Le Limier

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- Voilà sa voiture, plus qu'a l'attendre, Boss.
Une Rolls-Royce Phantom I, Vincent et ses goûts de bourgeois. C'est un truc de Français ce genre de choses ?
- Parfait, réveillez moi quand il sort.
- Dis, Boss Eikichi, pendant qu'on l'attend, tu veux pas qu'on trouve un coin seul, juste de quoi s'occuper un peu ?
Bordel...
- Non, je vais rattraper les quelques heures de sommeils qu'une certaine personne m'a volées en toquant à ma porte à deux heures du matin.
- Si une certaine personne ne fermait pas sa porte à clefs la nuit.
À ton avis, pourquoi je le fais ?
- En même temps, la dernière fois que j'ai oublié de le faire, une certaine personne s'est glissée dans mes draps parce qu'elle avait " besoin d'un câlin ".
- Ça, ce n'est pas de sa faute si elle a fait un cauchemar, vous devriez être content qu'une si jolie fille pense à vous quand elle dort mal !
- Je serais encore plus heureux si elle me laissait dormir la nuit.
                     ***
Hehe, le pauvre garçon, ce n'est pas simple d'être si populaire, hum ? Dites vous, Boss Kudo, que pleins de jeunes hommes vendraient père et mère pour avoir le quart de votre succès auprès des dames.
- Dis, Kimura, je suis si laide que ça ?
Regardez-moi ce travail... Les jeunes...
- Tu penses que le Boss Kudo te trouve laide ma grande ?
Vous pourriez quand même faire preuve de plus de douceur, Boss.
- Bah, je ne sais pas, regarde le travail, j'ai beau être chaude et sensuel, il s'en fout, il dort, sois je ne suis pas jolie, soit, il aime les filles froides et distantes ? Je n'y comprends plus rien.
Le Papi Kimura qui vient encore réparer vos bêtises.
- L'autre jour, le Boss Kudo et moi, on discutait de tout ça, tu sais, à la base, il n'avait pas du tout prévu de rentrer dans le monde du crime. Vendre des armes, s'occupait de maison de passe, et " faire le ménage " ce n'était pas tout à fait son rêve. Lui, à la base, il voulait devenir sportif de haut niveau, ou professeur. Et de fil en aiguille, on en est arrivé aux gens qui bossent pour lui. Tu sais ce qu'il m'a dit quand on a parlé de toi ?
- Je n'étais pas là, j'aurais du mal à savoir.
- " Si je pouvais changer une chose, ce serait l'ordre de mes rencontres, à mon arrivée dans Tokyo, j'aurais bien aimé la rencontrer en premier. Avec un peu de chances, ça aurait changé pas mal de choses. Elle n'aurait pas fini dans toutes ces bêtises, et moi non plus, sûrement. Kyokko est insupportable, mais c'est une fille bien, et jolie. Franchement, si elle avait fait son apparition plus tôt, avant une autre, sûrement que ses réveils nocturnes me poseraient moins de problèmes. "
Boss Kudo, vous ne pouvez malheureusement pas protéger tout le monde. Pas dans ce monde corrompu. Il n'existe qu'une seule manière de protéger les gens, ce serait de tout détruire, pour tout reprendre de zéro. Mais aujourd'hui, j'ai bien du mal à voir comment on pourrait faire ça.
- Je vois... Donc... Il me trouve jolie, et bien, donc... J'ai mes chances !
Je crois qu'elle a raté la partie importante.
- Tant que tu ne nous l'énerves pas, ça me va. À mon âge, gérer les bagarres de jeunes gens, ce n'est plus aussi simple.
Pourquoi tu as l'air aussi choquée ma grande ?
- C'est vrai ça, comment ça se fait qu'à plus de cinquante ans, tu sois toujours dans ce milieu, Papi Kimura ? Au final, on ne sait rien sur toi quand j'y repense.
Est-ce vraiment important ?
- Haha, je ne suis pas un personnage important dans cette grande histoire. Mon histoire n'a pas vraiment d'impact sur la vôtre, ma grande.
Et bien, qu'est-ce donc que ce regard mécontent ?
- Bien sûr que t'es important ! T'es le Papi Kimura ! T'es capital !
Cette petite est adorable.
- Si tu y tiens...

" Je suis né ici, à Tokyo, en 1966, ça commence à dater maintenant, je commence sérieusement à ressentir que je ne suis plus un jeunot. Tu ne le sais pas encore toi, mais quand tu auras mon âge, tu sauras ce que c'est d'avoir du mal à se réveiller le matin ! Bref. Jusqu'à mes vingt ans, tout aller pour le mieux, mes chers parents étaient aimant et j'ai rencontré ma femme assez jeune. C'est quand elle est tombée enceinte que tout est parti en vrille. On vivait bien, on ne roulait pas sur l'or, mais on ne manquait de rien. Pour deux en-tout-cas. Notre maison n'était pas adaptée pour un enfant. Ces bêtises, ça coûte de l'argent, tu sais ? Et mon travail ne suffirait pas à faire deux salaires. J'en ai donc parlé à mes amis, ma famille, et mes collègues. C'est l'un de ces derniers qui m'a parlé d'une occasion en or. Une entreprise de livraison cherchait des employés, et apparemment, ils payaient vraiment bien ! Seule consigne : on ouvre les colis sous aucun prétexte. Je n'y comptais de toute façons pas, donc, tout aller bien. Rapidement, tout, c'est améliorer, on a pu acheter une maison, le petit est né, et on vivait en plein bonheur. Mes horaires de travail étaient bons, j'étais souvent à la maison avec ma femme et mon petit, bref, le bonheur. J'ai même eu droit à une promotion au bout de deux mois pour me récompenser de mon travail... Tout aller pour le mieux, vraiment, la vie était belle. Jusqu'au jour ou la police à débarquer dans le bureau du patron. Apparemment, ils cherchaient des armes... Et ils les avaient trouvés, Monsieur Yakamatsu, notre patron, faisait passer tous les jours des tonnes et des tonnes d'armes à ses coopérateurs... Et nous, mes collègues et moi, nous étions les livreurs. L'entreprise entière fut fermée, et avec elle, on avait perdu nos emplois, et nous fumes tous placés en garde à vue pour nous poser des questions. La plupart d'entre nous furent libérés, et par chance, je faisais partie de cette plupart, nous n'avions aucune connaissance des méfaits de notre patron, au final, nous étions autant des victimes que les autres. Le bémol, c'est que maintenant, nous avions la réputation d'avoir travaillé pour des yakuza, et nous avions perdu notre emploi. Personne ne voudrait nous embaucher, car personne ne voulait être associé à nous. Ceux qui n'avaient plus rien à perdre ont décidé de mettre fin à leurs jours, d'autre ont continué d'essayer, certains ont même réussis à retourner dans le civil et nettoyer leurs images ! Moi, je n'ai pas eu cette chance. Après ce scandal, ma femme a demandé le divorce, elle ne voulait pas que son enfant soit associé à l'image d'un yakuza, et je n'avais de toute façons plus d'emploi, je n'étais plus capable de subvenir à leurs besoins. En quelques semaines, je me retrouvais seul, sans rien. Ma maison avait été saisie parce que je ne pouvais plus payer, mes biens embarqués par mon ex femme, mon fils avait été emmené loin de moi, bref. J'étais seul. Mais mon peu d'orgueil restant m'empêcher d'en finir. Si je devais être associé au crime, autant le faire comme il faut. Donc, je m'engageai dans cette pente qu'est celle du crime. Et rapidement, je fus surnommé " Le limier ", j'étais doué. Très doué. Personne ne m'échappait. Puis me voilà, quelques années plus tard, dans l'arène, brisé par l'âge, et la vie. À servir des petits boss sans intérêt. Jusqu'à ce qu'un jeune homme, qui brille plus fort que le soleil ne se présente. Il semblait vouloir cacher son rayonnement derrière un voile de nuage, mais rien n'y fait, impossible de cacher de tels rayons. Et enfin, me voilà, dans une voiture, à reprendre mes vieilles habitudes de Limier, avec ce jeune homme qui dort sur la banquette arrière, et avec lui une jeune fille qui mériterait un peu de tendresse. "

Kyokko... Ne pleure pas pour si peu enfin.

- C'est trop triste ! Ton fils, t'a eu des nouvelles ? !

- Aucune, parfois, je me demande même si elle n'a pas changé son prénom pour être certaine que je ne le retrouve pas.

Mon petit-fils bien-aimé, est-ce que tu vas bien ? Est-ce que tu t'es fait des amis sincère et que te soutiennes ?

- On le retrouvera ! J'en suis sûre ! Tu verras ! Je suis certaine que si on demande à Boss Eikichi, il fera tout ce qu'il peut pour t'aider à le retrouver !

Cette petite est trop mignonne.

- Haha, c'est gentil, ma grande, mais j'ai déjà deux gamins dont je dois m'occuper en permanence, je ne suis pas certain d'avoir la force nécessaire pour m'occuper d'un troisième. Et puis il doit avoir plus ou moins votre âge maintenant, il est parfaitement capable de se débrouiller tout seul.

Oui, vraiment, je sais qu'il est quelque part, heureux, qu'il fait quelque chose de grand. Cela ne fait aucun doute, c'est mon fils après tout. Il doit forcément être en train d'accomplir quelque chose.

- Quand même... C'est triste... C'est pour ça que tu fais un bon-papa, parce que t'es déjà un papa en fait.

Hehe, un bon-papa. Je ne sais pas si je suis bon, mais je fais de mon m-... Ça bouge.

- Boss Kudo ! Il bouge, il sort de l'église, je le suis !

Moi aussi, mon fils, je ferais quelque chose de grand avant de disparaître, je te rendrais fier d'être mon fils.

- Je te fais confiance Kimura, ne le quitte pas des yeux, je crois en ton flair.

Tu l'entends ? Un jeune homme plein d'avenir, qui croit en un vieux croûton comme moi ? C'est presque risible. Est-ce que j'ai bien le droit d'être heureux en entendant ça ?

- Appuie sur le champion Papimura ! On va l'avoir cet Européen ! Il a des choses à nous dire !

Hehe, Papimura, est-ce que tu as des enfants mon fils ? Cette petite me fait rire. J'espère que tu as rencontré quelqu'un au moins aussi bien qu'elle.

Et toi, Duran, tu ne m'échapperas pas, l'époque ou le vieux Kimura se battait pour lui est passée, aujourd'hui, je me bats pour un jeune homme qui doit te parler. Tu lui diras où se cache son frère, je vais réparer sa famille. Il est hors de question qu'un autre gamin finisse comme moi. Nous retrouverons ce Kenta' et enfin, le Boss Kudo pourra reprendre sa vie normale de jeune garçon normal, et avec lui, la petite Kyokko partira, j'en suis sûr ! Je sauverais ces petits. J'en fais le serment. Je n'ai pas pu être là pour mon fils, mais je serais là pour eux.

- Le voilà enfin qui s'arrête. On le suit. Kimura, Kyokko, avec moi. On y va ensemble. Au plus profond de cette histoire.

Observe-moi, ton père s'apprête à réparer ses conneries. Ou en tout cas, essayer. Je souhaite que là où tu te trouves, tu m'entendes, mon petit Haku chéri.

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