Chapitre 12 (1) : couleur menthe à l'eau

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Vendredi 15 juillet 1988. Après-midi. Café Le Petit Marcel.

Ariane arriva, tout en sueur, sur une petite place. Elle put y lire l’enseigne d’un café qui s’y trouvait, Le Petit Marcel. Un profond soulagement se fit sur son visage rougi. À l’intérieur, quelques clients seulement, à profiter de la fraîcheur apparente des lieux, qui bientôt ne serait qu’un lointain souvenir. Elle posa ses mains au bord du zinc. Le serveur lui faisait dos, occupé à ranger des verres sur une étagère.

— Bonjour, un diabolo menthe s’il vous plaît.

Le serveur se retourna. Il la regarda de la tête aux pieds.

— Vous ! Eh bien…comme on se retrouve ! Vous me reconnaissez ? Ce matin, le parc, le gars qui faisait son footing ?

La jeune fille écarquilla les yeux.

— Ça alors ! Vous travaillez ici ?

— Et oui, comme vous pouvez le constatez ! Et vous, que faites-vous ici ? Vos parents ne sont toujours pas avec vous ? demanda-t-il.

Elle secoua négativement la tête, embarrassée. Fais pas ton curieux, tu vois bien que tu la met mal à l’aise avec toutes tes questions.

— Je vous apporte votre diabolo. Allez vous asseoir à cette table en face, si vous voulez. J’ai comme l’impression que vos pieds n’attendent que ça, de se reposer !

Elle baissa les yeux. Ses baskets étaient toutes poussièreuses. Elle devait lui paraître exténuée, et elle l’était vraiment. Lucas arriva avec son plateau et déposa sur la table en formica, un grand verre.

— Une paille ?

— Oui, je veux bien, merci beaucoup. Je vous dois combien ? demanda-t-elle poliment, son portefeuille rose fluo à la main.

— Deux francs s’il vous plaît, répondit le serveur souriant devant le nombre important de pièces de centimes que la jeune fille alignait sur la table.

— Le compte est bon, c’est parfait, merci beaucoup !

*

— Je peux avoir un deuxième diabolo s’il vous plaît ? demanda Ariane, qui avait déjà déposé sa monnaie sur le comptoir.

— Bien sûr, mais ce n’était pas la peine de venir au bar, je serais venu vous l'apporter, répondit Lucas qui fut une deuxième fois amusé par la nouvelle pile de centimes.

— Merci beaucoup, répondit-elle, avec un peu moins d’enthousiasme qu’une heure auparavant.

— Excusez-moi, je ne peux pas m’en empêcher, mais je vous vois assise, toute seule depuis tout à l’heure. Vous attendez vos parents ?

— Heu…non…enfin…c’est que…, répondit-elle hésitante.

T’as l’air maligne. Qu’est-ce que tu croyais en venant ici ? Le trouver tout de suite ?

— C’est que, voilà, je cherche mon frère. Il m’a dit qu’il venait souvent ici…

— Ton frère ? Mais comment il s’appelle, je le connais peut-être.

Mais avant même que la jeune fille ne lui réponde, il se tapa le front :

— Mais, c’est pas possible, mais oui ! Tu t’appelles Ariane, et t’es la sœur de Paul ! Je savais bien que ton visage me rappelait quelqu’un depuis ce matin.

La jeune fille écarquilla les yeux, remplis de joie. Soulagée, elle souffla un grand coup.

— Vous le connaissez alors ???

— Très bien même. Mais qu’est-ce que tu fais là ? T’as fugué ou quoi ?

— ...

— Oh putain merde. Non sans blague !

Ariane éclata en sanglots. Lucas se précipita vers elle.

— Oh non ma puce, ne pleure pas ! Il va revenir ton frère…enfin, pas avant dimanche !

— Bah oui, je sais !

— Comment ça, tu sais ?

— C’est la concierge qui me l’a dit.

— La concierge ? Mais quelle concierge ?

— Salut la compagnie ! s’écrièrent en chœur Barbara et Rickie.

Lucas et Ariane se retournèrent tous les deux en même temps, surpris par cette entrée théâtrale.

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