La panthère

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La voix suave de la standardiste s’éleva pour la troisième fois. Elle nous avait souhaité la bienvenue chaleureusement puis nous avait félicité pour notre réussite au concours d’accès. On s’était regardé, silencieusement. Certains d’entre nous rayonnaient littéralement de fierté. Ils avaient sans doute réussi des concours qui les destinaient à des postes prestigieux comme pilotes ou scientifiques. Moi, je ne rayonnais pas. J’étais sélectionné comme agent de confort. Agent de confort, ce n’était pas le pire à mes yeux, le pire ça aurait été de ne pas être sélectionné ! Ça oui… Mais ici, sur la base spatiale qui gravitait autour de Neptune, on ne pouvait pas faire pire.

- Yannsa Duranto ?

Je sursautais, c’était mon nom et j’étais appelé à mon tour pour les examens préliminaires. Nous avions voyagé pendant assez longtemps pour qu’un examen médical soit important, mais l’examen n’était pas juste basique. Il pouvait servir à déterminer nos postes définitifs… Ou en tout cas, c’était ce qui allait se produire pour moi.

La doctoresse qui m’accueillit le fit avec un joli sourire qui se voulait rassurant. Elle avait pourtant mon dossier et savait ce que l’examen impliquait. Je le savais également pour avoir eu une fiche explicative à mon inscription, fiche que j’avais relu une dizaine de fois au moins. D’abord parce que je n’avais rien compris, à croire que j’étais idiot ou que mon cerveau avait juste déconnecté devant l’horreur de la situation, puis pour me familiariser avec tout ces points… J’avais fini par mémoriser le protocole complet et il ne me donnait pas du tout envie de sourire.

- Il ne faut pas être nerveux, monsieur Duranto. Cela se passe généralement beaucoup mieux que ce que les aspirants craignent.

Elle essayait de me rassurer, mais encore une fois, elle avait mon dossier. Elle devait donc savoir que j’avais eu beaucoup de mal à passer les premiers tests et aujourd’hui, on allait recommencer pour voir où mon corps en était après ce long voyage puis, on ferait les tests qui n’avaient pas pu être fait avant. Les tests de compatibilité. Les machines avaient fait de leurs mieux pour les simuler, bien-sûr, on ne m’aurait pas embarqué sans ça, mais rien ne valait le concret.

J’observais très brièvement la salle, entièrement blanche, où l’examen allait se dérouler. Il n’y avait pas de lit, pas de fauteuil ou quoique ce soit qui aurait pu appeler à s’allonger confortablement. Il n’y avait qu’un drap, blanc, formant un anneau suspendu depuis le plafond, un bureau froid et une chaise. Ce serait sans doute suffisant.

- Je vous laisse retirer la totalité de vos vêtements ? demanda-t-elle en conservant cette douceur rassurante.
- Oui…

Ma voix me parut faible, je toussotais un peu pour l’affermir mais ne la testait pas à nouveau. Il n’y avait pas besoin que je parle. Je n’étais pas sélectionné pour mon sens du bavardage, assez absent d’ailleurs. Non, si j’étais sélectionné, c’était pour mon acceptation à les laisser user et abuser de mon corps et l’état de mon corps justement. J’étais né dans la pollution terrienne et j’y avais grandi avec tout ce que cela impliquait. Des poumons faibles, des tâches sur la peau comme autant de petites constellations bleuâtres, des cheveux cassants et ternes, des yeux malades à la couleur comme délavée et une constitution qui laissait franchement à désirer. Chez moi, cela se voyait de part ma maigreur qui semblait impossible à combler et mes muscles particulièrement discrets. Je n’aurais jamais beaucoup de forces et mes articulations seraient toujours douloureuses. J’avais eu peur que le manque de confort que pouvait apporter mon corps soit un frein, mais par ici, les Terriens étaient une rareté et on nous surnommait « les panthères » en hommage à une vieille espèce disparue. C’était à cause de nos tâches si j’avais bien compris…

Pour rentrer dans un tel programme, il ne fallait pas avoir beaucoup de pudeur. Mon corps était tout ce que je possédais et leur offrir le droit d’en faire usage était ma seule monnaie d’échange. Ça ne me dérangeait plus depuis longtemps. Dans la vie parfois, il faut juste utiliser ce que l’on a… La pièce était agréablement chauffée et me retrouver nu ne me provoqua donc aucun inconfort. Je m’approchais de la bande de tissu et l’effleurait du bout des doigts, pensif. Elle était douce et se voulait visiblement confortable malgré son minimalisme.

- Vous êtes bien formé, fit par dire la doctoresse tout en m’évaluant d’un œil expert.

Ce n’était pas vraiment vrai. Mon dos présentait une mauvaise courbe et pour pouvoir prétendre au programme, il avait fallu que j’accepte de me faire opérer d’un poumon, laissant une cicatrice très longue mais également épaisse sur mon torse. La technologie aurait pu rendre l’opération invisible, mais c’étaient des frais supplémentaires que je ne pouvais décemment pas me permettre. Le reste de l’opération avait été pris en charge par les autorités, une espèce de retenue sur mon futur salaire. Quelque chose qui me rendait apte au trajet, mais qui me condamnait à vivre sans le moindre fond pendant quelques années au moins.

- Juste votre pénis peut-être… ajouta-t-elle avec une grimace.

Je baissais les yeux pour observer mon propre sexe, cherchant à comprendre ce qu’elle voulait dire. Il était tout à fait dans la norme à ma connaissance. Pas vraiment droit, certes, mais pas complètement biscornu non plus. Ma peau recouvrait mon gland correctement, sans le laisser à l’air libre au repos mais sans poser de difficulté à s’effacer en cas d’érection. Il reposait actuellement mollement sur mes bourses, dénuées de poils en dehors de quelques-uns si clair et si discret qu’il fallait les chercher activement pour les remarquer. Elles n’étaient pas très grosses, mais semblaient pleines.

- Beaucoup d’homme aime que leurs partenaires soient moins bien dotés qu’eux, finit-elle par me dire.
- Ah… Je suis… trop gros ?

Trop gros, quelle idée amusante pour une brindille telle que moi. Elle haussa une épaule et répondit en douceur :

- Trop gros pour certains je pense… mais d’autres aimeront ça.

A la grimace qu’elle fit, je compris qu’elle parlait de ceux qui seraient beaucoup plus épais que moi malgré tout. Si ça l’ennuyait, cela semblait être parce qu’elle aurait aimé m’épargner certaines souffrances que peuvent provoquer des coïts avec les mastodontes qui pouvaient naître sur ces stations. L’idée me plut vraiment. Pas l’idée de ces douleurs à venir mais qu’elle cherche à me préserver c’était rafraichissant et agréable.

- Est-ce que vous allez reprendre mes mesures ?
- Oui. On vérifie tout.

J’acquiesçai silencieusement. Le protocole n’était franchement pas agréable, en faites, il était même douloureux et il supposait de prendre sur soi. J’espérais juste que cette doctoresse serait plus délicate, dans la mesure du possible, que le docteur aux mains imposantes qui m’avait manipulé salement la première fois. Ce ne serait pas très dur…

En me faisant m’installer, le bas du dos cambré, en position de lordose, la rougeur monta à mes joues. C’était tellement inconvenant. C’était également ce qu’elle voulait…

- Préférez-vous que je vous explique les étapes ou que j’évite ?
- Non… Expliquez-moi. Je préfère savoir.
- Très bien. Je vais vous toucher et glisser une petite pointe en vous pour vous injecter un lubrifiant.

Joignant les gestes à la parole, elle écarta l’une de mes fesses et je sentis la fameuse petite pointe se faufiler en moi. Elle bougea légèrement, il y eut comme une petite pression et cela cessa immédiatement, mais à présent, j’étais désagréablement humide avec une furieuse envie de m’essuyer. Je restais néanmoins immobile. Très professionnelle, la doctoresse ne se permit pas de caresser mes fesses ou mes cuisses mais la vérité, c’était que je me sentais vraiment très seul à cet instant et le moindre geste de réconfort aurait été le bienvenu.

- Maintenant, je vais glisser l’appareil. Il est très fin au début.
- Oui…

Je me cambrais un peu plus et l’engin se glissa. Il était un peu froid alors je sursautais, mais très vite mon corps le réchauffa. L’appareil ne vibra pas, il ne semblait même pas remuer et pourtant, petit à petit, cela devint inconfortable. Je m’accrochais un peu plus fort au tissu qui me soutenait et serrait les dents alors qu’en prenant une taille de plus en plus conséquente, l’appareil me dilatait de force. Lentement, je me mis à gémir, d’abord ce ne fut que quelques halètements puis des bruits de plus en plus francs jusqu’à ce que je m’exclame :

- Stop ! Stop… C’est trop.

Immédiatement, la doctoresse toucha l’appareil, l’arrêtant et l’enjoignant à rétrécir.

- Je le réduis un peu avant de l’extraire.
- Ok… Ok… chuchotai-je avant d’ajouter, est-ce que j’ai beaucoup réduit ?
- Un peu, mais ce n’est pas grave. On va essayer de mettre un tampon pour voir, d’accord ? Il ne faut pas vous inquiéter.

Je grimaçais. Un peu ? Sa voix ne ressemblait pas à du « un peu » et si j’avais trop réduit, alors j’intéresserais beaucoup moins de monde. On ne me renverrait pas, bien-entendu, mais si je pouvais éviter de passer par une étape de « rééducation » pour m’élargir, ce serait une bonne chose. Je soupirais néanmoins de soulagement lorsque le petit engin se retira.

- Avez-vous déjà porté un tampon ?
- Non.
- Ça va être un peu froid et humide, pas très large, bien moins que ce que vous venez de porter. Ça ne devrait pas être inconfortable au début. Votre corps va réagir. Vous devriez ressentir de la fièvre, des frissons, … Ce n’est pas une partie de plaisir.
- D’accord… Est-ce que ça va régler le souci ?

Je tournais le regard vers elle, espérant une réponse franche et elle me fit un petit sourire encourageant.

- On devrait gagner quelques centimètres si vous le supportez bien.
- D’accord…

Le tampon contenait des produits très perfectionnés qui permettaient une détente musculaire rapide et relativement durable. Assez en tout cas pour limiter la rééducation. Si j’étais choisi, je n’aurais pas le temps de me refermer de nouveau après cette manœuvre. C’était donc une excellente solution mais dès les premières secondes après l’introduction, la brulure fut nette. Je ressentais vraiment le besoin de l’expulser, mais l’idée même de subir la rééducation suffisait largement à me donner le courage d’endurer. Comme elle me l’avait annoncé, très vite, une forte fièvre me prit. Je me sentais malade. Mon corps se couvrit d’un voile de sueur. Les gémissements qui m’échappaient furent de plus en plus net et mentalement, ça devenait de plus en plus dur au fil des secondes.

- C’est très bien, vous le supportez très bien, m’encouragea-t-elle.
- Ça… Ça brule.
- Oui… Ça peut faire cet effet. Soufflez-bien. Respirez profondément.

J’essayais sincèrement d’obéir, de respirer comme elle me le demandait, mais c’était très difficile. Mon cerveau n’avait même plus l’air de comprendre ce qu’il se passait en dehors de ce besoin, pressant, d’évacuer ce qui me rendait malade.

- Cela fait deux minutes, déclara-t-elle au bout d’un moment.

Deux minutes ? Deux minutes ?! Ce n’était pas possible… Un pleur m’échappa suivi d’un hoquet, choqué. Combien de temps était-je censé tenir ? Les secondes qui s’égrenaient lentement ne m’apportèrent aucune réponse.

- Est-ce que c’est bon ? Ça suffit ?
- Ce serait bien que vous teniez encore un peu…

Un autrement gémissement m’échappa, je fermais les yeux et me dandinait sans vraiment le vouloir. Mon anus se mit bientôt à se contracter, faisant de longs spasmes et pour éviter que le tampon ne m’échappe, elle dut glisser son doigt contre sa base, le poussant à nouveau dans mon corps.

- Ça brule vraiment…
- On tient encore quelques secondes ?

Il y avait une question dans sa voix mais elle cherchait seulement à gagner du temps… pour m’épargner des choix plus douloureux, je le savais mais à cet instant précis, sa réponse me donna envie de pleurer. C’était trop. C’était beaucoup trop. Une main apaisante se posa sur mon épaule et la pressa gentiment.

- Allez, arrêtons-nous là, finit-elle par déclarer.

Elle eut juste à retirer son doigt pour que le tampon m’échappe en même temps qu’un cri. Presque aussitôt, quelque chose revint au contact de mon intimité bouffie me faisant sursauter.

- Je vous rince.

J’acquiesçais et soupirais de soulagement, mais il me fallut plusieurs minutes pour me calmer vraiment. Je marchais un peu, en boitillant et en grimaçant. Je me sentais béant, à l’arrière de mon corps et je finis par y glisser les doigts. Je trouvais mon anus, détendu, légèrement ouvert. Je frissonnais en me contractant, mais il revint dans cette position rapidement. J’étais vraiment ouvert.

- Vous êtes prêt ? On réessaie ?
- Oui. Combien de temps ça va agir ?
- Quelques heures au moins mais ça devrait surtout aider pour la suite… et après… l’utilisation fera le reste.

Je fis « oui » de la tête, soulagé que ça dure assez longtemps pour ne pas avoir à recommencer. En soufflant, je retournais au tissu pour m’affaler dessus, cherchant à me repositionner pour encaisser la suite. La doctoresse le comprit visiblement car elle s’approcha avec le petit appareil de mesure et du le tenir pour qu’il ne tombe pas. Très vite pourtant en prenant un aspect plus imposant, il s’ancra parfaitement en moi. C’était beaucoup plus facile cette fois-ci et s’il n’y avait pas eu ce reste résiduel de douleurs dû au produit, ça aurait presque pu devenir agréable. Pourtant, à force de gonfler, l’engin devient inconfortable. Je me remis à souffler, à gérer les sensations, à essayer de tenir aussi longtemps que possible, … Mes jambes tremblaient de plus en plus. Cette fois-ci, je ne demandais aucun arrêt et lorsqu’elle sortit l’engin, j’en fus vraiment surpris. Je pensais qu’elle pousserait jusqu’à ma limite dans tous les cas.

Elle dut le remarquer car avec un petit sourire elle m’indiqua :

- Vous avez gagné plus de deux centimètres, ça montre que vous répondez très bien aux tampons si besoin… Et ça nous ouvre la possibilité de faire les essais avec plus de cinquante pour cent des candidats. C’est le principal.
- Oh… Je pensais qu’il y avait assez peu de demande ici ?
- Oui, quand vous êtes parti, je crois que les programmes n’étaient pas encore très populaires, mais plusieurs études ont montré leurs efficacités sur le moral et sur la santé… et c’est devenu de plus en plus courant. Malheureusement, il va falloir attendre un petit moment pour que nos demandes soient comblées !

Effectivement, le trajet entre la vieille Terre d’où venait la plupart des travailleurs les plus pauvres et cette station prenait beaucoup de temps. Avec les dernières technologies au moment de mon départ, il fallait huit ans… Huit années de stases où les corps étaient endormis, comme gelé dans un instant précis mais tout de même huit ans.

- Comment se passe la sélection ? demandai-je curieux.
- Venez vous asseoir. N’hésitez pas à enfiler un peignoir.

Je me couvrais, heureux de retrouver un semblant de pudeur en m’installant devant le bureau.

- Je vais vous présenter les candidats brièvement. Suivant la dernière règle en vigueur pour augmenter les chances autour du bonheur, vous avez le droit à un certain nombre de choix. Nous n’avons sélectionné que des personnes qui pourraient vous correspondre à priori, mais vous allez pouvoir affiner tout ça.

Lentement, elle posa dix dossiers sur la table avec les photos de ces personnes, ce qui ressemblait à un bref CV et des détails qui me firent me sentir vraiment mal à l’aise comme ce qu’ils gagnaient, les prestations qu’ils pouvaient m’offrir… J’avais voulu fuir la Terre et c’était réussi. Est-ce que j’étais censé être bien plus gourmand que ça et chercher… Chercher quoi ? Chercher à profiter de la situation ? Me vendre plus cher encore ?

J’observais néanmoins les dossiers et les classaient rapidement en fonction des préférences sexuelles des uns et des autres et je l’avoue, de leurs physiques. Je n’avais vraiment pas envie de me retrouver ligoté, à recevoir une fessée ou humilié en public. J’avais toujours relativement « classique » en matière d’expériences sexuelles et si ça pouvait continuer comme ça, ça m’allait bien.

Le premier dossier était celui d’un homme de mon âge, aux goûts sexuels à priori aussi banals que les miens, qui vivait dans une partie un peu reculée de la station puisqu’il était en charge de la maintenance d’un secteur critique. Il était plus ou moins toujours d’astreinte et souffrait de la solitude. Ce n’était pas le dossier le plus reluisant, certains promettaient monts et merveilles là où il offrait simplement un quartier confortable et relativement spacieux.

- Est-ce que vous le connaissez ?

Elle se pencha pour observer la photographie.

- Dean Fellichi… lut-elle, mmh, oui, j’ai déjà dû le croiser. Je crois que c’est quelqu’un d’assez réservé mais de très gentil. Je peux le convoquer pour l’essai. Si ça vous convient à tout les deux, vous pourrez repartir ensemble. Si vous préférez faire un essai supplémentaire, ou plus d’ailleurs, c’est également possible.

J’acquiesçai mollement tout en sachant pertinemment que si ça allait, je m’arrêterais dès le premier. L’idée d’être testé et de tester de multiples partenaires pour une baise froide sous un contrôle médical me faisait tout sauf envie. A vrai dire, j’aurais aimé être courtisé, charmé, avoir le temps d’évaluer si nous pourrions être proche sur un plan autre que le seul plan sexuel… J’aurais aimé trouver un « petit ami » ou un « compagnon », mais je n’étais pas là pour ça. J’avais un travail à faire, exactement comme Dean avait son propre travail. Le mien consistait simplement à se faire confortable… Je frissonnais sous la blouse pendant que la doctoresse appelait cet homme pour qu’il teste mon corps. J’étais anxieux et pourtant heureux d’avoir vraiment mon mot à dire dans cette affaire. Au moment de l’embarquement, la sélection se faisait simplement par compatibilité sexuelle et sur place, les mieux placés étaient privilégiés. Ce n’était plus le cas.

Dean arriva très rapidement et nos regards se croisèrent. J’étais encore assis, un peu de pudeur conservée par l’habit léger. Il était plus grand que ce que j’aurais cru, plus grand que la majorité des terriens bien-sûr mais tout de même ! Il me fit un sourire, un peu timide et me salua respectueusement. Il ne ressemblait pas à quelqu’un arrivant en terrain conquis. Honnêtement, ça me soulagea vraiment. Aussi bizarre et impersonnel que ça soit, ça ressemblait à une rencontre entre deux personnes égales.

- Salut… marmonna-t-il.
- Bonjour, répondis-je déjà un peu moins inquiet.

Très vite, la doctoresse prit la situation en main, rappelant que ce n’était qu’un essai et que nous pouvions tout deux estimer qu’il n’était pas concluant. Elle m’invita ensuite à me dénuder et à me réinstaller au centre de la pièce. C’était humiliant de faire ça comme ça, sous cette lumière crue qui ne cacherait rien de mon corps imparfait, mais c’était mon travail et je le fis courageusement. Derrière moi, Dean resta silencieux, ne laissant rien paraître de ses émotions jusqu’à ce que je sente son érection lourde tout contre moi. Visiblement, l’aspect artificiel de ce coït n’était pas pour lui déplaire ou pas suffisamment pour l’empêcher d’avoir une érection importante. Je n’avais pas sélectionné les dossiers en fonction de la taille des sexes, estimant que ce n’était vraiment pas le sujet le plus important au bout du compte, mais quand il commença à me pénétrer, étirant mon anneau distendu comme s’il était fermement serré, je me maudis légèrement. Visiblement, il allait falloir gagner un peu plus de place pour l’accueillir. Seulement au lieu de pousser comme une brute épaisse, il recula, revint, se replaça, négociant habilement avec mon corps. Il m’ouvrit avec une délicatesse surprenante et arriva à ses fins, c’est-à-dire au fond de moi, en un rien de temps malgré tout. Mieux encore, mon amant avait réussi à réveiller mes sens et mon pénis.

Ses mains me caressaient avec lenteur, comme s’il m’adulait. En faites, je me sentais étrangement respecté et sa douceur me donnait l’impression qu’il me faisait l’amour. Rien de tout ça n’avait transparu dans son dossier, indiquant tout juste ses positions préférées, mais réduire un coït à une position était faire preuve d’une grande méconnaissance… Un millier de petits détails pouvaient changer la perception et la qualité de ce moment. Par une chance insolente, Dean semblait maîtriser tout ce que je pouvais aimer.

Il parvint à me faire oublier où nous nous trouvions et puis, sa bouche vint embrasser ma nuque, remonta le long de mon cou, effleura mon oreille et me chuchota à quel point j’étais « merveilleux ». Quelle drôle de compliment ! Il fit étonnamment effet m’amenant à jouir sur l’instant. Tout mon corps vibra, ondula et le serra. Quelques grognements m’apprirent le plus importants, je l’avais emporté dans le plaisir. Mes entrailles se remplirent de sa semence, me soulageant étrangement. Au lieu de me libérer, m’abandonnant là, sale et utilisé, Dean me serra contre son torse. Il était énorme comparé à moi et sa chaleur était vraiment délicieuse. Il me recouvrit d’un linge avec une dévotion évidente et se retira en faisant attention à ne pas provoquer la moindre douleur.

- Merci, me chuchota-t-il.
- Merci à toi…

La doctoresse toussota à côté de nous, attirant notre attention et nous rappelant que nous avions un choix à faire. Après avoir posé un bref regard l’un sur l’autre, chacun notre tour, on put lui répondre que nous validions le dossier. L’idée même de pouvoir revivre un tel moment m’échauffait le sang alors que la pensée que ça ne se reproduirait plus me glaçait.

Dean vérifia le vêtement sur mon corps, me caressa la joue et me sourit avec tendresse.

- Je peux t’emmener ?

J’acquiesçais doucement, surpris que les choses puissent se passer aussi bien. Et ce fut comme ça que je rentrais dans la station pour découvrir ma nouvelle vie. C’était comme dans un rêve… et le plus merveilleux, c’était que ce n’était pas un rêve.

Note : Le mot du jour était « gentil » et la pratique était « examen médical », à ça s’ajoute le défi d’écrire à la première personne. Je suis toujours mitigée sur ce choix, mais je pense que ça me fait du bien de m’entraîner à le faire !

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