Nekketsu

9 minutes de lecture

Le temps passe vite quand on vit loin de la lumière du soleil... Déjà un mois que je suis ici, un mois avec pour seul contact, les connards qui traînent dans ce coin pleins de dégénérer... Et les gars avec lesquels je me cogne. C'est pas si mal comme vie cela dit, j'pourrais m'y faire franchement.

Un mois que je n'ai pas eu de nouvelles de l'autre Français, tout ce qu'il m'a dit, c'est :

" Eikichi, avant de t'envoyer là-bas, je veux être sûr que tu fais ça pour les bonnes raisons. Sous le Dôme, tu comprendras pourquoi il faut autant de monde pour garder La Bête en respect. Là-bas, les pires saloperies du Japon et d'ailleurs viennent assisté à un spectacle qui ferait se pissé dessus la plupart des mafieux. T'es encore un gamin, je veux que tu prennes le temps de réfléchir avant de te lancer là dedans. Ceci dit, sois sûr d'une chose, si y a bien une bande connard qui a des infos sur Kentaro Kudo, c'est bien ceux-là. Si tu vas là-bas, je veux que tu fasses le plus de bruit possible, casse assez de gueule pour que ton nom soit sur toutes les bouches. Il faut faire sortir les industries Webber de leur planque. Ces types ont des infos dont on a besoin. Je compte sur toi."

En gros, réfléchis bien, mais je compte sur toi pour réussir ta mission, difficile d'être moins convaincant que ça.

Mais il a raison. Je l'ai vue depuis que je suis ici. La raison pour laquelle il faut autant de moines pour La Bête. Elle se nourrit du ressentiment des gens, de leur haine, de leur anxiété, et cet endroit en est bourré. Cette ville est bouffée de l'intérieur par des saloperies qui cherchent à l'asservir. À faire du profit sur son dos, à mettre le peuple au fer. Pas de bol, je suis là. Je prendrai bientôt la tête de cette arène, et avec elle, j'écraserais ces enflures qui veulent contrôler ma ville. Et ainsi, je retrouverais ce con qui me sert de grand frère. Tu ne pourras pas te planquer plus longtemps Kenta.

" Boss Kudo, c'est à vous.

Heh, Boss Kudo, bientôt, tous ces bâtards m'appelleront comme ça.

" Mesdames et Messieurs ! Pour vous ce soir, l'invaincu Benkei entre à nouveau dans l'arène pour défendre son titre ! Le surhomme à la force herculéenne, le Son Goku de notre arène, je vous prie d'offrir un tonnerre d'applaudissement pour le boss... Kudo !

Le public est perplexe, ils ignorent s'ils doivent applaudir, ou rester calme, comme toujours, hehe, il en suffit pas beaucoup pour vous foutre la pression bande de larves.

- Et face à lui, venus tout droit d'Europe ! On dit de lui que cet homme d'une trentaine d'année serait un des premiers prototypes d'homme amélioré développé par les industries Webber en collaboration direct avec le GSE ! Faites du bruit pour l'Allemand, Herbert Schmidt ! Que les combattants entrent dans l'arène ! "

Franchement, Fujimoto, tu pourrais faire plus d'effort pour les présentations, c'est... Minimaliste pour le coup ce que tu me fais la... Un homme amélioré, c'est marrant comme idée, j'ai hâte de voir c'que ça donne. C'est quoi ? Ils lui ont fait une captain america dans une piscine ?

C'est quand même agréable d'être ici... Les lumières néons, je les adore, j'ai l'impression d'être dans un univers cyberpunk... C'est sublime. Je suppose que c'est aussi pour ça que j'apprécie autant ce coin maintenant. Cette ambiance, je l'adore. Ça me donnerait envie de porter un de ces membres bioniques, c'est stylé, un canon dans le bras, ça défoncerait. Et cette ambiance n'est pas le plus beau ici, non, le plus beau, c'est le silence. Ici, dans cette arène ou le bruit est quasi-permanent, il est si agréable... Le calme avant la tempête.

Encore un combat qui se terminera en quelques secondes. L'odeur de la poussière, la respiration de la foule, ces regards posés sur moi... Je n'ai presque pas envie de tout défoncer, c'est agréable d'être au centre de l'attention. Ça me rappelle de bons souvenirs, l'époque des matchs de foot, au final, tout ça, c'est un peu pareil, c'est juste un sport, avec un public, et des athlètes.
Et voilà le deuxième athlète. Un blondinet, comme c'est original, un Allemand blond, franchement les gars, vous pourriez faire un effort. Manquerais plus que... Et il a les yeux bleus ! Bingo, j'aurais pu parier dessus.
- Von jetzt an verpügel ich dich.
Je n'ai rien pigé, rien à foutre. Dans ses yeux, la rage, la haine, il veut en découdre, ça ne fait aucun doute... J'adore ça ! Approche enfoiré ! Mon sang est en ébullition, montre moi ce que valent vos putains d'industries allemandes !
                      ****
- Que le combat... Commence !
Ni une, ni deux, Eikichi se lança à l'assaut avec la fureur que les spectateurs lui connaissait... Mais cette fois, la frappe ne connecta pas. Pour la première fois, depuis longtemps, quelqu'un avait esquivé un des coups de pieds d'Eikichi. Cette idée l'enragea. Mais l'Allemand ne se contenterait pas d'esquiver. Et c'est là que le jeune Boss prit conscience de ce qu'entendait le maître de cérémonie par " homme amélioré ".
Un bruit de turbine se fit entendre. Le son du metal qui s'écrase contre la peau du visage de Kudo, puis celui d'un corps qui tombe au sol. Le goût de la poussière. Il ne l'avait pas reconnu, tant cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas sentis sur sa langue. Quelques secondes s'étaient écoulée le temps qu'il reprenne ses esprits, et son adversaire l'attendait, à l'affût du moindre geste.
- Ça, ça fait mal, tu vas l'payer, je rembourse toujours mes dettes.
Dans les tribunes, Himiko, accompagnée d'Haru, observaient le combat avec attention. La dame se laissa aller à faire couler une larme en voyant le garçon s'écraser contre la terre. Un cri de terreur, rapidement étouffé s'échappa de ses lèvres.
- Approche enfoiré.
Il vit enfin ce qu'ils appelaient l'homme amélioré. La veste déchirée de l'allemand révéla un corps qui pourrait appartenir à un cyborg, ici, sous ce dôme, des nouvelles drogues, des nouvelles techniques de combat, et des nouvelles technologies étaient testés. Eikichi était autant un combattant, qu'un cobaye. Mais au final, cette situation lui convenait. Il ne comptait pas perdre face à une machine.
Secouant la tête, le revoilà sur pieds, du sang coulant de ses lèvres, et la joue tuméfiée, mais le regard semblable à un carreau d'arbalète. Perçant, meurtrier. La bête avait chassé l'homme. Et sous le Koraku-En, la machine s'opposée maintenant à la nature primitive.
Les échanges de coups étaient féroces. Aucun d'entre eux ne semblaient prendre l'avantage. La machine était incapable de ressentir la fatigue, et la rage d'Eikichi en avait fait une force incoercible. Le combat s'éternisait, durant de longues, très longues minutes.
Les deux guerriers s'observaient, cherchant une faiblesse, une faille. Mais pour Eikichi, difficile d'en trouver une. Schmidt était plus machine qu'humain en cet instant, ses réflexes étaient véritablement mécanique et qu'importe ou il frappait, le résultat était le même, il s'écrasait contre une défense d'acier. Il n'y avait qu'une seule option pour lui, jeter toutes ses forces dans la bataille. Mais combien de temps encore pourrait-il tenir le coup ? Contrairement à l'allemand, malgré toute la rage du monde, il restait un simple humain. Et en tant que tel, il serait toujours limité. Ceci dit, il n'était pas le seul à atteindre ses limites. Les prothèses étaient encore des prototypes, et le corps humain n'acceptait pas aisément ce genre de changements. Si jusqu'à présent, l'allemand avait assez bien tenus le coup face aux modifications de son corps, il n'avait jamais été poussé à l'utiliser à ce point. Ses bras, ses jambes, même certains de ses organes internes avait été remplacé par des prothèses robotiques, mais tout cela avait un coût. Tout en lui était déréglé. Son corps était un amas informe de technologies et de tentatives d'améliorations. Il était imparfait et en permanence contraint de subir des injections de differentes drogues ayant pour but de réduire au maximum les signaux contradictoires envoyé au cerveau. Ses défenses immunitaires réduites à néant ainsi que ce constant afflux medicamenteux avaient un impact non-négligeable sur le pauvre homme. Et maintenant qu'il s'oppose à une force qui le pousse à se repousser, à utiliser le plein potentiel de ses implants, il peine à suivre. Dans ses yeux, petit à petit, la rage de vaincre s'efface pour faire place à la folie la plus pure. Il commençait à atteindre les limites de son cerveau.
Les suspensions hydrauliques qui offraient leurs flexibilités aux membres de l'allemand entrèrent en surchauffe, et une explosion de vapeur envahis l'arène.

Eikichi était dans le flou complet. Face à lui, rien d'autre que le nuage blanc, et ses mains.
" Concentre-toi mec, il a pété un câble, respire, et écoute ".
Les suspensions, les turbines, et le corps métallique de l'allemand causé un véritable vacarme. Le bruit assourdissant résonnait contre les murs du dôme. Autour d'eux, rien d'autre que la confusion.

Cette fois-ci, Schmidt était à son avantage, si Eikichi était aveuglé, l'allemand voyait toujours aussi bien. Au bord de la psychose, le pauvre demi-homme avait abandonné toute forme de retenue. Une nouvelle surprise attendait le Japonais. S'arrachant de la fumée, avec une force surhumaine, un coup de pied vint l'atteindre. Caché au cœur de ses yeux cybernétiques, une fonction dont Eikichi n'avait pas la connaissance. L'allemand était capable de traquer l'empreinte thermique des êtres autour de lui, et le garçon était comparable à une véritable fournaise. Eikichi était acculé.

Attaqué de tous les côtés par une bête ayant abandonné son humanité, Eikichi se retrouvait forcé à adopté une posture défensive, à guetter la moindre occasion de contre-attaquer. Ce n'est que lorsqu'un hurlement aux sonorités métalliques brisa le silence de l'arène, qu'Eikichi pour répondre. " Te voilà."
S'élançant avec force, Eikichi vint écraser son poing contre le visage de la drôle de créature qui fut propulsée contre l'un des murs qui les entourés. L'être devenu fou eu bien du mal à se relever. Et c'est une fois sur ses jambes, qu'il ressentit une chose qu'il pensait auparavant impossible au vu de son corps actuel.
Perçant la brume, un paire d'yeux se posa sur lui. Ceux d'un chasseur, et il était la proie. La peur s'empara de lui, et le figea. Il avait beau avoir cédé à la démence, son cerveau était celui d'un homme. Mais son adversaire, n'avait rien de cela. À chacun de ses pas, l'horreur grandissait.
Depuis les gradins, Himiko comprit ce qu'entendait Haru par " rencontrer un monstre ". Dans l'arène, on aurait cru être en plein cœur d'un brasier ardent. La chaleur était insoutenable, et sur le sable, on assistait à un spectacle incroyable.
Poussé par la force du désespoir, Schmidt tenta un nouvel assaut. Un assaut qui scella son propre destin. S'arrachant de son bras cybernétique, une lame vint s'abattre sur Eikichi... Cette erreur coûtera la vie de l'Allemand. Alors que l'arme s'enfonçait dans ses chairs, Eikichi s'enfonçais à son tour dans la folie. L'adversaire n'était maintenant plus rien d'autre qu'un nuisible qu'il devait  " Ça, c'est à moi."

Il n'y avait plus d'échappatoire possible. Se saisissant de la lame, Eikichi arracha son bras à Schmidt avant de le jeter derrière lui.

" Crève ! "

L'homme augmenté fut démonté pièce par pièce, membre par membre. Son pauvre corps était devenu sa prison. Incapable de mourir tant que le cerveau n'avait pas été détruit, il fut forcé d'observer son adversaire le démonter avec une rage qu'il ignorait possible.

Ce soir-là, les spectateurs assistèrent à une scène d'une rare violence. Le sang bouillonnant du jeune homme avait encore fait s'enflammer l'arène, et avait marqué les esprits. Il était devenu une véritable idole pour les hommes et les femmes de ce monde sous-terrain. Pour tous, sauf pour Himiko et Haru, qui se prenaient maintenant, à craindre profondément leur ami bien-aimé.

" Qu'est-ce qu'ils ont fait de toi ? Qu'est-ce que J'AI fait de toi ? Se demandait Himiko, craignant de ne jamais le revoir."

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