Chapitre 1

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 Taeliya attendait dans le couloir de l'hôpital. Enceinte depuis près de cinq mois, elle resplendissait, Noah installé sur sa gauche, Stein en face d'eux jouant avec Elios, le garçon de sa fille. Les Oni debout, tournant en rond.

— On doit attendre encore combien de temps ? grogna Carl, vérifiant sa montre pour la sixième fois.

— Tonton Carl ! s'exclama Elios,

— Terreur ? sourit le géant à l'enfant.

— Pourquoi tu es en colère ?

— Il n'est pas en colère, mon garçon, dit Stein, lui caressant la tête. Il est impatient que ta maman aille voir si ton petit frère ou ta petite sœur va bien.

Le garçonnet tourna son regard inquiet vers sa mère et son ventre arrondit. Il s'en approcha et posa ses deux mains dessus.

— Maman... Est-ce que vous êtes malades, tous les deux ? Demanda-t-il, quelques larmes coulant sur ses joues rebondies.

Taeliya, touchée par l'attitude de son petit garçon, lui caressa les cheveux et lui dit :

— Nous allons bien, mon petit cœur.

— Alors, pourquoi on est ici ?

— Pour savoir si ta mère n'est pas trop fatiguée et pour savoir si tu vas avoir une petite sœur ou un petit frère, lui expliqua Noah, souriant, attendrit par l'attitude de son fils.

Il reconnaissait en lui sa propre inquiétude. Ses yeux sombres les scrutant tous, un à un, essayant de comprendre quelque chose bien trop complexe pour son petit cerveau encore trop jeune. Taeliya voulut se pencher vers lui pour essuyer ses larmes, mais la porte de l'obstétricien s'ouvrit enfin, faisant sortir un couple, dont la femme était sur le point d'accoucher.

— Bien, nous nous reverrons très bientôt, Madame Lambert. En attendant, reposez-vous, dit le médecin en souriant.

— Merci beaucoup, Docteur Stamos, fit le mari en conduisant sa femme vers la sortie, évitant avec soin de passer au milieu de ces hommes étranges et dangereux.

— Mademoiselle Carlington ! S'exclama le médecin avec un sourire sincère en découvrant sa patiente, le ventre arrondit et le petit Elios. Je vois que toute la famille est présente.

— Bonjour, Docteur Stamos, sourit la jeune femme, se relevant avec l'aide de Noah. Ils n'ont pas voulu me quitter.

— Je ne sais pas si mon bureau sera assez grand pour vous tous, mais venez, entrez.

Docteur Camille Stamos était un homme d'un âge assez mûr et qui avait la totale confiance du clan, pour avoir accouché bon nombre de personnes. Taeliya était sa patiente la plus à risque. Alors quand il eut appris sa première grossesse, il avait tout mis en œuvre pour qu'elle soit prise avec les meilleurs soins possibles. L'Oni était terrifiant, certes, mais il avait vite compris que s'il faisait bien son travail et ne tuait pas la jeune femme, il ne risquait pas de finir comme les nombreux cadavres qui s'empilaient sûrement dans les placards de cette bande imposante. De plus, Stein Carlington était le père de cette dernière. Le mafieux sanguinaire par excellence. Autant dire que c'était beaucoup de pression sur les épaules du médecin. La naissance d'Elios avait été compliqué et Taeliya avait dut rester en soins intensifs pendant plus d'une semaine. Le petit garçon était aussi fort que son père et sa santé n'avait pas été mise en danger. Aujourd'hui, Taeliya attendait un deuxième enfant. Camille Stamos devrait, encore une fois, faire face à beaucoup d'inquiétudes et de risques.

Il les fit tous entrer et alla s'installer sur son siège, de l'autre côté du bureau. Stein pris place d'un côté de la jeune femme, l'Oni de l'autre et la bande derrière. Elios était accroché à sa mère, visiblement paniqué de quelque chose.

— Chéri, fit la jeune femme avec douceur. Tu dis bonjour au Docteur ? Il te suit depuis avant ta naissance.

Il tourna sa petite tête vers l'homme en blouse blanche et lui lança un petit « bonjour » timide et à peine audible.

— Tu sais, lui dit le médecin, avec un sourire chaleureux et vrai. C'est moi qui ait fait accoucher ta maman. Je t'ai mis au monde.

Le regard d'Elios passa de son père au Docteur. Sentant une connerie arriver, Noah le stoppa avant même de dire quoi que ce soit.

— Tu es de moi, mon fils. Mais celui qui t'as sorti de ta maman, c'est le médecin.

— Vous allez faire pareil avec le bébé de ma maman ? demanda-t-il, très curieux.

— Oui, acquiesça le médecin. Comment vous sentez-vous en ce moment, Madame Stigas ?

Camille Stamos était le seul, en dehors des Oni, de Stein et de quelques uns du clan, à connaître le nom civil de Noah. Mais le savoir le mettait également en danger, voilà pourquoi il appelait très rarement Taeliya par son nom marital. Quand cela lui arrivait, il pouvait sentir son pouls s'accélérer et une angoisse sourde lui tordre les boyaux.

— Un peu fatiguée. Le traitement ne joue pas trop avec mes nerfs, ce qui est une bonne chose. Enfin, je crois ? répondit la jeune femme.

Elle lui donna quelques détails sur sa grossesse et Noah put argumenter en complétant ce qu'il voyait au quotidien. Depuis Elios, il était encore plus à cheval sur la santé et la sécurité de sa femme. Il avait failli la perdre alors qu'on lui présentait leur fils. Il se refusait à ce que cette deuxième fois la lui enlève définitivement.

— Je vois, dit le médecin, tapant sur son clavier, notant dans le dossier de sa patiente, tout ce qu'on lui disait. Allons voir comment ce porte cette petite merveille.

Taeliya confia Elios à Stein et se dirigea vers un coin isolé de la pièce où se trouvait une petite table à côté de laquelle attendait un écran et une énorme machine.

— Relevez votre haut, s'il vous plaît. Je vais appliquer le gel.

Noah se tenait aussi droit que la justice, tenant la main de sa belle, regardant l'écran avec un sérieux terrifiant. L'homme passa le capteur sur le ventre de la jeune femme et chercha le fœtus avant de le trouver.

— Te voilà, petit coquin, lança-t-il en montrant une petite forme. Tout ce que je peux voir, c'est qu'il est en parfaite santé. Avez-vous fait les examens que je vous avais prescrits ?

— C'est papa qui les a, répondit Taeliya.

— Nous allons écouter son petit cœur, si vous le voulez.

Un silence de mort se fit alors que résonnait les battements réguliers d'un petit cœur en formation dans le ventre de la fille du plus grand mafieux du pays. Les Oni frissonnèrent au son. Stein sentit le sien se serrer et pensa à Maria, la mère de sa progéniture qui attendait un second heureux évènement. Noah ne disait rien. Il se laissait bercer par le son gracieux de la mélodie cardiaque de son mini lui. Quant à Elios, entendre, pour la première fois, les battements d'un cœur le facinait. Il voulut s'approcher, mais Stein le retint.

— C'est bon, papa, sourit sa fille. Laisse-le venir.

Le garçon marcha jusqu'à elle, ne lâchant pas l'écran du regard. Quand il fut assez proche, il demanda :

— C'est le bébé de maman et papa ?

— Oui, répondit le médecin. Tu vois ça ? C'est ton petit-frère ou ta petite-sœur. Souhaitez-vous connaître le sexe du bébé ou préférez-vous attendre ?

— Connaissant ma femme, on souhaite le savoir aujourd'hui, répondit Noah, qui esquiva le regard noir de sa dulcinée.

— Non, mais je rêve, sourpia-t-elle.

— Moi aussi, je t'aime, chérie, s'amusa le démon, un sourire en coin.

— Alors, alors ! Pressa Elios.

— Tu n'as rien contre le fait de prêter tes jouets, mon petit bonhomme ? Demanda le médecin, un sourire heureux fiché sur le visage.

— Oh ! Un deuxième fils ! s'exclamèrent Stein et Noah en chœur.

— Et moi qui voulait une fille, soupira Taeliya, non sans cacher son sourire.

— Promis, on ressayera la prochaine fois, chérie, dit Noah, lui embrassant le front.

La pièce se remplit de rires graves et puissants.

— Un autre petit pour vous, Chef ! Si celui-ci ressemble à Elios, on ne pourra pas s'ennuyer ! lança Dorian.

— Il est clair que vous êtes débordés, Messieurs, dit Taeliya, s'essuyant le ventre.

— Princesse, fit Carl. Nous ne pouvons pas accoucher, mais reconnaissez que cette petite terreur nous en fait voir de toutes les couleurs !

— Et à qui la faute ?

Carl leva les mains en l'air en signe de résiliance. Noah se contenta de sourire, tel un benêt, heureux de savoir qu'un autre garçon allait naître de cette femme courageuse. Elios ne quittait plus l'écran des yeux. Son petit regard s'illuminait d'une multitude de paillettes.

— Est-ce que tu es content d'avoir un petit-frère, mon cœur ? demanda Taeliya.

Il tourna sa petite bouille vers sa mère et lui offrit un sourire très élargi.

— Je crois que la réponse est oui, s'amusa Tristan.

Elios secoua la tête de haut en bas, frénétiquement.

— Oh, oui ! s'exclama-t-il enfin.

Il toucha le ventre de la jeune femme et dit :

— salut, bébé. Je suis Elios, ton grand-frère. Je vais bien prendre soin de toi et de maman. Je te prêterai mes jouets quand tu seras avec nous.

Le moment était touchant et quand le petit cria à Stein qu'il allait avoir un petit-frère, le mafieux sourit et répondit :

— C'est vrai ? Tu sais que tu vas devoir être l'homme de cette famille, maintenant que tu sais que ce sera un garçon.

— Papy ! Et si ça avait été une fille... J'aurai dû la protéger, aussi ?

— Bien sûr ! s'exclama Carlington, amusé. Tu es le plus grand, tu en as la responsabilité.

— Tout comme je vous protège, tous les deux, dit Noah, attirant l'attention de son fils qui l'admirait.

— Alors... Bébé, sort vite. Je te protégerai quand tu seras avec nous.

Depuis la naissance d'Elios, les Oni s'étaient transformés. Pire que des gardiens sévères et inquiets, ils avaient impersonnés Cerbère. La jeune femme était devenue leur monde en un rien de temps et, à plusieurs reprises, ils avaient failli la perdre. Quand le petit prince vit le jour, ils s'étaient irrémédiablement sentis attirés par cette petite chose au regard curieux. Tandis qu'il grandissait, le clan et les Oni étaient devenus les oncles et tantes de ce petit garçon adorable et fougueux.

Mais avec l'annonce de cette deuxième grossesse, l'inquiétude était plus rude. Bien qu'ils étaient heureux de voir leur princesse fonder sa famille et donner à Noah des enfants qu'ils aimeraient de tous leurs cœurs. On ne pouvait retirer cette peur de la perdre à tout moment, à cause de sa condition de santé fragile. Pourtant, elle avait su faire preuve d'un courage et d'un entêtement qui lui avait valu tous les honneurs. Même son chef de salle, Monsieur Collins et sa femme, lui avaient témoignés une certaine inquiétude. Non pas à cause de ce qu'il s'était passé avec leur fille, mais bien parce que malgré tout cela, la jeune femme leur avait offert une protection et un logement, ainsi qu'un travail au mari Collins. Leur fille n'existant plus pour eux, envoyée ailleurs pour ne plus jamais la revoir, mais surtout pour ne plus se rappeler de toutes les erreurs fatales qui faillit les tuer.

Alya, depuis sa propre grossesse, passait le plus clair de son temps à tenir compagnie à Sonia et Taeliya, regardant leurs enfants jouer ensemble et lier une amitié qui ressemblerait à la leur, l'espéraient-elles du moins. Entre Stanislas, Elios et Kayle, le clan Carlington avait de quoi faire. Stein était comblé. Il avait un fils, sa fille lui avait donné un petit fils et voilà qu'il allait en avoir un deuxième. Alya et lui s'étaient mis d'accord pour n'en avoir qu'un seul. Le mafieux vieillissant, bien qu'il restait très en forme pour son âge, il ne voulait pas être sur son lit de mort quand le prochain atteindrait ses dix-huit ans. De plus, Kayle lui demandait beaucoup d'attention et il devait tout apprendre. Ce qu'il avait manqué avec Taeliya, il devait tout vivre pour la première fois. Quand Alya leur avait annoncé sa grossesse, Stein avait eut quelques inquiétudes concernant sa fille. Accepterait-elle cet enfant ? Ne se sentirait-elle pas laissée pour compte ou même bafouée ? Durant toute la maternité de sa nouvelle épouse, il avait vu sa fille très attentionnée et encore plus quand elle eut tenu cette petite chose entre ses bras. Maintenant que Kayle avait presque trois ans et
qu'Elios venait de fêter les siens, il savait que ses inquiétudes étaient inutiles. Taeliya, malgré toute son histoire passée, elle était la femme la plus douce et attentionnée qu'il lui eut été donné de rencontrer. Et comble de tout, elle était sa fille, sa princesse, son sang.

— Bien ! S'exclama le médecin en retournant à son bureau. Voyons vos examens.

Stein tendit une main vers Kim qui lui tendit l'attaché case duquel il sortit les différents documents médicaux. Le docteur les étudia et, après un moment désagréable de silence, leur dit enfin :

— Eh bien. De ce que je vois, tout me semble bon, compte tenu de votre état de santé de base. Il y a quelques carences que vous pourrez très vite combler. Je vais vous faire une ordonnance et je laisserai votre médecin s'occuper du reste.

— Merci, Docteur Stamos, sourit Taeliya, caressant son ventre.

Noah, dans un geste protecteur, posa la sienne, doigts écartés, sur le rebond de grossesse.

— Êtes-vous sûr qu'ils sont en bonne santé ? Insista-t-il.

— Parfaitement ! Voyez ceci.

Le médecin passa une dizaine de minutes à leur montrer des normes et les résultats de la jeune femme et répondit à leurs questions. C'était devenu un exercice constant auquel il devait se plier à chaque rencontre. Mais il comprenait que le clan de mafieux lui faisait confiance et que s'il se parjurait, la mort ne serait pas douce pour lui.

Taeliya fit signe à son mari qu'il était temps de laisser le médecin, car d'autres parents devaient attendre dans le couloir. Noah aurait voulu harceler encore plus le pauvre homme, mais se plia aux ordres de sa belle.

— Merci infiniment, Docteur Stamos, dit-elle. Chéri, tu dis au revoir au médecin ?

— Bye bye ! S'exclama Elios, tout content des dernières nouvelles qui tournaient en boucle dans sa tête.

— De rien, et tiens, c'est pour toi.

Le médecin plongea sa main dans la poche de sa blouse et en sortit une sucette verte en forme de grenouille. Elios jeta un regard à ses parents qui lui répondirent pas des sourires. Il tendit sa petite menotte et prit la friandise, tout en répondant un merci un peu plus timide que le précédent.

La bande sortit dans le couloir, disant de nouveau au revoir au médecin, avant de quitter les lieux.

Une fois installés dans les SUV, Kim et Carl eurent pour ordre de conduire toute la famille au manoir Carlington, afin de donner les bonnes nouvelles au clan. Ils savaient d'avance qu'une fois Taeliya dans le hall, elle serait harcelée de questions, mais le sourire qu'ils lui voyaient porter gonfla leurs coeurs et leurs démons intérieurs apprécièrent cette atmosphère.

— Maman ! S'exclama Elios, coincé entre sa maman et son grand-père qui n'avait de cesse de regarder le ventre de la jeune femme.

— Oui ?

— Comment on va l'appeler ?

La question les surpris tous. Elle n'avait pas encore pensé à un prénom pour ce nouvel enfant qui grandissait en elle.

— Hm... Je ne sais pas encore, répondit-elle, pensive. Pourquoi ? Tu aurais une idée de prénom ?

— Bah... Stan et Kayle ont dit que les enfants de Oni doivent avoir des prénoms badass !

— Comment tu connais ce mot-là, toi ? Demanda Stein, surpris par son langage à un si petit âge.

Elios se recroquevilla contre le dossier de son siège, baissant la tête.

— C'est pas moi qui l'ai dit... Stan et Kayle me l'ont dit...

— Elios, fit la voix légèrement sévère de sa mère.

— C'est tonton Jess qui l'a dit et du coup... bah... on l'a utilisé ! Se justifia le petit garçon.

Taeliya et son père poussèrent un soupir.

— Il ne faut pas répéter les mots des grands, dit la jeune femme. Mais tes cousins ont raison. Les enfants des Oni doivent avoir des prénoms qui reflètent les papas et les démons. On demandera à ton père quand nous serons à la maison.

— Oui ! S'écria le petit, mais l'ombre de la précédente remontrance restait au-dessus de sa petite tête.

Pourtant, il avait hâte de discuter avec Kaelis, le démon de son père, afin de trouver un prénom qui corresponde au bébé à venir. Dieu qu'il avait hâte d'être grand-frère et de pouvoir jouer avec ce bébé. À quoi ressemblerait l'enfant, une fois sortit ?

Quand ils entrèrent dans la cour du manoir, la première chose qu'il fit, une fois descendu de la voiture, fut de foncer à l'intérieur pour retrouver ses deux cousins et discuter avec eux de ce qu'il venait d'apprendre.

***

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