Chapitre 12 (2) : Une fessée et au lit

4 minutes de lecture

Vendredi 15 juillet 1988. Après-midi. Café Le Petit Marcel.

— Aaaah Lucas, te voilà ! On est morts de soif, c’était un enfer sur la route. Ça y est, Zofia et Marianne sont dans l’avion ! enchaîna Rickie avant de s’affaler sur un tabouret. Barbara retira son chapeau.

— Bonjour mademoiselle ! dit-elle avec douceur à l’attention d’Ariane qui reniflait, les joues remplies de larmes.

— Mais qu’est-ce-qui lui arrive. Pourquoi pleures-tu jeune fille ?

— Elle attend son frère, mais elle s’est plantée de jour.

— C’est qui son frère ? demanda Rickie qui venait enfin de remarquer la jeune fille.

— Paul. Elle attend Paul. Paul qui a la bonne idée de revenir seulement dimanche.

— Attends, je comprends rien. Mais alors qu’est-ce qu’elle fait là ?

— Elle a fugué.

— No way ! viens dans mes bras, s’exclama Barbara, attendrie.

Ariane se laissa faire et pleura de plus belle.

— Et ça fait longtemps que tu es en ville ?

— Je suis arrivée très tôt ce matin par le train, se reprit-elle, ne sachant pas s’il était bon de dévoiler la vérité à ces inconnus.

— Et tu connais quelqu’un ici à part ton frère ?

Ariane fit non de la tête. Elle commençait légèrement à trembler.

— Il faut appeler ses parents ! Ils doivent être morts d’inquiétude ! s’emporta Rickie.

— C’est le principe de la fugue. Faire chier ses vieux, dit Lucas, le plus sérieusement du monde.

— Oh non, surtout pas mes parents. Je veux plus les voir ces deux-là ! s’emporta-t-elle à son tour.

— Oh putain, les emmerdes commencent, répliqua Rickie, un brin amusé.

— Mais il faut appeler tes parents, c’est important Ariane. Tu ne peux pas les laisser sans nouvelles de toi ! expliqua Barbara sur un ton posé.

— Non, je veux pas. C’est hors de question ! Ils sont trop cons.

— C’est qu’elle a son caractère en plus ! dit Rickie, toujours sur le même ton.

— Mais écoute, c’est impossible Ariane, affirma plus fortement Barbara.

— Mais bien sûr que c’est possible Barbara. Inutile de dramatiser. Si cette jeune fille ne veut pas retourner chez elle, c’est qu’elle a de bonnes raisons que nous n’avons pas à savoir. Hormis si elle le souhaite. Tu as quel âge Ariane ?

— 15 ans, bientôt 16, monsieur.

— Appelle-moi Lucas, s’il te plaît, j’ai l’impression d’être un vieux sinon. Oui alors, je disais à mes deux amis, ici présents, que si tu as fait tout ce chemin depuis chez toi pour venir voir ton frère, avec seulement un sac à dos, c’est que t’as de bonnes raisons. Je me trompe ?

Ariane le regarda sérieusement. Elle secoua la tête imperceptiblement.

— C’est bien ce que je pensais. Alors moi, les amis, je suis d’avis de ne rien faire tant que Paul n’est pas revenu. Ça lui fait deux nuits dans cette ville….Réfléchissons… C’est pas compliqué…oui, voilà, c’est décidé…je m’occupe de toi Ariane ! trancha Lucas sur un ton qui ne laissait à quiconque la possibilité de le contredire.

— Bien envoyé Lucas ! applaudit Rickie.

— J’espère seulement que tu es sûr de toi Lucas. Alors, laisse-moi t’aider, répondit Barbara, en soutien.

— Oui je suis sûr, tu peux me croire. Je sais de quoi je parle, dit-il en retournant au bar, préparer un sandwich pour la jeune fille.

Surprise de sa réponse, Barbara leva les yeux vers Rickie. Celui-ci lui indiqua du regard que ce n’était pas le moment. Elle acquiesça, puis sécha les larmes d’Ariane, en lui offrant son plus beau sourire.

— Ça va mieux, maintenant que nous avons trouvé une solution ?

— Oui, beaucoup, je vous remercie.

Ariane se hissa sur un tabouret et admira le sandwich que Lucas avait posé devant elle.

— Les meilleurs sandwichs de la ville, bien entendu ! Vas-y, fais toi plaisir !

Tous les trois la regardèrent attaquer un gros morceau à pleine dent.

— Alors verdict ? Il est bon mon sandwich ? demanda Lucas, fièrement, une bière à la main.

— Mouais, pas mal ton trouc. Mais dis moi, Louca, c’est toua le petit copain de mon frèro ? dit-elle entre deux bouchées.

Lucas faillit recracher la bière dont il venait de prendre une lampée.

Rickie explosa de rire, manquant de peu de renverser son verre à son tour.

— En plus d’avoir son caractère, elle ne manque pas de culot ! répondit-il en riant.

— Écoute-moi, petite. Je te conseille de finir ton sandwich et d’arrêter de poser des questions qui ne sont pas de ton âge. Sinon, c’est une fessée et au lit direct !

Ariane pencha la tête, plissa les yeux et lui tira la langue, montrant immanquablement le contenu prémâché de sa bouche.

— Oooh, mais elle est dégoûtante, s’écria Rickie, fermant les yeux, écœuré.

Barbara explosa de rire, suivi de Lucas qui ne put s’empêcher d’en faire autant.

— Mais arrêtez de vous moquer de moi ! s’offusqua Ariane.

— Finissez votre sandwich, je ne veux plus vous entendre demoiselle ! rétorqua Lucas, amusé par la moue de la jeune fille.

— Dis-moi Lucas, si nous arrivons demain en début de soirée pour l’installation, ça ira ?

— Parfait, j’ai eu Ricardo au téléphone. Ils seront là eux aussi.

— Tu n’a pas oublié Rickie, n’est-ce pas ? demanda Barbara, qui voyait bien que son ami cherchait dans sa tête à quoi ils faisaient allusion.

— Y’a quoi demain ? Vous faites quoi ? Je pourrais venir ? s’enquit Ariane, les yeux qui pétillaient déjà.

— Surprise jeune fille ! répondit Lucas, impatient lui aussi d'y être.

Annotations

Vous aimez lire Tom Ripley ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0