L'ours contre le singe

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- Bien, cela fait assez longtemps, je pense. Et les préparatifs sont terminés, mes chers camarades. Il est temps de rappeler les gamins. Frère Sakyo, ramènez nous les gosses.
Frère Sakyo, le plus rapide d'entre nous, également celui qui connaît le mieux ces bois. Je ne me lasserais jamais de cette vision incroyable qu'est celle de Sakyo en pleine course. Plus paisible que la brise, plus rapide que le vent, pas même la plus fragile des pousses n'est gênée par ses foulées. Il marche sur les plantes, sans même les écrasées. En réalité, on croirait le voir flotter.
À peine quelques minutes plus tard, le revoilà enfin, les gamins derrière lui, essoufflé à force de courir. Il n'en manque qu'un, celui qui m'a affronté.
- Où est le dernier ? ! Il en manque un, a t'il pris la fuite ?! Où est la dernière verm-
Derrière eux, une tempête, non, autre chose, un incendie. Une flamme comparable à celle qui consumait la Taiga en 2003. Kagu-Tsuchi ? Non, un Kami ne serait pas descendu pour quelque chose d'aussi futile que des adolescents. Je reconnais cette sensation, c'est le Seigneur, une fourrure de flamme, une peau aussi épaisse que l'écorce des arbres, le Seigneur de cette forêt marche vers nous.
- C'est quoi ce bordel ? Akio, tu le vois aussi ?
Pourquoi il se marre ? Pourquoi ce gosse se marre.
- Ce gars, à chaque fois que je pense m'en être approché, il continue de creuser l'écart.
Un gars ? Le Seigneur marche derrière le gosse ? C'est inimaginable. Comment ? Je ressens la force de la bête et ils parlent de lui comme s'il s'agissait de leur ami.
- Désolé du retard les gars, j'ai eu un empêchement.
Il porte la peau de l'animal. Il aurait mis le Seigneur à bas ? Je comprends mieux. C'est à peine croyable, et ils n'ont que dix-sept ans. Je crains de voir leur évolution.
Hum ? Étrange, il a beau exulter de ce gamin, une aura infernale, son regard semble parfaitement calme. Celui d'un homme qui ne craint aucun combat. Le regard d'un homme ayant compris sa place dans le monde, comme s'il avait déjà atteint le nirvana... À moins qu'il n'y ait autre chose... Où est passée ta flamme, gamin ?
- Bien bande larves, vous êtes enfin là ! Vous m'avez fait attendre ! Devant vous commence le second test que vous allez devoir passer ! Réussissez-le et vous serez partis pour encore quelques mois à vous tuer à l'entraînement !
- Ok, amenez ! Je vous attends les moines !
La voilà ! Cette flamme ! Il pose le pied dans l'arène de fortune que vous avons creusé à la main ! Et la flamme est revenue, plus puissante encore que lors de notre premier combat ! Cette fois, il est bien possible qu'il me batte sans avoir besoin de me prendre par surprise !
- Malheureusement, jeune homme, nous ne serons pas vos adversaires. Pas maintenant en tout cas. Ne vous en faites pas, je m'occuperais personnellement de vous botter le cul une fois que vous serez prêt. En attendant, mettez-vous en place.
Ils ne répondent pas, se contentent de s'observer. Ils ont fier allure comme ça.
- Bien, les premiers à s'affronter seront Haru et Kenji. Approchez-vous.
***
L'un comme l'autre firent les premiers pas dans l'arène.
- Bon courage frérot, attention aux singeries hein.
Kenji leva un sourcil, ne comprenant manifestement pas la blague. Ce dernier portait la peau d'un grand singe qu'il avait chassé par lui-même. Durant ce temps dans la forêt, chacun avait vaincu, et conquis à un des animaux des bois, s'appropriant de cette manière, les qualités de cette bête. Kenji était un singe, cela lui convenait bien. Il avait toujours passé son temps à sauter dans tous les sens, et était sûrement l'un des plus agiles du groupe. Un combat qui n'arrangeait pas son adversaire. Haru, lui, avait fait face à l'un des grands ours bruns de la forêt. Quel autre animal aurait pu faire l'affaire pour lui ? L'homme qui s'était toujours montré fier de sa force physique et de sa carrure. Une montagne de force et un roc pour ses amis, il ne pouvait y avoir d'autres bêtes.
Le duel s'annonçait féroce. La force brute d'Haru, contre l'agilité de Kenji.
- Combattez !
Comme prévu, le premier à se, jeter dans la mêlée fut Kenji. Il semblait danser autour d'Haru, le harcelant de nombreuses frappes. Et pourtant, ce dernier ne bougeait pas. Il était insensible aux frappes de son ami, attendant simplement le bon moment pour frapper. À la manière d'un ours qui attendait que le saumon saute hors de l'eau, il savait être patient. Sa respiration était lente, profonde, à chaque expiration, il semblait faire naître des tempêtes. Avec un gabarit pareil, il n'était pas ridicule d'imaginer des poumons hors norme. Le combat ne dura pas longtemps. Kenji était fort, mais son endurance laissait à désirer. Il n'avait pas la force de se battre éternellement, s'il ne terminait pas le combat rapidement, il ne lui restait que la fuite.
- Désolé frérot, ça risque de piquer.
Alors que Kenji effectuait un nouveau bond vers la droite d'Haru, il fut réceptionné. D'un seul Tsuppari au torse, Haru mit fin au combat. Le souffle coupé, incapable de se lever, Kenji était vaincu.
- Haru l'emporte !
Avec un sourire, l'ours tendit sa massive patte au singe, l'aidant à se remettre sur ses jambes.
- Bien joué l'ami, mais il va falloir t'entraîner encore un peu. Tu manques de force.

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