Ca caille.

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Deux jours, ça fait deux jours qu'on a quitté la montagne... Putain ça fait bizarre de retrouver la ville... Ça fait bizarre de revenir avec un gars en moins.

Homme sweet homme comme disent les Anglais... La maison n'a pas changé, toujours le même décor... J'avais oublié de ranger la vaisselle, elle doit être encore dans la machine. J'admets que parmi tous les trucs chiant, auquel on assiste en ville. Celui-là faisait parti des trucs chiant qui m'ont le moins manqué, le rangement... J'm'en occuperais plus tard.

Je balance les sacs, et direction Himiko, j'ai hâte de voir sa tronche quand elle me verra. Deux ans d'entraînement intensif dans une putain de montagne remplis de bestiole hostile et avec pour seule compagnie, des bonzes, ça vous change.

Enfin... Ça, c'est régler, allons y... C'est assez loin l'appart des parents d'Himiko, donc autant partir maintenant.

L'environnement citadin m'avait un peu manqué, il est tôt, mais il fait déjà " jour " avec toutes ces lumières... C'est beau. Tokyo, tu as toujours été une belle femme.

Je me laisse guider par mes pas, traversant la ville tranquillement, passant devant les boutiques que j'avais l'habitude de visité, et devant le parc où je rencontrais Haku le matin... Ce sale con.

" J'peux pas partir les gars, si je ne reste pas, il n'y aura plus personne après Kiku pour tenir la bête en respect ... J'ai toujours été doué avec des pinceaux, c'était peut-être pour ça que les dieux m'avaient offert ce don. Allez savoir. "

Ça me rend fou, avec qui je vais faire mon sport du matin maintenant ? Débile... Il fait un peu du sport du coup, il se la joue... Et puis, t'es doué avec des pinceaux, mais tu nous a jamais montré ce que tu savais faire ! 

" Désolé d'vous abandonner les gars. Mais j'ai le sentiment que tout ça, c'est juste un très grand tableau, et que mon coup de pinceaux doit se faire ici, et puis... Vous m'imaginez ? Moi ? Le petit geek qui tient maintenant une bête légendaire en respect ? Si ça c'est pas un changement, je ne sais pas ce que c'est. Je serais plus à ma place ici, qu'à me bagarrer avec des mafieux... Revenez me voir de temps en temps quand même... J'compte sur vous pour expliquer ça à ma mère... La connaissant elle vas me retrouver ici, mais bon, pas le choix.. "

Ça pour revenir te voir, on va revenir te voir enfoiré, tu peux compter sur nous ! T'as pas intérêt à te foirer !

Alors que je m'énerve tout seul sur les derniers mots que nous a balancé Haku, la ville défile, et rapidement, me voilà devant sa porte. Deux ans déjà... Ça remonte. Je toque à la porte et attends... Encore...Et encore... Je sais qu'vous êtes la montrez vous putain ! Vous allez me faire glander combien de temps ? !

AH ! Enfin !

- Sa... !

Vlan ! La porte claque devant moi... Sérieux ? J'ai un truc sur le visage ? Hum... Étrange... Et ils me font encore attendre ! Putain ! J'vais exploser la porte !

Ah ! La revoilà !

- Lut ! J'peux parler ?

Vlan ! Cette fois, c'est une gifle... Oui ? Que passa ?

- Euh.... Oui ? J'ai raté un épisode ?

J'ai fait un truc comme il fallait pas ? Ou c'est l'émotion ? Ça doit être ça, Himiko est pas douée pour montrer ses émotions, elle ne doit pas savoir comment m'accueillir... Je comprends... M'enfin ça picote quand même !

- Tu ne piges pas pourquoi tu prends une tarte ? ! Deux ans, un mois et deux jours que je t'attends ! Deux putain d'année ! Pendant que Monsieur s'amuse à Okinawa ! Pendant que tu batifolais, moi, j'étais là ! À t'attendre ! Et tu oses faire comme si tu ne pigeais pas !

Pardon ? Okinawa ? Depuis Senshu ? Sans véhicule... Et sans sous parce que mes affaires sont restées à Tokyo ? C'est quoi cette debilerie qu'elle me pond ?

- Tu m'expliques ?

Je l'observe, confus, j'dois pas avoir l'air malin, mais en même temps, j'ai l'impression qu'elle me parle de physique quantique actuellement.

- Akio m'a tout dit ! Une putain d'année à vous entraîner, et une autre à vous branler et jouer avec les filles à Okinawa ! Je sais tout ! Il m'a dit que lui, cette ambiance lui déplaisait et qu'il avait décidé de se casser pour revenir à Tokyo, pendant que vous, vous continuiez de jouer !

Oh... Je vois... Alors c'est pour ça qu'il est parti une semaine avant nous le fumier... Il a pas complètement fuis... Il a décidé d'ouvertement déclarer la guerre. Et évidemment, Himiko l'a crue sur parole. C'est logique après tout, c'est son plus vieux pote, ces deux-là se connaissent depuis le jardin d'enfant, forcément elle lui fait un peu confiance, elle le voit comme un deuxième frère. Pas de raison de remettre sa parole en doute... Enfin, j'avoue que ça fait mal, l'autre con qui me plante comme ça, et elle qui n'a aucune confiance en moi apparemment. Franchement, c'est pas agréable. Haku qui reste au Temple, Akio qui est un traître, et Himiko qui n'a pas confiance en moi... Grosse semaine qui s'annonce.

Respire Eikichi, c'est pas facile... Mais respire. Sois digne, t'es un mec, les mecs, ça chiale pas, ça reste droit malgré les coups. Ta flamme est assez puissante pour faire s'évaporer n'importe quelle larme qui voudrait s'échapper... Mais ne part pas sans un mot non plus, montre lui que t'es pas non plus un sauvage.

- Je vois, je te laisse alors, désolé, Himiko, profite bien, à un jour peut-être.

Rentrons à la maison. On doit retrouver Kenta de toute manière, à la base, c'était ça l'objectif. Concentre-toi là dessus. Himiko, c'est juste une gonzesse, souvient toi de c'que t'as dit à Aya quand tu venais d'arriver à Tokyo.

" T'es une fille bien Aya, et t'es jolie, ça n'fait aucun doute... Mais ça n'pourrait pas marcher toi et moi. Une femme peut aimer un homme pour le reste de ses jours, moi, je ne peux aimer une femme que temps en temps. "

Ça caille ici... J'avais oublié que Tokyo, le matin, pouvait être si froide. Son air glacial me mord la peau. Je pensais que celle du Seigneur me porterait chaud qu'importe les climats, quelle erreur. Cela faisait longtemps que j'avais eu aussi froid, que j'avais eu froid ou plus profond de moi, un froid que me glacent les os... Sans même que je m'en rende compte, mes pieds me guident vers la maison, la route est longue, et je ne me souviens pas avoir déjà marché aussi lentement. Mais pour être honnête, je n'ai pas le désir de me presser. Contrairement à celui qui court derrière moi... Qu'est-ce que tu m'veux petit ?

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