Chapitre 11
Naeliya sentit sa gorge sèche. Il lui fallait se lever pour trouver de l’eau.
Elle eut un petit temps avant de se rappeler où elle était. Elle se figea en sentant un poids lourd et chaud contre elle, dans le lit. Quand ses souvenirs lui revinrent, elle poussa un long soupir de soulagement. Ce n’était que Kim. Doucement, cherchant à ne pas le réveiller, elle se glissa hors des draps et tâtonna jusqu’à la porte. Elle l’ouvrit, mains en avant et se dirigea vers les escaliers qu’elle savait ne pas être très loin.
1, 2, 3 4, comptait-elle dans sa tête, mais alors qu’elle s’en approchait, une voix chaude et grave murmura à son oreille :
— Où est-ce que tu te sauves, comme ça .
— Oh ! Mon dieu ! S’exclama-t-elle à voix basse, une main sur la bouche et l’autre sur le coeur. Kim ?
— Naeliya, répondit l’Oni qui lui encerclait la taille de son bras fort, l’empêchant de tomber. Qu’est-ce que tu fais debout ?
— J’avais soif et je ne voulais pas te réveiller, murmura-t-elle.
— J’ai le sommeil léger, dit-il, pour toute réponse. En me tournant, j’ai vu que tu n’étais plus là, je me suis inquiété que quelqu’un ait décidé de venir te chercher.
Naeliya souffla enfin. Comme si elle avait bloqué sa respiration pendant trop longtemps.
— Je vais t’aider.
Kim ne savait pas grand-chose sur la jeune femme. Hormis ce qu’ils avaient dégoté avec ses compagnons d’armes, mais la personne en elle-même lui était totalement étrangère. Cependant, il avait réussi à découvrir quelques petites choses sur sa personnalité. Par exemple, le fait qu’elle refuse de compter sur les autres et de plutôt rester dans son coin à s’aider elle-même, quitte à se retrouver dans des situations extrêmes. Savoir qu’elle se refusait à le réveiller pour lui demander assistance, comptant mentalement son nombre de pas, afin d’arriver à la cuisine, au risque d’être trouvée et de nouveau insultée, était un trait qu’il appréciait, mais avec ce qu’il s’était passé durant la soirée… Il avait préféré se lever pour la soutenir jusqu’à sa destination.
Lentement, silencieusement, ils descendirent les quelques étages pour rejoindre la pièce. Ils traversèrent le grand hall et bifurquèrent sur la droite pour atteindre la salle. Il fit asseoir Naeliya sur une chaise qu’il lui tira. Elle l’écouta s’affairer pour sortir une bouteille d’eau fraîche du frigo, ainsi que deux verres d’un placard, puis revenir vers elle et prendre place à son côté. La jeune femme tendit sa main fine vers la bouteille. Kim l’aida à la prendre et à verser dans les deux verres. Il tenait le moins possible les objets qu’elle utilisait. Il ne voulait pas la priver de la moindre action qu’elle ferait et la frustrer d’un oubli ou d’un petit accident.
— Tu n’es pas venue, lui fit-il remarquer, alors qu’elle buvait une gorgée.
— Non, c’est vrai, reconnut-elle. Je ne sais pas pourquoi… Je ne maîtrise pas ce genre de chose. C’est encore tout nouveau pour moi…
Pensant que sa réponse était pour une accusation, Kim s’empressa de dire :
— Je ne t’accuse en rien ! Je trouvais ça étrange et il n’était pas content non plus. Il n’a pas arrêté de me demander quand est-ce que tu viendrais.
— Monsieur Samsara ? s’étonna la jeune femme.
— Oui, il-
— Tiens, vous êtes là ? fit une voix dans l’encadrement de la porte.
— Jack ? dit Kim, reconnaissant un des mafieux. Tu dormais pas ?
— Besoin de boire. Et j’ai entendu du bruit, expliqua l’homme, avisant la bouteille ouverte sur la table.
Sentant le poids de son regard posé dessus, Naeliya la prit pour la lui tendre.
— Merci, dit-il.
Naeliya hocha la tête et reprit son verre pour le vider d’une traite. Kim sentit son malaise. Il termina le sien, prit la vaisselle pour la laver et ils prirent congé.
De retour dans la chambre, Naeliya se dirigea vers les toilettes de la salle de bain, tandis que Kim se réinstalla dans son lit, qu’il n’avait jamais partagé jusqu’à ce jour. Quand il la vit ressortir et s’approcher, à tâtons, il sentit une envie puissante de la prendre dans ses bras et de s’endormir ainsi.
— J’ai senti de l’hostilité tout à l’heure, dit-elle.
— Jack fait partie d’une équipe que tu n’as pas encore rencontré, expliqua l’homme, tandis qu’elle se plaçait un peu plus confortablement dans le lit.
— Est-ce qu’ils savent qui je suis ?
Sa question était à la fois timide et incertaine. Tout le clan était au courant de son arrivée, mais ils ne savaient pas le lien qu’elle partageait avec Taeliya et les Oni, ni même qu’elle était liée à l’un d’eux. Mais comment expliquer l’inexplicable au commun des mortels, même si ceux-ci sont des assassins ou redresseurs de torts ? Lui-même n’avait jamais rien expliqué aux mafieux qui constituaient l’armada de Stein Carlington. De toute façon, que pouvait-il bien leur dire ? « Hello, je vis avec un démon en moi, parce que j’ai côtoyé la mort d’un peu trop près. Au fait, tout le groupe est comme ça et Taeliya les connaît et peut les voir ! D’ailleurs, Naeliya aussi ! » non clairement, ça ne passerait pas. S’il se mettait à leur place, il ne se croirait pas non plus. Mais ce qui était blessant, c’était de les voir poignarder l’aveugle juste pour garder Taeliya sur un piédestal qu’avaient érigé les Oni pour l’y placer. Seul Stein pouvait les comprendre, mais même lui ne dirait rien. En tant qu’ancien Oni, il avait lui-même écrit leurs règles et les avait enseignées à Noah avant que les autres n’intègrent la bande.
— Ils sont tous au courant, mais je ne peux pas te rassurer sur ce qu’ils pensent de la situation, répondit-il alors.
Une petite main se glissa sur son biceps, le surprenant par sa fraîcheur. Kim tourna la tête vers la jeune femme qui avait fermé les yeux, tournée vers lui. Il allongea le bras pour éteindre la lumière, puis, une fois plongé dans le noir total, lui fit face.
[…]
Le lendemain, Noah envoya Carl chercher le coréen. Quelqu’un avait tenté une recherche sur la jeune femme qui dormait dans la chambre de l’Oni.
Mais quand ce dernier entra, accompagné de Orlan, Tristan et Dorian, ils découvrirent une scène exceptionnelle. Kim leur faisait dos, la non-voyante dans ses bras. Cette dernière était totalement à son aise, comme si cette place avait toujours été la sienne. Devaient-ils vraiment les réveiller et briser ce moment incroyable ? Tristan leva son bras et les prit en photo.
— Qu’est-ce que tu fous ? Le gronda Orlan à voix basse.
— C’est pour la Princesse et le chef, se justifia le jeune homme. Ils nous croiront jamais, sinon.
Carl hocha la tête, en signe d’accord. Tristan en pris encore quelques unes avant de ranger l’appareil dans sa poche de jean.
— Ça va ? entendirent-ils gronder. Vous vous amusez bien ?
— T’es réveillé ? s’enquit son compagnon d’armes.
— NOUS sommes réveillés, corrigea Kim.
— Mademoiselle Clark ?
— Bonjour à vous, répondit une petite voix étouffée et encore dans le sommeil.
Kim s’était réveillé d’une nuit sans qu’elle ne soit venue le voir une seule fois dans son rêve. Samsara en était lui-même déçu. Mais quand les premiers rayons du soleil apparurent dans la chambre, il s’était réveillé avec une sensation de plénitude et de complétion qui lui étaient totalement inconnus. Naeliya s’était réveillée, plus ou moins, en même temps que lui, mais avait refusé de bouger. Pensait-elle qu’il dormait encore ? C’était effectivement ce qu’elle avait cru, jusqu’à ce qu’ils entendent tous les deux du bruit à l’entrée de leur chambre.
De là, ils se savaient tous les deux éveiller. Le moment magique s’était brisé et Kim s’était mis à gronder de frustration.
— Vous allez bien, Mademoiselle Clark ? demanda Orlan, pouffant légèrement.
— Vous avez bien dormi ? s’enquit Dorian, à son tour, tout aussi amusé que son ami.
— Très bien, Messieurs… Krâ et Servian ?
— Orlan et Dorian, la corrigea Kim avec une douceur qui les surprirent tous.
— Oh, pardon, rougit-elle, se cachant contre la gorge de l’homme qui eut beaucoup de mal à ne pas les chasser pour assouvir un désir violent de posséder cette femme qui lui était destinée.
— Mademoiselle Clark, bonjour, dit Tristan.
— Bonjour, Tristan.
— Vous pouvez vous lever ? demanda Carl, mi-amusé, mi-pressé de dire à Kim ce qu’il se passait.
— Bonjour, Monsieur Carl dit-elle timidement.
Ce dernier sourit, attendrit. Sa timidité lui rappelait Taeliya, à son arrivée chez eux. Même douceur, même crainte et plus ou moins mêmes blessures.
— Bonjour, Mademoiselle Naeliya, répondit-il, cependant. Nous avons une urgence vous concercant.
Kim se tendit.
Il se redressa, prenant bien soin de cacher le corps de la belle qui suivait son mouvement. Son expression inquiète lui serrait le cœur.
— De quel genre d’urgence on parle ? gronda le coréen.
— Du genre, recherche internet et dans son ancien logement, lui répondit Carl d’une voix sombre et dure.
— Ils bougent, murmura Naeliya, sentant le dénouement plus proche qu’elle ne l’aurait cru.
Kim la dévisagea, cherchant à capter une émotion de soulagement, mais la terreur semblait tirer son visage et assombrir ses traits. D’instinct, il lui caressa la joue, glissant même ses doigts sous son oreille. Il la sentit trembler. Kim retira sa main presque aussitôt.
— Tournez-vous, gronda Kim. Mademoiselle Clark doit se préparer. Dites au chef qu’on vous rejoindra une fois prêts.
— Ok. Allez, les gars, dit Carl. Sortons.
Alors que les quatre Oni quittèrent la chambre, Naeliya en profita pour s’enfuir à l’intérieur de la salle de bain. Sa peau où Kim l’avait touché, la brûlait. Mais contrairement à ce que lui avait fait une certaine personne, cette chaleur ne lui était pas répugnante, bien au contraire. Elle aurait tant aimé qu’il la laisse encore plus longtemps contre sa joue. Le souvenir de son corps pressé contre le bloc dur de l’Oni coréen la fit rougir. Il ne s’était pas décalé, au contraire. Il l’avait tenu et même protégé des autres. Son cœur battait à tout rompre.
— Allez, Nael’, reprends-toi ! C’est pas le moment de se laisser avoir par ce genre de gentillesse. Monsieur Ernandez et Monsieur Gervais attendent dehors. Ils veulent ta peau.
Après cette petite remontrance personnelle, la jeune femme entra dans la cabine de douche, se lava rapidement, puis entreprit de faire ses soins et de s’habiller. Quand elle sortit, Kim n’était plus là. Légèrement déçue, la jeune femme n’y fit pas plus attention.
— Naeliya ? Entendit-elle provenir depuis le couloir.
— Taeliya ?
— Je peux entrer ? Demanda la jeune mère.
La non-voyante tituba jusqu’à la porte et l’ouvrit pour faire face à la jeune mère.
— Tout va bien ? Demanda l’interprète, surprise par sa présence ici.
— Kim utilise les douches de la salle de sport. Il m’a demandé de venir te chercher, sourit la jeune femme. Il nous rejoindra juste après.
— Oh, d’accord. Je vais chercher ma canne, dans ce cas.
— Tu as besoin de prendre d’autres choses ? s’enquit Taeliya, la regardant se mouvoir dans cette pièce, inconnue et qu’elle ne pouvait voir, hormis avec ses mains.
— Est-ce que je dois sortir ?
— Je n’en sais rien. Mon mari ne m’a rien dit et papa non plus, répondit Taeliya, sincèrement perplexe.
Naeliya tira donc son sac de son bagage et le posa sur le lit. S’il lui fallait partir, elle pourrait facilement le trouver et revenir. Elle attrapa et déplia sa canne, puis rejoignit la jeune femme pour quitter la chambre. Mais au lieu de descendre, Taeliya la fit monter vers les appartements de Stein Carlington et plus particulièrement à son bureau. Elle toqua et entra dans la grande pièce où se trouvèrent Oni, Stein et Alya.
La coiffeuse s’approcha de son amie et de la non-voyante.
— Bonjour, Naeliya, fit la femme avec chaleur.
— Bonjour… Alya, c’est ça ?
— Exactement. Venez, la conversation risque d’être longue et éprouvante, dit-elle, guidant le duo vers un grand canapé.
Les hommes les regardèrent, mais leurs yeux se fixèrent sur la non-voyante qui tâta son environnement afin de trouver le bord du canapé et de pouvoir s’y installer. Elle replia sa canne et la garda posée sur ses genoux.
— Attendons que Kim soit là, dit alors la voix de Noah.
Naeliya ne connaissait pas son nom, hormis que c’était le chef de ce groupe spectaculaire et partenaire du démon Kaelis. Elle savait que Taeliya et Stein étaient les seuls à pouvoir l’utiliser, tout comme Elios.
— Bonjour, messieurs, dit Naeliya, se rendant compte qu’elle n’avait salué personne. Le petit Prince n’est pas avec vous ?
Y avait-il du dédain dans sa voix ? Noah et Stein comprirent que non. Elle était sincèrement attachée à l’enfant et à sa mère.
— Elios est en bas, avec Kayle et Stanislas, lui répondit Alya.
— Je lui ferai un petit coucou plus tard, sourit la jeune femme avec douceur.
— Bonjour, Mademoiselle Clark, entendit-elle.
Les Oni et même Stein la saluèrent avec un certain respect. Elle leur répondit d’un signe de tête.
Quelques instants plus tard, Kim débarqua dans le bureau. Il s’arrêta en découvrant la jeune femme, entourée de Taeliya et d’Alya.
— Je te cherchais ! s’exclama-t-il, s’approchant de la non-voyante qui, sentant une certaine inquiétude, tendit sa main pour qu’il puisse la prendre et se calmer.
L’effet fut assez immédiat, surprenant chacune des personnes présentes.
— Désolée. Taeliya m’a dit qu’on m’avait demandé dans le bureau de Monsieur Carlington, expliqua-t-elle. Je n’ai pas le pouvoir de la télépathie, donc impossible pour moi de te prévenir. De plus, je pensais que tu attendrais dans la chambre.
— Vu l’urgence j’ai préféré prendre ma douche au même moment, mais je pensais pouvoir remonter avant que tu ne sortes de la salle de bain, se confia Kim, soufflant de soulagement, gardant la main de la jeune femme dans la sienne.
— Tu m’as trouvé, c’est ce qui compte, non ? Sourit-elle.
— En effet.
Kim imita son beau sourire, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’ils n’étaient pas tout seuls et se reprit aussitôt, mais c’était trop tard. Les deux femmes assises à côté de l’interprète lui jetèrent des regards entendu et complices. Les Oni et Stein, tous bras croisés, le dévisagèrent avec ce genre d’air moqueur sur le visage. Naeliya rappela tout le monde à l’ordre par une seule question :
— Excusez-moi. On nous a dit qu’il y avait eu du mouvement et qu’une recherche sur moi avait été faite.
— En effet, Mademoiselle Clark, dit Stein, se raclant la gorge pour reprendre un peu de sérieux. Nous avons reçu une alerte vous concernant, cette nuit-même. Quelqu’un a tenté de vous trouver via les réseaux sociaux et le restaurant des grands-parents de Tristan a été visité. Votre ancien logement également.
Elle sentit son sang se glacer.
— Y… Y a-t-il des dégâts au restaurant ? demanda-t-elle d’une voix blanche.
Qu’allait-elle devoir faire si Laly et Gérard ne pouvaient pas réparer leurs entreprise ? Surtout qu’elle avait apprit que ce restaurant était dans la famille de Gérard depuis plusieurs générations ! L’horreur se peignit sur son visage. Inquiet, Kim se tourna vers Stein, l’implorant du regard.
— Rassurez-vous, jeune fille, lui dit le Boss du clan sur un ton presque paternaliste. J’ai des hommes sur place et rien n’est arrivé au restaurant.
Le soulagement lui coupa ses forces. Un vertige la pris. Sa tête lui tournait et son cœur battait lourdement dans sa poitrine.
— Naeliya ! S’exclamèrent les deux femmes et Kim.
— Ç… Ça va, souffla-t-elle. Dieu soit loué, leur restaurant va bien…
Taeliya leva son regard sur Stein, puis son compagnon. Une discussion muette était en train d’avoir lieu entre eux et aucun de ceux qui se trouvaient dans la pièce pouvaient la comprendre.
Dans l’esprit de Kim, Samsara ne cessait de le questionner sur la santé de la jeune femme. Allait-elle bien ? Devait-on l’emmener voir un médecin ? Le démon était très irrité de n’avoir pu converser avec elle. La non-voyante était une distraction bienvenue et il appréciait la façon dont elle l’appelait. Le démon détestait ceux qui pouvaient en avoir après elle et il s’était déjà fait la promesse de rendre au centuple la douleur que ce foutu Ernandez lui avait causé.
— Peut-être devrait-on lui proposer quelque chose à manger ou à boire, tenta Alya, concernée par l’état de la jeune femme.
— Je vais bien, intervint la concernée. Je ne veux pas que Laly et Gérard aient de problèmes à cause de moi, j’en serai malade…
— Tu es sûr ? Insista Alya, cherchant déjà à se lever pour quitter l’endroit et lui récupérer de quoi reprendre des forces, mais le sourire qu’elle lui offrit lui dit qu’il valait mieux ne pas forcer la chose.
— Monsieur Carlington, reprit Naeliya. Quel genre de recherches ont-ils fait sur moi ? Est-ce que c’est que de la localisation, ou plus profond que ça ?
— De ce que nous en savons, ce n’est que de la localisation, répondit Stein, installé derrière son large bureau.
— Ils peuvent toujours essayer, grinça Charles. Venir au manoir serait du suicide pour eux et une humiliation encore plus grosse que la dernière fois.
Les Oni grondèrent en guise d’approbation.
— Je me charge d’eux, déclara Kim, le regard sombre, mâchoire contractée et le poing serré.
— Si tu y vas, alors je viens aussi, dit Naeliya.
— Je ne veux pas que tu assistes à ça.
— Je veux l’entendre et sentir. Je te promet de ne rien toucher, sauf à coup de canne, l’entendirent-ils dire d’une voix déterminé.
Stein revit Taeliya, affronter cette foule et crier à son ancien adversaire « tu es le plus moche de tous les moches de la Grande Mocheté » avec une telle affirmation qui l’avait rendu fière d’elle. Noah devait y penser aussi, ou a d’autres instants où elle s’était dressée devant son adversaire pour l’affronter et montrer de qui elle tenait. Stein voyait beaucoup de sa fille en Naeliya. C’était ce qui le faisait se sentir si proche de la jeune femme. Et son infirmité lui avait montré qu’elle pouvait passer outre pour affronter le monde.
Kim mit un genou à terre, prit les mains froides de la jeune femme dans les siennes et dit :
— Je vais les exterminer. Leur faire vivre un enfer que toi-même tu ne souhaiterais jamais vivre.
— Je veux entendre cette page de ma vie se tourner. Pour mes parents, dit-elle. Pour mon moi de 16 ans qui a tout perdu et mon moi de maintenant qui vis.
Kim prit un moment pour réfléchir et céda finalement. Elle en avait le droit. C’était son enfer, son purgatoire et l’homme qui l’y avait mené était sur le point de le voir de ses propres yeux avant qu’il ne les lui arrache.
— Naeliya, dit Taeliya, lui touchant le bras. Mes démons sont partis. Le tien doit être détruit.
— J’y vais, assura-t-elle, hochant la tête.
***

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