuse de ne pas être assez.

Elle ouvre un carnet. Le referme. Regarde à nouveau la page. Se parle toute seule : Allez, trois phrases. Juste trois phrases.


Mais rien.

Elle se lève. Boit une gorgée de coca. Laisse le froid lui glacer les dents. Puis elle a une idée.

Stratégie 1 : La Playlist de la Vérité


Elle met ses écouteurs. Lance une vieille playlist de morceaux qui l’ont faite pleurer une fois ou deux. Elle espère qu’une chanson réveillera quelque chose. Un mot. Un souvenir. Rien ne vient. Pire, elle commence à fredonner.
Page blanche : 1 / Ebi : 0.

Stratégie 2 : Le minuteur


Elle pose le carnet devant elle, règle un minuteur. Dix minutes. Elle pose le stylo. Elle attend que quelque chose monte. Quand ça sonne, elle n’a rien écrit. Elle remet 10 minutes. Puis elle se cogne doucement la tête sur la table.
Page blanche : 2 / Ebi : 0.

Stratégie 3 : La fuite


Elle sort marcher. C’est une nuit tiède. Le genre de nuit où l’air semble hésiter entre l’été et l’orage. Elle se demande : Et si je n’écrivais pas ? Si j’abandonnais ce texte ?


Mais aussitôt, une boule se forme dans sa gorge. Elle comprend. Ce n’est pas la page blanche qui l’effraie. C’est ce qu’elle va devoir dire, si elle écrit vraiment.

Elle pense à sa peur de ne pas être lue. Ou d’être lue, mais mal comprise. Elle pense à tout ce qu’elle a vécu, et qu’elle a planqué sous des métaphores. Elle pense à cette phrase, lue quelque part : Ce que tu ne dis pas, ton corps l’écrit à ta place.

Alors elle rentre. S’assoit. Rouvre le carnet. Et cette fois, elle n’écrit pas pour impressionner. Elle n’essaie pas d’être parfaite. Elle choisit une phrase simple. Une phrase comme une petite clé : Je crois que parfois, écrire me fait peur. Parce que je sais que je vais y laisser un morceau de moi.

Elle s’arrête. Relit. Un fragment de vérité. Ça y est, elle a commencé.

Tous droits réservés
1 chapitre de 2 minutes
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En réponse au défi

La page blanche

Lancé par Zionn T.

Bonjour à tou•te•s,

Parfois la page blanche nous fait douter, voire pire… Alors pour dédramatiser et tourner tout cela en dérision, je vous propose ce petit défi !

Description :

Racontez la lutte d'un•e écrivain•e contre son syndrome de la page blanche.

Au cours de votre récit, mettez en scène les allers-retours entre ce que votre personnage rêve de rédiger, sans y arriver, et sa réalité. Votre intrigue fait son chemin entre introspection et action.

Au cours de votre histoire, le ou la protagoniste principal•e, l'écrivain•e, met en place des stratégies de plus en plus extrêmes pour vaincre son blocage. Ses stratégies échouent une à une, jusqu'à une dernière idée folle, qui lui permet au passage, de manière imprévue, de comprendre pourquoi il a ce syndrome de la page blanche.

Bonus : N'hésitez pas à être extravagant•e•s et à mettre en scène des stratégies décalées !

Définition utile :

Le syndrome de la page blanche (ou leucosélophobie) se définit comme l’impossibilité pour un auteur de commencer ou continuer une œuvre. Ce syndrome est multifactoriel, et peut avoir des conséquences à différents niveaux.

Contraintes :

Longueur :

La longueur de votre texte doit correspondre à une durée de lecture de 6 minutes maximum

Genre et forme :

Tous les genres, toutes les formes (prose et poésie) sont possibles.

À vos plumes ? Prêts ? Envolez-vous !

J'ai hâte de vous lire !

Zionn

Commentaires & Discussions

Les mots qui restent coincésChapitre7 messages | 2 semaines

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