Boss

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J'ai la haine... Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit avec leurs conneries...

- Boss Kudo, vous êtes réveillé ? Nous avons entendu un vacarme assourdissant cette nuit, mais n'avons pas osé vous rejoindre. Tout va bien ?

Et ce con qui arrive cinq heures trop tard.

- Rien d'important. Juste une petite altercation avec des guignols, Yusuke est là ?

Déstresse mec, panique pas comme ça, je t'ai posé une question, réponds oui, ou non... Il prend son temps ce demeurer, ça me gonfle les gens lents.

- Euh... Oui ? Il est dans son bureau, mais il est occupé, peut-être que vous pourriez aller le voir plus tard ? Que diriez-vous de manger av-

- Préviens-le que j'arrive.

Il déglutit, il transpire, pour si peu. Comment tu fais pour survivre ici, s'il t'en faut aussi peux pour paniquer ? Il me fait un peu penser à l'autre geek, il suffit de le regarder dans les yeux pour qu'il ait la pression.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée Boss, il est occupé, et je n-

- Est-ce que tu as entendu un point d'interrogation dans ma phrase ?

Hum... Ok, je vois d'où viens sa peur, ces derniers temps, j'admets être assez irascible... En fait, depuis que je suis ici, je suis assez irascible... Ça doit être l'ambiance.

- Non Boss.

- Donc, si tu n'as pas entendu de point d'interrogation, tu peux en déduire que ce n'est pas une question. Donc ?

J'ai toujours été si agressif ? Hum... Il faut vraiment que je sorte d'ici.

- J'y vais de suite boss !

- Parfait.

Cet endroit est un étrange mélange. Vraiment.

Le tapis y est carmin, en kashmir, et long, il court sur facilement trente mètres jusqu'au bureau de Yusuke, ce truc a dû coûter une fortune. Il l'avait voulu rouge parce que " Ici, on est dans le buiseness du sang, au moins, la dessus, ça se voit pas " un vrai psychopathe ce type, mais au moins il est lucide.

Placardé sur les murs, d'innombrables œuvres d'arts. Et pas des petites œuvres. Il y a un peu de tout, mais il semble avoir une vraie attirance pour les artistes Européens. Il faut l'admettre, il a vraiment du goût. Adèle Bloch Bauer de Gustave Klmit. Un classique ce tableau, et quelle beauté. Un cadeau d'un époux, à sa femme, chanceux, aimé au point de faire produire un tableau. Ferdinand Bloch Bauer, je t'envie un peu, et grâce à toi, une véritable œuvre d'art est née.

Plus loin, l'Allée des Alyscamps de Van Gogh, rien que ça. J'aime ces couleurs. Du jaune, de l'orange, Van Gogh avait une vraie maîtrise des couleurs, j'aimerais un jour aller en France pour voir son Ciel Étoilé. Un artiste comme il y en avait peux, avec une vie si triste... Je suppose que c'est l'apanage de tous les artistes. Un artiste heureux, ça n'existe pas.

Je pourrais faire le compte de chacune de ces œuvres, mais ce serait trop long. D'autant que même si celles-ci sont magnifiques, elles ne sont pas les plus intéressantes. Non. Les plus intéressantes se tiennent au cœur de son bureau.

Derrière ces larges portes, taillées dans ce que je suppose être un acajou massif, se trouvent des œuvres d'art que le monde entier pense être perdu.

Les voilà, Leda et le cygne, de Leonardo Da Vinci. Un tableau qui décrit la séduction de l'épouse du Roi de Sparte Tyndare, par Zeus sous la forme d'un cygne. La légende raconte que furieuse de cette énième infidélité, Hera aurait placé dans le corps de la pauvre Leda, deux œufs qui donneront naissance à quatre enfants. Hélène et Pollux dans l'un, et Clytemnestre et Castor dans l'autre. Les premiers étants les enfants de Zeus, les autres ceux de Tyndare. Ce tableau n'est connu aujourd'hui par les historiens que grâce aux croquis de Leonardo Da VInci, ce qu'ils ignorent, c'est que le travail final se trouve ici.

Ce salopard de Yusuke a obtenu de nombreux objets de ce type grâce à des moyens... Disons, peux légaux.

La bataille D'Anghiari, La Bataille de Cascina, l'extrémité perdue de la légendaire Tapisserie de Bayeux, et je pense, son travail le plus impressionnant, l'acquisition de l'Athéna Parthénos.

Ce truc la date de quatre-cent-soixant-dix-huit avant Jésus Christ, ça ne déconne pas. Ce machin là fait quelque chose comme onze metres cinquante, autant dire qu'il faut une place bien spécifique dans cette piaule, creusé dans le plafond, sacré bordel. Mais force est d'admettre, je ne sais pas comment il s'y est pris, mais récupérer ce truc-là, c'est du sacré travail.

- Oy Yusuke ! Sors de ta planque !

Quel bazar... Des femmes qui se plaignent, et lui qui sort, à moitié à poil, avec juste une serviette sur le cul, aucune classe.

- Et habille toi putain ! Je n'ai pas envie de te voir à poil ! Tu m'as pris pour qui ? !

Quel enfer... Il soupire en plus ! Vraiment, cet endroit m'énerve. Et ce type m'énerve encore plus.

- Tu veux quoi ? J'étais en train de m'amuser avant que l'autre n'arrive pour me prévenir. Dépêche.

Heh, Yusuke qui se la joue terrifiant.

- Déjà un siège, et à bouffer, j'ai la dalle.

Quel plaisir, tu ne peux rien contre moi, Yusuke.

- Sers-toi, le petit-déjeuner a été servi déjà, et tu m'as coupé la faim.

Un petit quart d'heure passe, ici, s'il y a bien une chose dont on ne peut pas se plaindre, c'est la bouffe. Yusuke a fait ramener un gars d'Italie, ou de France il me semble, s'il y a bien un truc que ces gens font bien, c'est la bouffe. T'es vite plein, et ça a du goût. C'est du bon travail, c'est sûr... Je disais quoi à la base déjà ? Ah, oue, j'avais un truc à voir avec lui.

L'autre débile s'assoit en face de moi, sûrement curieux de savoir pourquoi je le visite ce matin, c'est rare que je vienne le voir, en général, c'est lui qui passe, il me paye et se barre.

- Alors, tu veux quoi ? Il me demande, manifestement irrité.

- Ta place, ton manteau, et ton titre.

                      ***

Yusuke semblait fulminer sur son siège. L'homme avait hérité de l'arène après le décès du précédent président qui le lui avait cédé en hommage aux impressionnantes victoires de l'homme qu'il était à l'époque.

Mais cette époque est lointaine aujourd'hui. Ses glorieuses heures sur le sable de l'arène comme la poussière posée sur les différentes sculptures qui ornent cette chambre. Yusuke n'est aujourd'hui plus que l'ombre de celui qu'il fut, et Eikichi le sait parfaitement.
- Tu te moques de moi n'est-ce pas ? Tu viens, dès le matin, me cassais les burnes alors que je m'amusais avec trois filles, me pique mon déjeuner, viens t'asseoir sur MA chaise, et tu as l'audace d'en plus exiger ma place ? ! Eikichi, tu as pris de la drogue ?
S'enfonçant un peu plus dans son siège, Eikichi retiré ses chaussures avant de poser les pieds sur la table ou était posé la tasse de Yusuke. Son regard aussi perçant que des milliers de lances se plantait dans celui de son interlocuteur.
- Je ne t'ai pas demandé de me donner ton siège. Je t'ai DIT de me donner ton siège.
Ce dernier commentaire, cette attitude acheva d'enrager l'homme. Se levant d'un bond, il pointa son arme à Eikichi qui restait de marbre.
- Pour qui te prends-tu, merdeux ? ! Je tenais cette arène alors que tu jouais encore avec ta merde ! Tu veux prendre ma place ? ! Je te mets au défi de me l'arracher !
Le sourire aux lèvres, Eikichi se redressait lentement, puis, il pointa la chaise en face de lui.
" Assieds-toi Yusuke. "
Dans le dos du pauvre homme courait des sueurs froides, il se savait pris au piège. Cette simple phrase, cette voix, ce calme l'avaient complètement désarmé. Au moment même ou il avait cedé à cette colère ridicule, il avait perdu. Tout prédateur le savait, une bête énervée est une bête qui a peur. Le prédateur face à lui était au sommet de la chaîne alimentaire. Doucement, ses jambes tremblantes, il s'assit sur la chaise en face du jeune homme, la sueur au front, quand était-ce la dernière fois qu'il avait ressenti une telle peur ?
- Tu sais que tu ne peux rien faire. Tu as été une légende à ce qui parait. Mais cette époque est révolue. Aujourd'hui, tu es en tout point similaire à ces gros lards qui se traînent dans des ridicules tours de verres. Regarde-toi. Avec des cheveux longs on pourrait te prendre pour une femme qui attend un heureux événement, tu as tellement de mal à lever ta propre queue que tu te retrouves aujourd'hui obliger d'utiliser des pilules bleues, et je suis certain que tu dois avoir de l'asthme. Tu es passé d'un glorieux guerrier, à un pantin grotesque, obligé de payer des prostituées pour te tâter la prostate, aucun charisme, aucune force, tu n'es aujourd'hui qu'une autre proie. Tu es ridicule. Un nouveau riche. Cède-moi cette arène, et retire toi... Et range ton jouet, l'endroit est sympa, ça me ferais chier de dégueulasse ma nouvelle piaule. Je te le dis une nouvelle fois, pour ne pas te prendre en traître, tu vas m'offrir gracieusement, tout ce que tu possèdes ici... Et je garde la statue d'Athena, et les tableaux de Da Vinci, ils sont classe.
Sans un mot, admettant sa défaite, Yusuke hocha la tête. Il était impuissant, qu'importe ce qu'il ferait, ce qu'il dirait, rien ne changerait ici. Ce monde, cette ville n'était rien d'autre qu'un grand terrain de chasse. Et sur ce terrain de chasse, les vieux lions deviennent rapidement des proies, ceux qui s'engraissent sont des cibles faciles pour les jeunes encore puissants. Le pauvre lion se releva, et sortit de la chambre après avoir pris garde à s'incliner.
- Je vous laisse, Boss, je viendrais récupérer mes affaires dans quelques instants si vous le permettez.
Eikichi, souriant, lui fit signe de sortir, acquiesçant à ses dernières paroles, il prit une large respiration, avant de se relever.
- Bien, à moi la liberté, ce pourquoi je suis la, est enfin terminé, plus qu'a recuperer le fruit de mes efforts, et me casser. Un peu d'air frais me fera du bien, on se sent vite à l'étroit ici, dit il en riant, jusqu'à ce qu'une dame sorte sa tête du rideau qui cachait le lit de Yusuke. Tiens, mesdames, vous êtes encore là, après le vieux crasseux, qui dirait vous de passer à quelque chose de plus amusant ? Je doute qu'avec ce genre de gars vous ayez beaucoup crié, préparez vous, ça fait un moment que je ne me suis pas accordé un peu d'amusement. Ce sera une manière sympa de finir mon séjour ici.

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