Ise

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Le temps était passé depuis mon arrivé, avec l'équipe, on s'est fait un nom et depuis notre victoire contre les Oranges de Hosei, on enchaîne les matches contre des équipes universitaires. C'est excitant, mais ces équipes jouent toute de manière très... Conventionnel, en fait, le plus excitant, c'est l'entraînement. Je m'ennuie.
Les examens étaient enfin passés. J'admets ne m'être jamais trop inquiété de ceux-ci. Jusqu'à présent, j'ai toujours géré les études, je suis assez malin et me retrouve toujours dans le haut du classement, et encore une fois, j'y suis, à ex aequo avec Himiko, j'ai gagné mon, pari, et elle est contente de savoir que je pourrais choisir la fac que je veux. Et ce, faisant, certainement aller dans la même que moi, ou moi dans la même qu'elle, mais la première option est plus probable.
Ça me tue de le dire, mais les gens ici, ils m'ennuient de plus en plus. Au foot, il n'y a plus une seule équipe qui nous tient tête, et il ne me reste plus que le ring pour ressentir ce frisson sportif. Heureusement, en dehors du sport, il me reste Himiko et les potes pour m'amuser, mais bon, j'aimerais bien retrouver ce frisson que je ressentais contre Keisuke. C'est ça qu'il me faut, il me faut un combat digne ce nom, je veux salir le ring avec mon sang, sentir l'impact de chaque droites... Je dois rentrer à Ise, pas longtemps, juste le temps de me battre à nouveau contre mon vieil ami.
J'achète mon ticket, pour après-demain, et j'appelle Keisuke, si ça continue comme ça, le temps ne pourra pas me faire la peau parce que l'ennui l'aura fait avant.
Perdu dans mes pensées, je n'entends pas la porte qui s'ouvre et Himiko qui monte les escaliers.
- Eikichi ?! T'es là ? !
- Dans la chambre !
Ses pas sont pressés, elle court dans les escaliers... Elle va finir par se casser la gueule à faire ça.
- Qu'est-ce qu'tu f-... Des tickets de train ? Tu rentres à Ise ? Y a un problème Eikichi ?
Elle s'inquiète toujours pour rien, parfois, j'ai l'impression qu'elle se prend pour ma mère, mais peut-être que c'est aussi ça être amoureux. J'ai beau me plaindre, moi aussi, je m'inquiète quand elle fait la moindre chose qui sort de l'ordinaire. Au final, je ne suis pas le mieux placé pour la critiquer sur ça. Je dois la rassurer, je n'peux pas la laissée se faire du soucis pour rien.
- Aucun problème, j'ai juste envie de revoir un vieux copain, et mon père t'en fais pas, je serais de retour dans une semaine maximum.
Hum ? C'est quoi ce grand sourire ?
- Je vais enfin voir ton père ! Et l'endroit ou t'es né ! Tu me montreras ton ancien lycée et tout ! Je veux voir les endroits où tu aimais traîner quand t'étais gosse !
Euh... Alors, elle n'a pas compris, je crois.
- Euh... Himiko, je pensais y aller seul.
- Oui, tu, PENSAIS y allait seuls, mais je viens avec toi, que tu le veuilles ou non. Je ne sais pas ce qui t'arrive depuis quelque temps, mais tu n'es pas dans ton assiette, je te connais assez pour le savoir. DONC pour ça, ET parce que j'ai envie de venir, je viens avec toi.
Ugh... De toute façons, je n'gagnerais pas.
- Ok, du coup, prépare-toi, on part après-demain.
Et ainsi, deux jours plus tard, nous voilà dans le train. C'est marrant, la dernière fois que je l'ai pris, je me faisais chié sévère, j'étais seul, maintenant qu'elle est avec moi, c'est moins vide, c'est évident, mais elle saute dans tous les sens, c'est assez agréable. Cette fois, c'est elle qui regarde les montagnes comme une enfant, c'est vrai, en fait, elle n'est jamais réellement sortie de Tokyo, c'est une fille de la ville.
- Hey Eikichi, tu sais ce qu'on dit sur les trains à Tokyo ? Y a personne dans la rame, tu veux faire des choses perverses à cette jolie lycéenne ?
Elle explose de rire, et j'admets, que moi aussi pour cette fois. Je saisis sa main fermement comme pour m'affirmer et l'attire à moi pour l'embrassé langoureusement.
- Ma petite Himiko, aurait-elle des fantasmes dérangés ?
Elle rigole, me met une pichenette sur le nez.
- T'attendras d'être à la maison, beau gosse.
Allumeuse... Mais pour le coup, je ne me plains pas, cette fois, les cinq heures passent assez vite et nous voilà enfin arrivé à Ise. Le Grand Sanctuaire, ça faisait un moment qu'on s'était pas vus toi et moi... Ils ont pas encore réparé cette statue...
Himiko semble être en extase, c'est vrai que par rapport à Tokyo, ici c'est la méga campagne ! Pour une citadine, ça fait un changement radical.
- Qui vient gueul- Eikichi ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Yo, je viens faire une visite, j'ai besoin de voir Keisuke, et je te présente ta belle-fille, Himiko.
Namida me regarde avec des yeux de merlan frits, c'est si choquant que ça de me voir avec une fille ? Sérieux ? C'est assez vexant. Et pour couronner le tout, Himiko est rouge comme une pivoine et au bord des larmes... Moi qui me plaignais de l'ennui.
- Mon fils s'est trouvé une femme ! Je suis si fier de toi !
Quelle galère...
Deux heures passent et nous voilà autour d'un thé, à discuté de choses et d'autres, et de mon désir de retrouver Keisuke, puis, la conversation dérive sur notre vie. Je lui explique que cela faisait un moment qu'on n'avait pas vu Kentaro et que Himiko vivait plus ou moins avec moi aujourd'hui, que le lycée se passait bien et tout le tintouin.
- C'est marrant, Kentaro est passé récemment, il a dit qu'il lui fallait prier parce qu'il s'apprêtait à faire quelque chose qui pourrait le salir à jamais. J'ai eu beau le questionner, il n'a pas voulu en parler. Après quelques heures à prier, il est parti avec des collègues, dans une voiture européenne, quelque chose avait changé dans son regard. Kentaro qui est pourtant en permanence en train de rire et de faire l'idiot, il semblait affreusement sérieux. La seule chose qu'il a accepté de me dire, c'est " Je vais ramener les choses dans l'ordre ". Rien d'autre.
Kenta, dans quel bordel, tu t'es foutu putain ? Mr Saitou avait-il vus juste ? Bordel frérot qu'est ce que tu fous ?
- Eikichi, tout va bien ? T'inquiètes pas pour ton frère, je suis sûr qu'il va bien, ça va aller. Et si vraiment, on n'a pas de nouvelle, on ira le chercher nous-même, ce sera notre première aventure.
J'admets ne pas tout à fait écouter ce qu'on me dit, les questions fusent dans mon cerveau, " ramener les choses dans l'ordre " ? Qu'est-ce que tu veux dire Kenta ? Qu'est-ce que tu veux ramener dans l'ordre ? Qu'est-ce qui est si grave que tu ne puisses même pas en parler à ton petit frère ? Pourquoi tu dois prier ? Qu'est-ce qui pourrait te salir à jam-
- EIKICHI !
Une claque ? Hein ? Qu'est-ce qui s'passe ?
- Réveille-toi putain ! Tu m'fais peur ! Je sais pas c'qui arrive à ton frère, mais on va le retrouver, t'en fais pas. Toi, et moi, on va ramener ton grand-frère.
Himiko ? Elle pleure... Pourquoi elle pleure ? Pourquoi elle a peur ?
- Eikichi, Kentaro est ton frère, fais lui confiance, t'es encore trop jeune pour te stresser avec des histoires comme ça, je ne sais pas ce qui arrive à mon petit Kenta, mais ai confiance en lui, pour le moment, tu es ici, avec ta famille, profite. Demain, toi et Himiko, allez vous balader, fais lui visiter la région, et vas voir Keisuke, change toi les idées.

Me changer les idées hein ? Je suppose que c'est ce dont j'ai besoin... Je regarde la statue à l'exterieur, elle est toujours brisée, pourquoi personne ne la répare ? 

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