1. Ragnvald "le Fourchu"

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De tout temps, nous, peuple des Fjell, naviguons sur les flots comme les serpents de mer. Notre sang de glace, l’attrait de la guerre, la navigation mais surtout la fierté. C’est de cela qu’il fut question quand je fus banni par le Jarl Harfrik de mes propres terres. Ce vieux fou n’a jamais daigné…

Tâche d’encre, encore un parchemin foutu. Je le broyai, le jetai sur le côté, la mer ne me cédait pas mon mémoire. Main dans la barbe, je sentais que mon destin approchait de son pic. Je m’y voyais déjà, des terres arables à perte de vue, des petits enfants qui y naissent, s’élèvent et un jour y règne. Ma hache brillait à côté, elle avait hâte, je la voyais vibrer. Chaque fois que je l’observais, mon esprit s'approchait de mon frère, défunt forgeron d’exception. Il n’eut daigné laisser derrière lui que des armes, pas de fils, pas de filles. Je lui ai pourtant jadis proposé ma concubine, un refus, pourtant bête d’exception attrapée lors du raid sur les déserts de Shabrae, une mulâtre aux lèvres divines… Je lui fis deux enfants, trop pour ma jalouse de femme qui n’eut la force de n’en faire qu’un, une fille de plus. Malheur qu’est le mien, elle est mon héritière légitime, ces maudits druides privilégient le pieux mariage aux liens strictement charnels ; à quoi cela m'a-t-il servi de reconnaître ma mulâtre comme concubine si elle n’a aucun statut ? Au moins ils ne sont pas bâtards, mes fils, c’est déjà cela.

“ Lotar !”
Hurlai-je à tout va, dans l’espoir de ne pas me lever. Bienheureux étais-je de l’avoir bien réalisé celui-ci, une ouïe d’exception, excellent chasseur, l'aîné, à la peau dorée par le subtil mélange de neige et de sable. Dès que je posais les yeux sur lui, c’était un héritier que j'apercevais, pas le deuxième. Il avait dorénavant l’âge d’avoir son premier couché, ma promesse de lui offrir une belle noble de Critaras l’avait ravi.

“ Cache moi ce sourire.”

Ordonnai-je, son seul bémol, ses petites dents de suceur de tétons maternelles, trop courtes… puis ce sourire benêt, il le tenait de sa mère ça ! Fort heureusement qu’il avait pris de mon esprit plutôt.

“ Critaras approche père, la côte est visible depuis la proue, quels sont vos ordres ?

– Prépare les hommes, ils vont nous cueillir, sans nous laisser le temps d’accoster.

– J’imagine, je m’en occupe père.

– Lotar ?

– Père ?

– Tu prendras le front principal sur la plage, je m’occuperai de l’aile. Il est temps pour toi de te confronter à la dureté du bloc.”

Lotar acquiesça, ce corniaud se violentait pour éviter de me montrer ses quenottes. Alors qu’il s’apprêtait à disposer, je l’interpellai une nouvelle fois.

“ Amène moi ta sœur. ”

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