Reviens

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- Chérie ? T'es l-

La voilà qui hurle en sortant de la douche.

- J'suis là !

En effet... Elle est là... Et mets de l'eau partout... Je vais devoir rangé tout ça en rentrant...

- J'ai un truc à régler. Je reviens, ferme à clé et n'ouvre la porte à personne d'autre que moi. Ok ?

Yokko ne comprend pas, ça se voit, elle est perdue dans cette histoire. Ça n'a rien de choquant, vraiment, c'est pas Himiko ou un des gars, Yokko, c'est une fille normale, c'est aussi pour ça que je l'aime, je veux un quotidien normal. Avec Eikichi comme pote, ce n'est pas évident, il est bien trop... Bizarre, pour ça.

- Tout va bien bébou ? Il se passe quoi ? Encore une histoire avec ce Français que tu as rencontré à Miyazu ? Il faut que tu l'envoies chier ! Ça ne me plaît pas du tout ces histoires Haru. Laisse-moi deux minutes, je me prépare et j'arr-

- Non !

Pardonne-moi Yokko, cette fois, je ne peux pas te laisser mené la danse. Les gars ont toujours eu assez raison sur ce sujet, j'étais du genre à te laisser prendre les décisions, c'est un peu notre relation. Je suis trop gentil pour être un meneur, et toi, tu as du caractère, si t'étais un mec, tu serais partie dans les forces armées, c'est sûr. Mais pour cette fois, je dois être un homme, et t'arrêter.

- Reste ici, ferme à clé, et n'ouvre à personne, ce n'est pas une question. Yokko, cette histoire ne rigole pas, Vincent n'en a jamais rien eu à foutre de nous. Jusqu'à présent, il n'avait qu'Eikichi, et son frère en tête, s'il m'appelle sans raison, c'est qu'il y a un truc qui cloche. Je reviens, fais moi confiance, s'il te plaît, écoute moi. Je reviens vite, promis.

Elle a peur, c'est logique. C'est marrant, les mecs se réveillent toujours au dernier moment, j'ai toujours pensé être plus... Lucide ? Que les autres. Mais sur certaines choses, un homme reste un homme. On est toujours un peu plus lent à saisir. Vous avez déjà vu le temps que met un mec à saisir quand une fille l'aime bien ? Yokko et moi, on se connaît depuis le jardin d'enfant, j'ai compris qu'elle m'aimait quand on était en quatrième, ça fait longtemps. Pourtant, d'après Himiko, elle m'envoie des signaux au moins depuis la sixième.

- À plus tard Yok-

La peur dans le regard, elle me rattrape, et se blottit contre moi. Elle tremble de tous ses membres... Je devrais rester ici, ce serait la chose la plus logique à faire. La rassurée, m'assurer qu'elle se calme. Mais j'ai un devoir à remplir. J'ai rejoint mon ami dans cette histoire par amour, pour ne pas le laisser seul dans sa merde, je ne peux pas reculer maintenant. Fais-toi violence Haru. Embrasse-la, et part. Quitte ce cocon chaud et agréable, et affronte les conséquences de tes actes. Je doute que Vincent n'ai une idée sympa en tête, mais de toutes façons, je ne peux pas y faire grand-chose dans l'immédiat.

- Reviens vers moi, sans faute, sinon je viendrais te retrouver aux enfers pour te ramener par la peau des fesses.

Je ferme la porte, doucement, ma main ayant du mal à lâcher la poignée... Mes jambes me hurlent de faire demi-tour, d'appuyer sur cette poignée, et de rentrer à la maison... Je ne peux pas le faire.

Quand ma main se retire, j'entends le claquement de verrou, et une tête qui se pose contre la porte, un simple " toc "... L'isolation ici n'est pas terrible, et ses sanglots me parviennent... Fais vite Haru, fonce, rejoins l'autre enfoiré, et rentre. Elle t'attend.

Vincent, je vais vous foutre mon poing dans la gueule pour avoir fait pleurer ma femme, pour causer du souci à mes amis, et pour avoir chamboulé mon quotidien paisible ! Vous avez ma parole !

Devant la Shinjuku Park Tower, drôle de lieu de rencontre... Qu'est-ce que vous préparez, Vincent ?

Une petite demi-heure plus tard, me voilà devant la fameuse tour... Elle est toujours aussi impressionnante, je ne passe pas énormément de temps à dans Shinjuku, donc forcément, ça change.

- Haru ! Vous voilà enfin, je vous attendais ! Venez ici jeune homme ! Suivez-moi, nous avons à discuter !

Même pas bonjour, quelle impolitesse... Enfin, suis-le, tu aviseras sur le moment.
Les étages passent les uns après les autres dans cet immense amas de béton et de verre. Dans l'ascenseur, aucune conversation, je ne sais pas quoi lui dire, je n'ai que l'idée de lui en foutre dans la tronche qui me vient. Il le mériterait, mais attend encore un peu Haru, t'auras tout le temps de le faire après. Pour le moment, observe, cherche autour de toi, il y a forcément quelque chose qui se cache derrière tout ça.
Il est toujours vêtu de la même manière, de la haute couture, des chaussures en cuir que je suppose être italienne, et ces mêmes lunettes. Ce type est beaucoup de choses, et dans celles-ci, la classe s'impose. Cela ne fait aucun doute, il est l'archétype parfait du Français. Méticuleux, soigné, distingué, et calculateur. Avec lui, tout est toujours prévus à l'avance, il n'y a pas besoin d'être son ami pour le voir, même sa cravate semble être bouclée au millimètre près.
À sa ceinture, il est toujours là, ce flingue. Travaillé, magnifique, un objet qui lui aurait valu des ennui dans ce pays, s'il n'était pas si bon acteur. Je ne l'ai vu le dégainer qu'une seule fois. L'objet est véritablement sublime, une pièce de collection. D'après ses propres dire, il l'aurait fabriqué lui-même, ce qui rends le tout encore plus impressionnant, il faut l'admettre, ce type est vraiment doué de ses mains.
- Nous y voilà.
Le toit de la tour... Plus théâtrale, tu meurs.
- Alors ? Qu'est-ce que vous me voulez ?
Il soupire, respire profondément comme s'il avait quelque chose de grave à annoncer.
- Haru, je ne me souviens pas te l'avoir dit, mais tout cela, toutes mes actions jusqu'à présent servent les intérêts d'un ami. Le grand frère de ton ami, il a un objectif qui me touche... La France, mon pays, est morte, ses politiciens, son peuple, ils l'ont abandonnée, et il n'est aujourd'hui plus rien que nous ne puissions faire pour elle. Cela me brise le cœur, mais c'est ainsi, et aujourd'hui, il faut avancer. Kentaro Kudo, le sait parfaitement, il a vu le destin de mon pays, il l'a pleuré avec moi. Mais de cette tristesse est née une nouvelle motivation, nous nous sommes juré de sauver ce pays. Le Japon ne connaîtra pas ce même sort. Pour cela, il nous faut des armes, des hommes, et un pouvoir toujours plus grand. Ce cher Kentaro l'ignore, mais j'ai trouvé l'arme ultime qui nous mènera à cette victoire finale. Ton ami Eikichi est cette arme. Malheureusement, tant qu'il sera lié à ses amis, il ne pourra jamais détruire ceux qui veulent dévorer ce pays. Himiko nous est trop utile pour nous en débarrasser, mais toi, et Akira, vous ne nous êtes pas utile, vous êtes des menaces pour cet ultime objectif... J'espère que tu comprends.
Nous ne sommes pas utiles ? Qu'est-ce que cela veut dire ?
Une lueur dorée se retire de sa ceinture, et voilà le fameux travail d'orfèvre. Vraiment, quelle belle arme. Alors c'est elle qui prendra ma vie ? C'est pas si mal comme mort, au moins elle sera belle. Au moins, j'aurais l'impression d'être utile à mon pote...
Une explosion atteint mes oreilles, mais est rapidement étouffée par une voix.
" Reviens vers moi ".
Yokko, j'arrive.
La balle m'atteint, dans l'épaule, j'ai mal. La douleur me traverse en même temps que l'objet métallique, vraiment, ça pique. Serre les dents Haru ! Souviens-toi de ce temps dans la montagne, c'était il n'y a pas si longtemps, et tu n'as pas arrêté de t'entraîner, tu es toujours fort. La peau de l'ours est toujours là, serre les dents, et fonce !
- Vincent ! Vous avez voulu jouer avec des forces qui vous dépassent ! Que ce soit moi, Akira, Himiko ou bien Eikichi ! Vous vous êtes attaqué aux mauvais adversaires !
Fonce ! Garde tes deux pieds au sol !
Hakki Yoi !
Vincent est un assassin, pas un combattant ! Tu peux l'avoir vieux ! Tu peux le niquer ! Bouge ta vieille carcasse ! Au corps-à-corps, c'est ça qu'il faut, que je sois au corps-à-corps ! Il tire, une balle, puis une autre. Son flingue a l'air d'être un revolver, ou basé sur ce modèle, il doit avoir six balles, maximum. Ça fait trois déjà. J'ai mal, mais je dois avancer ! J'ai la peau épaisse, et j'ai déjà encaissé des droites de l'autre forcené qu'est Eikichi ! Je peux... Non, je DOIS le faire ! Quatre... Mes jambes tremblent... LA FERME ! Avancez ! Cinq, bordel, je vois trouble, je perds trop de sang... Rien à foutre ! Six ! J'ai la tête qui tourne... Je n'ai pas l'impression qu'elles aient touché des organes vitaux, je pisse le sang... J'vais crever putain...
" Vas-y Haru ! Montre-leur ! "
Bordel Eikichi sale con ! C'est à cause de toi ces conneries ! Quand j'en aurais fini de ça, je viendrais te foutre ma main dans la gueule !
Il est là, et sans munition, j'ai gagné !
Kubihineri ! Aller vieux ! Un dernier effort ! Pete lui la gueule ! Passe ton bras autour de son cou, ton autre main utilise là pour lui attraper le bras et fout le à terre ! Tords son cou, et tire ! Donne tout ! Yokko t'attend !
J'en peux plus... Je suis à bout de force... Mais il est au sol ! Assomme-le ! C'est contre les règles, mais envois lui un dernier Tsuki, il est au sol, rien à foutre, sonne le pour bon ! Et après, taille toi...
Il fait sombre dans cet ascenseur... J'ai la tête qui tourne... Continu mec, avance... La maison n'est pas si loin... Tu peux le faire. Les gars croient en toi, et elle t'attend à la maison, sûrement morte d'inquiétude, en larme, tu ne peux pas la laisser comme ça. Il vaut mieux rentrer trouer, que ne pas rentrer du tout... Il faut beau aujourd'hui... Je serais bien allé bouffer dans le parc... Fait chier cette histoire, je douille...
- Allo, Yokko ? C'est moi, j'arrive... T'as moyen d'appeler une ambulance ? J'ai eu une emmerde sur la route, je douille sévère... T'inquiètes, je suis là dans cinq minutes, appel juste une ambulance s'il te plaît, ne stress pas, tout vas bien, j'ai juste quelques trucs cassés. Ça va aller...
L'appart, il est là, a quelques centaines de mètres... Je vois la porte, et Yokko qui en sort, hehe, ma chérie, tu es toujours aussi belle... Il fait sombre... J'vais piquer un somme rapidement.

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