La merveille du démon

19 minutes de lecture

- Des démons désinvoltes démontent des domestiques dociles… chuchota-t-il en tremblant, le regard rivé sur les gargouilles qui se détachaient massivement de la pierre.

Les gargouilles n’étaient-elles pas censées être des protectrices des humains face au mal ? Donovan avait lu quelque chose là-dessus, sur les croyances de l’Ancien Monde, avant l’arrivée du Mal en personne qui avait réduit en esclavage l’humanité tout entière. Ce n’était qu’une croyance idiote, les gargouilles, puisque les pierres ne bougeaient pas pour descendre l’aider. Et comment était-il censé faire pour traverser cette orgie ? Il déglutit, mal à l’aise au possible. Oh il n’était pas vierge, ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait encore offrir et dans son petit village reculé, il y avait un grand nombre de copulations, assurément. Mais elles restaient derrière des murs, à l’abri des regards. Les démons eux, aimaient se montrer, aimaient avoir du public et plus que tout, ils aimaient choquer.

- Esprit éperdu énonçant efficacement et entretenant énigmatiquement… étrange espérance.

Il avança lentement, au rythme de ces mots, le regard bas fixant uniquement les petits carreaux de pierre du hall d’entrée. Il connaissait le chemin théorique sans jamais être venu auparavant pour l’avoir étudié durant des années. Il avait fait exactement comme les autres, mais là où ils frissonnaient d’appréhension et d’angoisse, il avait fini par comprendre que ses propres frissons étaient d’une toute autre nature.

- Frissons félons fouinant furieusement font faufiler folie, furie fabriquant fanatisme farfelu…
- Farfelu… lui répondit une voix enchanteresse comme un écho.

Donovan ne leva pas les yeux, cela faisait parti de l’épreuve. Ces démons de pacotilles étaient censés l’épouvanter sur le papier, seulement, ce n’était pas le cas. Il avait envie de se déshabiller, de les rejoindre et de les laisser jouer avec son corps. Ce serait son challenge que d’y résister. « Farfelu. F. » se dit-il sombrement tout en essayant de se concentrer pour faire abstraction du reste. Il n’était pas très doué à ce jeu-là, mais cela occupait efficacement son esprit.

- G. Génial… marmonna-t-il avant d’essayer de se reprendre. Grand gaillard geignant, guerre globale gourmande, gagnez, gagnez… Gloriole grandiloquente…

Il soupira sans trouver de mot pour dépeindre le dégout et l’horreur de cette guerre qui avait sévie et qui sévissait toujours par bien des aspects. Il avançait lentement et du coin de l’œil, il remarqua une petite humaine qui paraissait étonnamment frêle entre les bras d’une démone à l’air féroce. Son gémissement n’était fait que de luxure alors qu’elle s’arquait pour obtenir une caresse plus profonde encore. Donovan gémit et dut se retenir car l’attraction démoniaque agissait déjà fortement sur lui, l’attirant vers ce qui ne serait que plaisir.

- Heureux… Heureux hasard, horrible hérésie… hésiter, humer, … Horreur hurlante.

Il avait baissé le visage pour se concentrer mais il le releva et cracha ce qui était une insulte.

- Horreur hurlante.

Ce fut suffisant pour l’aider à avancer. Il n’y avait que quelques pas pour en arriver aux escaliers. Chaque pallier fut un défi s’ouvrant sur des orgies en tout genre. Par endroit, des armes avaient été déposées, sans doute des chasseurs de démons qui pensaient sincèrement pouvoir atteindre le démon qui régnait sur toute cette décadence. On disait qu’il attendait, au dernier étage, celui qui parviendrait à venir le trouver pour enfanter avec lui un démon humain. Certains disaient qu’alors, il serait affaibli et qu’on pourrait le tuer. D’autres pensaient qu’au contraire, il serait plus fort que jamais mais qu’il accorderait un trésor à l’humain, peut-être la vie éternelle ? Peut-être l’élévation au rang de démon ? Les rumeurs les plus folles couraient. Donovan n’y avait jamais prêté spécialement attention avant la dernière famine. La majorité de ses proches étaient décédés, le laissant dans un état étrange. Il ne se sentait pas vraiment lui-même. Un peu distant et froid. Il était fatigué également. Si le roi-démon le tuait, dévorant son âme et son corps dans le processus, ce ne serait pas plus mal. S’il le sauvait de la famine à venir, il devrait alors repenser sa vie. Et s’il lui offrait un vœu, il pourrait peut-être sauver son village…

- Ici, il improvise intentionnellement. Infernale illusion, il imagine imposer. Impossible illusion…

Les marches étaient un peu trop basses pour être confortables mais pas assez pour être montée deux par deux. A chaque pallier, il ralentissait, il haletait et observait sans pouvoir s’en empêcher même s’il savait parfaitement que repartir ne serait que plus difficile encore. Sous son pantalon élimé, son sexe bandé pulsait furieusement. S’il venait à jouir, il tomberait sans doute sous la coupe du démon le plus proche. En gémissant, il observa les étages qui l’attendaient, ils semblaient toujours plus nombreux… C’était sans doute une forme de magie, mais il ne pouvait rien faire d’autres que d’avancer. Il s’accrocha à la rambarde pour s’aider et reprit, avançant lentement. A quelle lettre en était-il ? Il avait oublié… I ? Il… Non, il avait déjà fait « il », pour parler de lui-même dans une froide ironie. Alors il était temps de faire « je » et d’être aussi sincère que cette contrainte le lui permettrait.

- Je jette…

Il s’essoufflait.

- Je jette… jamais… Jamais…
- Jamais ? demanda une voix tout près de lui, le faisant sursauter.

Donovan regarda le démon. Il était plus grand que lui, plus épais aussi, plus fort assurément mais ce qui les distinguaient allait bien au-delà d’une simple différence de carrure. Deux cornes noires s’échappaient du haut de son front pour venir couronner sa tête. Ses yeux en amande étaient d’un noir aussi profond que sa peau était blanche, d’une couleur qui n’avait rien d’humaine. Donovan le trouva beau, son sexe se tendit un peu plus et il détourna en hâte. S’il continuait à admirer ses cheveux soyeux qui cascadaient dans son dos, ses épaules fortes, ses mains… Roh ses mains parfaites… et à l’arrière de son corps cette immense queue, semblable à ce qu’il imaginait d’une queue de dragon… S’il continuait même à penser à tout cela, il n’arriverait jamais au pallier suivant… Hors quitte à être perdu, quitte à abandonner, autant le faire complètement, autant aller jusqu’au bout. Il reprit uniquement pour lui-même.

- Je jette jamais… joyeusement, jurant… jurant…
- Oh des mots en « j » c’est ça ? Amusant. Non, pardon. Joli.

Le démon lui offrit un sourire plein de dents que Donovan ne remarqua pas, fixant les marchants et n’écoutant que sa propre voix alors qu’il cherchait un mot, n’importe lequel pour venir compléter sa phrase.

- Jurant jusqu’à…
- Jouir !

L’humain sursauta. Il déglutit et s’accrocha un peu plus fort à la rambarde pour s’équilibrer. Il ne devait pas se laisser déconcentrer. C’était important.

- Justice…
- Jérémiade… répondit le démon sur un ton amusé.
- Je…
- Jouir… répéta le démon.

Donovan secoua la tête dans l’espoir vain de chasser cette voix obsédante.

- Kidnappante kabbale…
- Oh oui…

Le souffle du démon résonna tout près de son cou. Donovan aurait dû sursauter et s’éloigner. C’était ça la bonne réaction. Mais à la place, il poussa un gémissement qui le fit rougir tant il était impudique. Il devait se reprendre. Il devait réussir à le fuir ! Il s’accrocha plus fort, tira sur ses bras pour se projeter vers les marches suivantes et fit de son mieux pour rester concentrer !

- La lenteur livrera la leçon…
- Je crois que j’aime bien cette lettre ! La levrette lente laboura le libertin, lequel laissant la luxure le libérer, lamentablement, larmoya… C’est qu’il en voudrait plus vois-tu ? Et toi, que voudrais-tu ma merveille ?
- Maudit… menaçant ma maîtrise…
- Mauvaise maîtrise meurtrissant ma merveille…
- Ma mission me maintient…
- Mauvaise mission, mon mignon…
- Mensonge !

Donovan s’arrêta. Son cœur battait la chamade, il s’était redressé et observait le démon.

- Mensonge ? Tu le crois vraiment mon cœur ? Pourquoi te mentirai-je ?
- Je… Je veux réussir.
- Réussir quoi ?
- Je veux atteindre le sommet.
- Le sommet de ta jouissance t’attends juste là, dans mes bras, mon beau.

Donovan secoua la tête et répondit, en couinant légèrement :

- Je veux atteindre le roi…
- Le roi ?
- Le roi-démon.
- Ah… et tu feras quoi alors ?

L’humain ferma les yeux et haussa une épaule, désabusé. Il n’en savait rien. Le démon s’approcha et lui caressa la joue. Le contact aurait dû le révulser mais il le trouva étrangement rassurant. Sa main était chaude, elle chassa le froid d’épuisement qui l’envahissait.

- Tu ne peux pas atteindre les quartiers du roi en montant ces escaliers… Veux-tu que je te guide ?
- … Pourquoi ?
- Tu es amusant, ma merveille… et tu ne portes pas d’armes. Peut-être pourras-tu porter autre chose ?
- Autre chose ?

Un sourire énigmatique lui fut offert et une main cajolante dans son dos acheva de le convaincre. Son esprit était embrumé, mais il se laissa conduire sur le pallier le plus proche. Il passa au milieu des corps alanguis, des gémissements et de l’odeur de sperme qui flottait de partout. Tout contre son oreille, le démon murmura :

- Tu vois… le secret est là… Peu importe jusqu’où tu montes par cet escalier infernal, tu n’atteins jamais le roi… pour l’atteindre il faut arriver à traverser trois paliers sans t’arrêter. Tu crois que tu le peux ?

Donovan s’en savait incapable sans aide, alors il se permit de s’accrocher au démon car c’était bien là son seul espoir. Il fallut enjamber certains corps impudiques qui se trémoussaient devant eux, puis grimper le long d’un petit escalier dissimulé qui mena directement au cœur d’un autre pallier.

- Il faut ressortir… lui chuchota le démon au cœur de l’oreille, lui tirant mille frissons.

L’humain se laissa guider, étouffant de son mieux ses propres gémissements. Il avait chaud, il avait chaud de partout. Ils retournèrent à l’escalier principal et Donovan s’arrêta un instant. C’était l’escalier principal, c’était logique vu leur trajet et la morphologie du lieu, mais les carreaux au sol n’était pas tout à fait identique. D’une main presque timide, il frola la rambarde à laquelle il s’était accroché avec tant de force et frémit. Celle-ci était un peu plus chaude et plus sombre. Ce n’était clairement pas la même. Il ne comprenait rien mais il se laissa conduire par le démon.

A l’étage suivant, Donovan fut tiré de nouveau à travers le pallier. Le démon avançait lentement, comme s’il profitait de l’ambiance ou comme s’il voulait lui laisser la possibilité de craquer et de rejoindre les corps alanguis de plaisir. Etrangement, ils étaient beaucoup moins nombreux que sur les paliers précédents. Peut-être que le démon avait dit vrai ? Alors ici, ces hommes et ces femmes qui s’adonnaient aux plaisirs, avaient réussi à traverser un pallier entier… Donovan frémit. Combien avait-il dit déjà ? Trois ? Il ne tiendrait jamais. Son sexe suintait en permanence maintenant et son caleçon fatigué était trempé, si trempé qu’il n’aurait pas été surpris que la tâche se voit à travers son pantalon, mais son excitation ne s’arrêtait pas là. Elle était de partout sur sa peau, à l’intérieur de sa chair et le long de chaque zone érogène. Il allait craquer pensa-t-il, totalement hypnotisé par le spectacle de deux démons prenant à même temps un jeune homme qui hurlait de jouissances. Il allait forcément craquer. Sous ses doigts, le bras fort du démon était son seul soutien. Il s’y accrocha un peu plus fort encore et fit de son mieux pour se concentrer. Ce n’était qu’une question de volonté au final.

- Naïvement, nous négocions notre… navigation. Naufragés, nous… nous noyerons…
- Dans le sperme tu veux dire ? répondit le démon, clairement amusé. Il y a assez peu de risque en réalité… Enfin… Pas encore. Par contre… nous niquerions noblement, ajouta-t-il dans un petit rire.

L’humain vacilla et cette fois-ci, le démon l’aida un peu plus franchement à traverser le pallier malgré ses taquineries incessantes. Peut-être voulait-il le voir réussir au fond ? Ce serait une première à bien des égards. Personne n’avait réussi… et il n’avait jamais aidé personne avant.

Au troisième pallier, Donovan n’était plus surpris par les changements de l’escalier principal, par contre, l’absence de toute personne fut un choc. Où étaient les corps nus ? Où étaient les démons aux sexes énormes et triomphants, si bandés qu’ils pouvaient faire peur ? Où étaient les gémissements, les cris, les halètements, les bruits de la chair claquant l’une contre l’autre ? Où était tout cela ? Le pallier entier était immense, c’était peut-être même le plus grand qu’il fallait traverser, mais il était vide.

- Nous sommes arrivés ?
- Non.
- Il n’y a personne ?
- Non… Il faut croire que le roi était optimiste…
- Optimiste ?
- Il a dû croire que même avec trois paliers, il aurait beaucoup de visites… mais personne ne dépasse le second.
- A part toi…

Le démon émit un petit rire mais cette fois-ci, il n’y avait plus de joies dans sa voix. Ce n’était pas un rire amusé mais désabusé.

- Les gens sont souvent décevants… Le seras-tu petit humain ?
- Je ne sais pas.
- Que vas-tu exiger du roi ?
- Je ne sais pas… Je suis fatigué, avoua Donovan.

Le démon acquiesça et lâcha son bras en soupirant.

- Tu peux t’arrêter ici si tu veux. La luxure t’envahira autant qu’ailleurs et en attendant de la compagnie, tu trouveras des jouets et tu pourras te masturber.
- Non !
- Non ?
- Je veux réussir… Aide-moi. S’il-te-plait…

Ils s’observèrent silencieusement un moment. Donovan avait le souffle aussi court que lourd, épuisé de lutter contre des envies qui ne lui laissaient pas une seconde de répit. Le démon roda autour de lui et l’humain ne put qu’observer, un peu émerveillé, sillonner derrière lui sa longue queue reptilienne. Elle ne traînait pas au sol, mais le frôlait par moment.

- Qu’est-ce que tu vas lui demander ?
- Rien…
- Rien ? Tu n’as pas un vœu à formuler ?
- Non.

Le démon s’immobilisa et pencha la tête pour capturer son regard.

- Je ne te crois pas. C’est beaucoup d’effort pour quelqu’un qui n’a aucune motivation.
- Je ne voulais pas… que ce soit sans espoir. Je suis venu m’offrir. Je prendrais ce qu’il me donnera… et s’il ne me donne rien, ça m’ira.
- Tu voudrais me faire croire que tu es désintéressé ?

Donovan eut un petit rire étrange. Non, il n’était pas désintéressé. Il était fatigué et il voulait que ça cesse, d’une manière ou d’une autre.

- Tu sens le désespoir, ma merveille… Je l’ai senti à travers chaque pallier alors que tu t’accrochais pour grimper. Habituellement, vous sentez la colère, la haine, le désir, l’avarice… et puis la luxure bien entendu. Sur ce point-là, tu n’as rien à envier aux autres. Je sens l’odeur de ta chaire et… mmm… quel délice.
- Alors tu sais que je ne l’agresserai pas…
- Je n’ai pas peur pour le roi. Pas pour son intégrité physique en tout cas. Tu prendras réellement tout de lui ?
- Oui…

Le démon s’approcha brusquement et posa une main possessive sur son bas-ventre, le faisant haleter.

- Et tu lui donneras tout également ?
- Oui…
- Tu n’auras ni vœux, ni souhaits, ni promesses, ni quoique ce soit qu’il n’ait envie de t’offrir. Il n’y a pas de trésor là-haut. Si c’est ce que tu veux vraiment, alors vas-y !

Il se décala montrant clairement le dernier escalier. Il était étrangement sombre et lugubre, mais qu’attendre d’autre ? Donovan trébucha. La perte de la main de son démon le faisait frémir. Il avait envie qu’elle revienne, qu’elle le caresse, qu’elle le cajole, qu’elle le soutienne, … Mais le mâle avait reculé et l’observait avec une forme de colère étrange. Peut-être devrait-il rester là avec lui ? Il secoua la tête comme pour essayer de réarranger ses propres idées. Il avait un objectif et résister aux tentations étaient son épreuve.

En trébuchant, Donovan avança jusqu’aux marches. Il dut s’appuyer sur le mur le temps qu’un long frémissement le parcours puis, il put commencer son ascension. Au bout d’une dizaine de marche, il se rendit compte que son démon le suivait. Etrangement, ça le rassura et l’aida à avancer. Tout en haut, il y avait une porte close ou au moins, Donovan supposa que c’était une porte. Il faisait presque entièrement noir mais il parvenait à distinguer les traits d’une immense gargouille. Devait-il la toucher ? Il attendit, hésitant et sursauta en sentant le corps épais de son démon, juste derrière lui. Son bras passa tout près de son visage alors qu’il poussa la porte pour lui. Elle s’ouvrit sans mal, offrant le passage vers les quartiers du roi-démon.

Faire les derniers pas fut facile en soi. L’espace était vide. Il n’y avait personne. Il sursauta lorsque la porte claqua dans son dos et se retourna, observant son démon sans comprendre.

- On dirait bien que j’ai menti finalement…
- Menti ? chuchota l’humain.
- Oui… J’ai dis qu’il n’y avait pas de trésor et à présent, il y en a un… ma merveille.

Donovan frémit.

- Le roi… où est-il ?

Son démon s’éloigna sans un mot, retira le voile qui couvrait ses épaules, se dénudant assez largement et une couronne de feu apparu flottant au-dessus de sa tête comme une auréole. Il se retourna vers lui, tranquillement et énonça son intention :

- Tu as enfin atteint mon nid, mon tout beau… Tu comptes réellement tout m’offrir ?
- Tout ce que j’ai… chuchota l’humain.
- Je vais apaiser ta brulure… et tu porteras ma fille. Notre fille.

Donovan gémit et acquiesça. L’envie qui était montée à chaque étage, menaçant de le faire tomber entre les bras de n’importe qui ne s’était pas calmé. Le démon s’approcha et lui vola un baiser. Pas un baiser chaste du bout des lèvres comme ceux qu’il avait pu partager au village. Non, un baiser impérieux, presque violent, qui le laissa avec les lèvres un peu rouges et gonflées et le souffle court. Un baiser qui était plein de promesse également. Sans pouvoir s’en empêcher, l’humain partit vers l’avant pour cueillir à son tour la bouche de son futur amant. Il le gouta, l’embrassa, glissa sa langue sur ses lèvres pour aller le chercher plus profondément encore… Et le roi se laissa faire en souriant. Son amant était jeune et assez peu expérimenté par rapport à ses démons, mais la façon dont il se pressait contre lui du haut de toute sa naïveté était somme toute rafraichissante. Une très jolie érection tendait son pantalon.

- Je m’appelle Donovan… chuchota l’humain d’une voix incertaine.
- Donovan… répéta le démon, faisant rouler son prénom sur sa langue, testant la sonorité avant de se remettre à sourire.

L’humain ne lui posa pas de questions comme s’il savait que ce serait perçu comme une exigence. Cela plut au roi qui lui offrit de bonne grâce son propre nom.

- Belzébuth.
- Mon roi… répondit l’humain avec une déférence un peu étrange à ses propres yeux.
- Je vais te remplir de mes petits.

Donovan acquiesça et se blottit contre le démon, savourant la force qu’il sentait contre lui. Lorsque les doigts du roi vinrent écarter ses vêtements, le dénudant, il se laissa faire. Il frissonna lorsque son sexe fut libre de se dresser comme il le voulait. Il se sentit horriblement décadant, nu avec ce sexe énorme, rouge, tendu et suintant de liquide pré-séminal… Belzébuth recula pour l’observer et son sourire en coin ne fit que le mettre un peu plus mal à l’aise malgré le désir évident.

- Mon délicieux petit trésor…

Il glissa sa main sur la hampe tendue et se délecta du petit cri de l’humain. Il était délicieusement sensible et le combler allait être un vrai moment de bonheur. Gentiment, le démon le poussa jusqu’à l’endroit le plus intime de la pièce, c’était un lit, immense, aux draps noirs, remplis de coussins tout aussi noirs. C’était un endroit confortable, mais c’était surtout ici qu’il féconderait son compagnon. Il l’avait décidé des années auparavant, pensant que l’instant arriverait vite… et puis le temps s’était étiré, jusqu’à ce qu’il décide de descendre observer la situation… Quelle déception cela avait été !

Donovan poussa un petit cri lorsqu’il fut projeté sur le lit. L’instant d’après son roi-démon était sur lui, sa queue reptilienne s’enroula vaguement autour de sa jambe et il se pencha pour l’embrasser de nouveau. Ce n’était toujours pas un baiser chaste ou doux. Donovan eut davantage l’impression que l’on faisait l’amour à sa bouche et l’idée même le fit fondre. Il aimait ça. Il l’aimait vraiment. Blotti contre ce corps lourd, il ondula pour augmenter les contacts, se caressant contre lui. Belzébuth s’amusa de cette luxure et le caressa pour accompagner ses mouvements. Sur ses flancs, il lui tira de longs frémissements puis, il se saisit de l’un de ses tétons, l’attrapant avec un peu plus de force que nécessaire juste pour le bonheur de lui prendre un gémissement.

- Je ne vais pas être doux, d’accord ?
- Je suis à toi… mon roi.

Le démon sourit à nouveau et glissa sa main le long des testicules tendus du jeune homme pour atteindre son anus fermement contracté. Pousser un seul doigt à l’intérieur fut laborieux, mais une fois en place, il tira sur la chaire pour qu’elle lui obéisse aussi bien que le reste du corps de son humain. Donovan haleta, couina, grimaça, mais il ne fit pas le moindre geste pour s’extirper ou pour le chasser, ce qui était une excellente chose. Lentement son corps bouillonnant s’ouvrit offrant sa douceur et sa chaleur à son roi.

Belzébuth continua à le préparer, le doigtant de plus en plus profondément. En se courbant, il saisit l’un de ses tétons entre ses lèvres. Il s’amusa à le faire rouler gentiment, le lécha puis l’aspira avec force, le suçant avec délectation. Les tout petits démons qui allaient naitre de son ventre en ferait de même. Ils n’en tireraient peut-être pas du lait, mais si le corps de l’humain leur résistait de cette manière, ils planteraient leurs petits crocs pour s’abreuver de son sang. Le démon sourit de nouveau, ravie à la simple idée de voir son humain se tordre sous leurs petits. Il avait attendu ça pendant si longtemps… et enfin venait le moment de déguster son trésor.

Il dévoila son propre sexe, à la fois semblable à ceux des humains et particulièrement différent. Le petit n’avait jamais connu ça, c’était d’ailleurs tout l’intérêt de l’épreuve qu’il avait composé. Il voulait un humain capable de résistance sexuelle, quelqu’un qui pourrait être endurant une fois blotti dans son nid mais également quelqu’un qui n’ait pas déjà fait une expérience similaire. Ainsi, il n’y avait pas d’appréhension particulière et il ne permit pas à l’humain de l’observer pour éviter d’en créer. Non, il s’offrirait sa première fois avec un démon sans lui permettre plus de préparation qu’il n’en avait eu en traversant les orgies qu’il avait refusé d’observer dans les détails pour éviter de craquer. Il y avait appris le principal : les humains aimaient ça. Il l’aimerait lui aussi.

Donovan écarta les jambes pour se mouler davantage à lui, offrant son intimité en gémissant d’impatience. Il n’en pouvait plus. Il n’était plus qu’une boule de désir attendant d’être comblé. Il haleta en sentant la pointe d’un sexe épais se présenter contre lui et tenta de jeter un coup d’œil. Ça lui semblait énorme. Belzébuth saisit son menton, l’empêchant de regarder. Leurs yeux restèrent rivés l’un sur l’autre. Les paupières de l’humain s’écarquillèrent sous le choc alors que le démon s’enfonçait en lui. Il aurait peut-être eu besoin de pauses, de caresses ou même d’encouragements, mais Belzébuth continua juste à avancer jusqu’à s’enfouir au plus profond de lui.

- Ah ! Ah… Dou-doucement… couina Donovan.

Un baiser se posa sur ses lèvres et quelques caresses vinrent raviver le plaisir. Ce fut lui qui bougea le premier, remuant tendrement, doucement, se resserrant pour offrir plus de plaisir à son amant. Belzébuth le laissa faire un moment savourant ses initiatives pour ce qu’elles étaient : des offrandes. Puis, il reprit le contrôle du coït, s’extirpant sèchement et retournant au fin fond de l’humain, forçant son corps à s’adapter à son épaisseur. Des mouvements lents et constants qui couvrirent l’humain de sueur. Petit à petit, le démon augmenta la vitesse cherchant son propre plaisir et le trouvant dans la chair innocente de Donovan.

- Je… Je vais… Je vais… chuchota l’humain.

D’une main dure, Belzébuth saisit son sexe pour l’empêcher de jouir, sans pour autant changer de rythme. L’humain couina, pleura, le supplia de le libérer, … le plaisir était simplement trop fort, mais Belzébuth ne lui offrit pas cette délivrance. Il lui fit l’amour, rudement, laissant son propre plaisir monter tranquillement. Lorsque les chocs furent assez forts pour remuer tout le corps du garçon, son sexe vibrait de désir et il sentit sa propre jouissance monter. Ce fut à ce moment-là qu’il changea de prise sur la hampe de l’humain pour la masturber tendrement, l’aidant à rejoindre un pic de plaisir. Belzébuth jouit le premier et aussitôt son sexe s’hérissa de petits pics se fichant dans la chair de l’humain pour l’empêcher de fuir. Donovan poussa un cri de pure douleur mais dans le même temps, il jouit, submergé par les sensations aussi fortes que contradictoires. Au creux de son ventre, des longs jets de spermes démoniaques l’envahissaient se collant à ses parois, s’y installant et le parasitant pour faire naître la vie.

Belzébuth se pencha, embrassant la tête de l’humain comme pour le consoler. Des larmes s’échappaient de ses yeux, mais son torse était couvert de sa propre jouissance et il frissonnait toujours, comme secouer par des répliques de plaisir.

- Il n’y en a que pour quelques minutes, mon trésor…
- D’a-d’accord… Je vais porter nos bébés ?
- Oui. Tu vas le faire.

Donovan acquiesça et se laissa aller à la sensation étrange. Son démon, son roi, était en train de le féconder. Le pincement rude de sa chair la plus intime fut oubliée. Lui qui avait cru n’avoir aucun avenir se découvrait au moins une utilité… et les caresses, si douces, sur son visage lui donnaient l’impression qu’il avait de la valeur. Il ferma les yeux et trembla de bonheur en entendant Belzébuth lui soufflait qu’il était son trésor, sa merveille… et blottit entre ses bras, entrain d’accueillir leurs petits, il décida d’y croire et ferma les yeux, purement contenté.

Note : Aujourd’hui le mot clé était « nid », j’ai décidé d’aborder l’idée de la fécondation et on a évoqué la gargouille en prime ! Et surtout, j’ai essayé de faire mon défi complémentaire qui était la composition d’au moins un tautogramme (une phrase où tous les mots commencent par la même lettre).

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hendysen ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0