32 - Nénette

2 minutes de lecture

Cette femme solitaire, qu'Opale avait laissée à la campagne, répondait au doux nom de Nénette et c'était une de ces femmes-là qui trouvent les mots et les pensées que leur manque les hommes. Elle était faite pour aller à la rencontre de tous ceux qui étaient partis ou qui allaient partir et elle s'en souvenait comme on s'en souvient de ses vingt ans d'absence, c'est-à-dire des sept mille ans de l'éternité.


L'histoire sulfureuse d'Opale et de Nénette avait commencé sur un malentendu. Un jour qu'elle fouillait le Trou aux Grenouilles, Opale, fille de Gilles, aperçoit un petit garçon en train de se faire dévorer par des vers.

Après avoir vidé le trou de tout son sang, elle se fait une petite tête et répond à sa belle-sœur qu'il faut se démerder la main.

« Ne t'en fais pas, ma belle-sœur. Les vers sont une bien mauvaise chose, mais ils ne tuent pas. Tu ne verras plus de vers dans le trou à jamais. »

Quand la petite fille est partie, Opale s'est assise sur une pierre et a rêvé qu'elle avait enfilé une perche en plastique dans son poing et que c'était son amie Nénette qui venait l'appeler.

« Nénette, tu es jolie. Je suis à toi. »

Et puis, quand elle est rentrée chez elle, elle s'est couchée sur le plancher du salon, le visage dans ses mains.

« Pardon, maman. Je t'ai menti. »


C'est ainsi qu'Opale avoua la vérité à ses parents fermiers : "J'aime Nénette. Nous allons nous marier et nous dresserons des trous. Ainsi ce genre de drame ne se reproduira pas."


Opale


Nénette


Opale


Nénette


Opale


Opale


Nénette


Opale


Nénette


Opale


Nénette


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Opale


Op


Sa mère ne supportait pas l'idée. Que sa fille aimât les trous, c'était une chose. Qu'elle voulût en faire carrière, ce n'était pas convenable. Pas dans la ferme familiale !

– Les vrais artistes, monsieur, sont des cheminots, disait-elle. Et ils se font payer une petite place dans le Nord.

– Il n'y a pas de place dans le Nord, ma chère, c'est la Seine.

– Et la Seine, c'est bien.

- Alain est déjà sur le coup, se défendit Opale. Il a le costume et tout ça... Moi, vous ne m'avez jamais payé un habit de chaudière ! Nénette, elle, elle me comprend. Elle ne m'a jamais payé une bouteille de vin!

– T'as pas le droit de me faire ça, tu sais pas ce que ça signifie.

– Je sais pas ce que ça signifie, mais je sais que t'as pas le droit de me faire ça, et je te ferai payer.

– M'enfuir, lui, c'est pas ce que tu veux?

– Moi, je m'enfuirai.



Annotations

Vous aimez lire Opale Encaust ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0