Et merde...

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Quelques années auparavant, dans les Alpes Suisses, dans le canton de Grison.

- Pourquoi tu fais tout ça, Vincent ? Tu n'es pas censé être catholique ? Ton Dieu ne te dit pas de ne PAS tuer des gens ?

Aux pieds de Duran, et de son acolyte asiatique, deux corps. Deux hommes d'a peux près cinquante ans. Sans vie, leur sang imbibant le sol.

- Si... J'aimerais pouvoir porter la croix que ma mère m'a offerte autour du cou, pouvoir prier tous les jours pour le salut de l'humanité. Mais tu sais aussi bien que moi, qu'actuellement, ce dont le monde a besoin pour survivre, ce n'est pas d'ange. Mickaël ne tombera pas du firmament pour vaincre le dragon. Non, pas cette fois. Nous sommes dans le deuxième millénaire mon ami. Connais-tu l'Apocalypse de Saint-Jean ?

Bien sûr, Kentaro, un homme ayant grandi dans la tradition Shintoïste, ignorait énormément de choses du Catholicisme. L'Apocalypse de Saint-Jean ?

- Aucune idée. Un événement de ta religion, je suppose ?

Duran hocha la tête en entendant cette réponse. Un événement, et quel événement.

- Au cours du second millénaire, la fin du monde s'abattra sur les hommes. En quelle année sommes-nous déjà ? Deux--mille seize, c'est cela ? Dans deux ans, une pandémie frappera les hommes. Une maladie qui éradiquera les faibles, ceux dont la santé sera fragile, et qui laissera les plus solides en vie, autour d'elle, une nouvelle peur sera batie. Elle divisera la population, et justifiera le marquage des hommes, la Marque de la Bête sera apposée aux " volontaires ". Le premier sceau sera ouvert, le cavalier blanc, celui qu'on surnomme " Pestilence ". Après celle-ci, trois ans, le deuxième sceau sera ouvert, le cavalier rouge sera libérer, et il volera la paix aux hommes, la guerre s'abattra à nouveau sur nous... Il n'y aura pas d'Anges pour nous sauver... Faire cela m'assure la damnation éternelle, mais si nous devons survivre, nous avons besoin de démons, de les apprivoiser, de créer des démons assez puissants pour mettre des bâtons dans les roues du Serpent... Et ça, avant deux-mille vingt-cinq, année qui sera la sienne, l'année ou tout commencera sérieusement.

                     ***

- Boss ! Bordel ! Boss ! Non, non, non... Me laissez pas, Boss, je vous en supplie... Boss Eikichi...

Le chagrin, la rage, la haine paralysaient Kyoko qui se tenait au-dessus du cadavre d'Eikichi, le sang du jeune homme sur les mains, faisant de son mieux pour arrêter les nombreuses hémorragies... En vain. Le jeune homme était déjà parti. Elle refusait de l'accepter, mais il n'était que peu de choses qu'elle pouvait bien faire pour lui.

- Vincent ! Pourquoi tu as fait ça ? ! Ce n'était pas ce qu'on avait dit ! Ça ne faisait pas partie de notre marché ! Où sont tes discours ? ! Que va penser Kentaro ? !

Dans la cours, seul les pleurs de Kyoko, et les cris d'Himiko se faisaient entendre. Kimura et Haru observaient la scène, le regard bas, en silence, pas le moindre mot ne s'échappant de leurs bouches.

- Il le fallait. Ne pensait pas que prendre la vie d'un jeune homme de la sorte me plaise. Mon Dieu tient la vie pour sacré, en prendre une n'est jamais une chose que je fais par plaisir. Malheureusement, je n'ai pas le choix. Voyez-vous. Le monde est aux portes d'un grand changement. Il ne nous reste que quelques mois avant que le premier sceau ne soit ouvert. Après celui-ci, la Marque de la Bête sera proposée comme solution. La guerre suivra rapidement. Nous n'avons plus le choix, il nous faut agir, au plus vite. Pour cela, pour contrecarrer cette fatalité, nous n'avons pas besoin d'humains... On a besoin de ce gosse, mais pas dans son état actuel.

La confusion était évidente sur le visage des personnes entourant le corps sans vie, et le Français. Ces paroles n'avaient aucun sens, et pourtant, sa voix ne tremblait pas, il n'y avait pas la moindre hésitation, et son regard ne renvoyait pas la moindre once de psychose. Il ne mentait pas, il n'avait pas perdu la tête, tout ce qu'il disait, était réfléchis.

- Ce gosse ? Pourquoi lui particulièrement ? Si tu me parles d'une prophétie à la con ou un délire de destin, de dieux ou je ne sais pas trop quoi, je t'assure que je t'arrache la langue. C'est pas un putain de film américain Vincent ! C'est la vraie vie !

Himiko perdait patience. Elle qui était devenue une tueuse froide, au calme glacial, semblait enfin, une preuve d'énervement.

- Je ne te parle pas de scénario de film, ou de manga ou je ne sais quelle autre œuvre de fiction Himiko. Je te parle de choses réelles... Ce n'est, malheureusement, pas la première fois qu'un gamin comme lui subit un sort similaire. Écoutez-moi. Ce gosse, vient de prendre trois balles. Il est mort. Mais la mort n'est pas la fin. Trois balles. Cela ne vous fait penser à rien ? Vraiment ? Pourquoi trois balles spécifiquement ? Pourquoi pas une de plus ? Les jeunes n'ont aucune notion de numérologie... Bien, soyez prêt, ça vas faire pas mal d'informations...

Vincent prit un long, très long souffle, puis rangea son arme, avant de s'asseoir sur le porche de la maison. Son regard était celui d'un homme qui avait abandonné tout espoir de suivre la voie des justes, il avait abandonné l'idée de suivre les préceptes de son Dieu, pour sauver ce en quoi il croit.

- Par où commencer... Ça risque de prendre un certain si je remonte au tout, tout début, j'espère que vous êtes pr-

- Avons nous vraiment le choix, mon frère ?

Une voix vint couper Vincent, une voix forte, imposante, la voix d'un homme tout aussi amoché que lui.

- Kentaro ? ! Qu'est-ce que tu fous là ? Et l'anniversaire de ta mère ? T'es censé être à Ise !

Un léger rire, triste, mélancolique traversa la porte, et avec lui, le frère Kudo. Sa parenté avec Eikichi ne faisait aucun doute. L'homme semblait en tout point similaire à son frère... À la différence de son regard. Si Eikichi avait toujours été aussi ardent que le soleil, lui, était froid glacial, en tout point similaire à la lune.

" Écoutez-moi. Si les paroles de l'homme qui a tué votre Boss, votre ami, celui que vous aimez, n'a pas de poids pour vous. Peut-être que celles de son grand-frère en auront... Il y a bien longtemps, dans ce qui était à l'époque l'Empire Français de Napoléon Bonaparte, une organisation vit le jour. Napoléon, l'Empereur jaloux des grandes cours britanniques, mit au monde la cours Maçonnique. Cette organisation prit du pouvoir à travers le temps jusqu'à finalement devenir la plus grande puissance qui soit. Ils se sont infiltrés partout, en Europe principalement. Ces hommes de pouvoirs dirigent encore aujourd'hui le monde occidental... Servant aujourd'hui d'occultes desseins, des maîtres venant de monde au delà du notre, d'une puissance dépassant très largement la nôtre. Ces maîtres sont des experts d'un ancien art nommé Alchimie. Suivant d'anciens écrits leurs plans n'annoncent rien de bon pour les gens comme nous. Tout, tout ce que nous vivons, tout ce que nous nous apprêtons à vivre est planifié à l'avance, il n'est pas une seule chose qui soit laissé au hasard, les coïncidences n'existent pas. Les prochaines années annoncent maladies, guerres, et dans encore quatre ans, des accidents causeront la destruction de terres fertiles et d'eaux potables aux états-unis. Notre monde est au bord de la destruction, une destruction planifiée... Et nous ne pouvons pas le sauver. Nous ne pouvons sauver que les nôtres. Pour ça, nous devons prendre la tête du pays. Et pour prendre la tête du pays, nous auront besoin de l'être parfait dont parle le Magnum Opus Alchimique. La parfaite fusion des opposés. Jusqu'à présent, Vincent, s'est sali les mains pour s'assurer de la naissance de cet être. Il n'est pas question de prophétie, pas de destin ou d'autres choses du genre. Non, nous parlons d'un Homme, dont la rage de vivre est assez grande pour refuser la mort. Je pris les dieux, que mon petit-frère le soit. Il vient d'encaisser trois balles. Trois, ce n'est pas un hasard. Le Rebis se tient sur un orbe, à l'intérieur duquel se trouvent un cube, et un triangle. Le cercle est la forme parfaite, c'est l'être parfait. Le cube est la réalité, le monde tangible, le triangle, est l'esprit, ce qu'on ne peut voir. Eikichi possède déjà les quatre angles du cube, il est la Terre, tout ce qui lui manque, c'est le ciel, les trois angles... Faites que mon cher petit frère parvienne à maîtriser ces trois angles... S'il survit, nous aurons une chance de combattre. S'il meurt, je n'aurai pas perdu qu'un petit frère, je doute que nous trouvions de quoi éviter la destruction de notre pays. S'il meurt, la population mondiale chutera drastiquement, d'ici deux-mille-trente, nous ne seront sur cette planète, que cinq-cent-millions. Je vous le demande, en tant que grand-frère d'Eikichi, suivez-moi. Je vous promets, que s'il revient, je le suivrais. "
Un silence de mort s'abattit sur la cour, les combats avaient cessé depuis bien longtemps maintenant. Même les sanglots de Kyoko s'étaient asséchés. Il existait un espoir, un infime espoir. Kimura, qui s'était fait silencieux depuis le début de cet affrontement, observait le jeune homme au sol. Doucement, d'un pas calme, il vint s'asseoir aux côtés de la petite dame, posant une main sur son épaule, il l'attira à lui, gentiment.
- Ça va aller... Fais confiance au Boss, Kyoko. Il va revenir, tu le sais aussi bien que moi. Boss Kudo n'est pas le genre de garçon à se laisser avoir par trois petites balles et des bêtises magiques. Il va revenir, on va protéger notre pays, sauver les nôtres, et ensuite, on vivra tranquillement. Et avec tous les efforts que tu auras fait pour lui, je suis certain que le Boss saura te récompenser comme tu le voudrais.
La petite dame, qui pour une fois, semblait frêle, fragile, sans défense, se releva d'un bond, et prit ce qu'elle crut être sa première respiration depuis fort, fort longtemps.
- Pfft ! Tu m'as prise pour qui ? ! Bien sûr que je fais confiance au Boss ! C'est pas trois misérables balles qui vont le tuer ! Boss Eikichi, est plus balaise que n'importe lequel d'entre nous aussi, il reviendra en riant et tout ira bien ! Et après, il cassera la gueule de ce foutu Duran !
                     ***
Oh bordel... Ça pique... Où est-ce que j'me suis foutu encore ? J'me souviens de que dalle... J'crois qu'j'était en train de me battre avec Duran, puis il m'a fait un chassé, et quand j'étais à terre... Le bâtard m'a collé trois balles... Tu vas voir toi... Attends... Trois balles ?
- Bonjour, Eikichi, je ne t'attendais pas aussi vite.
C'est quoi cette voix ? Faut arrêter de fumer des clopes mec.
- T'es qui, toi ?
Il rigole en plus.
- Avant, on m'appelait Le Seigneur, j'étais un félin sur une montagne japonaise, pour être tout à fait honnête, je n'avais rien à y faire, mais bon, je n'était pas la chose la plus étrange là-bas. Enfin, jusqu'à ce qu'un gamin me brise la nuque et s'enroule ma peau autour du corps... C'est un joli hommage que tu m'as fait là, Eikichi.
Tu déconnes.
- T'es sérieux ? T'es la grosse bestiole que j'ai butée ?
C'est une blague.
- Tout à fait. Et aujourd'hui, c'est toi qui t'es fait buté, c'est la fin de la route pour toi Eikichi. Bienvenue dans le Yomi, Eikichi, bienvenue, dans le domaine d'Izanami, le Monde des Morts.
Et merde...

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