Le Grand Moment

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Aujourd'hui, le monde m'a rattrapé.
Alors que je sors du ring, je pose mon regard sur Himiko, derrière moi, Keisuke gisait sur le matelat du ring, sonnait. L'ennui peut il réellement tué un homme ? Oui, je pense qu'il le peut, mais elle, elle est l'ennemie mortelle de l'ennui. Mon plus grand antagoniste est toujours défait avec une aisance déconcertante par cette petite femme.
Elle n'est pas très grande, elle me fait penser à un chaton, elle ne tient pas en place. Du genre sportive, elle m'accompagne tous les matins pendant mes entrainements. Elle est belle, si belle, comme une fleur de cerisier. Je n'aime pas le noir, et pourtant, sa chevelure d'ébène me fait frissonner à chaque fois que je la vois, une cascade d'ombre embrassant tendrement les contours d'un visage façonné dans le coeur du Soleil lui-même. Et si une seule étoile ne suffisait pas, ce tableau de maître est ponctué de deux points lumineux, deux magnifiques prunelles volé aux constellations du Grand Chien et de Carène. Sirius et Canopus se font belles au cœur de ce ciel qu'est le visage d'Himiko. J'ai tant observé son corps et son visage que je saurais les dessiner de mémoire, les yeux fermés. Je l'admets, j'ai toujours aimé la beauté et admiré les Grecques pour leur manière de vivre. Et de toute ma vie, jamais je n'ai vus plus belle œuvre d'art. Si belle qu'elle est intimidante. Aucun nom ne sied mieux à cette fille qu'Himiko. La première des Impératrices, descendante de la déesse Amaterasu. Malgré toute cette beauté, malgré tout cela, je plaide coupable, je n'ai jamais été capable de me confesser. Il est amusant de voir comme certaines choses pourtant évidentes prennent du temps à se mettre en place.
- Allons chercher mon frère.
Sérieusement ? Tu pourrais pas trouver mieux ?
Mon frère devrait être à Miyazu, c'est là que je me rendrais, mais avant, je dois faire une chose. Quelque chose d'important, de capitale, pour la première fois, je dois être complètement honnête.
- Himiko, je m'inquiète de plus en plus pour mon frère, et je dois le rejoindre, c'est mon devoir, mais là où je vais, ce sera sûrement un endroit dangereux. Il y a de fortes chances pour que je ne revienne pas, ou en tout cas, pas entier. C'est trop dangereux pour que tu me su-
- Tais-toi, ne finis pas cette phrase. Surtout pas, sinon tu te prendras une claque qui fera trembler Hafthor Björnsson, pigé ? Qu'importe, tu iras, j'irais, que tu le veuilles, ou non, il est hors de question que je te laisse seul, t'es à peine capable de rester en vie dans une maison à Tokyo, alors dans des trucs aussi dangereux qu'une possible implication avec des Yakuza... Tu ne t'attends pas sérieusement à ce que je reste derrière, pas vrai ?
Heh, à quoi je m'attendais ? J'aurais plus de facilité à vaincre un éléphant que de convaincre cette fille de faire quelque chose qu'elle ne veut pas. Et en même temps, je ne peux pas laisser les choses ainsi, mon devoir, et mon instinct me dictent d'agir, et vite.
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" Quel mufle celui-là ! " Pensa Himiko qui observait Eikichi, elle n'était pas jouasse, mais il savait comment la calmer.
Sans lui laisser le temps de réagir, il la saisit et l'attira à lui. Une fraction de seconde passa avant qu'il ne prenne ses lèvres d'assaut, un mélange de tendresse, et de passion brûlante. Un baiser que seul lui pourrait lui offrir, elle s'accrocha à lui, serrant son t-shirt de toutes ses forces, comme si elle cherchait à l'empêcher de fuir. Peut-être était-ce le dernier de leurs baisers, elle refusait de le laisser s'échapper. Autour d'elle, autour de lui, le monde avait disparu, plus rien n'avait d'importance, il n'y avait plus qu'eux... Par chance, ils étaient à ce moment au milieu d'un parc, le plus grand des risques serait de se prendre un oiseau dans la figure... Mais je viens de casser l'ambiance non ? Laissez-moi reprendre. Le temps s'était arrêté et ils avaient l'impression d'être les seules créatures en vie. Ce n'était pourtant pas leur premier baiser, loin de là, ils partageaient le même lit depuis plusieurs mois, l'un comme l'autre se connaissaient par cœur. Eikichi connaissait chaque petit point sensible sur le corps de la dame, et Himiko savait pertinement ou le caressait pour le rendre fou. Et pourtant plus que toutes les folles nuits d'amour, ce baiser était d'une intensité folle.
Mais comme toute choses, ce baiser lui aussi prit fin. L'un comme l'autre se regardaient dans les yeux, et l'un comme l'autre se prenait à rougir. Pour la première fois, Eikichi se sentit légèrement embarrassé. Ils connaissaient très bien leurs sentiments l'un pour l'autre, mais n'en avaient jamais réellement parlé, ils s'étaient contenté d'en rire. Ce baiser n'était pas une blague, pas un baiser chargé de leur habituel désir charnels, non, celui-ci était chargé d'un amour passionné, d'une véritable tendresse.
- Himiko, si tu me suis, je ne pourrais pas être sûr et certain que tu seras toujours hors de danger. Si les suppositions de ton père et de Namida sont juste, on se jette dans la gueule du loup, les Yakuza  sont pas des rigolo, dit il avec une inquiétude non dissimulée dans la voix. Je serais plus rassuré de te savoir à Tokyo, avec ton père.
- Et moi, je serais plus rassurée de te savoir avec moi, chez toi, mais je sais très bien que je ne pourrais pas t'empêcher de partir à la recherche de ton frère, donc je viens avec toi, il n'y a pas de discussion possible. Demain, on partira pour Tokyo ensemble, j'irais récupérer des affaires, et ensemble on ira où tu le voudras, mais on ira ensemble.
Eikichi esquissa un léger sourire et prit la main de son aimée avant de se mettre à genoux devant elle et de poser un baiser sur celle-ci.

                      ****

-  Si tu es déterminé à me suivre à travers les dangers, dans ce cas, il ne me reste plus qu'une chose à faire.
Bien trop de gens sont mort dans le silence, sans n'avoir jamais fait preuve de sincérité, trop de sentiments sont mort en même temps que ces gens. Je ne serais pas l'un d'entre eux.
- Himiko, je fais le serment devant les dieux de te protéger jusqu'à mon dernier souffle, de mettre tout ce que j'ai en jeu pour m'assurer qu'importe le lieu, tu ne souffres jamais les moindres maux. Toi qui sembles en tout point identique à une fleur de cerisier qui s'épanouit au milieu des étoiles, mon âme, mon cœur et mon corps sont tient. Sois mienne, Himiko, qu'importe à quel point j'essaie de combattre mes sentiments, je n'ai aucune chance de l'emporter, je t'aime, tu veux bien être mienne.
C'est fait, c'est dit... Pourquoi elle ne dit rien... Elle pleure, j'ai merdé ? J'ai pas bafouillé, si ? Ma langue à fourchée ? Ou alors je lui ai fait mal en lui prenant la main ? Pourquoi elle ne répond pas ?! ELLE ME FAIT STRESSER !
****
Himiko était sous le choc, elle ne savait que répondre et resta pendant un moment à l'observer, paniquée, le visage dans les mains, tremblantes et se débrouillant de son mieux pour ne pas salir sa robe avec ses propres larmes.
****
T'en as mis du temps ! Enfin, c'est fait, il a fini de me torturer avec son indécision... C'est donc ça le sentiment dont me parler ma mère quand j'étais petite. Je lui saute au cou, tant pis pour son t-shirt, il avait qu'à moins prendre son temps. Mais en même temps, je peux pas non plus le rejeter... Ce ne serait pas sympa... Et puis j'en ai VRAIMENT pas envie.
- Quelle question débile ! Bien sûr que j'ai envie d'être tienne ! T'as vraiment pris ton temps
Eikichi se lève doucement, et me regarde dans les yeux, puis, il va m'embrasser ? Ce serait logique... Un...mouchoir ? Il me tend un mouchoir ?
- Je sais qu'j'devrais t'embrasser pour le romantisme, toussa toussa... Mais t'as le nez qui coule, c'est assez dégueulasse...
La honte...

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