2 - Un an avant - La Rencontre

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Aujourd’hui, j’ai 24 piges. C’est mon anniversaire, et je suis en chemin pour rejoindre Samia au MacDo pour fêter ça. Pas de jugement s’il-vous-plait, on gagne pas tous un salaire de ministre !

Depuis nos années lycée, j’ai repris une apparence à peu près ordonnée et correcte. Disons que mes bras ont désormais retrouvés une taille “normale” par rapport mon corps. J’ai toujours les dents écartées, ma balafre à l’œil droit, une grande bouche et les cheveux en bataille, mais j’ai un peu maigri parce que je mesure presque 2 mètres maintenant. Pas de panique, j’ai encore ma couche de brioche sur mes tablettes, mais je ressemble moins à un “gros tas” difforme ! J’ai plutôt une carrure de grand nounours sympathique au corps moelleux, qu’on ne bouscule pas dans la rue par peur de se prendre une main géante dans la tronche.

DONC ! Je me hâte vers notre fastfood favori pour y fêter mon anniversaire avec ma meilleure pote, sans vraiment regarder devant moi. J’essaie d’envoyer un SMS à Samia pour lui dire que j’aurais du retard, parce que je me suis endormi comme un con devant une série Netflix. Tout en pianotant sur mon téléphone, je tourne au coin de la rue, et là... BAM ! Je rencontre malencontreusement une jeune femme blonde mince et élancée, qui atterrit directement sur mon torse, heureusement amorti par ma couche de graisse.

— OUPS ! Oh, pardon ! Je m’excuse, je n’vous avais pas... Vu ? lâche-t-elle en relevant le nez. Nez finement dessiné qui remonte vers le ciel le long de mon grand corps dégingandé en en cherchant désespérément la fin.

— Ha ha ! Celle-là, on m’l’avait jamais faite !

— Heum... Moui, en effet ! C’est effectivement un peu... euh… cocasse, je dois avouer ! rougit-elle aussitôt.

— C’est pas grave ! Désolé mademoiselle, c’est moi qui m’excuse en vérité. J’aurais dû faire attention en tournant au coin d’la rue. Après tout, j’vois plus loin que vous moi, j’aurais pu anticiper ! j'ajoute en lui faisant un clin d’œil.

Elle scrute mon visage avec attention, s’en est presque troublant. A ce propos... Elle me rappelle vaguement quelqu’un... Un si joli visage, ça ne doit pas s’oublier si facilement pourtant ! Creuse-toi un peu les méninges, Bryan !

— On se s’rait pas déjà vu quelque part ? je lui demande, les sourcils froncés.

— Euh... je n’sais pas... Peut-être bien...

— Vous m’rappelez vaguement quelqu’un...

— Ah... soupire-t-elle, un peu blasée semble-t-il.

— Ouais, une fille qui était dans mon bahut au lycée... Elle s’appelait... Alice.

— Ah oui ? Et vous, vous vous appelez comment ?

— J’m’appelle Bryan.

— Bryan ?? Comme...

— Comme dans le sketch de Gad Elmaleh, ouais, je sais... je la coupe en soupirant.

— Mais naaaannn ! Bryan, du lycée Saint Félix ??

— Euh... Ouais ?

— Bah c’est moi, Alice !! Alice Andersson ! Celle qui sortait avec Valentin ! J'attendais avec toi à l’arrêt de bus, j’me souviens bien de toi !

Pétard ! Pas possible !!

— Sans déc’ ?! La vache ! Ça fait, genre, quoi ? Presque 10 ans maintenant, non ?

— Exactement ! A peu de chose près, oui ! Ça date, hein ?

— Carrément ! Mais t’as pas changé, j’dois dire ! T’es toujours aussi belle !

— Ah, merci ! Toi, en revanche, t’as un peu changé quand même ! T’as fini de grandir, j’espère ?!

— Ha ha ! J’espère que oui, moi aussi ! Déjà là, c’est bien chiant, alors encore quelques centimètres et ça s’ra carrément galère !!

— J’imagine !

— En tout cas, je suis ravi de voir que t’as gardé ton joli minois, toi au moins !

— C’est gentil ! Merci ! rougit-elle de plus bel. Qu’est-ce que tu deviens, toi, depuis l’temps ?

— Oh, moi ?! Euh… J’travaille dans le BTP.

— Ah ouais ?! La classe !

— Oui, ‘fin… Bref ! Tu m’excuseras, j’dois te laisser, Samia m’attend pour mon anniv’ et...

— Ah c’est ton anniversaire ?? Eh bien, joyeux anniversaire alors !! Si je calcule bien... On doit être de la même année, donc... Ça te fait 24 ans aujourd’hui alors, c’est bien ça ?

— Exactement ! Toi aussi, t’es de 90 ?

— Oui !

— Trop fort ! Bon... C’est pas que j’suis pas bien avec toi, hein, mais... Faut vraiment qu’j’y aille ! J’suis déjà en retard, et Samia va me défoncer sinon !!

— Samia... C’est la fille qui trainait tout le temps avec toi au bahut, non ?

— Ouaip !

— Et vous vous voyez toujours ?? C’est fou, ça !

— Ouais ! Depuis le lycée, on s’est jamais quitté !

— Ah c’est ta copine ?

— Ouais ! Enfin, non !!! Non, pas ma copine dans le sens “petite-copine”, hein ! C’est pas ma meuf, quoi ! Juste une pote ! Ma meilleure pote !

— Ah OK ! Pardon ! Désolé, j’avais pas compris !

— Pas grave... Bon ! J’ai été ravi de te revoir, sincèrement ! Mais j’dois vraiment y aller là !

— Ah ? C’est dommage...

— Pourquoi ?

— Bah... J’me disais qu’on aurait peut-être pu, euh... J’sais pas, aller boire un verre par exemple ? Histoire de rattraper le temps perdu ?

— Sérieux ?? Avec moi ?? Euh... Ça aurait été avec grand plaisir, vraiment ! J’suis désolé, mais là c’est pas possible… Plus tard, peut-être ?

— Ah bah… Oui ! Pourquoi pas ! On pourra parler de ce qu’on est devenu ! Tiens ! ajoute-t-elle en me tendant une carte de visite. On s’appelle dans c’cas ?

Son sourire est toujours aussi ravageur. Comment y résister ?

— Euh… Ouais ! Bah ouais, ouais ! Avec joie, même ! Euh... J’t’envoie un SMS dès qu’je peux, OK ? Bon, bah... A bientôt alors ?

— Oui, à bientôt !

Elle me salut d’un signe de main élégant, accompagné d’un sourire splendide sur un visage rayonnant, et reprend son chemin de son côté dans un déhanché à vous décrocher la mâchoire, accentué par ses talons aiguilles.

OK, je vous entends déjà d’ici, les médisants : Vous allez me dire que c’est improbable comme rencontre. Bah je suis totalement d’accord avec vous !! En plus, elle a accepté qu’on se revoie !! J’y crois pas ! Elle est toujours aussi belle, je dirais même plus qu’avant ! Et d’une élégance, qui plus est !! Elle doit être devenue quelqu’un d’important, j’suis sûr. Tu m’étonnes, avec un charisme comme le sien ! Aussitôt, tous les sentiments que j’avais pour elle à l’époque me reviennent en pleine poire. J’ai désormais très, TRES, envie de la revoir.

Bon… c’est bon, j’avoue, n’insistez pas ! C’est vrai, je suis de nouveau raide dingue !

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