Dimanche 17 juillet 1988. Début de soirée. Appartement de Tristan.

— Tristan, ouvre, c’est Lucas, ouvre-moi vite !

N’entends pas de réponse, Lucas ouvrit la porte qui n’était heureusement pas fermée à clef. Il se précipita à la porte du cabinet de toilettes. Il entendait couler l’eau de la douche. Il frappa trois coups.

— Tes parents sont là ! dit Lucas, inquiet.

— Quuuoi ? C’est toi Lucas ?? cria Tristan.

— Oui, c’est moi. Je me suis permis d'entrer pour te dire que tes parents étaient là.

— Quuuoi, mes parents !!!

Lucas l’entendit sortir de la douche, jurant. Il lui ouvrit brutalement la porte, une serviette autour de la taille, son corps encore ruisselant.

Lucas dut se contenir, en découvrant son corps bronzé si désirable.

— Mais c’est quoi ce bordel ?

— Heu… Ce sont tes parents qui…Oh, mais c’est une jolie boucle d'oreille que tu portes là ? Tu t'es fait ça quand ? T'es mignon comme tout Antonio.

Tristan piqua un fard, en touchant par réflexe son anneau argenté.

— Merci beaucoup, trop content que ça te plaise. J'adore aussi, répondit-il à la fois légèrement gêné et affolé par la nouvelle annoncée.

Lucas sentit de nouveau son désir qu’il pensait avoir dompté.

— Non, vraiment t’es charmant comme ça…Heu…Oui, et bien tes parents…et bien…ils sont en bas, en train de boire un verre. Ils s’apprêtent à monter te voir pour te faire la surprise. Alors je me suis dit, Lucas va prévenir Tristan, parce que sinon…dis-moi que j’ai bien fait.

— Mais comment tu sais qui sont mes parents ??? dit Tristan, alarmé.

— Ils sont déjà passés jeudi. Leur voiture est tombée en panne, Alphonse les a aidés…

— Mais qu’est-ce-que tu me racontes. Oh putain mais c’est la cata, c’est la méga cata. Je n’ai pas du tout envie de les voir. Mais alors…ça veut dire que t’as vu mon père ! Il est comment ? Toujours aussi con ? J’y crois pas, j’y crois pas ! paniqua Tristan, tellement désemparé.

Il gesticulait tellement dans tous les sens qu’il en perdit sa serviette, se retrouvant nu devant Lucas.

À croire que tu le fais exprès mon petit Tristan. Tu n’es vraiment pas raisonnable avec moi, se dit Lucas, intérieurement.

— Quoi, qu’est-ce qu’il y a, t’as jamais vu un mec à poil ? T’es tout rouge, réussit-il à plaisanter, en renouant sa serviette autour de sa taille.

Mais t’es con ou quoi, t’as encore gaffé ! Regarde la tête de Lucas, dans deux secondes, il bave !

— Ah, très drôle, t’es con quand tu t’y mets.

— Heureusement que les mecs ou les nanas sur la plage où nous étions n’étaient pas aussi timides que toi ! continua-t-il bêtement sur sa lancée.

Mais qu’est-ce-qui sort de ta bouche, abruti ?

À la fois troublé et piqué à vif dans son amour propre, Lucas, cette fois-ci, n'y réfléchit pas à deux fois. Ses pulsions le guidèrent sans difficultés. T’as besoin d’une bonne leçon idiot ! Il prit le visage de Tristan entre ses mains et l’embrassa fougueusement. Ses lèvres étaient aussi douces que ce qu’il avait imaginé dans sa tête, le soir avant de s’endormir. Ce geste allait sûrement tout gâcher entre eux, mais il était bien sûr trop tard pour revenir en arrière.

Pris de court, Tristan eut le temps de goûter à ses lèvres avec une sensation inédite pour lui. C'était la première fois qu'un garçon l'embrassait. Décontenancé, iI le repoussa.

— Mais qu’est ce qui te prend ?

— Alors, on fait son timide ? rigola Lucas.

— Ça va pas, qu’est-ce qui t’arrive ? T’es fou !

Lucas lui sourit.

— Non je ne suis pas fou, je t'aime…tout simplement ! déclara-t-il d’un souffle, fièrement. Il lui donna une petite tape sur les fesses, ce qui le laissa sans voix.

— Allez, sur ce, je file !

Lucas repartit aussitôt, sans laisser à Tristan la possibilité de réaliser ce qui venait de se passer.