Un jab du droit.

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Keisuke, mon plus vieux pote, on se connaît depuis... Toujours ? On s'est rencontré à la maternelle, c'était ridicule, déjà à cette époque, on faisait que de se bastonner. Et plus on grandissait, plus on se tapait sur la gueule. Ce fumier avait un an de plus que moi, alors, quand on était petit, il gagnait toujours. Bordel ce que ça m'énervait, et putain, quand j'y repense, y a pas beaucoup de choses qui me manque autant que nos bagarres. Je me souviens, quand j'étais petit, je me disais toujours " il faut que je le batte. ". À la maternelle, je voulais le battre parce que j'aimais me battre, et ne supportais pas de perdre. Et en grandissant, je me suis mis à penser " Il faut que je le batte, parce qu'en le battant, je me bats moi-même, le moi faible, si j'arrive à battre ce type qui est plus fort que ce moi, alors ça veut dire que je me suis battu. ". Et arrivé au lycée, après des années d'amitiés et de rivalité, je me suis mis à me dire " Il faut que je le batte, parce qu'en le battant, je rendrais hommage à tous ses efforts. ".
Keisuke, vieux frère, tu te souviens du jour ou t'étais au fond du trou parce que Hikari t'a quitté ? Ou la fois où je m'étais pété la main contre ce dégénérer d'Allemand qui venait de débarquer chez nous ? La fois ou t'étais fatigué, ou tu n'avais pas envie de te lever le matin ? La fois ou mon corps refusé de m'obéir et que mon esprit n'était pas assez fort pour le faire bouger ?
Keisuke, vieux frère, toi et moi, on en a vu des pas mal, quand tu t'es rendu compte que Namida n'était pas mon père biologique, et qu'on avait été adopté, tu as pleuré pour moi. T'as été mon premier ennemi, mon premier rival, et pourtant, à chaque fois où l'un, mordait la poussière, l'autre l'aider à se relever. Tu te souviens quand on s'est mis à avoir des crampes tous les jours de la semaine ? Qu'à chaque fois qu'on se croisait, c'était le jeu de celui qui trouvait où cogner pour faire mal ?
Je pense pouvoir le dire avec certitude, nos routes ne sont pas les mêmes, toi et moi, et on n'est pas les mêmes personnes, et après notre dernier combat, on se séparera. Et pourtant, je sais très bien, qu'importe ce qui pourrait arriver, qu'importe que je sois aux Etats-Unis et toi en Inde, la distance entre toi et moi, ne sera jamais plus grande, que celle que traverse un jab du droit.

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